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-======  Le Monde – Dans la gueule du « Chacal » : la descente aux enfers d’une policière manipulée par un indic ====== 
- https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/05/03/une-flic-dans-la-gueule-du-chacal_6602477_4500055.html 
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-DOROTHÉE RICHARD POUR M LE MAGAZINE DU MONDE 
-Dans la gueule du « Chacal » : la descente aux enfers d’une policière manipulée par un indic 
-Par Raphaël Malkin 
-Par Raphaël Malkin 
-Par Raphaël Malkin 
-Aujourd’hui à 05h30, modifié à 17h51 
-Article réservé aux abonnés 
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-RÉCIT Sonia C. était membre des forces de l’ordre quand, en avril 2024, elle a été condamnée à trois ans de prison ferme pour avoir livré des fichiers de la police à un indicateur surnommé « Le Chacal ». Naïveté, continue de plaider cette ancienne gardienne de la paix qui aimait faire la fête jusqu’au bout de la nuit et sniffer de la cocaïne. 
-Lecture 12 min 
-Pour la policière, le couperet est tombé à l’aube, comme il est d’usage avec le commun des voyous. A 6 heures tapantes, ce 13 octobre 2020, des représentants de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) investissent le petit appartement lyonnais de Sonia C. (qui a souhaité rester anonyme). Elle venait de rentrer de quelques jours de vacances en Espagne. Les « bœuf-carottes » l’arrêtent sur-le-champ et effectuent une perquisition. 
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-« Sur le moment, je n’ai absolument rien compris. On ne m’a rien dit. Je me souviens juste que les types fouillaient chez moi avec tout un tas de cotons-tiges. Cela me paraissait absurde », raconte aujourd’hui cette femme de 46 ans, dans un souffle fragile comme si elle n’était pas encore tout à fait sortie de sa sidération. 
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-Dans la foulée, Sonia C. est escortée jusqu’à sa brigade, rattachée à la police de l’air et des frontières (PAF) de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, où son casier est fouillé de fond en comble, sous le regard désolé de son major. L’humiliation est à la hauteur de ce qu’on lui reproche : la policière est accusée d’avoir fait fuiter des informations sensibles ayant permis à un trafiquant de drogue d’orchestrer dans les rues de Marseille un violent kidnapping. 
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-« Une perte totale des repères déontologiques » 
-En avril 2024, Sonia C. a été condamnée à trois ans de prison ferme (à purger sous bracelet électronique), dont un an avec sursis probatoire, par le tribunal correctionnel de Marseille pour « détournement de fichiers », « association de malfaiteurs » et « offre et cession de stupéfiants ». Mise au ban de la police, elle est devenue illico le symbole d’une corruption qui secoue encore parfois l’institution. Une « ripou ». La chute de Sonia C. est d’autant plus brutale que le trafiquant au centre de l’affaire était un indicateur. 
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-L’histoire montre que l’art de travailler avec un indic’ ne s’improvise pas et peut s’avérer dangereux. « Le travail avec ces personnes qui nous renseignent est un sujet forcément épineux, note Jean-François Maugard, ancien commandant divisionnaire au sein de la brigade de répression du banditisme (BRB). Nous avons besoin d’eux parce qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, mais, en même temps, il faut s’en méfier en permanence parce qu’ils peuvent nous pousser à nous rater pour leur propre intérêt. » 
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-Sonia C. n’a pourtant jamais travaillé à proprement parler avec l’indicateur en question, mais comme elle le voyait à l’œuvre avec ses collègues, elle a cru volontiers ce qu’il lui racontait. Le signe d’« une perte totale des repères déontologiques », selon le sévère résumé établi par le juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi. 
