Sans surprise, la France a achevé l'année 2024 en queue de peloton de la zone euro en matière de déficit comme de dette, selon les statistiques récemment publiées par Eurostat. Sur la base de ces chiffres, une note du spécialiste François Ecalle, fondateur du site Fipeco, pointe la dégradation particulièrement marquée des finances publiques françaises par rapport à celles des autres membres de l'union monétaire, depuis le Covid.
En 2024, l'Hexagone affiche ainsi le pire déficit public et de loin parmi les 20 pays de la zone, à 5,8 % du PIB. Seule la Slovaquie (5,3 %) dépasse les 5 % de déficit parmi les utilisateurs de la monnaie unique. Hors de la zone, la Roumanie (9,3 %) et la Pologne (6,6 %) font pire que la France.
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La moyenne du déficit dans l'union monétaire s'établit à 3,1 %, un chiffre autour duquel se situent nos voisins allemand (2,8 %), italien (3,4 %) et espagnol (3,2 %). Sur les 20 membres, 12 pays ont un déficit sous les 3 %, l'objectif visé par la France en 2029, dont cinq Etats, comme le Portugal et la Grèce, qui affichent carrément un excédent.
Troisième dette la plus élevée de la zone
En matière de dette, le bilan n'est guère plus glorieux. Fin 2024, la dette publique hexagonale représentait 113 % du PIB, soit le troisième plus haut niveau de la zone euro, derrière celles de la Grèce (153,6 % du PIB) et de l'Italie (135,3 % du PIB). La moyenne de la zone s'établit à 87,4 % du PIB. Seuls six pays de l'union monétaire ont une dette supérieure à 95 % du PIB, les 14 autres affichent une dette inférieure à 82 % du PIB, relève François Ecalle.
Si la France en est arrivée là, c'est que sa situation s'est lourdement dégradée depuis le Covid, bien plus qu'ailleurs en Europe. Entre 2019 (avant la crise sanitaire) à 2024, la dette hexagonale a crû de 14,8 points de PIB, soit la plus forte progression après celle de la dette finlandaise, pointe le fondateur de Fipeco. Dans ce même laps de temps, la hausse moyenne de la dette dans la zone euro n'a été que de 3,8 points. Sur cette période, le déficit public a cru quant à lui de 3,4 points de PIB en France, contre 2,6 points pour le déficit moyen de la zone euro.
Le pays où les recettes ont le plus diminué
Le creusement du déficit français entre 2019 et 2024 s'explique pour moitié par la diminution des recettes des administrations publiques (1,7 point de PIB) et pour moitié par la hausse de leurs dépenses (1,8 point de PIB). Cette évolution distingue la France du reste de la zone, où l'augmentation moyenne de 2,6 points du déficit est intégralement le fruit de la hausse des dépenses, les recettes étant globalement restées stables.
« Autrement dit, les dépenses ont moins augmenté que la moyenne en France mais les recettes y ont été réduites, ce qui n'a pas été le cas en moyenne dans la zone euro », résume François Ecalle. La France est ainsi le pays de la zone où les recettes ont le plus diminué, relève-t-il. Celles-ci ont, en revanche, particulièrement augmenté en Espagne (+3,3 points de PIB entre 2019 et 2024), compensant une hausse équivalente des dépenses (+3,4 points de PIB).
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La France demeure aussi l'un des pays où la dépense publique est la plus élevée (57,1 % du PIB crédits d'impôts inclus), uniquement derrière la Finlande (57,6 % du PIB). La moyenne de la zone euro lui est inférieure de 7,5 points de PIB, à 49,6 % l'an passé. Les trois quarts des pays de la zone ont des dépenses publiques inférieures à 50 % du PIB, note François Ecalle.
En matière de recettes publiques, la France pointe au troisième rang à 51,3 % du PIB (dont 42,8 % de prélèvements obligatoires), derrière la Finlande et l'Autriche. Celles-ci atteignent 46,5 % en moyenne dans la zone euro.
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