Utilisateur non connecté
elsenews:spot-2025:04:prisons-russes [ElseNews]

Outils pour utilisateurs

Outils du site


elsenews:spot-2025:04:prisons-russes

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
elsenews:spot-2025:04:prisons-russes [26/12/2025/H05:54:36]
216.73.216.167 supprimée
— (Version actuelle)
Ligne 1: Ligne 1:
- {{tag>a3}} 
  
- 
----- 
-====== Le Monde – « Soyez cruels, n’ayez pas pitié d’eux » : dans la prison de Taganrog, haut lieu de torture russe ====== 
- 
- https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/30/soyez-cruels-n-ayez-pas-pitie-d-eux-dans-la-prison-de-taganrog-haut-lieu-de-torture-russe_6601991_3210.html 
- 
-<hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> 
-<ifauth @user> 
- 
-https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/30/soyez-cruels-n-ayez-pas-pitie-d-eux-dans-la-prison-de-taganrog-haut-lieu-de-torture-russe_6601991_3210.html 
- 
- 
-SOLÈNE REVENEY POUR « LE MONDE » / IMAGE SATELLITE ©2024 MAXAR TECHNOLOGIES 
-« Soyez cruels, n’ayez pas pitié d’eux » : dans la prison de Taganrog, haut lieu de torture russe 
-Par Emmanuel Grynszpan 
-Par Emmanuel Grynszpan 
-Par Emmanuel Grynszpan 
-Aujourd’hui à 14h00 
-Article réservé aux abonnés 
-Offrir 
-ENQUÊTE Dans cet établissement pénitentiaire, les prisonniers ukrainiens, civils ou militaires, sont soumis depuis l’invasion de février 2022 à des humiliations psychologiques et aux pires sévices physiques. « Le Monde » et ses partenaires de Forbidden Stories ont enquêté sur ces mauvais traitements. 
-Lecture 7 min Read in English 
-Torture, privation de nourriture, isolement complet : la maison d’arrêt numéro 2 de Taganrog est devenue un « trou noir » dans lequel disparaissent temporairement, et parfois même définitivement, civils et prisonniers de guerre ukrainiens. Le système carcéral russe, déjà réputé pour sa brutalité, s’est considérablement durci depuis le début de l’invasion de l’Ukraine à grande échelle, en février 2022. Un nombre grandissant d’établissements pénitentiaires, vidés de leurs prisonniers russes, se sont métamorphosés en zones infernales où les gardiens se livrent aux pires sévices sur des détenus privés de tout droit et de tout moyen de communiquer avec l’extérieur. 
- 
-La maison d’arrêt numéro 2 (SIZO nᵒ 2 en russe) de Taganrog, située à tout juste 40 kilomètres de la frontière ukrainienne, a rapidement émergé comme l’un des pires « trous noirs » de ce nouvel avatar de l’« archipel du goulag » soviétique. Construite en 1808, d’une capacité maximale de 512 détenus, elle enfermait principalement des délinquants mineurs jusqu’en 2022, lorsque environ 400 de ses occupants ont été transférés ailleurs pour faire de la place à un nouveau type de captifs. 
- 
-Le « projet Viktoria », une enquête internationale 
-Pendant trois mois, l’organisation Forbidden Stories et un collectif de douze médias internationaux ont mené une enquête collaborative pour retracer le parcours de la journaliste ukrainienne Viktoria Rochtchyna, disparue à l’été 2023 lors d’un reportage dans les territoires occupés par Moscou et morte au cours de sa captivité en Russie. Cette enquête éclaire le système carcéral mis en place par la Russie pour les prisonniers civils ukrainiens, hors de toute procédure judiciaire, un sujet sur lequel la journaliste travaillait au moment de sa capture, et dont elle a finalement été victime. Autour de Forbidden Stories, dont la mission consiste à poursuivre et à publier les enquêtes de journalistes menacés, emprisonnés ou tués, le « Projet Viktoria » a associé 45 journalistes. Le Monde a pris part à ce travail aux côtés notamment de France 24, The Guardian, Der Spiegel, Die Zeit, la ZDF, The Washington Post, Ukrayinska Pravda et Important Stories. 
- 
