Budget Fiscalité
Décryptage
Budget 2026 : ce plan qui pourrait sortir la France du piège de la dette
Pour réduire le déficit, l'institut Rexecode, proche des milieux patronaux, prône la poursuite résolue de la politique de l'offre. Cette stratégie permettrait de faire passer la croissance de la France à 2 %.
Production industrielle
Indicateurs économiques
Pour doper la croissance, Rexecode propose notamment de stimuler la productivité, avec un soutien à la R&D et à la formation (photo d'illustration : dans un laboratoire pharmaceutique).
Pour doper la croissance, Rexecode propose notamment de stimuler la productivité, avec un soutien à la R&D et à la formation (photo d'illustration : dans un laboratoire pharmaceutique). (iStock)
Par Sébastien Dumoulin
Publié le 11 juin 2025 à 06:08Mis à jour le 11 juin 2025 à 10:16
Votre abonnement vous permet d’accéder à cet article
L'économie française est en panne et aucune perspective de moyen terme n'émerge. Pire, le pays se dirige tout droit vers « un enchaînement économique pervers et conflictuel ». C'est sur ce constat démoralisant que s'ouvre un rapport de l'institut Rexecode, publié ce mercredi sous le titre « Sortir l'économie française de l'enlisement par une réelle volonté de croissance ».
Le problème posé est simple, d'un point de vue arithmétique. La France aurait besoin d'injecter environ 120 milliards d'euros supplémentaires chaque année dans son économie pour satisfaire les nouveaux besoins, qualifiés d'« attentes légitimes » : assurer la transition énergétique, investir dans le numérique et l'innovation, améliorer les services publics (éducation, sécurité, santé) et soutenir le pouvoir d'achat. Seulement, l'activité dans le pays progresse de moins de 1 % par an, c'est-à-dire qu'elle ne génère que 30 milliards d'euros de plus chaque année grand maximum.
Eviter l'« effet boule de neige »
Ce décalage n'est pas nouveau. Seulement, ces dernières décennies, « la contradiction a été en partie masquée par l'accroissement du déficit public », relèvent les auteurs du rapport, Michel Didier et Gilles Koléda. Las, à force de vivre à crédit en espérant le retour de jours meilleurs, la dette a explosé et la charge des intérêts avec. « Les reports d'échéance touchent désormais à leurs limites et les tensions s'exacerbent ».
Pour éviter un « effet boule de neige » - sorte de spirale incontrôlable de surendettement - il faut d'urgence résorber le déficit public. Et ce ne sera pas simple : même geler toutes les dépenses publiques en volume ne suffirait pas à redresser la barre d'ici à 2030, calcule Rexecode. Pour y parvenir, il faudrait non pas stabiliser, mais diminuer la dépense d'une centaine de milliards d'euros.
Lire aussi :
DECRYPTAGE - Budget 2026 : ce que rapporterait une « année blanche »
DECRYPTAGE - La faible inflation rend plus difficile le redressement des finances publiques
Autrement dit, « le simple objectif de retour du déficit public à moins de 3 % du PIB exigerait que tout le surplus créé au cours des trois prochaines années soit affecté à la réduction du déficit », pointent les auteurs. Un « choc d'économie » qui se traduirait par un ralentissement de l'activité, accroissant d'autant l'écart entre les besoins d'investissement et les ressources mobilisables. Quant au scénario d'un « choc fiscal », il est jugé « encore plus défavorable […] en raison de la perte de compétitivité ».
Le choix de la croissance
Pour sortir de ce piège, le rapport de Rexecode prône une troisième voie, qui consiste à tout faire pour doper la croissance. Si l'activité tricolore progressait de 2 % au lieu de 1 %, elle générerait 60 milliards d'euros supplémentaires par an au lieu de 30. De quoi financer une moitié des nouveaux besoins, au lieu d'en laisser les trois-quarts inassouvis. En d'autres termes, les auteurs plaident pour la poursuite de la « politique de l'offre » amorcée par François Hollande et engagée par Emmanuel Macron.
Lire aussi :
DECRYPTAGE - Dépenses, déficit : le FMI appelle la France à poursuivre ses efforts
EN CHIFFRES - Croissance, déficit : Bruxelles ne croit pas au redressement rapide promis par la France
Pour cela, Rexecode a un plan. Premièrement, stimuler la productivité, avec un soutien à la R&D et à la formation. Deuxièmement, mobiliser l'épargne privée - aujourd'hui essentiellement fléchée vers des actifs sûrs comme les livrets réglementés - grâce à la création de fonds d'investissement à capital garanti dans des entreprises de croissance. Troisièmement, augmenter la quantité de travail grâce à un recul de l'âge de la retraite de 8 mois supplémentaire ou 3 jours de travail en plus par exemple d'ici 2030. Et quatrièmement, en renforçant le soutien à la réindustrialisation de secteurs porteurs (armement, décarbonation, IA…).
Des sacrifices douloureux
Ce scénario « de croissance », permettrait de reprendre le contrôle des finances publiques en évitant une cure d'austérité, explique Rexecode en substance. Mais il ne serait pas exempt de sacrifices douloureux.
Il impliquerait toujours de geler en volume la dépense publique, et même de réaliser entre 20 et 30 milliards d'euros d'économies par an pour financer la part publique de cet important effort de dynamisation de l'économie. Les administrations verraient leurs crédits baisser, les prestations sociales (dont les retraites) augmenteraient moins que prévu. Et aucune hausse de pouvoir d'achat ne serait à prévoir.
Sébastien Dumoulin
Thématiques associées
Production industrielle
Indicateurs économiques
Finances Publiques
Impôts : l'avantage fiscal garanti pour la garde d'enfants et l'aide aux personnes âgées, pas pour le ménage à domicile
La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a déclaré que la France devait prendre « des décisions historiques » pour réaliser des économies dans le budget 2026.
you see this when javscript or css is not working correct