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-« On ne le trouvait pas louche » 
-Près d’un an après son procès, Sonia C. est assise dans le discret boudoir d’un hôtel parisien, un samedi de la fin de l’hiver. Avec sa mèche rebelle, le regard bordé d’un épais trait de khôl, des tatouages en pagaille, des phalanges jusque dans le creux du cou, on ne jurerait pas qu’elle a un jour porté l’uniforme. C’est la première fois qu’elle accepte de parler publiquement de ce qui lui est arrivé, et pour ne pas trop vaciller, elle s’aide de la légèreté de quelques bulles de champagne. « Quand je raconte cet enfer, même moi, j’ai du mal à y croire, lâche-t-elle. Comment j’ai pu me retrouver là-dedans ? J’ai été si cruche. » 
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-DOROTHÉE RICHARD POUR M LE MAGAZINE DU MONDE 
-A la fin des années 2000, dans les étages encombrés du commissariat de la Plaine Saint-Denis, au nord de Paris, Sonia C., alors simple gardienne de la paix, croise régulièrement le chemin d’un personnage qui, s’il n’est pas du métier, semble y avoir ses entrées. « Tout le monde le connaissait et lui disait bonjour. On ne le trouvait pas louche, bien au contraire. » Et pour cause, le dénommé Salim B., dont l’ancien avocat n’a pas souhaité nous répondre, est ce que l’on appelle dans le jargon des lieux un « tonton », un indicateur. 
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-Surnommé « Le Chacal » sans trop que l’on sache pourquoi, ce personnage, âgé à l’époque d’une bonne trentaine d’années, fait profiter de ses indiscrétions le commissariat de banlieue, quand il n’est pas occupé à rencarder, sur des affaires de plus grande ampleur, de prestigieux services comme l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (l’OCRTIS, remplacé, en janvier 2020, par l’Ofast, l’Office anti-stupéfiants) ou bien la BRB. « Il était effectivement enregistré de manière officielle chez nous. Il était “traité” par un ancien et nous a fait faire quelques belles prises », confie-t-on aujourd’hui au siège parisien de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ). 
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-Smileys complices 
-Parce qu’elle est une bonne amie du policier chargé, à la Plaine Saint-Denis, de traiter avec Le Chacal, Sonia C. finit par se rapprocher de l’indic’ comme s’il était un simple collègue. Ils se racontent leurs vies et, avec d’autres plantons, se retrouvent de temps à autre à trinquer au bar du coin à la fin de la journée. « On l’appelait “Le Chacal”, mais pour moi, c’était un nounours, fait-elle remarquer. Il était gentil, doux. Il me parlait de sa famille et de comment sa femme lui en faisait voir de toutes les couleurs. On se côtoyait beaucoup. » 
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-En 2014, Sonia C. est mutée au Centre de coopération policière et douanière franco-suisse, à Meyrin, juste de l’autre côté de la frontière. Pour autant, cela ne l’empêche pas de rester en contact avec le tonton. Profitant du fait que la policière est affectée à un travail de traitement de données, Le Chacal commence à lui réclamer régulièrement des informations confidentielles issues de l’immensité des registres administratifs de la police nationale. 
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-Malgré l’absence de procédure formelle, l’indicateur explique qu’il s’agit pour lui d’effectuer des vérifications dans le cadre de ses missions clandestines auprès de la police. A chaque fois, Sonia C. s’exécute. Elle envoie par retour de message des copies d’écran de ce qu’elle dégotte, agrémentées de smileys complices. « A la Plaine Saint-Denis, mon collègue faisait pareil avec lui. Je ne me suis pas posé de question. J’étais un petit veau qui voulait faire comme tout le monde », jure-t-elle. Entre 2017 et 2019, la policière se fend de soixante-quinze partages de fichiers pour satisfaire « Le Chacal », selon l’enquête de police qui la visera plus tard. Tous sont illégaux. L’un d’eux va lui être fatal. 
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-Séquestré dans un parking souterrain 
-En mars 2018, « Le Chacal » est dans tous ses états. Il se rend compte qu’on lui a volé les deux valises remplies de résine de cannabis ainsi que des kilos de cachets d’ecstasy qu’il vient d’entreposer dans un box du Val-d’Oise. Le préjudice se chiffre en plusieurs centaines de milliers d’euros. Très vite, le trafiquant soupçonne le complice avec qui il a convoyé la marchandise, un certain Mourad B. Il se met alors tout bonnement en tête de l’enlever. 
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-Aussi s’empresse-t-il de contacter Sonia C., afin qu’elle lui serve sur un plateau des renseignements sur sa proie. « Il insistait, c’était un sketch », raconte-t-elle. La policière comprend vite quel genre de coup son interlocuteur fomente. « C’est chaud en ce moment, il y a des contrôles », lui écrit Sonia C. Elle lui communique néanmoins un extrait de la carte grise de Mourad B., ainsi que le détail de la plaque d’immatriculation de son véhicule. 
