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| - | ====== Le Monde – Le microbiote vaginal, l’écosystème trop peu connu qui régule la santé des femmes ====== | ||
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| - | <hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> | ||
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| - | Sciences | ||
| - | Le microbiote vaginal, l’écosystème trop peu connu qui régule la santé des femmes | ||
| - | Cet écosystème sensible, qui abrite plusieurs milliards de bactéries assurant sa protection contre des microbes pathogènes, | ||
| - | Par Pascale Santi | ||
| - | Par Pascale Santi | ||
| - | Par Pascale Santi | ||
| - | Article réservé aux abonnés | ||
| - | Yasmine Gateau | ||
| - | YASMINE GATEAU | ||
| - | Si le microbiote intestinal est maintenant bien identifié par le grand public, notamment pour ses interactions avec un grand nombre de maladies, son cousin vaginal est, lui, resté dans l’ombre. Or, le microbiote uro-génital représente quelque 9 % du microbiote humain – qui comprend aussi les microbiotes oral, cutané, ou encore respiratoire. Cette méconnaissance, | ||
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| - | « Les liens entre microbiote vaginal et santé sont pourtant très forts – infections sexuellement transmissibles, | ||
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| - | Pourtant, à la différence du microbiote intestinal, celui du vagin, bien moins diversifié, | ||
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| - | En 2011, Jacques Ravel, professeur de microbiologie à l’Ecole de médecine de l’université du Maryland et directeur du centre pour la recherche avancée sur le microbiote et l’innovation, | ||
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| - | En revanche, la cinquième communauté, | ||
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| - | Dysbiose et infertilité | ||
| - | Mais peut-on vraiment définir ce qu’est un bon microbiote ? Pas si simple, répond Jeanne Tamarelle : « Une dysbiose [déséquilibre de la flore génitale] n’entraîne pas forcément de symptômes. » Jean-Marc Bohbot, infectiologue à l’Institut Fournier (Paris), ajoute : « Un microbiote optimal est généralement dominé par des lactobacilles protecteurs, | ||
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| - | Autre conséquence de taille sur la santé, la dysbiose est associée à un risque d’infertilité et d’accouchement prématuré. « Les causes de l’infertilité sont multifactorielles, | ||
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| - | Plusieurs questions se posent : faut-il tenter de soigner les patientes avec des probiotiques ou des transplantations de la flore vaginale ? Est-ce que les effets des traitements durent dans le temps ? Faut-il traiter quand la patiente a une dysbiose mais est asymptomatique ? questionne Sophie Brouillet. Existe-t-il vraiment un microbiote purement endométrial ? | ||
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| - | Par ailleurs, des études manquent sur l’association avec le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), les infections urinaires ou l’endométriose. | ||
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| - | Autre inconnue : la transmission du microbiote de la mère à l’enfant. Pour les bébés nés par césarienne, | ||
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| - | Souvent reléguées au rang de simples infections passagères, | ||
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| - | Dysbiose asymptomatique | ||
| - | Revenons au rôle de cette flore peu connue. Les lactobacilles créent un environnement protecteur en transformant le glycogène sécrété par l’épithélium vaginal (la paroi) en acide lactique, maintenant un pH vaginal acide, entre 3,5 et 4,5, hostile à de nombreuses bactéries ou virus pathogènes. | ||
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| - | Pour évaluer ces micro-organismes, | ||
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| - | Mais l’essor de ces technologies soulève aussi des inquiétudes. De nombreuses start-up commercialisent désormais des tests de microbiote, principalement en ligne. Une tendance critiquée par Jacques Ravel : « Ils sont souvent peu fiables, sans aucune validation scientifique ni régulation. » | ||