-L’afflux d’Ukrainiens capturés durant le terrible siège de Marioupol (de mars à mai 2022) a conduit les autorités russes à réorganiser le système carcéral dans la région de Rostov, et elles ont jeté leur dévolu sur la maison d’arrêt numéro 2 pour y interner ceux qu’ils estimaient être leurs ennemis les plus endurcis. Bon nombre des défenseurs de l’usine sidérurgique d’Azovstal, dernier bastion de la résistance ukrainienne à Marioupol, ont souffert entre ses murs. 
- 
- 
-La journaliste Viktoria Rochtchyna, morte en détention en Russie, dont Le Monde et le collectif Forbidden Stories ont retracé le parcours après trois mois d’enquête, y a également été incarcérée à partir de décembre 2023, après avoir disparu au cours de l’été lors d’un reportage dans les territoires ukrainiens occupés par Moscou. 
- 
-Situé dans un faubourg de Taganrog, ville portuaire de 250 000 habitants au bord de la mer d’Azov, l’établissement loge au 175 de la rue Lénine, entre un salon de beauté du côté gauche et une station-service du côté droit, occupant un pâté de maisons d’une superficie légèrement supérieure à un terrain de football. De la rue, il se présente comme un mur aveugle de couleur verdâtre sous un toit de tôle couleur rouille, lui-même coiffé de deux rouleaux de fils barbelés empilés. 
- 
-Un accueil mémorable 
-L’entrée est formée par un portail à deux battants métalliques, peints en vert pomme, chacun portant un large écusson du Service fédéral d’exécution des peines (FSIN, en russe). A l’intérieur, il n’y a pratiquement que du bâti : trois rangées de bâtiments ne dépassant pas trois étages, séparées par des cours étroites. Trois miradors d’une hauteur d’environ trois étages bornent le périmètre. 
- 
-Le Monde Application 
-La Matinale du Monde 
-Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer 
-Télécharger l’application 
-A peine après avoir franchi le seuil, les prisonniers ukrainiens passés par la maison d’arrêt numéro 2 comprennent qu’ils sont tombés dans un établissement très particulier. Tous les témoignages recueillis par Forbidden Stories relatent une « cérémonie d’accueil » mémorable. 
- 
-« Des deux côtés se tenaient des rangées de policiers antiémeutes qui s’efforçaient de nous frapper de toutes les manières possibles, coups de poing, de pied, de matraque ; les coups pleuvaient de tous les côtés, et nous ne pouvions pas nous protéger car nous avions les mains attachées », raconte Viatcheslav Gorban, qui se souvient du 29 mai 2022, le premier jour de ses quatre mois passés à Taganrog. Cet ancien ingénieur de 53 ans s’était engagé volontairement dans la défense territoriale de Marioupol, avant d’être détenu à Azovstal. 
- 
-Voir aussi 
- 
-Viktoria Rochtchyna, journaliste ukrainienne disparue dans l’enfer carcéral russe 
-Pour Ielizaveta Chylyk, 37 ans, ancienne officière de l’armée ukrainienne ayant démissionné deux mois avant l’invasion russe, l’accueil a été individuel. Cette mère de deux enfants âgés de 3 et 6 ans, arrêtée le 30 janvier 2023 par le FSB (le service fédéral de sécurité russe) et internée cinq mois à Taganrog, raconte qu’elle a été contrainte de se dénuder entièrement pour être « filmée sous toutes les coutures ». 
- 
-Pour tout vêtement, on lui donne une nuisette qui semble avoir servi à nettoyer le sol et un bonnet qu’on lui descend sur les yeux pour l’aveugler. Conduite à travers des couloirs, elle est frappée avec une matraque et une tige métallique, sur le dos, les jambes, les omoplates, les bras. Elle subit une attaque de chiens, tandis que des hommes hurlaient : « Une autre pute ukrainienne a été amenée, et nous allons la baiser. » Elle échoue dans une cellule où se trouvent trois couchettes sans matelas, ni oreillers, ni draps. 
- 
-Passé ce premier choc, les prisonniers sont confrontés à un quotidien allant de la privation de nourriture (pour tous) aux pires tortures. Viatcheslav Gorban s’estime chanceux. La nourriture était « infecte », se souvient-il, précisant avoir perdu 23 kilos sur 85. « La lumière restait allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et l’absence d’hygiène était complète. » Mais il n’avait droit qu’à deux passages à tabac quotidiens de cinq minutes chacun, routiniers et sans objet, contrairement à certains de ses camarades. 
