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-====== Le Monde – Avec ses droits de douane, Donald Trump met à l’épreuve LVMH ======
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-ÉCONOMIE
-Avec ses droits de douane, Donald Trump met à l’épreuve LVMH
-Bernard Arnault, dont le groupe réalise un quart de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, et qui soigne ses relations avec le président américain depuis son premier mandat, compte sur son lobbying intense à Washington pour échapper aux taxes.
-Par Juliette Garnier
-Par Juliette Garnier
-Par Juliette Garnier
-Hier à 17h47, modifié à 10h32
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-Donald Trump et Bernard Arnault, lors de sa visite de l’atelier de cuir Louis Vuitton Rochambeau Ranch, à Keene (Texas), le 17 octobre 2019. JONATHAN ERNST/REUTERS
-Les soixante-dix premiers jours du second mandat du président américain, Donald Trump, à la Maison Blanche ont fait trembler l’empire de Bernard Arnault. Depuis l’investiture du 20 janvier, la capitalisation boursière de LVMH a perdu près de 14 %, alors que l’indice du CAC 40 a progressé de 2 % environ. La Bourse s’inquiète de l’impact des taxes douanières que Washington doit annoncer, mercredi 2 avril, sur les activités de l’entreprise française, qui a réalisé un quart de ses 84,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024 aux Etats-Unis.
-Le retour de Donald Trump avait pourtant rasséréné le groupe de luxe. Par milliers, il exporte outre-Atlantique des bouteilles de champagne Veuve Clicquot, des caisses de Ruinart, des sacs Louis Vuitton et des flacons Dior. Les marchés pariaient alors sur un rebond des ventes américaines, propre à atténuer la crise de la consommation en Chine (– 22 % en 2024).
-En dépit du programme électoral protectionniste du milliardaire républicain, les Etats-Unis laissaient espérer un climat d’affaires propice. Bernard Arnault n’a-t-il pas « vu le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays » ? « On a l’impression, aux Etats-Unis, qu’on vous y accueille à bras ouverts », expliquait le PDG, le 28 janvier, lors de la présentation des résultats annuels du groupe.
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-L’homme le plus fortuné de l’Hexagone revient alors de Washington. Il est galvanisé. Seul représentant officiel de la France, il a assisté à la prestation de serment de Donald Trump sous la coupole du Capitole, à Washington. Sa femme, Hélène Mercier-Arnault, sa fille, Delphine Arnault, PDG de Christian Dior et l’un de leurs trois fils, Alexandre Arnault, vice-président du joaillier new-yorkais Tiffany, sont aussi du voyage, placés à quelques mètres du pupitre du président investi. Et deux rangs seulement derrière les anciens présidents américains, Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama.
-Une illustration de plus des relations amicales que MM. Trump et Arnault entretiennent, depuis leur rencontre à la fin des années 1980, à New York. Le 9 janvier 2017, onze jours avant l’investiture du républicain pour son premier mandat, le patron français est ainsi l’un des rares hommes d’affaires à lui rendre visite dans ses bureaux de la Trump Tower. Son fils, Alexandre Arnault, l’accompagne. Déjà.
-Un proche d’Elon Musk
-Au cours de ce premier mandat, LVMH va pousser ses pions outre-Atlantique. Le groupe dépense 50 millions de dollars (46 millions d’euros) pour la construction d’une usine Louis Vuitton à Alvarado (Texas), dans un ancien ranch. Le troisième site Louis Vuitton aux Etats-Unis (150 employés), pour lequel le comté de Johnson a accordé 90 000 dollars par an d’abattement fiscal au groupe français, pour une dizaine d’années, sera inauguré par Donald Trump lui-même, le 17 octobre 2019.
-Le Monde Jeux
-Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés.
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-De Washington, Bernard et Alexandre Arnault embarquent à bord d’Air Force One, au côté d’Ivanka Trump, l’une des filles de M. Trump. Au cours du vol, l’homme d’affaires sonde le président, si « jamais il était amené à racheter une affaire d’importance aux Etats-Unis », rapporte alors au Monde une source sous le couvert de l’anonymat. Quarante-huit heures plus tôt, en grand secret, le groupe de luxe a déposé une offre de rachat de Tiffany, icône du luxe américain. Donald Trump ne s’opposera pas à cette acquisition, signée en 2021 pour plus de 14 milliards d’euros.
