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| - | DOROTHÉE RICHARD POUR M LE MAGAZINE DU MONDE | ||
| - | Dans la gueule du « Chacal » : | ||
| - | Par Raphaël Malkin | ||
| - | Par Raphaël Malkin | ||
| - | Par Raphaël Malkin | ||
| - | Aujourd’hui à 05h30, modifié à 17h51 | ||
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| - | RÉCIT Sonia C. était membre des forces de l’ordre quand, en avril 2024, | ||
| - | Lecture 12 min | ||
| - | Pour la policière, le couperet est tombé à l’aube, comme il est d’usage avec le commun des voyous. A 6 heures tapantes, ce 13 octobre 2020, | ||
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| - | « Sur le moment, je n’ai absolument rien compris. On ne m’a rien dit. Je me souviens juste que les types fouillaient chez moi avec tout un tas de cotons-tiges. Cela me paraissait absurde », | ||
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| - | Dans la foulée, Sonia C. est escortée jusqu’à sa brigade, rattachée à la police de l’air et des frontières (PAF) de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, | ||
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| - | « Une perte totale des repères déontologiques » | ||
| - | En avril 2024, | ||
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| - | L’histoire montre que l’art de travailler avec un indic’ ne s’improvise pas et peut s’avérer dangereux. « Le travail avec ces personnes qui nous renseignent est un sujet forcément épineux, note Jean-François Maugard, ancien commandant divisionnaire au sein de la brigade de répression du banditisme (BRB). Nous avons besoin d’eux parce qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, mais, en même temps, il faut s’en méfier en permanence parce qu’ils peuvent nous pousser à nous rater pour leur propre intérêt. » | ||
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| - | Sonia C. n’a pourtant jamais travaillé à proprement parler avec l’indicateur en question, mais comme elle le voyait à l’œuvre avec ses collègues, elle a cru volontiers ce qu’il lui racontait. Le signe d’« une perte totale des repères déontologiques », | ||
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| - | « On ne le trouvait pas louche » | ||
| - | Près d’un an après son procès, Sonia C. est assise dans le discret boudoir d’un hôtel parisien, un samedi de la fin de l’hiver. Avec sa mèche rebelle, le regard bordé d’un épais trait de khôl, des tatouages en pagaille, des phalanges jusque dans le creux du cou, on ne jurerait pas qu’elle a un jour porté l’uniforme. C’est la première fois qu’elle accepte de parler publiquement de ce qui lui est arrivé, et pour ne pas trop vaciller, elle s’aide de la légèreté de quelques bulles de champagne. « Quand je raconte cet enfer, même moi, j’ai du mal à y croire, lâche-t-elle. Comment j’ai pu me retrouver là-dedans ? | ||
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| - | DOROTHÉE RICHARD POUR M LE MAGAZINE DU MONDE | ||
| - | A la fin des années 2000, dans les étages encombrés du commissariat de la Plaine Saint-Denis, | ||
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| - | Le Monde Application | ||
| - | Journal Le Monde | ||
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| - | Voir les dernières publications | ||
| - | Surnommé « Le Chacal » sans trop que l’on sache pourquoi, ce personnage, âgé à l’époque d’une bonne trentaine d’années, | ||
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| - | Smileys complices | ||
| - | Parce qu’elle est une bonne amie du policier chargé, à la Plaine Saint-Denis, | ||
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| - | En 2014, Sonia C. est mutée au Centre de coopération policière et douanière franco-suisse, | ||
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| - | Lire aussi | ||
| - | Narcotrafic : | ||
| - | Malgré l’absence de procédure formelle, l’indicateur explique qu’il s’agit pour lui d’effectuer des vérifications dans le cadre de ses missions clandestines auprès de la police. A chaque fois, Sonia C. s’exécute. Elle envoie par retour de message des copies d’écran de ce qu’elle dégotte, agrémentées de smileys complices. « A la Plaine Saint-Denis, | ||
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| - | Séquestré dans un parking souterrain | ||
