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Des universités aux cabinets : ces collectivités qui attirent à elles les têtes bien faites

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Des universités aux cabinets : ces collectivités qui attirent à elles les têtes bien faites
Chercheurs, étudiants, médecins… Les collectivités vont chercher à l’étranger des cerveaux, et pas seulement ceux qui fuient les États-Unis.
Par Henri Frasque

Publié le 29/05/2025 à 09:00

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11 min
« Choose Europe for Science ! » Le 5 mai, d'une même voix, à la Sorbonne, le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lancent un appel vibrant aux chercheurs américains. En l'accompagnant d'un geste fort : l'Europe met 500 millions d'euros sur la table, et la France 100 millions, pour séduire les chercheurs étrangers.

L'appel, lancé en présence d'un aréopage d'universitaires, de commissaires européens et de ministres de la Recherche, s'adresse en priorité aux chercheurs menacés ou virés par Donald Trump et les « cost-killers » (personnes chargées de réduire les coûts) d'Elon Musk. « Personne ne pouvait penser que cette grande démocratie du monde, dont le modèle économique repose si fortement sur la science libre, allait faire une telle erreur », tacle le président français. Une erreur dont la France et l'Europe entendent bien tirer profit .

Emmanuel Macron n'est pourtant pas le premier à avoir tendu une main fraternelle aux chercheurs américains. Le président de l'université d'Aix-Marseille, Éric Berton, a ouvert la voie début mars, en lançant le programme Safe Place for Science. « Nous sommes en contact avec des confrères américains qui, du jour au lendemain, ont été licenciés, ou contraints de cesser leurs recherches », raconte Éric Berton au Point. D'autres s'interrogent sur leur avenir. » L'université a décidé d'ouvrir tout grand son chéquier : 15 millions d'euros sur trois ans, puisés dans une enveloppe de 26 millions dédiée à l'attractivité internationale.

Des programmes pour attirer les chercheurs
Objectif : accorder une sorte d'« asile scientifique » à « 15 à 20 collègues », dans les domaines très menacés outre-Atlantique, des sciences humaines et des sciences de la vie, mais aussi dans l'IA ou les sciences de l'univers, qui ne sont pas touchées pour l'instant par les coups de tronçonneuse du département de l'Efficacité gouvernementale américain (Doge). Les candidatures affluent : 300 à la date butoir du 31 mars, en grande majorité venues des États-Unis, dont « 135 collègues qui font référence dans leur domaine de recherches ». Chaque poste sera doté d'une enveloppe de 600 000 à 1 million d'euros.

Un combat pour la science que l'université ne mène pas seule. « Nous sommes accompagnés par la région, et la métropole Aix-Marseille et la villeplugin-autotooltip__blue plugin-autotooltip_bigWikikPedia

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de Marseille souhaitent aussi nous aider », se félicite Éric Berton. Renaud Muselier, président de la Région Sud, a fait voter, le 23 avril, un « Welcome Act régional » pour faire de sa région « une place de sûreté pour une recherche libre et éclairée », et tant qu'à faire, profiter de cette fuite des cerveaux américains pour « essayer d'attirer les meilleurs ».

À lire aussi : François Houllier (Ifremer) : « Les scientifiques américains sont les bienvenus en Europe »

Concrètement, la région va faciliter les démarches des chercheurs américains candidats à l'exil sur les bords de la Méditerranée en « élargissant le programme Welcome to Région Sud », déjà mis en œuvre par l'agence d'attractivité régionale Rising Sud, explique Isabelle Campagnola-Savon, conseillère régionale chargée de l'économie et conseillère municipale à Marseille.
Obtenir un poste de recherche dans une université d'Aix ou Marseille, c'est bien. Être accompagné par les services de la Région pour « connaître les contacts utiles, savoir demander un visa, trouver un logement, inscrire ses enfants à l'école, découvrir le Sud », c'est encore mieux. « Nous avons construit un dispositif qui s'appuie sur une cinquantaine de partenaires, des banques, des experts, des écoles, tout ce qui peut apporter une aide concrète à une personne qui veut s'implanter sur notre territoire », détaille Isabelle Campagnola-Savon.

