Livre chez Fayard, chroniques chez CNews et dans le JDNews… L’ex-patronne de RT France Xenia Fedorova se démultiplie au sein du groupe Bolloré. Une trajectoire qu’a également suivie Frédéric Taddeï, toujours sur Europe 1 et aujourd’hui directeur de Marianne.
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Xenia Fedorova
L'ancienne patronne de RT France se renouvelle aujourd'hui dans la galaxie médiatique du groupe Bolloré.
PhotoPQR/Le Parisien/MaxPPP
Leur traversée du désert est vraiment terminée. Mis sur la touche, volontairement ou non, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la suspension de la diffusion de RT France en début d’année 2022, ils reviennent dans la lumière. Le meilleur exemple de ce spectaculaire retour en grâce demeure Xenia Fedorova, l’ex-patronne de la chaîne financée par le Kremlin, accusée de relayer sa propagande, sous le parrainage de l’empire Bolloré, édition et média.
La journaliste russe a sorti un livre début mars chez Fayard, Bannie. Liberté d’expression sous condition, après avoir participé à une série documentaire sur feu C8, Lumières orthodoxes, tout en ayant gagné un rendez-vous hebdomadaire, L’Heure inter, sur CNews. Elle est également l’auteure de chroniques régulières dans le JDNews, supplément du Journal du dimanche. « Ils n’ont pas peur d’avoir un point de vue différent de ce qu’on voit habituellement en France », avance Xenia Fedorova, lors d’un rendez-vous au Lutetia à Paris.
Une vraie-fausse invitation sur BFMTV
La journaliste « regrette toujours d’avoir été arrêtée de façon préventive, alors qu’on ne faisait pas de propagande pro-Russie. Nous avons toujours donné tous les points de vue et nous avions une couverture très équilibrée ». Si elle affirme avoir eu « la proposition de revenir à Moscou continuer à travailler pour RT en français, je n’avais plus l’énergie de recommencer la même chose. »
L’ex-boss de RT France évoque, elliptique, la proposition de Marc-Olivier Fogiel de venir sur BFMTV après l’arrêt de RT France, avant de finalement décliner. Pour y être chroniqueuse régulière ? Contacté l’ancien DG de BFMTV s’étrangle et remet les points sur les i. Il s’agissait en réalité d’une simple invitation en plateau, afin de discuter de l’interdiction de RT France. Et Xenia Fedorova avait bien décliné. « Je ne suis pas une experte en géopolitique », avait-elle avancé, avant d’ajouter qu’elle avait « écouté votre intervention sur Europe 1 lors de laquelle vous [Marc-Olivier Fogiel] avez approuvé l’interdiction brutale de notre média. Après cela, je ne vois pas l’intérêt de venir dans votre studio pour vous aider dans votre combat contre la liberté d’expression ».
« On m’a reproché d’être allé sur RT, pas d’en être parti »
Une autre figure de proue de l’ex-RT France revient lui aussi aux affaires en ce début de mois de mars. Même si Frédéric Taddeï avait quitté la chaîne juste avant l’invasion en Ukraine, le journaliste a longtemps institutionnalisé le média avec son émission Interdit d’interdire. Aujourd’hui tout frais directeur de Marianne, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, l’ex-présentateur de Ce soir ou jamais a eu une émission hebdomadaire le week-end entre février 2023 et janvier 2024 sur CNews, Les visiteurs du soir. Il conserve par ailleurs un rendez-vous hebdomadaire sur Europe 1, appartenant également au groupe Bolloré. « Ma présence n’avait rien à voir avec Xenia, qui était envoyée par la Russie pour diriger l’audiovisuel extérieur, se défend le sexagénaire. On m’a reproché d’être allé sur RT, pas d’en être parti. »
Fait très inhabituel, la nouvelle mansuétude des médias du groupe Bolloré vis-à-vis de la Russie a entraîné un rappel à l’ordre. L’Elysée a enjoint publiquement le 9 mars le Journal du Dimanche au « respect de la parfaite véracité des faits ». Une gageure pour les médias d’opinion de Bolloré.
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