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-====== Le Monde.fr: « Donald Trump l’ignore, mais son héros protectionniste, William McKinley, a fini par changer d’opinion » ====== 
- https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/03/trump-l-ignore-mais-son-heros-protectionniste-mckinley-a-fini-par-changer-d-opinion_6590109_3232.html 
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-JM 
-DÉBATS 
-DONALD TRUMP 
-« Donald Trump l’ignore, mais son héros protectionniste, William McKinley, a fini par changer d’opinion » 
-CHRONIQUE 
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-Pascal Riché 
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-Pour justifier la guerre commerciale qu’il a engagée, Donald Trump se réfère à son prédécesseur William McKinley, président protectionniste à la charnière des XIXᵉ et XXᵉ siècles. Mais ce qui est peu connu, relève Pascal Riché, dans sa chronique au « Monde », c’est que ce président avait fini par regretter son approche agressive des échanges. 
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-Publié aujourd’hui à 06h00, modifié à 08h13   Temps deLecture 2 min.  
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-Ce mercredi 2 avril, baptisé « Liberation Day » par Donald Trump, la guerre commerciale totale qu’il a lancée est entrée dans le dur, avec l’annonce d’une nouvelle salve de taxes douanières. Elles viseront, a-t-il dit depuis la roseraie de la Maison Blanche, les produits des (très nombreux) partenaires « qui nous arnaquent ». A partir du jeudi 3 avril, notamment, toutes les automobiles importées doivent être taxées à 25 %, comme le sont déjà l’acier et l’aluminium achetés à l’étranger… La quasi-totalité des économistes crient au fou, mais le fou n’en a cure. 
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-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les nouveaux droits de douane de Donald Trump signeront la fin du système commercial mondial actuel 
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-Donald Trump s’inspire d’un modèle qui sent la naphtaline : William McKinley, son prédécesseur à la Maison Blanche de 1897 à 1901. « Nous étions un pays très riche [à cette époque], et nous allons faire de même aujourd’hui », assurait-il pendant la campagne, oubliant la sinistre part d’ombre de ce qu’on appelle le « Gilded Age » (« âge doré » ou « âge du toc ») : la pauvreté avait atteint des proportions monstrueuses et les gouvernements étaient gangrenés par la corruption. A lire les historiens, à l’exception de grandes fortunes, John D. Rockefeller dans le pétrole, J. P. Morgan dans la finance et autre Andrew Carnegie dans l’acier, très peu d’Américains ont bien vécu cette fin de XIXᵉ siècle. 
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-Donald Trump adore William McKinley parce que, dit-il, c’était un « un businessman à succès » – en fait pas du tout : c’était un avocat – et sans doute aussi parce qu’au terme d’une guerre très courte il avait amené l’Espagne à céder Cuba, Porto Rico et les Philippines aux Etats-Unis. Surtout, s’enthousiasme-t-il, William McKinley est « The Tariff King », celui qui a « rendu notre pays très prospère grâce aux droits de douane et à son talent ». Il l’aime tellement qu’il a décidé, dès son investiture, de rendre au plus haut sommet des Etats-Unis le nom de mont McKinley qu’il a longtemps porté. Sous Barack Obama, le nom autochtone, Denali, avait en effet été restitué à cette montagne d’Alaska. Du wokisme aux yeux des trumpistes. 
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-« Sentiment illusoire de sécurité » 
-Le protectionnisme était la marque de fabrique du politicien William McKinley. En 1890, alors qu’il était représentant de l’Ohio au Congrès, il avait fait voter le McKinley Tariff, qui portait les droits de douane moyens de 38 % à près de 50 % ; devenu président, il avait signé, en 1897, une loi qui allait encore plus loin. Mais ce que Donald Trump semble ignorer, c’est que, vers la fin de sa vie, William McKinley a changé de position. Il a jeté aux orties son légendaire protectionnisme. 
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-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés William McKinley, président des Etats-Unis de 1897 à 1901, référence de l’« âge d’or» vanté par Donald Trump 
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-Il faut dire que les lois sur les taxes douanières de la fin du XIXᵉ siècle n’ont pas fait des miracles. Le McKinley Tariff, notamment, a entraîné une hausse immédiate des prix qui a directement contribué à la déroute des républicains aux élections de 1890 (et indirectement à la récession de 1893, avec un taux de chômage à deux chiffres). Sur le plan géopolitique, les pressions commerciales se sont également avérées des échecs : en malmenant le Canada, le président McKinley rêvait (déjà !) de le pousser à devenir le 51e Etat des Etats-Unis. C’est l’inverse qui eut lieu : agacés, les Canadiens se sont rapprochés du Royaume-Uni. 
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-Le représentant de l’Etat de l’Ohio au Congrès et futur président des Etats-Unis, William McKinley, en 1896. AP 
-William McKinley, sur le tard, a compris que l’agressivité commerciale avait nui aux Etats-Unis. Qu’elle n’avait pas accru leur prééminence sur le monde. Qu’elle avait bridé les exportations. Il a alors amorcé un virage et plaidé pour l’accroissement des échanges. 
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-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le protectionnisme, une histoire politique des Etats-Unis, de George Washington à Donald Trump 
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-Le 5 septembre 1901, il se trouvait à Buffalo (Etat de New York) pour un salon commercial international. On imagine mal Donald Trump reprendre le discours qu’il prononça alors : « Nous ne devons pas nous reposer sur le sentiment illusoire de sécurité qui consiste à croire que nous pouvons toujours vendre tout, et acheter peu ou rien. (…) L’expansion de notre commerce et de notre industrie est la question urgente. Les guerres commerciales sont stériles. Une politique de bonne volonté et de relations commerciales amicales empêchera les représailles. Les traités de réciprocité sont en harmonie avec l’esprit du temps ; les mesures de représailles ne le sont pas. » 
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-Sans s’en douter, l’Ohioain livrait là un discours testamentaire. Car le lendemain, dans la même ville de Buffalo, il était assassiné de deux balles dans le ventre par un anarchiste. Hélas, le message ultime de William McKinley n’est pas encore parvenu à Donald Trump… 
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-Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Le protectionnisme tarifaire envisagé par Donald Trump est un choc sans précédent dont on mesure mal les conséquences » 
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-Pascal Riché 
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