D'autres collectivités n'ont pas attendu la fuite des cerveaux américains pour chercher à les capter. La région Normandie a obtenu une bourse du programme Fullbright pour un échange de cerveaux sur la période 2025-2029 : deux chercheurs américains iront en Normandie, un chercheur et un doctorant normand aux États-Unis. « Nous nous sommes aussi positionnés sur le programme européen Cofund, avec l'action Winning Normandy, qui nous a permis de faire venir 40 postdoctorants », se félicite Julie Barenton-Guillas, vice-présidente chargée de l'enseignement supérieur et de la recherche. Un programme à 7 millions d'euros, dont 3 millions de l'Union européenne pour apporter du « sang neuf » et des « nouvelles compétences » dans les laboratoires des universités normandes.

« Du sang frais dans les équipes »
Même philosophie chez les voisins bretons, où le programme Bienvenüe, porté par la région Bretagne, a permis de faire venir 81 chercheuses et chercheurs du monde entier pour sa première cohorte, lancée en 2021, et en recrute actuellement 75 autres pour sa nouvelle édition. Là aussi, avec des moyens conséquents : « le nouveau programme va mobiliser près de 15 millions d'euros, dont 8,4 millions de la Commission européenne et 3,8 de la région », détaille son vice-président chargé de la vie étudiante, de l'enseignement supérieur et de la recherche, Olivier David.

Concrètement, la collectivité prend en charge 75 % des salaires, ce qui peut représenter jusqu'à 81 000 euros sur deux ans. Objectif : attirer 75 chercheuses et chercheurs du monde entier dans les labos et les universités bretonnes. « On sait bien qu'attirer des chercheurs internationaux est très important pour les équipes de recherche », explique Olivier David. Ces chercheurs ne travaillent pas forcément avec les mêmes méthodes qu'en France. Et ça permet d'aller chercher des compétences sur des domaines très pointus. »

À lire aussi : « Venez respirer chez nous » : l'appel du président de l'université PSL aux chercheurs américains

C'est aussi « une façon de faire rayonner internationalement la région ». La plupart des chercheurs repartent. Mais sur les 81 de la première édition, lancée en 2021, « une dizaine sont restés ici sur des postes de chargés de recherche ou de directeurs de recherche, ou sont entrés dans les universités comme enseignants-chercheurs ».
C'est l'ambition de Léa Abi Nassif. Cette Libanaise de 32 ans a fait plusieurs allers-retours entre son pays natal, où elle a suivi de brillantes études de physique, et l'université de Brest, où elle a passé une thèse en cotutelle avec son université libanaise. « J'étais maître de conférences au Liban, mais j'ai choisi de quitter mon pays en raison de la crise économique et sociale », explique-t-elle. Lauréate en 2023 du concours Bienvenüe, elle a intégré le laboratoire Optimag de l'université de Brest où elle planche sur le projet Belenos. « On travaille sur l'étude des propriétés optiques d'un plasma sanguin au cours de sa coagulation », détaille la postdoctorante.

Un programme qui va contribuer à « aider les médecins à lutter contre la maladie thromboembolique veineuse, qui touche 30 000 personnes par an en Europe. Dans 50 %, on ne sait pas en déterminer la cause ». Léa touche 2 500 euros de salaire par mois, majoritairement financés par la région. Le directeur du laboratoire, Gilles Le Brun, est ravi de sa présence : « Ces postdoctorants étrangers amènent un peu de sang frais dans les équipes, intellectuellement et culturellement. Et puis, il faut voir qu'en France on a de plus en plus de mal à trouver des étudiants qui veulent continuer dans la recherche. »

Les médecins étrangers plébiscités
Dans les territoires plus ruraux, les collectivités recherchent, souvent désespérément, d'autres catégories de cerveaux : ceux qui ont accompli de longues années de médecine. Le 8 mai, les députés ont adopté, en première lecture, une proposition de loi pour obliger les médecins français à exercer dans les déserts médicaux . Mais en attendant qu'elle soit, peut-être, définitivement adoptée, les communes rurales n'ont souvent d'autre choix que de se tourner vers des médecins étrangers.

