Longtemps proches de la gauche, les Amérindiens Navajo sont à présent de plus en plus nombreux à se tourner vers la politique de Donald Trump, les promesses économiques du Républicain leur apparaissant particulièrement séduisantes.
Une population de plus en plus acquise à Donald Trump ? Élu en 2020 pour un premier mandat, puis candidat à l'élection présidentielle de 2024, Donald Trump a mis en avant dans sa campagne le slogan «America First».
Si cette politique républicaine divise les Amérindiens, l'une des communautés les plus pauvres du pays et fortement touchée par le chômage, elle semble trouver de plus en plus d'adeptes. Excédée par la hausse de l'essence, Nita Mexican a voté pour l'actuel président en novembre dernier. Un choix que cette Amérindienne Navajo revendique et qui se banalise de plus en plus chez les autochtones américains.
«Beaucoup de jeunes sont pour lui maintenant, y compris les amis de nos petits-enfants», confie la retraitée à l'AFP. La républicaine de toujours a l'habitude d'être en minorité à Tuba City, petite villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia
WikikPedia isolée de l'Ouest américain, sur les plateaux désertiques de la Nation Navajo. Mais ces dernières années, elle a vu les attitudes changer. Comme elle, certains voisins ont commencé à blâmer l'immigration latino-américaine pour le chômage et le trafic de drogues qui minent ce coin pauvre.
«Donald Trump nettoie l'Amérique, c'est une bonne chose», applaudit cette ex-employée d'une centrale électrique, ravie de la politique d'expulsions massives du président. «L'Amérique doit passer d'abord», insiste-t-elle. «Nous les natifs, nous sommes Américains et nous devrions avoir les emplois en premier.»
Dans cette région reculée, où la voiture est indispensable, l'inflation des dernières années fait encore grincer. Avec son mari Joe, Nita Mexican dépense 40 dollars d'essence par jour pour abreuver matin et soir leurs moutons, parqués dans un enclos à une quarantaine de kilomètres. Le couple aide aussi financièrement certains petits-enfants au chômage. «Parfois, nous n'avons plus assez pour faire les courses pour nous deux», peste Nita Mexican, qui aimerait que le président «ralentisse» sur les droits de douane visant de nombreux produits importés.
Les républicains gagnent du terrain sur un bastion historiquement à gauche
À cheval sur l'Arizona, le Nouveau-Mexique et l'Utah, la Nation Navajo est la plus grande réserve amérindienne des Etats-Unis. Dans ce bastion démocrate depuis les années 1980, Donald Trump a réalisé des percées surprenantes lors de la dernière présidentielle. Le républicain a perdu avec 18,9 points de retard dans le comté d'Apache, contre 33,6 en 2020. Et il a gagné avec 17,1 points d’avance dans le comté de Navajo, doublant ainsi sa marge par rapport à l’élection précédente.
De la Caroline du Nord au Montana, cette dynamique s'est confirmée dans tout le pays : l'électorat amérindien a globalement voté pour la gauche et sa candidate Kamala Harris, mais avec beaucoup moins d'enthousiasme que par le passé.
Comme chez les Latino-Américains, le bulletin Trump a été plus choisi par les hommes que les femmes, selon les sondages. Dans sa maison sans électricité, Gilberta Cortes en sait quelque chose : son fils de 21 ans a voté pour le républicain. «On se dispute tout le temps à ce sujet», raconte-t-elle. «Il parle de l'inflation, il dit que les cartels ruinent tout pour les Amérindiens.»
«Beaucoup de racisme»
À 42 ans, cette mère au foyer se sent méprisée par le président. Elle exècre ses moqueries envers les origines amérindiennes de la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, qu'il surnomme régulièrement «Pocahontas».
Les lois promulguées par le républicain lors de son premier mandat pour lutter contre la disparition de milliers de femmes amérindiennes chaque année l'ont laissée de marbre. «C'était juste du clientélisme pour obtenir nos voix», balaie cette électrice de gauche.
Et l'offensive anti-immigration du président l'inquiète. Plusieurs Navajos ont été interpellés ces derniers mois par la police de l'immigration à cause de leur couleur de peau, selon certains responsables de la réserve. «On voit beaucoup de racisme, je pense que c'est plus flagrant maintenant», soupire-t-elle. «Lorsque je sors, j'ai l'impression de marcher sur des œufs.»
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Le climatoscepticisme de M. Trump la préoccupe également, elle qui interdit à ses enfants de jouer dehors l'été à cause des vagues de chaleur, de plus en plus intenses dans l'Ouest américain. «S'il fore du pétrole à tout va et coupe dans les agences environnementales, ça va empirer les choses sur le long terme», craint-elle.
Dans sa caravane, Elbert Yazzie croit que certains de ses amis regretteront bientôt leur choix. Car la «grande et belle loi» que le président vient de faire adopter prévoit une réduction drastique des aides sociales. «Ils ont voté pour lui parce qu'ils pensaient qu'il y aurait plus d'emplois pour nous les Américains. Mais au lieu de ça, il coupe les aides alimentaires», résume ce quinquagénaire au chômage. «Ca va toucher beaucoup de gens ici», déplore-t-il ensuite.
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