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| - | Et le test ne dit pas tout. « Avoir une dysbiose n’est pas forcément associé à des symptômes ni à une maladie », insiste Jeanne Tamarelle. De nombreuses femmes ayant une vaginose – présence de bactéries telles que Gardnerella vaginalis – ne ressentent aucun symptôme… Avoir un microbiote divers n’est pas forcément un problème. Tout dépend du contexte : projet de grossesse, vie sexuelle, etc. | ||
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| - | Pour Jean-Marc Bohbot, la vaginose représente le stade ultime d’un déséquilibre de la flore vaginale. « On peut observer une discordance entre ce que l’on voit cliniquement et ce que ressent la femme, et le résultat d’analyses », insiste le spécialiste. | ||
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| - | En effet, si elle décrit des pertes anormales, plus abondantes que d’habitude, | ||
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| - | Vaginose bactérienne | ||
| - | L’enjeu est de taille, car la vaginose bactérienne (VB) est l’infection vaginale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer, avec une prévalence de 23 % à 29 % en fonction des régions du monde, selon une étude de la revue de l’association américaine Infections sexuellement transmissibles. Les chercheurs relèvent aussi des différences notables en fonction de l’origine ethnique des patientes, sans explication définitive à ce jour. | ||
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| - | Comment la prendre en charge ? Il importe d’agir s’il y a des symptômes. Le traitement de base consiste à la prise d’un antibiotique par voie orale, le métronidazole, | ||
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| - | A court terme, les antibiotiques fonctionnent généralement bien en diminuant les symptômes et la charge bactérienne, | ||
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| - | En outre, plutôt considérée comme une simple affection locale, la vaginose bactérienne pourrait en réalité impliquer le partenaire sexuel. Une étude parue en mars dans le New England Journal of Medicine, menée sur 164 couples hétérosexuels, | ||
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| - | Les solutions pour rééquilibrer la flore vaginale sont limitées. Depuis 2022, l’usage de probiotiques par voie vaginale est encadré en Europe : ils doivent désormais avoir le statut de médicament pour être autorisés. Alors que faire ? « Il faut d’abord rechercher les facteurs de risque de déséquilibre – comme le tabac, le stress ou les fluctuations hormonales – avant toute prescription », avertit le docteur Bohbot. Il met en garde contre l’automédication : « Les probiotiques par voie orale ne doivent pas être pris sans indication claire, sauf éventuellement en préménopause. Mais les données restent hétérogènes. » Il en prescrit d’ailleurs sur des durées de quelques mois, tout comme, par exemple, Juliane Berdah. | ||
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| - | Mais les avis sont divergents. « La plupart des probiotiques par voie orale qu’on voit en pharmacie n’ont pas d’effet démontré », tranche Samuel Alizon. Même écho chez Sarah Lebeer (microbiologiste), | ||
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| - | A l’instar de la greffe fécale, quelques essais sont menés sur la transplantation de microbiote vaginal. Une étude pionnière, publiée dans Nature Medicine fin 2019, conduite par la gynécologue Ahinoam Lev-Sagie (centre médical Hadassah, à Jérusalem) et l’équipe du professeur Eran Elinav de l’Institut Weizmann (Rehovot, Israël), a pour la première fois montré que, sur cinq femmes atteintes de vaginose bactérienne récidivante, | ||
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| - | La flore vaginale « normale » (colonne de gauche) est principalement composée de lactobacilles en forme de bâtonnets, tandis que la vaginose bactérienne (colonne de droite) se caractérise par une prolifération de bactéries qui peuvent être de plusieurs espèces. | ||
| - | La flore vaginale « normale » (colonne de gauche) est principalement composée de lactobacilles en forme de bâtonnets, tandis que la vaginose bactérienne (colonne de droite) se caractérise par une prolifération de bactéries qui peuvent être de plusieurs espèces. MIKAEL HÄGGSTRÖM, | ||
| - | Des enjeux politiques et sociaux | ||
| - | D’autres équipes s’y intéressent. Johan van Hylckama Vlieg, cofondateur de la start-up danoise Freya Biosciences, | ||
