Jeunes, talentueux et populaires, ils sont les candidats idéaux pour devenir des influenceurs. Depuis la levée de l’interdiction, en 2021, par la NCAA, l’organisme encadrant le sport universitaire aux États-Unis, qui les empêchait de gagner de l’argent en concluant des accords avec des marques, les athlètes des établissements américains sont très courtisés.
Ainsi, Olivia Dunne, une ex-gymnaste de 22 ans qui représentait l’État de Louisiane, peut désormais espérer toucher des centaines de milliers de dollars pour un message publicitaire sur TikTok, où plus de 8 millions de personnes la suivent. Et Haley et Hanna Cavinder, des jumelles de 24 ans qui réunissent 4,6 millions d’abonnés sur TikTok, ont noué plusieurs partenariats commerciaux d’une valeur totale d’environ 1,7 million de dollars, estimait Forbes en 2022, alors qu’elles jouaient au basket-ball à l’université de Miami.
Un business alléchant
Les universités comme les agences d’influence comptent bien tirer profit de ce nouveau phénomène : l’université de Caroline de Nord a même ainsi invité dans ses locaux Vickie Segar, co-fondatrice de l’agence d’influence Article 41, afin qu’elle explique à ses étudiants comment décrocher des partenariats, rapporte The New York Times. L’agence d’influence a ainsi distribué un guide de formation de 50 pages contenant des conseils à l’adresse des jeunes sportifs. « Non, vous n‘êtes pas obligé de danser » et « considérez chaque TikTok comme une petite leçon », recommande par exemple le guide.
L’agence Article 41 récupère 20 % du cachet des étudiants, et si l’université ne perçoit pas de bénéfices pécuniaires, selon Vickie Segar, elle souhaite « que chaque athlète de l’école gagne autant d’argent que possible parce que cela permettra d’avoir de meilleurs athlètes ». L’école soutient la femme d’affaires dans ses efforts, qui ont débuté à l’automne dernier, pour transformer ses 850 étudiants-athlètes en influenceurs.
Enfin, les marques, en misant sur de jeunes talents, espèrent pouvoir construire une collaboration pérenne, et bénéficier de leur aura à l’apogée de leur carrière, par exemple si certains sont sélectionnés pour les Jeux olympiques, explique la Harvard Business Review.
« Leurs corps sont monétisés au profit de l’école »
Si chacun semble y trouver son compte, l’engouement autour de ces jeunes athlètes en inquiète certains : « Cela m’attriste. (…) Leurs corps (ceux des étudiants ; ndlr) sont monétisés sur TikTok au profit de l’école », déplore Michael H. LeRoy, professeur de droit à l’université de l’Illinois contacté par The New York Times.
Par ailleurs, l’universitaire craint qu’une telle mise en avant sur les réseaux sociaux affecte les jeunes, et que cette course à la popularité pollue aussi leurs amitiés : « Si une partie de votre stratégie en tant qu’école consiste à augmenter l’exposition de vos étudiants-athlètes à l’écosystème des réseaux sociaux qui est rempli d’irrationalité et de haine, vous n‘aidez pas à préserver leur santé mentale. (…) Ce n‘est pas une bonne atmosphère pour eux de concourir à un haut niveau et de se concurrencer en même temps sur les réseaux sociaux ».
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