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Finances publiques : « Les défenseurs d'une hausse de la fiscalité s'appuient souvent sur des données très contestables voire de véritables fake news » [ElseNews]

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Finances publiques : « Les défenseurs d'une hausse de la fiscalité s'appuient souvent sur des données très contestables voire de véritables fake news »

Notre pays va devoir fournir un effort budgétaire inédit. La priorité est à la baisse des dépenses publiques plutôt qu'aux débats approximatifs sur l'imposition des plus aisés et de l'héritage, plaide Nicolas Bouzou.

Les dépenses publiques annuelles totales (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales) s'élèvent à quasiment 1.700 milliards d'euros.
Les dépenses publiques annuelles totales (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales) s'élèvent à quasiment 1.700 milliards d'euros. (Shutterstock)
Publié le 12 juil. 2025 à 07:00Mis à jour le 12 juil. 2025 à 08:10
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Dans une situation budgétaire catastrophique et face à un risque financier réel, notre pays doit réduire son déficit public avec ardeur. A part en 1958, jamais depuis la guerre notre pays n'a été astreint à l'effort qu'il va devoir fournir en quelques années. Réduire les déficits publics est forcément compliqué et politiquement coûteux, raison pour laquelle notre pays a abandonné tout effort de discipline budgétaire depuis plusieurs décennies. Mais devant les difficultés, au moins, une évidence devrait sauter aux yeux : dans un pays qui cumule record de prélèvements obligatoires et record de dépenses publiques, il devrait sembler logique à tout esprit rationnel de diminuer les secondes.

Dans notre pays, les dépenses publiques annuelles totales (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales) s'élèvent à quasiment 1.700 milliards d'euros. Les diminuer de 40 milliards devrait sembler à portée de main. Personne ne trouverait choquant qu'on demande à un ménage surendetté de faire passer ses dépenses de 100 à 97,65 euros.

Taxe Zucman
Et pourtant, notre addiction à la dépense est tellement forte que la plus grande partie des débats, y compris (surtout) chez les universitaires, reste orientée vers la hausse de la fiscalité. Or ces débats s'appuient souvent sur des données très contestables voire de véritables fake news. La première idée contestable, c'est que notre taux d'imposition serait dégressif à partir des 0,1 % de ménages le plus aisés. Ce taux deviendrait même négligeable pour les milliardaires. Si c'est vrai, on se demande pourquoi les milliardaires étrangers n'accourent pas dans notre pays. Ce n'est pas le cas parce que ce n'est simplement pas vrai. Ces statistiques, y compris quand elles sont reprises par des Prix Nobel d'économie (dans « Le Monde » du 9 juillet dernier), sont critiquables. Elles rapportent un montant de prélèvements à un revenu dit « économique ». Ce revenu intègre, en plus des revenus classiques déclarés, les dividendes versés à des holdings détenus par les personnes concernées et les plus values latentes sur les actions qui constituent le plus souvent leur patrimoine professionnel. Ce calcul pose un problème de fond.

Dans quel type de système accepte-t-on de considérer comme taxables à titre individuel des revenus non distribués à ces individus ou des plus-values non réalisées ? Et si un milliardaire voit la valeur des actions de son entreprise diminuer, l'Etat lui versera un crédit d'impôt au titre d'une « moins-value potentielle » ? Tout ceci ne tient pas. La fiscalité doit frapper des revenus distribués, et non pas des revenus « qui pourraient l'être ». C'est une question de philosophie du droit.

Héritage et transmission
Une fake news qu'on entend beaucoup ces jours-ci concerne l'héritage qui, en France, serait peu taxé, notamment pour les ménages les plus riches. C'est absolument faux. Le taux marginal d'imposition des successions en ligne directe monte dans notre pays à 45 % (à partir de 1,8 million d'euros), un niveau relativement modéré vu les prix de l'immobilier dans les zones denses soit bien au-dessus de la plupart de nos voisins. Si l'on regarde la part des successions dans nos recettes fiscales, la France se classe au troisième rang de l'OCDE. Il est vrai que, pour les transmissions d'entreprises, la France offre, une fois n'est pas coutume, un cadre fiscal attractif grâce au pacte Dutreil. Mais c'est heureux ! Que des entreprises familiales françaises restent des entreprises familiales françaises sert l'intérêt de notre pays.

Cette passion pour la redistribution et la dénonciation de la réussite financière omet en outre une donnée essentielle qui est l'éléphant dans la pièce : le caractère incroyablement redistributif de notre système fiscal et social. Les 10 % de ménages les plus aisés contribuent à plus de 75 % des recettes de l'impôt sur le revenu. Et, d'après l'Insee, le ratio de revenus des 10 % des ménages les plus aisés rapporté à celui des 10 % les plus pauvres, passe de 1 à 18 avant redistribution à… 1 à 3. Une question parfaitement légitime serait de se demander si, en termes d'efficacité économique, de liberté et de justice, notre système ne redistribue pas trop.

Nicolas Bouzou est économiste et essayiste, et directeur du cabinet de conseil Asterès.

Nicolas Bouzou

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