| - | En mars 2018, « Le Chacal » est dans tous ses états. Il se rend compte qu’on lui a volé les deux valises remplies de résine de cannabis ainsi que des kilos de cachets d’ecstasy qu’il vient d’entreposer dans un box du Val-d’Oise. Le préjudice se chiffre en plusieurs centaines de milliers d’euros. Très vite, le trafiquant soupçonne le complice avec qui il a convoyé la marchandise, | ||
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| - | Aussi s’empresse-t-il de contacter Sonia C., afin qu’elle lui serve sur un plateau des renseignements sur sa proie. « Il insistait, c’était un sketch », raconte-t-elle. La policière comprend vite quel genre de coup son interlocuteur fomente. « C’est chaud en ce moment, il y a des contrôles », | ||
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| - | Quelques semaines plus tard, dans la nuit du 6 au 7 juin 2018, | ||
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| - | Après avoir avoué être en possession de la drogue, il est relâché plusieurs heures plus tard en échange de la promesse de tout rendre et, surtout, de ne rien dire au sujet des misères qu’il vient de subir. Mais une fois dehors, Mourad B. se rend sans hésiter au premier poste de police pour tout raconter. | ||
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| - | « J’étais un peu trop borderline » | ||
| - | L’enquête diligentée permet d’identifier chacun des pieds nickelés de cette opération commando, parmi lesquels Sonia C., du Centre de coopération franco-suisse. D’après les limiers de la police judiciaire marseillaise, | ||
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| - | « A aucun moment, Sonia C. n’a donné ces informations dans le but qu’un délit soit commis, la défend son avocate, Giovanna Nino. Elle pensait simplement que c’était encore une histoire d’indicateurs dont des hauts gradés de la police devaient avoir connaissance. Elle a été naïve. Malheureusement, | ||
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| - | « Je n’ai jamais été une flic comme les autres, et j’en ai toujours eu conscience, concède aujourd’hui Sonia C. J’étais un peu trop borderline. » Plus jeune, elle se destinait à faire carrière dans le tennis professionnel. Très bonne joueuse, l’adolescente qui vit à la campagne, dans l’Ain, fille d’une secrétaire remariée à un contremaître d’usine, s’imagine volontiers devenir championne. Mais une succession de blessures finit par enterrer ses rêves. Après le baccalauréat, | ||
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| - | Décorée d’une médaille | ||
| - | La jeune femme rejoint les effectifs de la police de l’air et des frontières de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. Mais elle doit vite serrer les dents pour supporter ses collègues au quotidien. Dans un milieu très viril, son homosexualité fait jaser. Une photo de presse où l’on distingue Sonia C. défiler dans les rues lyonnaises au beau milieu du cortège de la Gay Pride est photocopiée et punaisée un peu partout sur les murs du commissariat. Elle se trouve vite placardisée. | ||
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| - | « On ne me parlait plus. On racontait dans mon dos que j’étais zoophile. A la fin, je pleurais tous les jours », se souvient-elle. Mais l’aspirante s’accroche. Elle passe un concours et intègre l’école des gardiens de la paix. Elle en bave encore, mais au bout d’un an, elle obtient son insigne officiel. « J’étais une femme, lesbienne, et je voulais faire comprendre que je pouvais aussi être flic », raconte Sonia C., une pointe de fierté dans la voix. | ||
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| - | En 2006, pour son premier poste en bonne et due forme, elle est catapultée au commissariat de la Plaine Saint-Denis. Pour un salaire mensuel d’environ 1 800 euros, | ||
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| - | « J’ai toujours aimé faire la fête, voilà » | ||
| - | Dans ce chaos, au contact des gens, Sonia C. trouve un sens inattendu à ce métier. « Il y avait un aspect social que j’aimais. Au contraire de beaucoup de mes collègues, je voulais écouter, aider et ne pas être uniquement dans une forme de répression. » Parfois, il lui arrive, raconte-t-elle, | ||