« Notre maison de santé avait deux médecins. Mais il y a un an et demi, ils sont partis dans le salariat et on s'est retrouvés le bec dans l'eau, raconte Éric Delprat, maire de Tanlay, 930 habitants, dans l'Yonne. On a fait les facs, les salons d'internes, mais impossible de trouver un médecin. » La commune finit par être mise en relation avec un médecin vénézuélien travaillant en Espagne, volontaire pour s'établir dans l'Yonne.

Mais l'Ordre des médecins a mis son veto. « Comme il venait de l'extérieur de l'Union européenne, il fallait qu'il fasse d'abord trois ans de stage », souligne l'édile. La commune est aujourd'hui en pourparlers avec un médecin d'un pays du Maghreb. Tanlay est loin d'être un cas isolé : « Dans la communauté de communes, nous avons eu plusieurs médecins roumains et un médecin italien », note Éric Delprat.

Parfois, l'expérience tourne court. « Nous avions réussi à trouver une médecin espagnole », raconte Sylvette Bélonie, adjointe aux affaires sociales de la commune du Vigan-en-Quercy (1 500 habitants) dans le Lot. Mais au bout de deux ans, elle est partie du jour au lendemain sans prévenir en laissant la clé dans la boîte aux lettres. » La commune avait pourtant déroulé le tapis rouge : logement gratuit pendant un an, mise à disposition du matériel… Elle a même déboursé 20 000 euros pour s'offrir les services d'un cabinet de recrutement spécialisé. En vain.

« Apporter un accompagnement humain »
« Une fois sur deux, l'installation d'un médecin étranger dans une commune se passe bien », estime Sophie Leroy, codirigeante de l'Association pour la recherche et l'installation de médecins européens (Arime), qui recrute des médecins européens pour des communes ou des sociétés privées en France. Elle énonce des conseils pour les communes : « Apporter au médecin étranger un accompagnement humain qui doit être long et indéfectible, offrir un emploi au conjoint, et surtout, faire signer un contrat. » Faute de quoi les médecins vont rapidement voir ailleurs.

À lire aussi : Déserts médicaux : l'incroyable ordonnance de l'ordre des médecins

C'est ce qui est arrivé à Livinhac-le-Haut, près de Decazeville, dans l'Aveyron. « Nous avions trouvé un médecin roumain, mais il n'est pas resté », raconte le maire, Roland Joffre. En quelques années, les cinq médecins de Livinhac et de ses environs sont tous partis à la retraite, et un bassin de 7 000 habitants s'est retrouvé sans praticien. Jusqu'à ce que la région Occitanie ouvre, début 2024, un centre de santé où sont salariés une sage-femme et un médecin belge : le Dr Thierry Van der Schueren, qui s'est installé avec son épouse dans la région, après 29 ans de pratique en Belgique.
« Nous venions régulièrement en vacances dans la région. Et l'idée de travailler en salarié, 39 heures par semaine, dans un territoire sous-doté, me plaisait », témoigne le praticien, qui parle trois langues (le français, le néerlandais, et l'anglais). Ce qui est bien pratique pour soigner, à l'occasion, les bobos des 17 000 pèlerins du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui passent chaque année devant son cabinet.

« Il est déjà débordé, il nous faudrait deux médecins supplémentaires », soupire la maire de la commune voisine de Saint-Santin, Michèle Couderc, où le médecin exerce une partie de son activité. En attendant une éventuelle obligation faite aux médecins français d'exercer dans les déserts médicaux, le recours aux médecins étrangers explose : l'Aveyron compte aujourd'hui 130 médecins étrangers. Ils étaient 76 dix ans plus tôt.

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