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La rave party, cauchemar du monde rural [ElseNews]

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La rave party, cauchemar du monde rural

Jusqu'à présent, lorsqu'on demandait à un agriculteur ce qu'il redoutait le plus, il évoquait pêle-mêle le caprice des éléments, le prédateur, le ravageur, l'épidémie, le mildiou, l'oïdium, la mévente, la dette, l'huissier, le fils ou la fille qui ne veulent pas s'installer, l'écolo qui l'empêche de travailler, les normes et ceux qui, toujours très déterminés, les font appliquer. Depuis quelques années, le paysan est confronté à une intempérie tout aussi imprévisible et quasi impossible à juguler, car elle n'est annoncée ni lors des prévisions météorologiques, ni par les prophéties du calendrier lunaire : la rave party. Comprenez, événement bruyant et gesticulé improvisé en pleine nuit pendant plusieurs jours sur des terrains appartenant à autrui.
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Bon nombre d'éleveurs et de cultivateurs redoutent secrètement, lorsqu'ils voient circuler en apostille de leurs champs un véhicule pouvant être considéré comme suspect, l'individu venant repérer le terrain idoine, le chemin d'accès et celui par lequel il faudra s'éclipser quand les gardes du cardinal de service commenceront à rappliquer.
Récemment, dans le Lot, non loin de Rocamadour et de ses grottes chères à Gérard Blanchard, c'est une autre ritournelle beaucoup plus trance, drum, trap, break, hardcore, house et techno qui s'invita sous les étoiles avec, à la louche plus ou moins bien moulée, 10 000 teufeurs et autres consommateurs de libertés conditionnées à la prise de substances dont la fragrance n'a rien à voir avec celle des andains, de la luzerne, du triticale, du regain et de la graminée.

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Nous sommes sur la commune de Montvalent dans la nuit du 7 au 8 mai. Plusieurs centaines de véhicules arrivent sur un terrain agricole où un millier de brebis sont en train de paître à proximité. Résultat des courses, un troupeau stressé par la circulation, le tapage, la musique, les lumières, les feux d'artifice et 60 hectares de prairies piétinés dont la remise en état nécessitera plusieurs années. Sans oublier les dégâts causés sur les routes et chemins conduisant au site dont le préjudice fut estimé, par la commune, à près de 150 000 euros.
Une mobilisation hors norme
Dans le détail des sanctions révélées par la procureure, nous avons en magasin plusieurs saisies de matériel, dont des véhicules, des ordinateurs, des tables de mixage, une centaine d'enceintes, de l'héroïne, du cannabis, du protoxyde d'azote et de l'argent liquide provenant du commerce desdits stupéfiants. Avec, pour emballer le tout, 450 infractions recensées, 207 amendes délivrées, une centaine de conducteurs verbalisés car conduisant sous l'empire de la drogue ou alcoolisés… Rajoutons à cette liste non exhaustive de délits et autres refus d'obtempérer des dégradations de véhicules de gendarmerie, deux procédures pour rébellion, dix-huit gardés à vue et, entre autres subtilités printanières, une ligne ferroviaire fermée pendant six jours entre Figeac et Brive-la-Gaillarde en raison de la présence d'individus déambulant sur les voies.
Et là, tu te demandes si tu es en train d'assister à un remake de Mad Max, version Groove pour les plus optimistes, ou si la fiction est en train de dépasser la réalité. Car, de surcroît et pour contenir, verbaliser, soigner, protéger les pastoureaux protagonistes, l'événement nécessita la présence de 400 policiers et secouristes. Une mobilisation humaine et financière hors normes acquittée par le contribuable avec des indemnisations à venir qui ne seront certainement jamais endossées par les participants de cette kermesse champêtre, zadistes occasionnels, pourfendeurs de la propriété privée.
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, déclarait récemment à l'adresse des impétrants : « Ils ne s'en tireront pas comme ça, croyez-moi, ils vont s'en souvenir… » Reste à savoir qui va vraiment s'en souvenir. Sont-ce les teufeurs qui, de retour dans leur « pré carré », seront certainement et bien gentiment passés à autre chose ?
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Ou bien les habitants de Montvalent et l'éleveur propriétaire du terrain vandalisé qui vont, désormais et peut-être pendant des années, devoir guetter chaque soir le passage de l'individu suspect, de la camionnette customisée, du décibel haut perché. Avec le sentiment, celui qui finit par nourrir tous les dépits et les excès, de ne plus être ni protégé ni respecté.
* Jean-Paul Pelras, tour à tour maraîcher, syndicaliste agricole, écrivain, auteur d'une vingtaine d'ouvrages et journaliste, est régulièrement sollicité par les médias pour s'exprimer sur les questions agricoles et sur la ruralité.
https://www.lepoint.fr/debats/la-rave-party-cauchemar-du-monde-rural-20-05-2025-2590040_2.php

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