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-====== Le Monde – « Pourquoi cette colère adolescente d’une génération à l’autre, des émeutes de 2005 à celles de 2023 ? » : découvrez les extraits du « Miroir. Retour dans les banlieues françaises » ====== 
  
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- https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/01/pourquoi-cette-colere-adolescente-d-une-generation-a-l-autre-des-emeutes-de-2005-a-celles-de-2023-decouvrez-les-extraits-du-miroir-retour-dans-les-banlieues-francaises_6589125_3232.html 
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-DÉBATS 
-« Pourquoi cette colère adolescente d’une génération à l’autre, des émeutes de 2005 à celles de 2023 ? » : découvrez les extraits du « Miroir. Retour dans les banlieues françaises » 
-Luc Bronner, grand reporter au « Monde », revient sur les émeutes des vingt dernières années, et se demande « comment s’effacent les liens qui tissent une société ». Son livre paraît vendredi 4 avril au Seuil. 
-Par Luc Bronner 
-Par Luc Bronner 
-Par Luc Bronner 
-Hier à 05h30, modifié à 12h03 
-Lecture 8 min 
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-« Le Miroir. Retour dans les banlieues françaises », de Luc Bronner (Seuil, 208 pages, 20,50 euros). 
-Depuis quatre ans, je parcours la France avec le désir de comprendre ce qui nous relie, et ce qui nous sépare désormais. Quelques dizaines de milliers de kilomètres, beaucoup de quais de gare, des métropoles, des villages, des villes moyennes, des quartiers populaires. Des centaines de rencontres et d’entretiens retranscrits sur mes petits carnets remplis d’annotations puis de Post-it. Des cafés, des lycées, des hôpitaux, des marchés, des salles d’attente, des lotos associatifs, des stades de pétanque. Des coiffeurs, des maires, des marchands de fruits et légumes, des passants, des chefs d’entreprise, des chômeurs, des jeunes, des vieux, des fonctionnaires, des médecins, des électeurs d’extrême droite, de gauche, de droite, d’autres qui ne savent pas. Des moments de tension, des instants de rires, beaucoup de craintes, d’espoir aussi, et un flot d’interrogations sur notre avenir. 
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-Un vertige m’accompagne dans ce voyage en France. Comment en vient-on à avoir peur des autres, à ne plus croire dans la promesse de liberté, d’égalité et de fraternité d’un pays ? Comment s’effacent les liens qui tissent une société ? Comment divorce-t-on de ses concitoyens ? Pourquoi, enfin, la France, comme d’autres démocraties, ne parvient-elle pas à déboucler cette spirale sans fin des violences, des répressions, des lois plus dures, des prisons remplies, sans que cela paraisse suffisant et que, jamais, en réalité, cela ne soit efficace ? Dans cette histoire, les banlieues populaires jouent un rôle essentiel. (…) 
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-Vingt ans après les émeutes de l’automne 2005, la France est tellement différente, un peu plus âgée, plus inégale, plus endettée, moins sûre d’elle-même, plus dépendante que jamais des réseaux sociaux, infiniment plus fragile sur le plan politique aussi en raison des conséquences dévastatrices de la dissolution de juin 2024. Qu’il semble loin l’espoir de la « France black-blanc-beur », cette illusion d’une forme d’union nationale, d’intégration joyeuse, de solidarité bienveillante, même si les Jeux olympiques à Paris ont ouvert une étonnante parenthèse pendant quelques semaines. De nouvelles cicatrices identitaires se sont ajoutées aux précédentes, et les camps se sont un peu plus crispés les uns contre les autres, bulles de certitudes et d’indignations opposées, où l’on se renvoie les phobies de l’autre au visage sans vouloir résoudre les siennes, ni même les reconnaître. 
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-Lire aussi : 
-Qu’est-ce qui avait déclenché les émeutes de 2005 et comment ont-elles pris fin ? 