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| - | Sa façon d’être sous l’uniforme n’est pas le seul élément qui la distingue de ses collègues. Elle passe aussi une bonne partie de son temps libre à vivre à mille à l’heure. « J’ai toujours aimé faire la fête, voilà », dit-elle sur le ton d’un aveu. Grande amatrice de musique électronique, | ||
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| - | « Sonia était un moteur pour s’amuser, se rappelle son avocate, Giovanna Nino, qui l’a rencontrée il y a une vingtaine d’années par des amis communs. Je me souviens d’une discussion enfiévrée à 5 heures du matin à parler d’amour et d’amitié en buvant des bières et en écoutant Vanessa Paradis. C’était amusant de voir une policière comme ça. » Sonia C. danse, boit et se drogue, aussi. La cocaïne est l’un de ses carburants. Il lui arrive de prendre les lignes que lui offre sous le manteau « Le Chacal ». « Il savait que je prenais de la cocaïne et on a fini par sniffer ensemble après le boulot. Il voulait juste être agréable », | ||
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| - | Mariage blanc | ||
| - | Cette étonnante proximité, à mi-chemin entre « intérêt et amitié », | ||
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| - | « Au départ, il n’y avait pas d’accord contractuel entre nous. Un jour, il m’a demandé si je voulais une voiture et je lui ai dit oui. Et puis il savait que j’avais quelques soucis d’argent. En fait, je ne contrôlais rien. » A l’époque, | ||
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| - | Contre une nouvelle somme de 2 000 euros, | ||
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| - | Placée sur écoute | ||
| - | En 2020, Sonia C. est de retour à Lyon, en poste au centre de rétention administratif rattaché à l’aéroport de la ville. Divorcée du Chacal, qui a eu l’élégance de s’occuper pour deux de la paperasse nécessaire, | ||
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| - | Après soixante-douze heures de garde à vue, elle est transférée manu militari à Marseille, où a eu lieu l’enlèvement, | ||
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| - | Lire aussi | ||
| - | La montée de la corruption d’agents publics, un défi pour l’Etat | ||
| - | Au printemps 2024, c’est l’heure du procès. Devant le tribunal correctionnel de Marseille, Sonia C. comparaît aux côtés des exécutants de l’expédition punitive marseillaise, | ||
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| - | Et quid du principal intéressé ? | ||
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| - | « Ils se laissent dépasser » | ||
| - | Malgré cette absence de taille, laissant forcément la place à quelques inconnues, la cour ne se prive pas d’envoyer Sonia C. dans les cordes. « Elle, c’est de l’industriel ! », | ||
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| - | Lire aussi | ||
| - | François Thierry, l’ex-patron des stups, acquitté après le jeu de dupes des autorités judiciaire et policière | ||
| - | « Cette histoire n’aurait jamais dû arriver », | ||
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| - | A l’issue du procès, le second policier mis en cause écope également d’une peine de trois ans de prison dont un avec sursis. Les quatre voyous marseillais, | ||
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| - | « Elle a honte » | ||
| - | Aujourd’hui, | ||
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| - | Pour tenir le coup, l’ancienne policière peut compter sur son échappatoire de toujours : la fête et la musique. « J’ai ça en moi. Je ne lâcherai jamais », affirme Sonia C., même si elle semble s’être un brin calmée depuis ses déboires judiciaires. Après avoir lutté contre les larmes tout le long des deux heures qu’aura duré son récit, elle finit par pleurer. La tête dans ses mains, elle est saisie d’un dernier regret : « En fait, j’ai toujours voulu travailler dans la musique. J’aurais dû quitter la police… » Cet été, comme chaque année, Sonia C. se rendra en Suisse pour travailler sur le site de ce festival qu’elle aime tant. | ||
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| - | Raphaël Malkin | ||
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