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-Quelques semaines plus tard, dans la nuit du 6 au 7 juin 2018, quatre malfrats à la petite semaine mettent la main, pour le compte du « Chacal », sur le voleur des précieuses valises, aux pieds d’une cité des quartiers nord de Marseille. Frappé à coups de manche de tournevis, ligoté à l’aide de cellophane et un pistolet braqué sur sa tempe, Mourad B. est séquestré dans le box d’un parking souterrain. 
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-Après avoir avoué être en possession de la drogue, il est relâché plusieurs heures plus tard en échange de la promesse de tout rendre et, surtout, de ne rien dire au sujet des misères qu’il vient de subir. Mais une fois dehors, Mourad B. se rend sans hésiter au premier poste de police pour tout raconter. 
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-« J’étais un peu trop borderline » 
-L’enquête diligentée permet d’identifier chacun des pieds nickelés de cette opération commando, parmi lesquels Sonia C., du Centre de coopération franco-suisse. D’après les limiers de la police judiciaire marseillaise, c’est le croisement des éléments transmis par ses soins au Chacal ainsi que d’autres tuyaux qui ont permis à ses kidnappeurs de retrouver Mourad B. 
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-« A aucun moment, Sonia C. n’a donné ces informations dans le but qu’un délit soit commis, la défend son avocate, Giovanna Nino. Elle pensait simplement que c’était encore une histoire d’indicateurs dont des hauts gradés de la police devaient avoir connaissance. Elle a été naïve. Malheureusement, la naïveté n’est pas une circonstance atténuante. » 
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-« Je n’ai jamais été une flic comme les autres, et j’en ai toujours eu conscience, concède aujourd’hui Sonia C. J’étais un peu trop borderline. » Plus jeune, elle se destinait à faire carrière dans le tennis professionnel. Très bonne joueuse, l’adolescente qui vit à la campagne, dans l’Ain, fille d’une secrétaire remariée à un contremaître d’usine, s’imagine volontiers devenir championne. Mais une succession de blessures finit par enterrer ses rêves. Après le baccalauréat, parce qu’elle ne sait pas trop quoi faire d’autre, elle décroche un « emploi jeune » d’adjointe de sécurité au sein de la police. « Ma famille a fait du forcing pour que j’intègre la police, et j’ai fini par me dire : “Pourquoi pas ?” », se souvient-elle. 
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-Décorée d’une médaille 
-La jeune femme rejoint les effectifs de la police de l’air et des frontières de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. Mais elle doit vite serrer les dents pour supporter ses collègues au quotidien. Dans un milieu très viril, son homosexualité fait jaser. Une photo de presse où l’on distingue Sonia C. défiler dans les rues lyonnaises au beau milieu du cortège de la Gay Pride est photocopiée et punaisée un peu partout sur les murs du commissariat. Elle se trouve vite placardisée. 
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-« On ne me parlait plus. On racontait dans mon dos que j’étais zoophile. A la fin, je pleurais tous les jours », se souvient-elle. Mais l’aspirante s’accroche. Elle passe un concours et intègre l’école des gardiens de la paix. Elle en bave encore, mais au bout d’un an, elle obtient son insigne officiel. « J’étais une femme, lesbienne, et je voulais faire comprendre que je pouvais aussi être flic », raconte Sonia C., une pointe de fierté dans la voix. 
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-En 2006, pour son premier poste en bonne et due forme, elle est catapultée au commissariat de la Plaine Saint-Denis. Pour un salaire mensuel d’environ 1 800 euros, elle découvre l’urgence triviale des missions de police secours en milieu difficile. Elle doit affronter les cris et les larmes, elle voit des morts. Lors d’un incendie dans un immeuble insalubre, elle monte au feu pour aider les habitants à s’échapper, ce qui lui vaut d’être décorée d’une médaille pour « actes de courage et de dévouement » par le préfet de police de Paris. 