-Le rapport à la violence collective a évolué, lui aussi, à travers le mouvement des « gilets jaunes », les manifestations contre la réforme des retraites, et demain la radicalité de la génération climat, révoltée de notre inaction collective. La place de la drogue et des trafiquants a transformé des quartiers emportés par l’argent facile et contribué à fabriquer de nouvelles puissances autour du narcotrafic. Le grand recul des services publics a fragilisé des pans entiers de la société alors que le poids de la dépense publique n’a jamais été aussi lourd, cet autre paradoxe français. Les débats sur la laïcité ont mis en évidence des dérives graves lorsque l’islamisme radical l’emporte mais ont aussi empêché des discussions plus importantes encore sur les cercles vicieux des inégalités sociales et ethniques, tellement plus destructeurs en réalité. Ce qui se joue est essentiel : la question n’est plus seulement celle d’un modèle social qui se déchire et d’une société qui se fragmente, comme dans la période de la présidence Chirac entre 1995 et 2007 ; l’enjeu, c’est le retour de la violence collective dans notre vie politique, et notre capacité à résoudre pacifiquement nos tensions et nos conflits ; c’est aussi la responsabilité et les pouvoirs que nous donnons aux forces de l’ordre dans la paix sociale, celle que nous ne donnons plus aux éducateurs. (…) 
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-Vingt ans de discours de fermeté 
-Disons-le : depuis plusieurs décennies, les banlieues pauvres sont un laboratoire de l’idéologie sécuritaire, cette grille de lecture qui domine le débat public, portée par une alliance hétéroclite d’entreprises de sondages, de médias militants, d’intellectuels et de partis politiques. Vingt ans de discours de fermeté, et un échec presque total. Ouvrons les yeux sur ce bilan. Car la France se prépare, lentement, sûrement, à intégrer le camp des nations illibérales, ces sociétés où les citoyens choisissent démocratiquement de réduire les libertés et les droits en débutant par les plus fragiles, les derniers immigrés, les plus pauvres, les moins intégrés, puis en élargissant le profil des victimes et leur nombre. Au nom de la sécurité. (…). Les quartiers sont un de ces miroirs dans lesquels la France peut se regarder pour se demander ce qu’elle devient lorsque le logiciel sécuritaire l’emporte. (…) 
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-Pourquoi cette colère adolescente d’une génération à l’autre, de 2005 à 2023 ? Le jeune âge des émeutiers a été signalé dans toute la France. (…) Entre 70 % et 80 % des personnes mises en cause par la police, selon la nature des délits, appartiennent à la génération des 15-29 ans, d’après le bilan, exhaustif, réalisé à partir de l’inventaire de l’ensemble des infractions relevées. Le portrait-robot des auteurs dressé par les inspections générales des ministères de la justice et de l’intérieur établit un constat similaire : « Les condamnés sont majoritairement des hommes de nationalité française, âgés de moins de 25 ans, n’ayant pas de diplôme ou de niveau d’études secondaires, inactifs ou employés, célibataires et sans enfant. » Les émeutes sont d’abord une éruption de jeunesse. (…) 
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-Lire aussi 
-« Les émeutes de juillet 2023, dernier épisode d’une crise politique sans fin » 
-Le plus intéressant réside dans ce que les hommes et femmes politiques n’ont pas commenté. A commencer par le profil scolaire des jeunes impliqués : selon les statistiques du ministère de la justice, 29 % des auteurs de violences ou de dégradations ne détiennent aucun diplôme, 38 % sont titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat (BEP, CAP, Brevet des collèges), 23 % d’un baccalauréat ou équivalent, 4 % d’un diplôme supérieur court (bac + 2) et 0,5 % d’un diplôme supérieur long. A la question dérangeante « pourquoi brûlent-ils des écoles ? », ces données apportent un élément de réponse tout aussi dérangeant : probablement parce qu’ils y ont largement échoué et que ces lieux d’émancipation peuvent aussi être des lieux de relégation. Les émeutes, une révolte des sans-diplôme ? (…) 
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-Cela renvoie au second impensé majeur des émeutes. La quasi-totalité des infractions ont en effet été commises par des hommes : le genre masculin représente 96 % des condamnés, selon les statistiques à la fois effarantes et sans surprise du ministère de la justice. Parler des « jeunes de banlieue » apparaît dès lors comme une généralisation problématique, une formule qui dissimule plus qu’elle n’éclaire. Le fait n’est certes pas propre aux violences urbaines, puisque les prisons françaises sont massivement remplies de mâles condamnés pour des faits de délinquance sexuelle, de violences intrafamiliales, de délits liés à l’alcool, aux trafics de stupéfiants, etc. Mais, plutôt que de poser la question de la violence des garçons et des hommes, les politiques ont préféré, après les émeutes, se concentrer sur la situation des familles monoparentales. Donc des mères isolées. Ou comment le comportement des hommes, de l’échec scolaire jusqu’au passage à l’acte violent, renvoie toujours à la responsabilité supposée des femmes. Là réside un des trous noirs des politiques sécuritaires : ne pas oser aborder frontalement le facteur le plus déterminant des violences, en banlieue et ailleurs, celui du comportement masculin, bien au-delà des violences sexistes et sexuelles. L’éléphant au milieu de la pièce. (…) 
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-Alimenter le vent des peurs 
