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-====== Le Monde – En Chine, le Parti s’astreint à une nouvelle cure de sobriété ====== https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/en-chine-le-parti-s-astreint-a-une-nouvelle-cure-de-sobriete_6611913_3210.html 
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-International 
-En Chine, le Parti s’astreint à une nouvelle cure de sobriété 
-A la suite d’un épisode malheureux survenu en marge d’une réunion d’officiels en mars dernier, Xi Jinping a redonné un nouveau tour de vis et réitéré l’interdiction de menus gargantuesques et de boissons alcoolisées lors des repas de travail. 
-Par Harold Thibault (Pékin, correspondant) 
-Par Harold Thibault (Pékin, correspondant) 
-Par Harold Thibault (Pékin, correspondant) 
-Article réservé aux abonnés 
-LETTRE DE PÉKIN 
-Un membre de la sécurité monte la garde alors que les délégués quittent le Palais de l’assemblée du peuple après la session d’ouverture de l’Assemblée nationale populaire à Pékin, en mars 2024. 
-Un membre de la sécurité monte la garde alors que les délégués quittent le Palais de l’assemblée du peuple après la session d’ouverture de l’Assemblée nationale populaire à Pékin, en mars 2024. GREG BAKER/AFP 
-La dizaine d’officiels du canton rural de Luoshan, dans le centre de la Chine, ont pris ensemble leur pause déjeuner ce 22 mars, au milieu d’une journée consacrée à « l’étude approfondie du règlement en huit points ». Sous ce nom de séminaire peu engageant, les responsables locaux devaient réviser, encore et encore, un édit du pouvoir central datant de décembre 2012, soit quelques semaines après l’arrivée de Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois. 
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-Le texte, point de départ d’une campagne de stricte austérité dans les rangs du parti unique sous M. Xi, souligne l’importance de « rester au plus près des masses », en renonçant aux réunions inutiles et aux repas fastueux, en évitant de bloquer les routes au passage d’un cortège officiel ou de déployer banderoles de bienvenue et bouquets de fleurs massifs à n’importe quelle inspection de terrain. 
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-Le dirigeant n’a eu de cesse depuis son ascension au sommet de répéter que le formalisme, l’hédonisme et la corruption étaient des menaces pour la survie du système. Le régime sec imposé par le pouvoir central aux échelons inférieurs d’une bureaucratie que Pékin entend reprendre en main est résumé par la formule « quatre plats et une soupe ». Les officiels chinois sont donc censés se tenir à carreau : c’est tout cela que les huiles du canton de Luoshan ont révisé dès le début de cette fameuse journée de séminaire. 
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-Cuite mortelle 
-Or, à la pause de midi, ces cadres, une dizaine au total, sont sortis du droit chemin, pour prendre la direction d’un restaurant de la ville la plus proche, Xinyang. Là, ils ont dérivé bien loin des préceptes révisés le matin même : en un repas, cinq d’entre eux ont descendu quatre bouteilles de baijiu, un alcool blanc frôlant les 60 degrés. L’un d’eux est mort l’après-midi même, sous l’effet de cette cuite violente, rapporte la commission centrale d’inspection disciplinaire (CCID) du parti unique. 
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-Ajoutant à la gravité de la situation, le chef du parti dans ce canton, Yu Guofang, et ses subordonnés sont accusés d’avoir tenté de dissimuler le décès plutôt que d’en faire état aux échelons supérieurs sans délai. Ils ont même essayé de convaincre la famille du défunt d’accepter une indemnisation en argent liquide, provenant qui plus est de fonds publics. « C’est un exemple typique de mépris de la discipline, de violation des règles en défi à l’autorité, de faits d’une nature extrêmement grave avec des conséquences extrêmement négatives », a asséné, le 13 mai, l’organe d’investigation du Parti, qui rappelle sa politique de « tolérance zéro ». 
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-Tous les cadres impliqués ont été sanctionnés, exclus du PCC et licenciés ou rétrogradés aux plus bas échelons. Le 23 mai, des officiels du département de la discipline sont venus de la capitale provinciale organiser une séance d’autocritique des cadres locaux, une pratique courante sous les terribles années maoïstes, remise au goût du jour sous Xi Jinping. Le secrétaire du parti au niveau municipal, Cai Songtao, a été le premier à devoir s’interroger publiquement sur les défaillances de sa supervision, suivi, un à un, par les membres du comité permanent local. « Nous devons tourner le couteau vers nous-mêmes et faire un important travail de rectification », a reconnu M. Cai. 
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-A la fin, Wang Junfeng, l’inspecteur de la discipline dépêché sur place, a jugé l’autocritique franche, les mesures de rectification efficaces, il a préféré y voir un nouveau point de départ pour « corriger les déviances idéologiques » autour de Xinyang. Il attend des responsables locaux qu’ils « saisissent l’occasion de se rectifier et de s’améliorer, de travailler à la rigueur totale et de purifier l’atmosphère politique ». 
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-889 000 sanctions disciplinaires 
-L’organe disciplinaire fait de cette affaire un exemple pour montrer que du point de vue de Pékin, du président Xi Jinping en particulier, le parti n’en a jamais fini de se purger. Le PCC a donc une nouvelle fois répété la ligne de conduite, le 18 mai 2025 : ni repas gargantuesques ni coûteux ornements floraux pour les réceptions, pas question non plus de tapisser l’intérieur de son véhicule de fonction dans un style exubérant. Pas de cigarettes à table et, alors que la consommation des alcools les plus chers était déjà prohibée lors des repas officiels, c’est désormais toute boisson alcoolisée qui est interdite durant les repas de travail. 
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-Le producteur de l’alcool le plus réputé de Chine, Moutai, qui a longtemps prospéré sur les cadeaux relevant de la corruption, ne s’y est pas trompé : le traditionnel dîner organisé à la veille de son assemblée des actionnaires, le 18 mai, a été remplacé par un simple buffet. Sur les tables, les convives se sont étonnés de ne plus trouver que des bouteilles de jus de myrtille à 2,50 euros, contre 250 euros pour la bouteille de 500 millilitres de Moutai. 
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-Les agents de la discipline ont permis à M. Xi, au prétexte de guerre contre la corruption, de supprimer toutes les factions dont la loyauté n’était pas acquise, afin de ne placer que des hommes liges, qui font régner la terreur. Le nombre de leurs enquêtes est publié en janvier tous les ans, à la manière d’indicateurs macroéconomiques : en 2024, 889 000 officiels ont reçu une sanction disciplinaire, dont 73 personnes de rang ministériel ou de haute responsabilité dans les provinces. Plus de 6,2 millions d’officiels ont ainsi été sanctionnés depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. 
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-Retrouvez ici toutes les lettres de nos correspondants. 
-Harold Thibault (Pékin, correspondant) 
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