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-====== «C’est un renoncement au mandat d’élu local» : cette décision coûteuse du maire de Bordeaux dénoncée par l’opposition ======
-Publié  le 16 avril 2025 à 08h03,   mis à jour le 16 avril 2025 à 11h52
-La mairie de Bordeaux. Marie-Hélène Hérouart / Le Figaro
-L’édile écologiste Pierre Hurmic a choisi de faire appel à des individus externes à la municipalité pour animer certaines réunions publiques. Un budget de 100.000 euros par an doit être consacré à ces prestations auparavant gratuites et assurées par les services de la mairie.  Passer la publicité     Passer la publicité
-«Il n’y a aucune chance que ce type de mentalité permette à la démocratie locale d’aller mieux», acte d’emblée Fabien Robert (Modem), coprésident du groupe Bordeaux Ensemble. Lors d’une conférence de presse organisée lundi, un jour avant le conseil municipal, l’opposition s’est penchée sur un appel d’offres publié par la majorité en novembre dernier et qui doit être attribué d’ici la fin du mois. Cette «prestation d’animation de réunions participatives pour le compte de la Ville de Bordeaux» prévoit le recrutement de trois personnes externes à la mairie qui auront pour mission de «faire respecter le déroulé des réunions et contribuer à créer une ambiance dynamique et apaisée d’échanges entre les participants». Le tout, pour un budget maximal de 100.000 euros TTC par an : selon la municipalité de Pierre Hurmic, cette aide externe ne sera employée qu’en cas d’indisponibilité du personnel de la mairie.
-«Pour nous, c’est un mauvais signal à l’époque où le citoyen a besoin de proximité, s’indigne Fabien Robert. J’ai été maire de quartier, je n’ai jamais coûté 100.000 euros pour animer des réunions. La majorité a pris beaucoup de coups, donc ils essayent de se préserver ; mais c’est un renoncement au mandat même d’élu local. On marche sur la tête.» Géraldine Amouroux, également coprésidente du groupe Bordeaux Ensemble complète : «Il est arrivé par le passé (sous l’ère des maires Nicolas Florian et Alain Juppé, NDLR) que des techniciens viennent présenter des projets en réunion publique ; mais ensuite les élus étaient en première ligne pour échanger et dialoguer avec les citoyens.»
-Un «besoin»
-«Nous pensons qu’il est indispensable d’avoir un facilitateur, un Monsieur loyal, qui lors des réunions publiques partage la parole, pose les règles de la réunion et gère les éventuels débordements», assume Tiphaine Ardouin, adjointe au maire chargée de la démocratie permanente et de la gouvernance par l’intelligence collective. Et de riposter : «Nous n’avons peut-être pas la même conception de la démocratie que l’opposition. Selon moi, il y a une confusion majeure : ce n’est pas le rôle de l’élu de distribuer la parole, d’être invectivé ou d’arbitrer face à des propos trop virulents. Le facilitateur ne remplace pas l’élu, dont le rôle est de porter une politique, il organise simplement la réunion.»
-Dès lors, la mairie de Bordeaux justifie cet appel d’offres en expliquant qu’elle en avait «besoin». Alors qu’au moins trois réunions, commissions ou forums impliquant du public sont organisés par la majorité chaque semaine, selon Tiphaine Ardouin, seules «trois ou quatre» des neuf employées au service démocratie permanente de la mairie sont en capacité de les animer - bien que d’autres agents soit en cours de formation. «Et ces réunions ont toujours lieu le soir, à des horaires où le public est disponible mais où ces employées peuvent ne pas toujours l’être», indique l’élue, insistant sur le fait que tous les maires de quartier n’ont pas «la personnalité» ou «la compétence» requises à l’animation en solitaire de tels débats.
-Plus encore, pour l’adjointe de Pierre Hurmic, la présence de «ces facilitateurs» est un prérequis à l’exercice démocratique. «Selon nous, ce n’est pas à l’élu de faire passer le micro ou de décider qui doit prendre la parole car si, en théorie, un élu doit donner la parole à tout le monde ; en réalité, un élu et un être humain et un homme politique... Donc il choisit à qui il donne la parole. Un facilitateur garantit qu’elle soit libre, quelles que soient les opinions des personnes qui pourront s’exprimer.» Chargé d’«agir promptement avec neutralité si un désaccord tourne au conflit», de suspendre ou d’ajourner la réunion, de la synthétiser pour conclure à son issue ou encore «d’avoir une posture chaleureuse et bienveillante» pour briser la glace, l’animateur de réunion publique serait donc dès lors indispensable. Et l’adjointe chargée de la démocratie permanente d’insister : la présence d’une tierce personne ne signifie pas que l’élu est absent ni qu’il refuse de répondre aux questions des habitants présents.
-«Manque de dialogue»
-Une conception de la vie de la cité à laquelle le groupe Bordeaux Ensemble est loin d’adhérer. «Leur rapport au statut de l’élu pose un vrai questionnement. Une fois que ces réunions tourneront toutes seules, je suis persuadé qu’on y verra moins d’élus qui considéreront que c’est du temps personnel à récupérer comme s’ils étaient des employés de mairie», tance Fabien Robert. «Être élu est une fonction et non un métier. C’est une disponibilité 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24», ajoute la sénatrice et ministre du Tourisme Natalie Delattre, qui préside le mouvement d’opposition. Avant d’affirmer: «En démocratie locale, les élus doivent être en première ligne en permanence. Il y a déjà un vrai problème de proximité à Bordeaux où les élus de la majorité donnent peu de réponses aux sollicitations des citoyens. Cet appel d’offres est une marque caractéristique de ce manque de dialogue.»
-Alors le maire doit-il être à portée d’engueulades ou une tierce personne doit-elle distribuer la parole pour faciliter ses échanges avec le citoyen ? Ces deux conceptions du rôle de l’élu seront départagées dans les urnes lors du prochain scrutin municipal, en mars 2026.    Passer la publicité     Passer la publicité     Passer la publicité
-https://www.lefigaro.fr/bordeaux/c-est-un-renoncement-au-mandat-d-elu-local-cette-decision-couteuse-du-maire-de-bordeaux-denoncee-par-l-opposition-20250416

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