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Depuis cinq ou six ans, les groupements ou associations qui achètent des parcelles forestières collectivement pour les gérer avec des principes écologiques font tache d’huile, notamment dans le Massif central. Qu’on soit propriétaire, sociétaire, donateur ou simple adhérent, le ticket d’entrée de l’engagement « éco-citoyen » forestier varie d’1 euro à 10.000 euros, prix d’un hectare bien garni en troncs exploitables.
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Par Julien Rapegno
Publié le 05 mai 2025 à 07h14
Sophie Talbotier et Christophe Gathier sont parmi les fondateurs de Recrues d’essence de Cunlhat (Puy-de-Dôme), une association qui gère 50 hectares et constitue la « branche locale » du Réseau des alternatives forestières en Livradois-Forez. © Richard BRUNEL
« Pour la première fois nous allons bénéficier du droit de préférence pour acquérir une parcelle forestière, c’est-à-dire qu’un notaire nous a contactés en tant que plus proches voisins », se réjouit Sophie Talbotier. Cette habitante de Cunlhat, un bourg du Livradois situé à mi-chemin de Thiers et d’Ambert, est comédienne. Et depuis quelques années propriétaire forestière. Précisément, Sophie Talbotier a son mot à dire en tant qu’adhérente de l’association Recrues d’essence. « On a environ cent membres qui vivent principalement autour de Cunlhat, on a aussi 400 sympathisants qui suivent nos activités », situe Christophe Gathier. C’est peu dire que la crinière grise de cet instituteur retraité, bénévole multicartes et installé depuis quarante ans sur le territoire, vaut celle du loup blanc. Être connu de tous, ça aide quand il s’agit de parler de bois, ou précisément de parler affaires. Grâce à la prospection et au bouche-à-oreille, Recrues d’essence a « croqué » quelques bons bouts de bois du Livradois depuis sa création en 2019. « 45 à 50 hectares », chiffre Sophie Talbotier. Des microparcelles éparpillées mais l’association possède aussi de belles tranches de forêt mélangée qui plongent majestueusement dans les gorges de la Dore. La mobilisation sur les questions forestières n’est pas nouvelle sur ces monts auvergnats, mais « il y a vingt ans, les objections concernaient surtout les plantations au ras de villages », nuance Christophe Gathier. Les habitants « enfermés » par les résineux trouvent aujourd’hui la « libération » trop brutale. Les coupes rases mitent les versants.
Les coupes rases sont généralement à l'origine d'une prise de conscience. Photo Richard Brunel
Roméo Bondon, géographe installé en Haute-Loire qui travaille sur la « culture forestière alternative », observe que « les contestations les plus fortes contre les coupes rases, par exemple dans la Creuse, la Corrèze, ou dans le Morvan, sont généralement à la mesure des dimensions massives des projets industriels sur ces territoires ».
La colère monte d’un cran quand les abatteuses ne se contentent plus de couper les résineux comme des allumettes mais qu’elles s’attaquent aux feuillus pour répondre à la demande en bois énergie.
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