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Lettre d’amour à la France, “pays de mes idées préférées” [ElseNews]

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Lettre d’amour à la France, “pays de mes idées préférées”

Voici un demi-siècle que je vis lié à ce pays, “le véritable paradis sur Terre par la grâce de Dieu”, selon Heinrich Heine [1797-1856]. Cet habitant de Düsseldorf [et de Paris] se qualifiait de “Français allemand” et était le plus français des Allemands. Heine s’était rendu dans la partie de la France qui est devenue mon deuxième chez-moi, la Bretagne, “pour collecter de belles chansons populaires”, mais ce qu’il a trouvé, “ce furent des gens brûlant d’enthousiasme pour la Révolution”…
Je n’ai encore jamais vu “ma France” comme en ce moment : en plein désarroi – et surtout troublée par son propre désarroi. C’est comme la peur de la peur chez ceux d’entre nous qui sont enclins à la névrose, elle est plus grave que toute peur concrète et engendre en permanence de nouvelles peurs. La réalité brute à laquelle la France est confrontée est déjà dure. Les vieux réflexes, les vieux instincts, les cabrioles, les astuces qui ont toujours aidé ne servent plus à rien. Le sentiment français, qui est si merveilleusement formé aux convictions les plus profondes, est rongé par le désarroi.
Pour être clair : je suis de parti pris, passionnément de parti pris. Je ne regarde pas ce pays avec la tête froide, ceci n’est pas un éditorial. Je vénère la France, avec la tête mais surtout avec le cœur. Depuis ma jeunesse, je suis désespérément “français”, comme tant d’autres Allemands, en particulier ceux de ma génération des boomers tardifs (je suis né en 1966) qui, par leur naissance dans l’ouest de l’Allemagne, sont tombés sur des personnes – parents, enseignants, premiers protecteurs – qui avaient connu la guerre contre cet “ennemi juré”, mais qui étaient également inspirées par une profonde soif de ce voisin : Camus, Sartre, Beauvoir, Foucault, Jacques Brel, Godard ou Jacques Tati.
Pour moi, la France a très tôt été le pays des idées, et même une mine d’idées. Quand on est un “Français allemand”, on idéalise la France. Bien entendu, c’est une erreur et pourtant, c’est une bonne chose. Un admirateur voit peut-être l’essentiel, il a peut-être le regard plus clair.
Les Lumières et l’“union des peuples”
Le vaste groupe des “Français allemands” existe depuis le début du XIXe siècle : Börne, Büchner, Heine, Wagner, Herwegh, Marx, Liszt avaient été poussés à franchir le Rhin par le despotisme allemand – la politique était dure. “Plutôt la liberté avec les Français que la servitude avec les Prussiens”, telle était la solution.
Nombre de mes auteurs préférés, de mes compositeurs, peintres, artistes, penseurs, philosophes préférés viennent de France. Il en va de même de mes plats et saveurs préférés – qui sont toujours enracinés dans la terre, la mer, le terroir* –, de mes vins et alcools préférés. Mais surtout, ce sont mes idées préférées qui viennent de France. Celles des Lumières, de la démocratie moderne, de la république, de l’égalité, de la laïcité, de “l’union des peuples européens”.
Qu’on lise le discours fait par Victor Hugo lors de l’ouverture du Congrès des amis de la paix universelle à Paris en 1849 : “Un jour viendra où la France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne.”
Il y a cependant deux idées qui forment la base de tout le reste : la liberté et un universalisme radical. Toutes deux sont apparues en France et toutes deux sont, comme nous le verrons, plus d’actualité que jamais. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 en est certainement la manifestation la plus impressionnante. Ce texte constitue le plus beau distillat imaginable de l’humanisme français et pourtant résolument global, “car cette Déclaration des droits de l’homme, sur laquelle repose toute notre science politique, considère Heine, n’est pas originaire de France, où elle a certes été des plus glorieusement proclamée, mais du Ciel : de la patrie éternelle de la Raison”.
C’est un code de la Raison, dans lequel dive
https://www.courrierinternational.com/article/vu-d-allemagne-lettre-d-amour-a-la-france-pays-de-mes-idees-preferees_227345

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