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-« J’ai toujours aimé faire la fête, voilà » 
-Dans ce chaos, au contact des gens, Sonia C. trouve un sens inattendu à ce métier. « Il y avait un aspect social que j’aimais. Au contraire de beaucoup de mes collègues, je voulais écouter, aider et ne pas être uniquement dans une forme de répression. » Parfois, il lui arrive, raconte-t-elle, de laisser partir des personnes verbalisées sans payer, simplement parce qu’elles n’en ont pas les moyens. Ce qui ne manque pas, bien sûr, d’attirer les critiques à son égard dans les rangs du commissariat. 
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-Sa façon d’être sous l’uniforme n’est pas le seul élément qui la distingue de ses collègues. Elle passe aussi une bonne partie de son temps libre à vivre à mille à l’heure. « J’ai toujours aimé faire la fête, voilà », dit-elle sur le ton d’un aveu. Grande amatrice de musique électronique, elle fréquente les bars lesbiens de Paris jusque tard dans la nuit. L’été, elle est bénévole dans un important festival de musique en Suisse. Ses réseaux sociaux sont un catalogue de photos où la policière s’affiche en noctambule heureuse, jamais trop loin du DJ et toujours un verre à la main. 
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-« Sonia était un moteur pour s’amuser, se rappelle son avocate, Giovanna Nino, qui l’a rencontrée il y a une vingtaine d’années par des amis communs. Je me souviens d’une discussion enfiévrée à 5 heures du matin à parler d’amour et d’amitié en buvant des bières et en écoutant Vanessa Paradis. C’était amusant de voir une policière comme ça. » Sonia C. danse, boit et se drogue, aussi. La cocaïne est l’un de ses carburants. Il lui arrive de prendre les lignes que lui offre sous le manteau « Le Chacal ». « Il savait que je prenais de la cocaïne et on a fini par sniffer ensemble après le boulot. Il voulait juste être agréable », soupire-t-elle. 
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-Mariage blanc 
-Cette étonnante proximité, à mi-chemin entre « intérêt et amitié », selon les mots de l’instruction, prend un peu plus de relief en 2009, lorsque Sonia C. accepte la proposition de l’indicateur de contracter un mariage blanc avec lui. « Il venait d’Algérie et il avait besoin de papiers français, sinon il risquait de perdre la garde de ses enfants. Il m’a attendrie », se justifie la policière. La cérémonie se déroule à la mairie du 19e arrondissement de Paris. En retour, « Le Chacal » lui offre une voiture – une petite Golf d’occasion – et lui vire plusieurs sommes d’argent, pour une valeur totale estimée entre 15 000 et 20 000 euros. 
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-« Au départ, il n’y avait pas d’accord contractuel entre nous. Un jour, il m’a demandé si je voulais une voiture et je lui ai dit oui. Et puis il savait que j’avais quelques soucis d’argent. En fait, je ne contrôlais rien. » A l’époque, la policière est en arrêt maladie à cause d’une blessure. Mais les investigations effectuées plus tard par la police en épluchant l’historique de sa ligne téléphonique révéleront « un emploi du temps et des activités peu conformes avec sa situation », selon ce que stipule l’ordonnance du juge d’instruction. La fête et la drogue, encore. 
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-Contre une nouvelle somme de 2 000 euros, Sonia C. fait même en sorte que sa compagne d’alors, communicante dans le monde du design et de l’architecture, fasse, elle aussi, un mariage blanc, avec le frère du « Chacal ». Hasard des choses, c’est à la sortie de ce second mariage, à Lyon, que l’indicateur, présent parmi les invités, apprendra qu’on lui a volé sa cargaison de cannabis. 
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-Placée sur écoute 
-En 2020, Sonia C. est de retour à Lyon, en poste au centre de rétention administratif rattaché à l’aéroport de la ville. Divorcée du Chacal, qui a eu l’élégance de s’occuper pour deux de la paperasse nécessaire, elle est heureuse, entourée de ses amis de jeunesse et d’une nouvelle petite amie. Mais cela fait aussi deux ans, avec le début de l’enquête lancée par la police judiciaire de Marseille, qu’elle est placée sur écoute. Lorsqu’elle est finalement interpellée au petit jour de ce 13 octobre 2020 pour l’affaire du kidnapping, la police des polices connaît le moindre de ses écarts et de ses excès. 