- 
-Lire aussi (2022) : 
-« Nous étions tabassés deux fois par jour » : en Russie, les droits systématiquement bafoués des prisonniers de guerre ukrainiens 
-« Les gardiens m’ont cassé trois côtes. Mais ce n’est rien comparé à ce que subissaient ceux qui portaient des tatouages avec des symboles ukrainiens. » Aux violences physiques s’ajoutent les brimades, comme l’obligation de chanter l’hymne national russe et d’autres chansons patriotiques. « Il ne fallait pas chanter, mais hurler l’hymne russe. C’était du harcèlement moral. » Entendre jour et nuit des compagnons de cellule hurler sous la torture n’était pas le moindre des tourments psychologiques. 
- 
-L’humiliation figure en bonne place dans l’arsenal psychologique. Un ancien détenu raconte qu’on lui a demandé s’il avait une petite amie. Lorsqu’il a répondu positivement, un gardien a exigé l’adresse du compte Instagram de celle-ci, afin de lui envoyer une photo de son compagnon. Les femmes captives reçoivent l’ordre de se déshabiller devant le personnel masculin, qui en profite pour faire des commentaires désobligeants sur leur corps. 
- 
-Le pire est réservé aux combattants d’Azovstal, qui sont emprisonnés à six dans des cellules prévues pour trois, raconte Ioulian Pilipeï, 30 ans, fusilier marin fait prisonnier à Marioupol. « Durant la journée, les lits étaient rabattus. Deux détenus pouvaient s’asseoir à tour de rôle pendant que les quatre autres devaient rester debout. Personne n’avait le droit de parler. » Il décrit les instruments de torture : taser, doigts écrasés dans les charnières de portes ou par une masse en bois, étranglement, et des coups sur toutes les parties du corps. Il considère Taganrog comme la pire prison derrière celle de Koursk, où l’une de ses jambes a été brisée. 
- 
-Aucune communication avec l’extérieur 
-La torture à l’électricité (sur le vieux principe de la « gégène ») est systématique. L’officier du régiment Azov, Bohlan Ravlikovsky, raconte y avoir été soumis « du premier au dernier jour » de son incarcération à Taganrog, de septembre 2022 à mai 2023. De nombreuses autres techniques de torture sont énumérées par les rescapés de la maison d’arrêt numéro 2, comme la strangulation à la main ou à l’aide de sacs en plastique, l’asphyxie avec serviette mouillée (« waterboarding »), des aiguilles sous les ongles et l’ébouillantage. Ces sévices étaient pratiqués dans de petites pièces au rez-de-chaussée du bâtiment central de l’établissement. 
- 
-Les actes de tortures sont commis afin d’obtenir des aveux forcés dans le cadre de l’instruction de procès alimentant la machine judiciaire russe chargée de faire porter l’entière responsabilité des crimes de guerre à la partie ukrainienne. 
- 
-Les femmes ne sont pas épargnées. Ielizaveta Chylyk décrit une pièce équipée d’une « chaise électrique » où la tension serait de 380 volts. La décharge lui était appliquée à travers des pinces fixées entre ses orteils. Elle se souvient d’une gardienne prénommée Yana Vladimirovna, qu’elle dépeint comme « l’animal le plus brutal de tous », d’une méchanceté infinie, qui « hurlait en permanence », « haïssait toutes les filles », et menaçait : « Je te livrerai aux Tchétchènes pour qu’ils te fécondent et que tu deviennes porteuse de la culture russe. » Cette Yana Vladimirovna serait, selon l’ancienne prisonnière, responsable directe de la mort de plusieurs détenus. 
- 
-Lire aussi la tribune 
-« Le fonctionnement des prisons russes figure incontestablement au rang des violences de masse » 
-L’ONG ukrainienne MIPL (« initiative médiatique pour les droits humains », en français) a recueilli des informations sur au moins trois décès de détenus à la maison d’arrêt numéro 2 de Taganrog, apparemment dus à une combinaison de sévices, de manque de nourriture et de soins médicaux. Maria Klymyk, enquêtrice au MIPL, a déclaré qu’il s’agissait de « l’un des pires lieux de détention pour les prisonniers ukrainiens en Russie ». Une source au sein des renseignements ukrainiens donne le chiffre de 15  décès dans l’établissement entre mars 2022 et l’automne 2024. 
