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"Les mêmes conditions de travail qu'en Chine" : l'enfer des ateliers clandestins de prêt-à-porter en Toscane [ElseNews]

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"Les mêmes conditions de travail qu'en Chine" : l'enfer des ateliers clandestins de prêt-à-porter en Toscane

La Toscane, une des régions les plus riches d’Italie, cache les pires conditions de travail d'Europe.
À Prato, des ateliers de textile chinois fournissent en toute illégalité des grandes marques qui, parfois, ne se doutent de rien.
Regardez cette enquête du JT de 20H de TF1.
Côté pile, un centre historique somptueux pour les cartes postales. Côté face, des zones industrielles cachant des ateliers clandestins où des salariés majoritairement chinois travaillent jusqu’à 12 heures par jour, pour 3 ou 4 euros de l'heure, c’est-à-dire deux fois moins que le salaire minimum en Italie. Bienvenue dans la cité toscane de Prato, le plus grand Chinatown d’Europe, capitale italienne du textile… Et de la contrefaçon. Dans cette villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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de 200.000 habitants, on dénombre 25.000 Chinois officiellement déclarés. Ils seraient officieusement deux fois plus, soit un cinquième de la population locale.
Derrière les panneaux “attention aux chiens” (alors qu’il n’y en a aucun), destinés à détourner les regards curieux, des travailleurs mangent et dorment sur place, dans des conditions pour le moins précaires, sans sortir de la journée. Ils arrivent souvent avec un visa de tourisme de trois mois et ne repartent jamais. Quant aux tissus avec lesquels ils cousent chemises ou t-shirts, ils proviennent tous d’Asie. Mais ce qui compte, c’est l’étiquette “made in Italy”, prétendu gage de qualité.
Des panneaux “attention aux chiens” ornent la plupart des portes des ateliers clandestins de Prato, pour détourner les regards curieux. - Capture d'écran TF1
Au total, Prato compte plus de 4.600 PME gérées par des Chinois. Certaines sont légales, d'autres fantômes. Parmi les salariés clandestins, on trouve aussi des ressortissants pakistanais ou bangladais, déambulant en fin de journée dans les rues de la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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avec sacs de couchage ou cartons faisant office de matelas de fortune. “Je travaille neuf heures par jour, six jours par semaine. Si j’ai des vacances ? Non (rires). À la fin du mois, il me reste environ 500 ou 600 euros, que j’envoie au Bangladesh pour aider ma famille”, confie Ahmed, 24 ans, au micro de TF1, dans l’enquête du JT de 20H visible en tête de cet article. Voilà maintenant trois ans que le jeune homme travaille sans relâche pour un patron chinois.
Il partage un minuscule appartement avec cinq compatriotes. Et affirme que, malgré l’illégalité et la précarité, la concurrence devient de plus en plus féroce pour alimenter ainsi toute l’Europe en vêtements : “En ce moment, beaucoup de travailleurs arrivent. C’est vraiment une bataille.” Ces entrepôts fournissent des grossistes qui revendent ensuite les produits finis en brouillant les pistes sur leur provenance exacte. C'est le principe même du modèle chinois, décliné en Toscane.
Le schéma est récurrent : une grande marque passe commande auprès d'une usine italienne de confection de Prato qui, elle, fait appel à un sous-traitant chinois changeant de nom et d’adresse en permanence, pour échapper aux contrôles et aux impôts. Les autorités italiennes jurent qu'elles multiplient les opérations contre ces ateliers clandestins, mais ce sont les syndicats qui se montrent les plus efficaces pour négocier directement avec les fabricants chinois.
Grâce à ces collectifs de militants, 300 migrants pakistanais ont récemment vu leurs émoluments passer de 4 à 9 euros de l’heure. “On bosse pour toutes sortes de marques, les low cost et celles qui coûtent très cher, dévoile l’un d’eux. Les articles sont exactement les mêmes. Les prix et les taxes font la différence. Ce sont les marques qui décident. Un même produit peut coûter 15 euros en boutique avec une marque locale et plus de 100 euros s’il est vendu par une belle marque.”
On ne les considère plus comme des êtres humains mais comme des machines.
“Prato connaît les mêmes conditions de travail que ce qu’il se passe au Bangladesh, en Chine, en Inde et au Pakistan, mais là, on est au cœur de l'Europe. On abuse de l'étiquette ‘made in Italy’ en faisant des économies sur une main d’œuvre docile. Et ça se passe à cinq heures de camion de chez vous”, pose Arturo Gambassi, membre du collectif syndical Prato GKN, qui organise fréquemment des manifestations surprises devant les ateliers, lesquelles sont souvent violemment réprimés par des individus masqués d'origine chinoise, comme le montrent les images dans la vidéo en tête de cet article.
Ce secteur toscan du textile pèse plusieurs milliards d’euros, dont la moitié n’est pas déclarée. “Les employés parviennent à partir de leur pays en avion et arrivent en France. Sur place, des individus les attendent pour les conduire en Italie. Ils font environ 17 heures de voyage en fourgon. On retire toute dignité à ces personnes. On ne les considère plus comme des êtres humains mais comme des machines”, dénonce Serena Mordini, membre de l’association de défense des personnes maltraitées.
Capture d'écran TF1
L'ampleur du trafic est telle qu'au tribunal de Prato, depuis un an, c’est un juge anti-mafia, Luca Tescaroli, qui traque des réseaux chinois se battant entre eux pour grignoter des parts de marché. “Il y a des homicides, des extorsions, même des incendies d'entrepôts, détaille-t-il. Il y a des luttes intestines entre groupes d'entrepreneurs. Il y a même des groupes chinois qui ont des rapports avec les mafias italiennes traditionnelles comme la mafia calabraise et la mafia des Pouilles.”
Non loin de là, Beste, un atelier de tissage italien de vêtements hauts de gamme, avec une main d’œuvre on ne peut plus légale, passe pour un îlot de résistance. Les géants du luxe viennent tous s’y approvisionner. “On traite avec Christian Dior, Hermès, Vuitton, Chanel, Yves Saint-Laurent”, énumère fièrement le directeur artistique Piergiovanni Donatucci. Au sujet des ateliers clandestins chinois qui concurrencent son entreprise, le responsable commercial Raffaele Bellandi indique que “c’est très difficile de (les) contrôler, même pour les grandes marques qui, malheureusement, se font parfois avoir sans le savoir”… Force est donc de constater qu’en Europe, le secteur du textile manque cruellement d’une police à même de contrôler toutes les chaînes de production, pour s'assurer que les conditions de travail sont légales. Et que les étiquettes disent vrai.
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