Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

--- elsenews:spot-2025:07:heriter-family-office [26/12/2025/H15:14:40]
216.73.216.167 supprimée
+++ — (Version actuelle)
@@ Ligne 1: / Ligne 1: @@
- {{tag>a1}}
-----
-====== Le Monde – Edouard Herbo, gestionnaire de fortune et empêcheur d’hériter en rond ======
- https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/07/06/edouard-herbo-gestionnaire-de-fortune-et-empecheur-d-heriter-en-rond_6619199_4500055.html
-<hidden Article Complet (utilisateurs connectés)>
-<ifauth @user>
-https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/07/06/edouard-herbo-gestionnaire-de-fortune-et-empecheur-d-heriter-en-rond_6619199_4500055.html
-JULIEN PEBREL/AGENCE MYOP POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
-Edouard Herbo, gestionnaire de fortune et empêcheur d’hériter en rond
-Par Denis Cosnard
-Le 06 juillet 2025 à 07h00
-Article réservé aux abonnés
-Offrir
-RÉCIT Le discours du patron de Keepers Family Office détonne. A ses clients, qui comptent parmi les plus riches familles françaises, il déconseille les investissements polluants. Il critique ouvertement les dérives de la finance et les inégalités créées par l’héritage… sans ruiner leur confiance.
-Lecture 8 min
-Pour un gestionnaire de fortune reconnu, Edouard Herbo a tout de même une drôle de façon de parler d’argent. « Au sein de la famille, l’argent est toxique, ça, c’est vraiment une certitude », attaque-t-il sans ciller, assis dans ses bureaux parisiens, boulevard Haussmann. « Et puis l’argent peut financer de belles causes, mais aussi détruire la planète », continue-t-il. En tête à tête, il n’hésite pas à brusquer ses clients, des patriarches disposant de cagnottes de 100 millions d’euros ou plus. Investir aux Etats-Unis dans une intelligence artificielle énergivore ? « Ce n’est pas raisonnable ! les secoue-t-il. Votre argent, vous l’avez gagné ici. Mieux vaut laisser à vos petits-enfants une qualité de vie et de l’emploi, plutôt que du pognon qui sent la mort. » Au sortir d’un rendez-vous avec l’un d’eux, il confie : « Avoir tant de patrimoine est une malédiction ! »
-A titre personnel, le patron de Keepers Family Office s’est fait une promesse radicale : dans quelques années, une fois qu’il aura consolidé son entreprise de conseil en gestion de patrimoine fondée en 2018, il la vendra et créera, avec l’argent, une fondation en faveur de la biodiversité. La Fondation de la mare, peut-être. Un clin d’œil à celle où il regardait grenouilles et tritons, dans son enfance, près de Lille. « Là, j’aurai donné du sens à ma vie et je pourrai regarder les chiffres du changement climatique sans déprimer », se projette l’homme de 45 ans. Sa femme et ses quatre filles sont prévenues : inutile pour elles de rêver d’un héritage colossal, l’essentiel ira à cette fondation. « Oui, la solution, c’est la dépossession, j’en suis convaincu », professe Edouard Herbo.
-Drôles de mots, vraiment, dans la bouche d’un financier qui gère plus de 3 milliards d’euros pour le compte de riches familles françaises, en particulier d’industriels du Nord – même si l’homme d’affaires et philanthrope américain Warren Buffett et une poignée d’autres grandes fortunes se sont aussi déclarés hostiles à l’héritage. « C’est rassurant de voir qu’il existe dans ce secteur quelques personnes comme lui, pleinement conscientes des dérives de la finance et qui tentent de lui redonner du sens », applaudit Jezabel Couppey-Soubeyran, professeure d’économie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne (et chroniqueuse au Monde), qui échange régulièrement avec lui.
-Observer la nature et les oiseaux
-Drôle de personnage, surtout, atypique et contradictoire. L’argent et la famille, les deux valeurs-clés de son métier, lui inspirent autant de répulsion que de fascination. Là où d’autres gestionnaires de fortune se plient au moindre des désirs de leurs clients, lui entend les « déconstruire » pour les « reconstruire ».