- 
-Depuis que les prisonniers de guerre et les civils ukrainiens ont remplacé les Russes, les autorités pénitentiaires ont coupé toute communication avec l’extérieur. Durant deux ans et demi, jusqu’à la mi-2024, aucun avocat n’a pu mettre les pieds dans l’établissement, et même la commission publique de surveillance des prisons (un organisme gouvernemental) a dû cesser ses visites de routine. 
- 
-Alerté en mars 2023 par les témoignages de prisonniers de guerre ukrainiens libérés lors d’échanges, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme signalait dans un rapport que la Russie n’avait « pas réussi à assurer un traitement humain » des captifs, avec de « fortes violations systématiques », mentionnant particulièrement Taganrog. 
- 
-Une cruauté encouragée 
-Aujourd’hui, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Alice Edwards, est formelle : « Il est clair pour moi que la torture fait partie de la politique et de l’appareil de guerre russes, tant pour les civils ukrainiens que pour les prisonniers de guerre capturés. C’est organisé, et il est clair que c’est systématique. » La rapporteuse note que les sévices contre les Ukrainiens sont observés dans toutes les régions occupées par la Russie, et souligne que « ce niveau d’organisation ne peut être approuvé qu’aux plus hauts niveaux, jusqu’au sommet ». 
- 
-Le caractère systématique de la torture est confirmé par un ancien officier supérieur de la FSIN qui a démissionné, en août 2022, après avoir reçu la consigne de « faire tout ce qu’il v[oulai]t » avec les prisonniers ukrainiens. L’homme, qui a quitté la Russie et désire garder l’anonymat, confie que, début avril 2022, le général Igor Potapenko, responsable du FSIN pour la région de Saint-Pétersbourg, a déclaré à ses subalternes, lors d’une réunion : « Soyez cruels, n’ayez pas pitié d’eux », leur promettant une entière impunité. 
- 
-Combien d’Ukrainiens – dont les proches n’ont aucune nouvelle – croupissent encore à la maison d’arrêt numéro 2 de Taganrog ? Et pour combien de temps encore ? La réponse est peut-être malheureusement à chercher dans l’acronyme PPJ (Poka Poutine Jiv) dont sont affublées les victimes de disparitions forcées. Acronyme qui signifie : « Tant que Poutine est vivant. » 
- 
-Emmanuel Grynszpan 
-NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE 
-Le point sur la guerre en Ukraine : Kiev pourrait signer l’accord sur ses minerais stratégiques avec les Etats-Unis dès ce mercredi 
- 
-Aujourd’hui à 15h00 
-« On assiste à un effondrement silencieux des populations d’insectes, il est complètement fou que l’on n’en parle pas plus » 
- 
-Aujourd’hui à 05h45 
-Comment Donald Trump a-t-il remodelé les Etats-Unis en 100 jours ? Avec quels succès... et quels échecs ? Posez-nous vos questions 
- 
-Aujourd’hui à 14h29 
-Une procédure de dissolution visant le collectif Urgence Palestine et le groupe d’ultradroite Lyon populaire lancée par le gouvernement 
- 
-Aujourd’hui à 13h56 
-« Donald Trump est nostalgique d’un temps où en réalité les Etats-Unis étaient faibles sur l’échiquier géopolitique » 
- 
-Aujourd’hui à 13h00 
-« La Crimée n’est pas seulement un concentré de ce qui oppose l’Ukraine et la Russie. Elle risque aussi d’opposer profondément les Etats-Unis et l’Europe » 
- 
-Aujourd’hui à 04h30 
-CONTRIBUTIONS 
-Bienvenue dans l’espace des contributions 
-Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. 
-Voir les contributions 
-</ifauth> 
-</hidden> 
× iphelper toolbox

you see this when javscript or css is not working correct

Untested
IP Address:
First usable:
Subnet:
Last usable:
CIDR:
Amount of usable:
Network address:
Reverse address:
Broadcast address: