Histoire • Droits des femmes
29 avril 1945
Douze millions d’électrices : il y a 80 ans, les Françaises votent pour la première fois
Par Julie Clarini
Publié le 29 avril 2025 à 7h00, mis à jour le 29 avril 2025 à 10h50
Elles sont plus de 12 millions à se rendre aux urnes (ici, le 29 avril 1945). FONDS FRANCE-SOIR/BHVP/ROGER-VIOLLET
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Récit « On sortait d’un tel choc que c’est passé sur le moment pour un événement secondaire » : au printemps 1945, le suffrage est enfin devenu universel, pourtant, hormis quelques commentaires sexistes et condescendants, cette nouveauté de la vie civique passe presque inaperçue.
Aux municipales des 29 avril et 13 mai 1945, les femmes françaises ont enfin le droit de s’exprimer. Des années après les Américaines, les Britanniques, les Belges, les Roumaines et les Turques. Au pays d’Olympe de Gouges, on sait parfois être très conservateur. La presse de l’époque, d’ailleurs, ne s’étend pas sur le sujet. Plus de 12 millions d’électrices sont autorisées à voter, mais les films d’actualité se contentent de souligner le bonheur du retour aux urnes pour tous les Français. Quelques plans dans des bureaux de vote parisiens s’arrêtent sur des figures féminines choisies parmi les moins subversives : « Une gentille maman », « une bonne religieuse », Irène Joliot-Curie (« qui a quitté quelques instants son laboratoire ») et Yvonne de Gaulle. Service minimum. « On sortait d’un tel choc que c’est passé sur le moment pour un événement secondaire », dira plus tard la journaliste Françoise Giroud. En ce printemps, les gens ont d’autres préoccupations en tête : la guerre n’est pas terminée, la France est sous rationnement et les prisonniers ne sont pas rentrés. Dans sa dernière allocution radiophonique avant le vote, le Général lui-même ne fait pas allusion à cette nouveauté de la vie civique. Aucun discours officiel n’est adressé spécifiquement aux citoyennes. Comme si le caractère à la fois inédit et massif de l’événement devait être immédiatement recouvert par le voile universaliste que la République sait mettre sur toutes choses. « L’urne est une et indivisible », pointe ironiquement l’historien Bruno Denoyelle.
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« N’oubliez pas de vous faire inscrire sur les listes électorales, c’est aussi important que de vous faire inscrire chez votre crémier », recommande un tract anonyme. Comme en 1848 quand le suffrage devint universel (pour la moitié de l’humanité), un tenace mépris, jadis de classe, ici de genre, fait craindre une timidité devant les urnes. La presse a conservé de la place dans ses colonnes pour propos…
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