Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.
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| - | ====== Le Monde – Nos captures d’écran, fossiles de nos vies numériques ====== https:// | ||
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| - | L' | ||
| - | Nos captures d’écran, fossiles de nos vies numériques | ||
| - | Chronique | ||
| - | Laure Coromines | ||
| - | « Sur le feed ». Chaque mois, Laure Coromines décrypte les tendances numériques. Ces fichiers deviennent des objets précieux que l’on conserve et que l’on reconvoque quand le besoin s’en fait sentir. | ||
| - | Article réservé aux abonnés | ||
| - | Alain Bousquet | ||
| - | ALAIN BOUSQUET | ||
| - | « Le lendemain des attentats du 13-Novembre [2015], le mec que j’aimais m’a envoyé un WhatsApp du fin fond de l’Ouzbékistan. Je revois encore parfaitement la façon dont le texte était arrangé sur l’écran, la ponctuation, | ||
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| - | Géolocalisation d’un vieil hôtel au bord de la mer, grimace renfrognée d’un ami, recherche Google absurde, titre de chanson… Chloé n’est pas seule à collectionner les copies d’écran. « Quand je suis lovée dans mon lit la nuit et que je veux passer en revue mes souvenirs, c’est dans mon dossier de captures d’écran que je vais d’abord, pas dans mes albums photo. (…) Sans elles, une grande partie de mon existence serait oubliée, perdue dans les mégaoctets éthérés d’Internet », écrivait en 2021 la journaliste Clio Chang, dans le New York Times. | ||
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| - | Véritables « fossiles préservés dans l’ambre », les captures d’écran sont pour elle l’expression la plus pure et authentique de notre vie numérique, désencombrée de la curation, de la mise en scène et des filtres enjolivant les publications des réseaux. | ||
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| - | Dans le téléphone de Shweta, 42 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom, un petit point bleu la situe dans le sud de la Patagonie, au milieu de l’océan Indien ou dans les montagnes d’Italie du Nord… Rompue aux voyages, Shweta aime immortaliser ses géolocalisations sur Google Maps. « C’est juste pour moi, je ne publie ça nulle part. » | ||
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| - | « L’historique de ma petite vie intérieure » | ||
| - | Et dans l’iPhone 10 d’Adèle (le prénom a été modifié), 35 ans, 1 382 captures d’écran saisies au gré de la vie quotidienne. Parmi elles : une story grotesque du fondateur de Meta, Mark Zuckerberg, des noms de psychiatres conseillés par sa mère, la retranscription maladroite d’un message vocal et un titre d’article proclamant que « l’homme le plus riche du monde est un facho ». Entre les textos envoyés la nuit et les tee-shirts floqués de maximes ironiques, quelques messages aussi de son père où celui-ci qualifie de « communiste » la pratique du Secret Santa. Dans le métro ou, le soir, devant une série, la jeune femme utilise aussi les captures pour garder une trace des articles à lire et des films à voir. « Je me fais régulièrement des cessions où je remonte le fil de mes marottes, mes archives. C’est un peu l’historique de ma petite vie intérieure », observe Adèle. | ||
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| - | Loin d’être insignifiantes, | ||
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| - | Pour Louise, 27 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom, les captures occupent une fonction précise. « Je “screen” [faire une capture d’écran] tout, mécaniquement. C’est presque de l’archivage, | ||
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| - | A 33 ans, Leslie Astier pratique aussi beaucoup la capture d’écran. Dans les tréfonds de son disque dur, elle conserve des extraits de conversations et de blogs du début des années 2000. « C’est émouvant de ressortir ces dossiers, je revois ces moments en classe de technologie au collège où on naviguait sur le moteur de recherche Lycos et où on parcourait aléatoirement un Internet d’avant Google. » En tant qu’artiste et professeure d’art numérique, elle voit dans les captures un moyen de retracer l’histoire de nos sensibilités en lien avec des programmes perpétuellement remaniés. « Au fil des différentes versions d’Android, | ||
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| - | Double-clic : saisir l’éphémère de son « feed » | ||
| - | Pour l’artiste, | ||
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| - | « On voit le numérique comme une façon d’accéder à une forme de conservation : on numérise les collections de musées, les artefacts historiques… Or le matériau numérique est fondamentalement éphémère. En plus d’être constitué de pixels lumineux en reconfiguration permanente, le numérique est soumis à des aléas matériels – mises à jour, crashs, contingences infrastructurelles – pouvant amener les contenus à disparaître, | ||
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| - | « Nos captures reflètent une tentative : saisir quelque chose qui va nous échapper, le soustraire à la finitude, presque à la mort. On transforme ainsi le numérique en objets précieux à garder près de soi. Un geste qui me touche particulièrement est celui de la capture de conversations avec des personnes décédées ou qu’on ne voit plus. J’y vois un lien avec le deuil, la disparition, | ||
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| - | Sur le compte Instagram Amours solitaires, Morgane Ortin collectionne depuis 2018 les captures de conversations amoureuses, écho de relations passées où s’entrechoquent bulles bleues et grises, notifications de messages supprimés et émojis de cœurs enflammés. « Tu es le fond d’écran de mes pensées/ Bientôt ce téléphone ne vibrera plus/ En même temps je ne suis jamais vraiment partie. » | ||
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| - | Laure Coromines | ||
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