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-A Alvarado, devant les caméras, les deux hommes coupent le ruban. Donald Trump salue cet investissement porté par « ce grand homme d’affaires » et explique aux journalistes qu’il n’imposera pas de « taxes sur le champagne et les sacs à main d’Arnault » parce que « le groupe s’est implanté aux Etats-Unis ». La production de champagne, dont LVMH est un poids lourd, est alors épargnée des sanctions à hauteur de 25 % promulguées en 2019 pour l’ensemble des vins français, en représailles aux subventions européennes accordées à Airbus, le rival européen de l’avionneur américain Boeing.
-Qu’en sera-t-il en 2025 alors que, depuis le 13 mars, le milliardaire réélu menace quasiment de fermer le marché américain aux producteurs européens de vins et spiritueux en leur imposant une taxe de 200 % ? Bernard Arnault espère probablement y échapper grâce à ses années de lobbying intense à Washington, auprès de membres du Congrès des Etats-Unis. Il a notamment recours aux services de S-3 Group, un lobby dont l’un des associés, Martin Delgado, est un gros donateur du Parti républicain. Il lui confie des missions relatives à la fiscalité ou aux accords commerciaux, contre un contrat de 240 000 dollars, en 2024, d’après les relevés du Sénat américain.
-Invité au dîner officiel de Melania et Donald Trump monté en l’honneur du président de la République, Emmanuel Macron, dans la Blue Room (salle de réception), le 24 avril 2018, Bernard Arnault est aussi un proche d’Elon Musk. Le PDG de LVMH a invité cet « entrepreneur exceptionnel » à Viva Tech, en juin 2023, et l’a reçu, avec sa mère, sur la terrasse du Cheval-Blanc, à Paris. M. Arnault l’a aussi invité, le 13 mars 2024, lorsque M. Macron lui a remis la grand-croix de la Légion d’honneur à l’Elysée.
-Alexandre Arnault dans la foule des fans de Trump
-A l’évidence, Bernard Arnault a appris à son fils Alexandre à tisser son propre réseau trumpien. A 32 ans, il est un ami de Jared Kushner, mari d’Ivanka Trump et fils de Charles Kushner, futur ambassadeur des Etats-Unis à Paris. Et lui aussi est devenu un proche de Donald Trump, qui l’a invité, avec sa femme, Géraldine, à Mar-a-Lago, sa résidence située en Floride, en février 2023.
-Dans la luxueuse résidence où, trois mois plus tôt, en novembre 2022, le républicain avait annoncé sa candidature pour l’élection présidentielle de 2024, les deux couples fêtent la signature d’un contrat entre Louis Vuitton et la Trump Organization pour la location d’un immeuble délaissé par Nike sur la Ve Avenue. Donald Trump se fend d’un tweet, publié le 16 février 2023, saluant ce « jeune homme énergique, le fils de l’un des plus grands businessmen d’Europe, du monde » et lui prédisant un « succès fabuleux » dans le nouveau megastore Tiffany rénové à grands frais à Manhattan.
-Alexandre Arnault s’est aussi fondu dans la foule des fans de Donald Trump lors de son grand meeting, à neuf jours de l’élection présidentielle, fin octobre 2024, au Madison Square Garden. Il se tenait à proximité des cabines réservées aux donateurs trumpistes, d’après le site d’informations américain Puck. Interrogé sur sa présence, LVMH précisera qu’un mois plus tôt il avait aussi assisté au meeting de la candidate démocrate, Kamala Harris, à New York.
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-Les relations du jeune Arnault avec le clan du président américain pourront être fort utiles au groupe LVMH. Depuis février, il dirige l’une des divisions les plus exposées à la crise en Chine et à la guerre commerciale menée par les Etats-Unis : celle des vins et spiritueux, dont l’activité a chuté de 11 % en 2024, à plus de 5,8 milliards d’euros.
-Juliette Garnier
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