-Quant à la finance, il lui réserve ses flèches les plus acérées. « L’industrie financière, j’en viens, j’en connais les rouages, les doutes, les contradictions, et elle déconne de plus en plus », s’énerve-t-il sur LinkedIn ces dernières semaines, pestant contre ces « formules conçues en salle des marchés, qui parient sur une tendance, sans jamais redescendre dans l’économie réelle ». Le capitalisme familial suscite un message encore plus frappant. « Il regorge de success stories, bien sûr. Mais, derrière ces récits dorés, combien de blessures cachées ? Combien de frères fâchés, de filles oubliées, de jeunes adultes broyés par la pression d’“être à la hauteur” ? »
-Autant de questions qui renvoient à sa propre histoire, mêlant or, blessures et désir de revanche. Vous avez aimé Momo dans La vie est un long fleuve tranquille, la comédie à succès d’Etienne Chatiliez (1988), ce gamin débrouillard et finaud brinquebalé entre deux familles du Nord radicalement opposées ? Vous adorerez les aventures d’Edouard Herbo. Un gars du Nord, lui aussi. Du Flocon, précisément, quartier défavorisé de Tourcoing. Il y naît en 1979. Sa mère travaille comme styliste, puis acheteuse pour de grands groupes. Il grandit seul avec elle. Une existence modeste, au milieu des usines désaffectées, à observer la nature et les oiseaux alentour. « Je passais mes matinées avec mes copains les rapaces », raconte-t-il.
-Son père, il n’en connaît longtemps que le nom, la voix au téléphone, guère plus. « J’ai dû le voir dix fois dans mes dix premières années. » Il a de ses nouvelles par les pages Affaires ou Arts des journaux. Bernard Herbo n’est pas n’importe qui. Ancien ingénieur chez IBM, ce fils d’un charcutier lillois a monté sa société, bien gagné sa vie dans la gestion de patrimoine, avant de devenir un grand collectionneur d’art contemporain, de diriger la cristallerie Daum et d’aider Emmanuel Perrotin à lancer sa galerie. Il vit entre la Suisse, Paris et Saint-Tropez. Dans sa notice du Who’s Who, il mentionne ses deux filles nées d’un premier mariage et les enfants de sa deuxième épouse. Pas son fils.
-L’envie d’en remontrer à son père
-Edouard se sent rejeté, effacé de la photo de famille. « J’étais mal, j’avais des terreurs nocturnes, j’étais dernier en classe tous les ans », se souvient-il. Sa scolarité s’étire comme un long calvaire. Il redouble, change neuf fois d’école, se retrouve en pension à 2 kilomètres de chez lui. Le brevet est dur à obtenir, et c’est à 20 ans bien sonnés qu’il finit par arracher un bac professionnel électrotechnique. « Vingt ans de galère et d’échec scolaire », résume-t-il à présent.
-Le Monde Application
-Journal Le Monde
-Consultez la version numérique du journal papier, ses suppléments et « M Le magazine du Monde »
-Voir les dernières publications
-S’il ne perd pas tout à fait pied, c’est que sa grand-mère maternelle, Liliane, croit en lui malgré tout. « Un jour, tu auras une Porsche », lui prédit-elle. Pour un anniversaire, son père, passionné d’aviation, lui ouvre aussi une perspective : « Si tu es parmi les trois premiers cette année, je te paie ton brevet de pilote. » Déclic immédiat. En 4e, Edouard Herbo devient provisoirement un bûcheur absolu et le premier de la classe. Et, à 15 ans, le voici qui pilote des avions. Il reprend confiance en lui. Décolle.
-Une autre passion le saisit alors, celle de la Bourse. Il a une telle envie d’en remontrer à son père. Il suit les conseils du magazine La Vie française, ouvre un compte boursier en ligne, spécule sur des actions décotées vendues quelques centimes et rafle la mise. « En 2000, mes placements m’ont rapporté près de 500 % », rapporte l’autodidacte. Cette année-là, il participe au championnat de France de trading et se retrouve en finale. La cérémonie de clôture se tient à La Cigale, à Paris, en présence de sociétés de gestion en quête de nouveaux talents. L’une d’elles, Dubus, lui propose de l’embaucher. Si bien que, au même moment, il obtient péniblement son bac d’électrotechnique et se retrouve à travailler dans une salle de marché, à Lille.
-Un self-made-man
-Pour fêter ça, sa grand-mère lui donne de quoi s’offrir une belle voiture : 55 000 francs, l’équivalent de 12 500 euros. « Evidemment, je n’ai rien acheté, tout investi en Bourse… et tout perdu avec l’explosion de la bulle Internet. » Le voici durablement vacciné contre les placements non maîtrisés. Et plus que jamais déterminé à regagner les fonds volatilisés.
-La suite pourrait être le parcours classique d’un self-made-man, une ascension fulgurante avec ce qu’il faut de coups financiers fumeux, d’argent vite ramassé, vite brûlé, vite retrouvé et multiplié. « Je veux que ma vie soit comme un film, qu’elle soit dingue, qu’il y ait du risque, de l’authenticité, de la conviction », reconnaît aujourd’hui encore l’hyperactif Edouard Herbo, au flot désormais intarissable.
-Les premières années, il n’est effectivement pas peu fier de sa réussite. « Je suis tradeur », proclame-t-il en renouant avec son père qui le croyait électricien. Quand celui-ci l’invite dans une brasserie proche de la Bourse, il arrive avec sous le bras quelques magazines financiers : on y cite parfois son nom, ses succès. D’autant plus que, après Dubus, il a convaincu Gérard Augustin-Normand, une star du secteur, de l’embaucher dans sa société Richelieu Finance. Ciao Lille. Le voici maintenant dans un bureau près des Champs-Elysées.
-A l’accueil des bureaux de Keepers, un cadre au message humoristique : « L’argent ne fait pas tout mais il maintient le contact avec les gosses. » JULIEN PEBREL/AGENCE MYOP POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
-La fête ne dure que quelques mois. Avec la déprime de la Bourse, le jeune homme est contraint de quitter Richelieu Finance et Paris. Peinant à retrouver un poste, il monte sa première société et trouve quelques clients prêts à lui confier leur argent. Au bout de six ans, cependant, il lâche l’affaire pour monter le bureau lillois de la prestigieuse compagnie financière Edmond de Rothschild, puis revient à Paris développer pour elle un family office. Un bureau gérant le patrimoine de riches familles, lui qui a eu tant de difficulté avec la sienne ! Cela pourrait paraître contre nature. Pourtant, il s’épanouit dans ce métier. Trois ans plus tard, il décide de voler de ses propres ailes en créant Keepers, sa société actuelle, cofondée avec Anthony Watine, avec qui il faisait équipe chez Edmond de Rothschild.
-Miser sur la transition écologique
-Sur le papier, il s’agit d’un family office comme bien d’autres. Aux familles possédant au moins 50 ou 100 millions d’euros, Edouard Herbo propose de prendre en charge leur patrimoine, avec une double promesse. La première : leur donner une image précise et synthétique de leur fortune, alors que ces ultrariches se perdent parfois dans une nuée d’avoirs éparpillés, actions, obligations, immobilier, holdings, assurances-vie… La seconde : leur assurer une bonne rentabilité, en fonction de critères fixés au préalable. « Une des premières questions que je leur pose est celle de leur “seuil de douleur” : combien sont-ils prêts à perdre sans se réveiller la nuit ? détaille l’homme d’affaires. L’un d’eux m’a dit “90 %”. Cela permet de prendre plus de risques. Les placements que nous faisons pour lui ont la meilleure performance de tout Keepers. »
-Lire aussi
-Le marchand d’armes, la fille du général et le fou du volant : une bataille d’héritage aux allures d’affaire d’Etat
-Mais la maison se distingue de ses rivaux. D’abord, au lieu de prélever une commission sur l’argent qu’il traite ou fait gagner, ou d’être rémunéré par certains fournisseurs, Edouard Herbo se fait payer au forfait. « Mine de rien, c’est une petite révolution, assure son ami Philippe Beauchamps, un ancien gestionnaire de fortune et patron du BTP, aujourd’hui vice-président (UDI) du conseil régional des Hauts-de-France. Avec ça, “Doudou” – comme le surnomment ses amis – a fait bouger le modèle économique de ce métier. Cela évite tout conflit d’intérêts et il a pu montrer à ses clients à quel point certaines banques, certains intermédiaires, leur prélevaient plus ou moins discrètement des commissions salées. »
-Le gestionnaire de fortune Edouard Herbo dans les bureaux parisiens de sa société, Keepers Family Office, le 24 juin 2025. JULIEN PEBREL/AGENCE MYOP POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
-Ensuite, le Nordiste parle à ses clients un langage auquel ils ne sont guère habitués. Cash, très cash. Il freine leurs tentations moutonnières, surtout depuis que, grâce à son épouse, neurologue, il s’est intéressé aux biais cognitifs, ces mécanismes de la pensée qui affectent le jugement. « Pendant le Covid, ils voulaient tous vendre, se remémore-t-il. Même chose au moment de la crise en Ukraine et lors de la dissolution. Puis Donald Trump a été réélu et tous voulaient acheter du Tesla, des cryptomonnaies. Bref, ils auraient tout fait à l’envers. »
-Lire aussi
-Investissement durable : les questions climatiques et sociales deviennent-elles taboues dans les grands groupes français ?
-Il leur raconte surtout son propre parcours, le creusement des inégalités, la responsabilité de la finance dans le dérèglement climatique et le rôle qu’eux-mêmes peuvent jouer pour corriger, un peu, le tir. Plutôt que d’investir dans les pétroliers à l’ancienne, il les incite à miser sur des acteurs de la transition écologique, des sociétés comme Derichebourg, qui traite les déchets, participe à l’économie circulaire et ne délocalise pas. Bien sûr, ces millionnaires ne vont pas tout donner soudain au Secours populaire, mais « on essaie au moins de faire dériver de quelques degrés ces milliards d’euros », explique Edouard Herbo. « Je le pousse beaucoup à orienter ses clients vers des investissements durables », confie l’essayiste Jacques Attali, un des pères de substitution vers lesquels le quadra se tourne régulièrement.
-« Réenchanter le patrimoine »
-Pour « reconstruire » les grandes fortunes qui lui font confiance, il s’appuie sur leurs enfants. Ces jeunes adultes qui veulent donner du sens à l’argent dont ils vont hériter et poussent leurs parents à réaliser des investissements dits « à impact ». « On contente les parents avec de la performance, les enfants en réenchantant le patrimoine. Fédérer ainsi des familles, c’est génial ! », s’exclame le fils si longtemps exclu.
-Lire aussi
-Comment la France est redevenue une société d’héritiers
-Cela semble marcher. Six ans après ses débuts, Keepers reçoit, en 2024, le prix Leaders League du meilleur family office français. L’entreprise emploie une trentaine de personnes et travaille pour une vingtaine de familles, à l’identité confidentielle. Trois sont entrées à son capital. Edouard Herbo aimerait monter à 50 clients. C’est pourquoi, tout en gardant le siège à Lille, il a installé une équipe à Paris, investi dans les ressources humaines et le numérique. Les dépenses ont fait virer au rouge les comptes de Keepers en 2024. Une nouvelle perte est attendue en 2025, année marquée par le départ du cofondateur Anthony Watine. « Quatre mains sur le même volant, c’était trop », explique celui-ci, resté en très bons termes avec son ancien associé. « J’ai la chance de pouvoir investir sans pression, à moyen terme, assure Edouard Herbo. C’est la magie d’avoir des familles pour actionnaires. Elles restent à vos côtés dans la durée. »
-La magie des familles… Piquante formule, une fois encore, venant de lui. L’alchimie a conduit le garçon de l’ombre à devenir pilote, gestionnaire de fortune, entrepreneur, passionné d’art, exactement comme son père. « Il y a forcément de l’inconscient derrière tout ça », sourit-il, pas dupe. La vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille.
-Lire aussi la chronique
-Thomas Piketty : « Ce qui frappe parmi les opposants à l’impôt sur les ultrariches, c’est leur absence totale de perspective historique »
-Denis Cosnard
-NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE
-Le postcoït est-il forcément un moment triste ?
-Le 06 juillet 2025 à 05h00
-Elon Musk, brouillé avec Donald Trump, annonce la création de sa formation politique, le Parti de l’Amérique
-Le 05 juillet 2025 à 22h27
-Thomas Jolly : « On est toujours renvoyé à d’où on vient »
-Le 05 juillet 2025 à 18h00
-« Hunger Games » à Gaza
-Le 06 juillet 2025 à 07h00
-En Espagne, les paysages déprimés de la Costa Blanca
-Le 06 juillet 2025 à 06h00
-Itinéraire de Baptiste C., néonazi (presque) repenti
-Le 06 juillet 2025 à 06h00
-CONTRIBUTIONS
-Bienvenue dans l’espace des contributions
-Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
-Voir les contributions
-</ifauth>
-</hidden>

× iphelper toolbox

you see this when javscript or css is not working correct

Untested

ElseNews

Différences

Input

ElseNews

Outils pour utilisateurs

Outils du site

Différences

Input

Outils de la page