Ces dernières années, la Turquie est devenue la nouvelle référence en matière de tourisme médical.
Après les cliniques spécialisées dans les greffes de cheveux et les soins dentaires, une chirurgie esthétique tout à fait particulière se développe.
Des patients du monde entier viennent se faire opérer pour grandir de plusieurs centimètres.
Ce chirurgien est sur le point de réaliser le rêve de son patient, et peut-être celui de beaucoup d'entre nous, grandir. De neuf centimètres exactement pour l'homme que l'on suit dans le reportage du 20H en tête de cet article. Ce type d'opération, lorsqu'elle est réalisée pour raison médicale, n'est pas nouvelle. Mais elle s'est généralisée en Turquie ces cinq dernières années, pour des patients qui ne satisfont pas aux conditions médicales, et dont la démarche est considérée comme esthétique. Dans ce pays, déjà connu pour ses cliniques spécialisées dans l'implantation de cheveux et dans les soins dentaires, la chirurgie de l'allongement ne cesse de se développer.
Cette pratique attire des candidats du monde entier. “Cette semaine, j'ai deux patients qui viennent du Japon, la semaine d'après un Canadien, et ensuite un Américain”, explique au micro de TF1 le docteur Yunus Öç, un des plus grands spécialistes turcs de la chirurgie d'allongement. Les réseaux sociaux contribuent à faire connaître cette modification corporelle spectaculaire, alimentés par des personnalités comme le mannequin allemand Theresia Fischer, passée de 1,70 m à 1,84 m.
Le maximum que j'ai réalisé, c'est 18 centimètres, mais je ne le recommande vraiment pas.Yunus Öç
Le docteur Öç a autorisé notre équipe à l'accompagner pendant l'une des quelque 60 opérations qu'il réalise chaque année à Istanbul. Il faut passer cinq heures au bloc chirurgical pour insérer une tige métallique à l'intérieur des tibias ou fémurs du patient. Une tige qui va s'allonger d'un millimètre par jour grâce à un appareil fixé sur la jambe. En trois mois, elle aura grandi de neuf centimètres. Au bout d'un an, l'os sera reformé tout autour. “Six mois après l'opération, le patient pourra de nouveau marcher sans béquilles, et au bout d'un an, pourra même courir”, affirme le chirurgien.
“Le maximum que j'ai réalisé”, raconte le chirurgien, “c'est 18 centimètres, mais je ne le recommande vraiment pas”. Plus on veut grandir, plus les risques de handicap, et d'avoir un corps disproportionné, augmentent. Des spécialistes français mettent d'ailleurs en garde contre d'éventuels ratés, et rappellent que les nerfs, les muscles ou les ligaments peuvent ne pas suivre correctement cet étirement. C'est le patient qui décide, mais le praticien turc se réserve le droit de stopper le processus s'il craint une complication.
Traumatismes
Comme pour toute chirurgie, il existe aussi des risques d'infection, même si le docteur nous affirme n'avoir jamais connu de complications graves. Le plus difficile, selon lui, c'est la rééducation post-opératoire. Car après cette opération extrêmement lourde, la plupart des patients vont passer en moyenne trois mois dans des hôtels luxueux, pour toute leur convalescence. Lors de notre visite, nous avons rencontré une dizaine de patients dans le même hôtel, tous des hommes. Ils ont en moyenne 30 à 40 ans, ils sont en bonne santé physique, et certains mesuraient déjà plus de 1,70 m.
La majorité d'entre eux, comme un Britannique de 37 ans, qui mesure 1,68 m, cherche avant tout à guérir d'un traumatisme. “Quand j'étais enfant, on me harcelait beaucoup à l'école à cause de ma taille”, témoigne-t-il, “mes surnoms, c'était 'sale nain', 'gnome', 'demi-portion'.” L'homme est marié, a mis sa carrière en pause, et cherche à grandir de 9 centimètres.
“Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait ?”
Pour y parvenir, il devra d'abord supporter un long calvaire. Cela fait déjà un mois qu'il vit en fauteuil roulant. “Le plus dur à vivre, c'est la douleur. Souvent, je me réveille pendant la nuit et je me demande, mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait ? Est-ce que je vais remarcher un jour ? On doute, mais très vite, on se souvient pourquoi on le fait”, souligne le jeune homme. Marcher, ou même se tenir debout, est bien trop douloureux au départ, et des séances de kinés quotidiennes sont indispensables.
L'opération, le logement, les soins dans l'hôtel, tout est inclus dans le prix. Et c'est bien cela qui attire des centaines de candidats chaque année en Turquie. “En Australie, vous pouvez faire cette opération pour des raisons esthétiques, mais les conditions sont très strictes. Il faut mesurer autour d'1,60 m, obtenir l'accord d'un psychiatre, d'un chirurgien, et ça coûte affreusement cher, autour de 60.000 euros”, témoigne un patient australien.
En France, cette opération pour raison médicale, par exemple pour une malformation des jambes, est remboursée par la Sécurité sociale. Mais pour raison “esthétique”, il faut, comme en Australie, remplir des conditions très strictes. Alors qu'en Turquie, on pose très peu de questions et c'est 2 à 3 fois moins cher. Après trois mois à l'hôtel, les patients pourront rentrer dans leur pays et seront suivis à distance pendant au moins un an.
L'entreprise turque numéro 1, qui propose cette forme de tourisme médical, partage sur les réseaux des images de leurs patients avant et après l'opération. On les voit reprendre le sport, courir un peu. L'entreprise veut rassurer et son meilleur argument, c'est le patron lui-même. Ibrahim Algan, ancien psychologue d'1,61 m, a fondé cette entreprise après avoir lui-même grandi de 12 cm.
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