La suprématie sans partage de Google dans la recherche en ligne paraît de plus en plus menacée. Un nombre croissant d'internautes n'hésitent pas à se tourner vers un chatbot ou TikTok pour trouver la réponse à leurs questions. Mais le géant californien n'a pas dit son dernier mot.
Ce mardi, son PDG Sundar Pichai a présenté, à l'occasion de sa conférence annuelle Google I/O, les dernières innovations du groupe devant une foule de développeurs, de journalistes et d'analystes, sur le campus de Mountain View. Il a rejeté l'idée que l'ascension de l'IA générative se ferait au détriment de Google dans la recherche en ligne.
« Aujourd'hui, notre outil AI Overviews [les résumés générés par l'IA en haut des résultats sur Google, NDLR] compte plus de 1,5 milliard d'utilisateurs et sera bientôt disponible dans plus de 200 pays et territoires. Cela signifie que Google Search donne accès à l'IA générative à plus de personnes qu'aucun autre produit au monde », a dit Sundar Pichai à des journalistes avant la conférence. Le patron d'OpenAI, Sam Altman, revendique de son côté plus de 500 millions d'utilisateurs pour son chatbot star ChatGPT.
Avenir de la recherche en ligne
Le groupe californien a donc levé le voile sur ses derniers modèles d'IA générative. Gemini 2.5 Pro est « notre modèle le plus intelligent et le meilleur modèle de fondation au monde », vante Demis Hassabis, le PDG de Google DeepMind, l'entité du groupe spécialisée dans l'IA. Il sera bientôt doté d'un nouveau mode, appelé DeepThink, qui lui permettra de résoudre des problèmes scientifiques.
Début juin, le groupe californien lance en outre une nouvelle version de son modèle Gemini 2.5 Flash. De plus petite taille, ce dernier offre une performance proche de Gemini 2.5 Pro, mais à moindre coût, selon le dirigeant. « Le nouveau Flash s'améliore dans presque chaque dimension, notamment en ce qui concerne le raisonnement, le code et les demandes nécessitant beaucoup de contexte », explique le PDG.
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Le géant américain accélère par ailleurs pour déployer ces derniers modèles d'IA dans la recherche en ligne. Une nécessité face à la concurrence croissante des applications entièrement dédiées à l'IA, comme ChatGPT. Les utilisateurs de Google « nous demandent de plus en plus une expérience entièrement tournée vers l'IA », note Elizabeth Reid, la vice-présidente de Google chargée de la recherche en ligne.
Dès cette semaine, le groupe dirigé par Sundar Pichai va ainsi lancer « AI Mode. » Cette modalité, qui se présentera sous la forme d'un onglet dans la barre de recherche Google, permettra de discuter avec une IA qui répondra avec du texte et des liens vers des sites Internet. « Les personnes peuvent poser plusieurs questions d'affilée », assure la dirigeante, pour qui « cela donne un aperçu de l'avenir de la recherche en ligne ».
Cap sur les agents IA
A terme, Google envisage de transformer son application Gemini en un « assistant universel dopé à l'IA ». Il serait ainsi possible de demander à Google de réserver des billets pour un match, par exemple, ou bien de lui montrer une vidéo et de recevoir des conseils sur mesure.
« Nous sommes en train de tester Agent Mode en interne », explique Josh Woodward, qui dirige Google Labs et Gemini, en amont de la conférence. « Nous espérons que nous pourrons le lancer bientôt, mais nous voulons nous assurer que la qualité est là. »
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EDITO - Google : la part du gâteau
Project Mariner, un ensemble d'agents IA qui peuvent réaliser plusieurs tâches en même temps - chercher de l'information, réserver des billets d'avion, acheter des objets ou faire des recherches plus approfondies - est en revanche déjà disponible pour les abonnés à Google AI Ultra.
Ce nouvel abonnement coûte 250 dollars par mois - soit 50 dollars de plus que l'abonnement le plus complet d'OpenAI. Il est disponible, dans un premier temps, aux Etats-Unis uniquement.
Monétiser les nouvelles fonctionnalités
Le groupe californien se prépare à monétiser un jour toutes ces nouvelles capacités. S'ils choisissent la fonctionnalité « AI Mode », les utilisateurs pourront échanger avec une IA. Dans l'exemple de l'achat d'un tapis, celle-ci pourra ainsi faire des recommandations pour qu'il soit assorti avec les meubles. Les internautes pourront lui poser des questions supplémentaires, sur la résistance et la solidité des produits par exemple.
Une autre fonctionnalité permettra d'« essayer » des habits en ligne, en appliquant la photo d'une robe ou d'un pull sur une photo de l'utilisateur. « Nous avons passé beaucoup de temps à travailler à un modèle de génération d'images qui soit particulièrement adapté à la mode », explique Vidhya Srinivasan, qui dirige les équipes de publicité et d'e-commerce du géant américain. « Il comprend très bien les ombres en 3D, ainsi que les tissus. »
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Pour l'instant, Google ne dévoile pas comment il compte monétiser ces nouvelles fonctionnalités. Les premières versions ne comporteront pas encore de publicités. Mais il ne fait pas de doute que le géant californien s'efforcera bientôt d'ajouter des contenus sponsorisés dans ces expériences.
Malgré de bons résultats au dernier trimestre, les marchés financiers se montrent inquiets sur le sort de Google. Le géant américain pourrait perdre des parts de marché face à ses concurrents, et l'essor de ses propres outils d'IA pourrait réduire ses ventes de publicités en ligne.
Sundar Pichai cherche donc à réussir un numéro d'équilibriste : il lui faut montrer que le groupe reste en pointe en matière d'IA, tout en rassurant sur sa capacité à construire un modèle économique durable autour de ces nouveaux outils. La course à l'IA ne fait que commencer pour le champion du web.
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