THOMAS COEX
Le député Les Républicains d’Eure-et-Loire Olivier Marleix, ancien président du groupe LR à l’Assemblée, est mort le 7 juillet 2025.
Les obsèques du député Olivier Marleix ont été célébrées ce vendredi 11 juillet dans l’église de Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette d’Anet (Eure-et-Loir), présidées par Mgr Philippe Cristory. L’évêque de Chartres a parlé de “l’homme de foi, catholique, croyant et pratiquant”. L’écrivain Xavier Patier, qui le connaissait peu, évoque leur dernier échange.
La mort volontaire d’un politique, c’est-à-dire d’un homme dont la vocation est de porter l’espérance des autres, est un choc singulier. En apprenant la disparition brutale d’Olivier Marleix, j’ai pensé à celle d’un autre élu d’avenir qui emporta avec lui une foule de projets, Aymeric Simon-Lorière. Qui se souvient de Simon-Lorière ? Étudiant, j’avais écouté sur mon transistor, dans ma chambre de bonne, le cœur brûlant, l’émission “Radioscopie” que ce jeune député avait eue avec Jacques Chancel. C’était sous Giscard. Simon-Lorière, homme jeune et irrésistible, universellement recherché (à peine élu député, il avait été reçu à l’Élysée, puis à la Maison Blanche par Nixon et ensuite par Carter) avait été victime d’un accident de la route, mais surtout victime d’une élection locale perdue dans sa commune du Var. Il semblait rempli d’énergie. Il s’est donné la mort peu après l’émission de Jacques Chancel. Il avait 33 ans. Incompréhensible.
Un traumatisme politique
Olivier Marleix, homme de conviction, intelligence brillante, espérance de son camp, était un homme public. Sa mort, quelle que soit sa cause intime, est un traumatisme politique. Il existe un cortège des politiques qui se sont tués parce qu’ils ne supportaient pas d’être salis par la calomnie : Roger Salengro, Pierre Bérégovoy, Yves Laurent… Parce que tel de leurs proches avait douté d’eux, ils ont désespéré. Bérégovoy est mort pour avoir vu de ses yeux la duplicité de son maître. Salengro et Laurent sont morts parce qu’un politique, plus qu’un homme ordinaire, a besoin de se sentir estimé.
Mais Olivier Marleix ? Nul ne le calomniait, il me semble. Je le connaissais peu. Cependant je relis sur mon téléphone le message qu’il m’a envoyé, il n’y a pas longtemps, à propos du projet de loi sur l’euthanasie et de l’attitude du parti de l’actuel Premier ministre, qui le préoccupaient. Dans ce SMS, Olivier Marleix avait ces mots : “J’ai été effaré de constater ces derniers temps à quel point ce parti qui se veut héritier de la Démocratie chrétienne est devenu le plus militant sur la fin de vie !” Que voulait-il dire exactement ? Nous devions déjeuner pour en parler, nous ne l’avons pas fait. Nous ne le ferons pas.
Tenir face au désespoir
Je crois qu’Olivier Marleix attendait de nous, chrétiens, non pas des états d’âme, non pas des bons sentiments, mais un témoignage de foi capable d’aider l’homme à tenir face au désespoir. Nous n’avions pas vu que cet hyperactif vivait une agonie au Mont des Oliviers pendant que ses amis étaient endormis à l’Assemblée nationale.
Le plus grand homme politique français, le roi saint Louis, a exprimé en acte la force de son siècle : la foi, seule capable de sauver le monde de la folie. Chesterton a noté que la victoire du sentiment sur le dogme est un maléfice politique qui a offert un triomphe à la mort dans le monde moderne. La mort gagne toujours par la domination du sentiment sur la foi : “Si, dans les âges très sombres, il y avait une religion du sentiment, ce serait la religion d’un sentiment noir et suicidaire”, dit Chesterton. Saint Louis repoussait la religion du sentiment. De Gaulle aussi, assailli par des pulsions suicidaires après l’échec de Dakar : il a tenu par la raison et par la foi, contre le sentiment.
La miséricorde est la plus forte
Cependant, plus encore que la mort volontaire des politiques, nous sommes taraudés par un grand tabou, le suicide des prêtres. Il arrive qu’un jeune prêtre plein d’espérance se donne la mort un soir d’insupportable solitude, souvent parce qu’il a été calomnié. Nous n’en parlons guère. Mauriac aurait-il était Mauriac si son jeune frère prêtre ne s’était pas tué ? Qui peut le dire ?
