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Mauvaises odeurs, dépôts sauvages... En Loire-Atlantique, le difficile apprentissage des néoruraux au bien vivre-ensemble à la campagne
Pour contrer les mauvaises pratiques et méconnaissances des néoruraux ou villageois, une collectivité marquée par une forte activité agricole a fait distribuer un livret à destination de la population.
«Bien vivre ensemble en milieu rural » : tel est l’intitulé du livret qu’ont reçu au printemps dernier les 42.000 habitants de la communauté de communes de Grand Lieu. Cette collectivité de Loire-Atlantique dispose de 191 exploitations agricoles (viticulture, maraîchage, vigne, volaille, élevage laitier…) réparties sur près de 16.000 hectares. «Ces activités, essentielles à notre dynamisme économique et à notre cadre de vie, méritent d’être mieux connues», expose en préambule de ce document le président de Grand Lieu Communauté Johann Boblin.
Dans ce carnet de douze pages visant à renforcer le dialogue entre habitants et professionnels, il est par exemple rappelé que les dépôts sauvages sont un fléau, pourquoi des odeurs peuvent émaner des exploitations. Des éléments qui sont parfois loin d’être connus ou acquis. «Tout le monde est capable de dire “mon grand-père était agriculteur”», remarque Frédéric Launay, vice-président en charge des pratiques agricoles de Grand Lieu Communauté, joint par téléphone. Or, «au final, on a beaucoup de néoruraux qui ne comprennent pas que les agriculteurs travaillent avec du matériel grand large et lourd, et que ça peut faire du bruit la nuit…».
Le monde rural a envie d’être écouté et respecté Frédéric Launay, vice-président en charge des pratiques agricoles de Grand Lieu Communauté
Également maire de La Limouzinière, l’une des neuf communes de Grand Lieu Communauté, il se souvient d’un viticulteur bio qui s’est fait filmer après avoir utilisé un produit contrôlé pour traiter ses vignes, ses interlocuteurs souhaitant dénoncer une pratique en réalité autorisée. «Le monde rural n’est pas en péril, mais il est en alerte et a envie d’être écouté et respecté».
Pendant huit mois, Frédéric Launay a travaillé à la conception de ce fascicule pédagogique avec des élus et exploitants, à l’instar d’Anaïs et Anthony Lafage, maraîchers spécialisés en tomates cerises mélangées, cultivées en sol vivant. Leur exploitation «Les Serres du Fréty» se situe à Pont-Saint-Martin, non loin de Nantes. «On a de plus en plus de personnes qui ne connaissent pas les contraintes du monde agricole. Par exemple, nos camions passent au niveau de l’exploitation pour apporter nos marchandises à la coopérative et il arrive que les gens se plaignent», observe Anthony Lafage, désireux de communiquer pour faire connaître son activité.
Un autre problème chronophage reste le respect des propriétés. Sacs-poubelle balancés dans les champs, vols de palettes par des gens du village, personnes qui font leurs besoins sur des terrains ne leur appartenant pas… «Les gens pensent que la nature appartient à tous. Or, les parcelles ont un propriétaire», évoque-t-il, alors qu’il est difficile pour lui de clôturer 3,8 hectares. «En deux ans, on n’a jamais autant été embêté par les vols et incivilités», poursuit-il. La venue d’inconnus, ne connaissant plus les délimitations, peut également poser des soucis de sécurité. Résultat, l’exploitation est désormais dotée de caméras.
La chambre d’agriculture aussi mobilisée
En 2024, la chambre d’agriculture des Pays de la Loire a elle aussi lancé une campagne de communication pour des néoruraux résidant en milieu rural, ou venant y séjourner ponctuellement. «Elle a pour objectif de faire prendre conscience, de la manière la plus accessible possible, à la fois de l’importance première, vitale et stratégique de l’agriculture, de son poids économique et social, mais aussi des compétences que doivent réunir les agriculteurs pour conduire à bien leurs nombreuses missions et des arbitrages qu’ils doivent opérer», explique Pascale Garnier, responsable communication de l’établissement régional représentant l’ensemble des acteurs du secteur agricole.
«L’urbanisation et la concentration de la population dans de grands centres urbains, l’approvisionnement en aliments dans des grands centres de distribution, la transformation de très nombreux produits alimentaires, la perte de connaissances sur les métiers liés à l’agriculture et l’élevage, etc… ont éloigné la majorité de la population de la “réalité du vivant”, abonde-t-elle. Les habitants installés sur des territoires ruraux et dont les métiers ne relèvent pas de l’agriculture, n’y échappent pas».
C’est la première fois que la chambre d’agriculture des Pays de la Loire propose une campagne de sensibilisation sous cette forme, mais le phénomène est suivi depuis de nombreuses années. «Les évènements de 2020 et 2021 ont pu jouer un rôle dans le sens où des populations très urbaines ont pu choisir de quitter les grandes agglomérations pour s’installer en milieu plus rural», note Pascale Garnier, en écho aux remarques de l’exploitant de Pont-Saint-Martin, soucieux d’une montée des incivilités au cours des deux dernières années. Dans une étude intitulée «Migrations résidentielles et crise de la Covid‑19 : vers un exode urbain en France ?», les auteurs Marie‑Laure Breuillé, Julie Le Gallo et Alexandra Verlhiac ont en effet montré que «le souhait de migrer vers des municipalités rurales ou vers d’autres aires d’attraction a augmenté à mesure que la pandémie et les mesures restrictives se poursuivaient et a été particulièrement prononcé après la fin du troisième et dernier confinement».
https://www.lefigaro.fr/nantes/mauvaises-odeurs-depots-sauvages-en-loire-atlantique-le-difficile-apprentissage-des-neoruraux-au-bien-vivre-ensemble-a-la-campagne-20250526
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