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-Après soixante-douze heures de garde à vue, elle est transférée manu militari à Marseille, où a eu lieu l’enlèvement, pour être entendue par un magistrat. Elle avoue tout. « C’est à ce moment que j’ai compris que je m’étais vraiment fait avoir par “Le Chacal”. J’ai compris qui il était vraiment. Je voulais m’expliquer, mais je savais que je n’étais pas audible. J’étais indéfendable. » 
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-Au printemps 2024, c’est l’heure du procès. Devant le tribunal correctionnel de Marseille, Sonia C. comparaît aux côtés des exécutants de l’expédition punitive marseillaise, mais aussi du premier officier traitant du « Chacal » à la Plaine Saint-Denis. Comme sa collègue, l’homme est accusé d’avoir alimenté l’informateur en informations sensibles. 
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-Et quid du principal intéressé ? Salim B., lui, est en fuite. Insaisissable, comme toujours. Au mieux doit-on se contenter alors des quelques déclarations faites par l’indicateur lors d’une lointaine garde à vue, dans lesquelles, s’il reconnaissait « être dans le trafic de stupéfiants » et « informer la police », il réfutait l’idée « d’être le propriétaire » de la marchandise ayant causé le kidnapping, selon les conclusions de l’instruction. 
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-« Ils se laissent dépasser » 
-Malgré cette absence de taille, laissant forcément la place à quelques inconnues, la cour ne se prive pas d’envoyer Sonia C. dans les cordes. « Elle, c’est de l’industriel ! », raille la procureure générale au sujet des fuites dont la gardienne de la paix est responsable. La magistrate présente la drogue achetée pour elle et ses amies de bringue au fil des dernières années comme un trafic avéré. « Ma cliente a été jugée à la manière d’une grande criminelle alors qu’elle était primo-délinquante. Sa condamnation s’inscrit dans un climat politique. Les juges ont voulu taper fort pour marquer le coup », veut croire Me Giovanna Nino. 
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-« Cette histoire n’aurait jamais dû arriver », résume de son côté l’ancien commandant de police spécialisé en banditisme, Jean-François Maugard. Les gardiens de la paix ne sont pas formés pour gérer des indicateurs. Ce n’est pas leur denrée habituelle. En étant à leur contact, ils peuvent se sentir valorisés parce qu’ils ont l’impression de participer à quelque chose d’important. C’est comme ça qu’ils se laissent dépasser. » 
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-A l’issue du procès, le second policier mis en cause écope également d’une peine de trois ans de prison dont un avec sursis. Les quatre voyous marseillais, eux, sont condamnés à des peines de deux à sept ans de détention. Quant à Salim B., les juges ont choisi de le punir d’une peine de neuf ans, tout en délivrant illico un mandat d’arrêt à son encontre. L’homme se serait réfugié au Maroc, où il tiendrait un salon de coiffure. 
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-« Elle a honte » 
-Aujourd’hui, la policière déchue occupe un emploi dans une entreprise publique. A ses chefs, elle n’a rien dit de son passé, de peur d’être licenciée. C’est en secret, donc, qu’elle s’en va pointer au commissariat chaque semaine, comme l’exige le détail de la peine prononcée par les juges. « Sonia voudrait repartir de zéro pour avoir une vie normale, mais ce n’est pas possible pour l’instant. Elle a honte, elle porte ça avec elle tous les jours. Cela lui cause de grosses montées d’angoisse et des crises d’urticaire », témoigne Axelle, qui partage aujourd’hui sa vie. 
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-Pour tenir le coup, l’ancienne policière peut compter sur son échappatoire de toujours : la fête et la musique. « J’ai ça en moi. Je ne lâcherai jamais », affirme Sonia C., même si elle semble s’être un brin calmée depuis ses déboires judiciaires. Après avoir lutté contre les larmes tout le long des deux heures qu’aura duré son récit, elle finit par pleurer. La tête dans ses mains, elle est saisie d’un dernier regret : « En fait, j’ai toujours voulu travailler dans la musique. J’aurais dû quitter la police… » Cet été, comme chaque année, Sonia C. se rendra en Suisse pour travailler sur le site de ce festival qu’elle aime tant. 
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-Raphaël Malkin 
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