Ce que nous savons, et de source sûre, c’est que la miséricorde est plus forte que le crime. Le pape François l’a exprimé magnifiquement en commentant le chapiteau de Vézelay sur lequel on voit Judas pendu, mais aussitôt repêché par le Christ qui le prend sur ses épaules. “Cela me console de voir ce chapiteau de Vézelay, disait Francois : comment finit Judas ? Je ne sais pas. Jésus profère de fortes menaces : “Malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux eut valu pour cet homme de ne pas naître.” Mais cela veut-il dire que Judas est en enfer ? Je ne sais pas. Je regarde le chapiteau. Et j’entends la parole de Jésus : “Ami.”” Comme nous avons aimé le pape Francois pour des paroles comme celle-ci ! Entre le pont et l’eau, il y a la miséricorde de Dieu, disait le curé d’Ars à la veuve du suicidé, la “douce miséricorde de Dieu”, comme disait Bernanos qui reprocha si amèrement à Zweig de s’être donné la mort, Zweig qui, parce qu’il était écrivain, possédait un si grand pouvoir sur l’espérance des autres.
https://fr.aleteia.org/2025/07/13/olivier-marleix-la-brutalite-de-la-mort/
Près d'un millier de de personnes, dont de nombreux responsables politiques nationaux et locaux, ont rendu vendredi un dernier hommage au député Olivier Marleix en l'église d'Anet, la localité d'Eure-et-Loir où il vivait et où il a mis fin à ses jours lundi à l'âge de 54 ans.
“Il vaut mieux être vivant dans un corps mort que mort dans un corps vivant”, a déclaré sa fille Anna au début de la cérémonie des obsèques chargée d'émotion dans l'église Saint-Cyr Sainte-Julitte, trop exigüe pour accueillir la forte affluence.
La plupart des participants ont suivi l'hommage, conduit par l'évêque de Chartres Philippe Christory, sur un grand écran installé devant l'entrée de l'édifice.
Olivier Marleix devait ensuite être inhumé dans la stricte intimité au cimetière de la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia.
“Son départ a été très brutal et très choquant” et “donc tout le monde voulait être là, le gouvernement, le Parlement et puis tant et tant de personnes”, “c'est un signe de reconnaissance” autour de “son engagement” et “d'affection pour les siens”, a commenté le Premier ministre François Bayrou après la cérémonie.
La veuve du député, ses deux filles, son père, l'ancien secrétaire d’État Alain Marleix, et sa mère Évelyne, étaient entrés dans l'église en suivant le cercueil porté par les sapeurs-pompiers d'Anet, une localité de près de 3.000 habitants dont Olivier Marleix a été le maire de 2008 à 2012 avant d'être élu député.
De nombreuses personnalités politiques ont assisté à la cérémonie, dont François Bayrou, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et celui du Sénat Gérard Larcher.
Les Républicains, la formation politique d'Olivier Marleix, étaient représentés par leur président, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, le patron des députés Laurent Wauquiez, l'ancien chef de gouvernement Michel Barnier, ainsi que les ministres Annie Genevard (Agriculture), Sophie Primas (porte-parole du gouvernement), Yannick Neuder (Santé) et Véronique Louwagie (Commerce). Et les anciens ministres Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux.
D'autres membres du gouvernement, comme le garde des Sceaux Gérald Darmanin (Renaissance) et le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola (MoDem), étaient également présents.
A l'extérieur de l'église, de nombreux habitants de la 2e circonscription d'Eure-et-Loir sont venus se recueillir à la mémoire de leur député, se tenant pour la plupart d'entre eux sous le soleil sur le parvis de l'église, d'autres cherchant refuge à l'ombre des châtaigniers voisins.
“Il a toujours été à nos côtés, d'un grand soutien”, a confié Sandrine Slimati, professeure dans le réseau d'éducation prioritaire de Dreux, soulignant que le défunt avait “de vraies convictions”.
publié le 11 juillet à 17h16, AFP
https://actu.orange.fr/france/pres-d-un-millier-de-personnes-rendent-un-dernier-hommage-au-depute-marleix-CNT000002jxp3n.html
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