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| - | D’autres essais sont menés avec des « immunothérapies microbiennes », une classe dont les microbes sont l’ingrédient actif, parmi lesquels l’un « vise à réduire les symptômes de la vaginose bactérienne », explique Johan van Hylckama Vlieg. | ||
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| - | Un probiotique, | ||
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| - | Autre approche : « Nous avons aussi testé chez des femmes un produit avec six souches de Lactobacillus crispatus, associé au métronidazole, | ||
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| - | « Notre équipe, en collaboration avec des départements de biologie de la reproduction, | ||
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| - | Les résultats des essais en cours sont donc contrastés. Pour Jeanne Tamarelle, « il persiste un doute sur la capacité à modifier durablement le microbiote ». | ||
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| - | Au-delà de la recherche médicale, le sujet soulève des enjeux politiques et sociaux. « Il s’agit aussi pour les femmes de reprendre le pouvoir sur leur santé, de connaître leur corps, leurs symptômes, de déchiffrer des analyses », affirme Jeanne Tamarelle. Pour ce faire, elle a fondé l’association Agnodice (du nom d’une gynécologue de la Grèce antique), qui anime des ateliers participatifs lors desquels les femmes partagent leur expérience et accèdent à des connaissances longtemps restées entre les mains du corps médical. | ||
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| - | Analyser ou ne pas analyser ? | ||
| - | Pour pallier le manque de modèle animal, un modèle de vagin sur puce (vagina-on-a-chip) a été développé en 2022 par l’équipe de Donald Ingber, directeur du Wyss Institute (université Harvard, Massachusetts), | ||
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| - | En France, les mentalités évoluent néanmoins, portées par une petite communauté mobilisée. L’Académie du microbiote uro-vaginal (AMUR), fondée en 2022 par Jean-Marc Bohbot, qui la préside, et Jacques Ravel, a pour mission de mieux informer les soignants, les patients, et de soutenir la recherche sur ce sujet longtemps négligé. Samuel Alizon prépare pour septembre la 3e édition d’une conférence dédiée au sujet, accueillie par le CIRB et le Collège de France. | ||
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| - | Mais une question persiste : faut-il systématiquement analyser son microbiote vaginal ? Et surtout, faut-il chercher à le « normaliser » ? Pour Jeanne Tamarelle, la réponse n’est pas si simple. « Est-il souhaitable de faire basculer toutes les femmes vers un microbiote riche en lactobacilles ? Est-ce même possible ? », interroge la chercheuse. Jacques Ravel abonde : « Si tout va bien, il n’y a aucune raison de faire ce type de test. Mais lorsqu’une femme rencontre des problèmes, par exemple des difficultés à tomber enceinte, le médecin doit aussi regarder les causes associées au microbiote. » | ||
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| - | « Voir les femmes ayant des CST-IV comme des personnes à “guérir” fait l’impasse sur le fait que, pour certaines, cette CST est “normale” et non “pathologique”, | ||
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| - | Cette question de « microbiote sain » se situe au cœur des travaux de plusieurs chercheuses, | ||
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| - | En France, pour diversifier les profils étudiés, d’autres chercheurs souhaitent s’appuyer sur de grandes études de santé publique. C’est le cas de Samuel Alizon, qui espère pouvoir réanalyser des échantillons de l’enquête « Contexte des sexualités en France » (CSF-2023) menée par la sociologue (Inserm-EHESS) Nathalie Bajos. Selon le chercheur, « une partie des participantes a réalisé un dépistage d’IST. Cela constituerait une base précieuse pour explorer les microbiotes dans la population générale, hors des biais habituels ». | ||
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| - | Les éventuels liens d’intérêt des personnes citées sont consultables sur Transparence.sante.gouv.fr | ||
| - | A lire en complément de cette enquête | ||
| - | Mis à jour hier à 17h58 | ||
| - | Comment prendre soin de son microbiote vaginal | ||
| - | Grande variable de leur santé, l’écosystème intime des femmes est très influencé par le mode de vie : sexualité, hygiène, contraception, | ||
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| - | Pascale Santi | ||
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