-Notre époque marque la défaite culturelle, pas seulement électorale, des modérés et des partisans du compromis, des promoteurs de la prévention, ces petites mains de l’éducation populaire, tous ces artisans d’une démocratie d’équilibre qui peinent aujourd’hui à se faire entendre face aux promoteurs de plus d’autorité, plus de peines, plus de sanctions (…). Dans La Politique de la peur [Les Arènes, 2024], Antonio Scurati, l’auteur d’une fresque monumentale sur l’Italie de Mussolini, a écrit à propos de son pays gouverné depuis octobre 2022 par une alliance incluant l’extrême droite : « Un vent de peur souffle sur le peuple, sur sa rancœur envers le système, sur ses passions tristes ; il renforce le sentiment de déception et de trahison des classes moyennes appauvries. Un vent de peur souffle sur les citoyens effrayés par les changements que traverse l’époque, écrasés par l’inextricable complexité du monde, angoissés par les guerres, les catastrophes naturelles ou les pandémies. Et ce vent malsain, toujours à la recherche d’un ennemi étranger ou d’un envahisseur, transforme la peur en haine. La voix sinistre de la haine dévastatrice pousse au repli sur soi. Après avoir découragé et effrayé le peuple, cette voix lui promet la protection en échange de sa liberté. » 
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-(…) Les quartiers sensibles tiennent un rôle central dans le grand récit qu’imposent l’extrême droite et ses soutiens de droite. Pour alimenter le vent des peurs. Et donc justifier les politiques censées restaurer l’ordre perdu. L’histoire des quartiers populaires depuis plus de vingt ans démontre pourtant, en profondeur, l’échec de l’idéologie sécuritaire et des politiques répressives ; mais cet échec sert justement de prétexte, de justification, de carburant intellectuel et électoral pour ceux qui réclament de durcir encore les lois, de punir plus sévèrement, de condamner et d’enfermer toujours plus. Voilà l’équation effrayante et fascinante de la machine sécuritaire : plus elle échoue et plus ses thuriféraires réclament son amplification, son extension, son approfondissement dans une escalade sans fin. (…) 
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-« Rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre » 
-Depuis vingt ans, le code pénal est devenu la boussole de nos gouvernants, petit livre rouge qui ne porte pas de révolution mais permet aux hommes et femmes politiques d’afficher leur autorité, leur volontarisme, leur républicanisme. Ils ont durci les lois, réduit les droits, inventé de nouveaux délits, année après année, gauche et droite confondues. Aux autres, ensuite, policiers et magistrats, d’appliquer leurs textes, y compris lorsque ceux-ci se révèlent inapplicables ou qu’ils supposeraient, en réalité, des centaines de milliers de places de prison supplémentaires. « Rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre », a déclaré Bruno Retailleau, pour ses premiers mots de ministre de l’intérieur, en septembre 2024, au moment où se mettait en place le gouvernement Barnier après la dissolution de l’Assemblée nationale. « L’ordre, l’ordre, l’ordre », avait dit, avant lui, Emmanuel Macron en août 2023 pour donner sa grille de lecture et d’action après les émeutes. Les mots et les promesses étaient les mêmes en 2005, en 2007, en 2010, en 2015. Comme si le logiciel des politiques s’était enrayé autour de la seule approche sécuritaire, comme si les faits divers l’avaient définitivement emporté sur les faits sociaux. (…) 
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-Lire aussi (2021) 
-En France, le maintien de l’ordre est trop centré sur la répression 
-Sous les coups de boutoir du terrorisme et de la lutte contre l’insécurité, le rapport à l’Etat de droit a changé, en profondeur, et notre code pénal n’a cessé de se durcir, les prisons de se remplir, les polémiques sur le laxisme supposé de notre justice de se multiplier. La logique répressive l’emporte systématiquement. Mais pour quels résultats ? La politique de la ville, comme l’école ou la santé, est régulièrement remise en question, parfois durement, souvent injustement en réalité. La stratégie de durcissement des lois, d’aggravation des peines, de renforcement en continu des pouvoirs donnés aux policiers, d’accroissement des moyens humains et technologiques, n’est, elle, jamais questionnée, sauf à la marge. La droite et l’extrême droite ont réussi à instiller l’idée que les juges auraient la main tremblante au moment de prononcer des condamnations. Tout l’inverse, en réalité, si l’on accepte de prendre du recul : en 2021, 111 personnes sur 100 000 habitants étaient en détention, contre 69 en 1968 (…). Le nombre de peines fermes n’a cessé d’augmenter ces dernières années, tout comme la durée des sanctions d’emprisonnement : un total de 109 391 années de prison ferme ont été prononcées en France en 2023, contre 81 544 en 2020. (…) 
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-L’angélisme sécuritaire n’est pas celui que dépeignent l’extrême droite et la droite à coups de déclarations sur la délinquance des mineurs, des migrants, des descendants d’immigrés ; l’angélisme c’est de croire et laisser croire que l’uniforme, le code pénal et les cellules de prison ont déjà réussi à faire baisser les tensions et la délinquance. 
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-« Le Miroir. Retour dans les banlieues françaises », de Luc Bronner (Seuil, 208 pages, 20,50 euros). 
-Luc Bronner 
-NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE 
-Rachida Dati impliquée dans une altercation verbale qui a provoqué la suspension de l’examen de la réforme de l’audiovisuel public 
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-Aujourd’hui à 02h52 
-Le point sur la guerre en Ukraine : les Etats-Unis s’inquiètent que les pays d’Europe leur achètent moins d’armes 
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-Aujourd’hui à 12h47 
-Défaite électorale pour Elon Musk, Donald Trump et le mouvement MAGA dans le Wisconsin 
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-Le traitement de la condamnation de Marine Le Pen sur CNews et Europe 1 interroge 
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-Aujourd’hui à 11h00 
-Le concept d’« extractivisme », un résumé de tous les maux du capitalisme 
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-L’acteur américain Val Kilmer est mort à 65 ans 
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