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-Le Monde – L’administration Trump fait voler en éclats la régulation financière américaine https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/27/l-administration-trump-fait-voler-en-eclats-la-regulation-financiere-americaine_6566440_3234.html
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-====== Le Monde – L’administration Trump fait voler en éclats la régulation financière américaine ======
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/02/27/l-administration-trump-fait-voler-en-eclats-la-regulation-financiere-americaine_6566440_3234.html
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-ÉCONOMIE
-L’administration Trump fait voler en éclats la régulation financière américaine
-Le CFPB, agence de protection financière des consommateurs mise en place aux Etats-Unis après la grande crise de 2008, a été particulièrement ciblé. Tout travail y a été gelé par son nouveau directeur, nommé par le président américain. Et ce n’est qu’un début.
-Par Eric Albert
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-Aujourd’hui à 06h37
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-La sénatrice démocrate du Massachusetts, Elizabeth Warren, lors d’un rassemblement devant le siège du Consumer Financial Protection Bureau (CFPB), à Washington, le 10 février 2025. ZACH D ROBERTS / NURPHOTO VIA AFP
-Un mois après son arrivée au pouvoir, Donald Trump a entamé une attaque brutale contre la régulation financière aux Etats-Unis. Sa première salve a consisté à vider de sa substance l’agence de protection contre la fraude financière, le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB), et à rendre plus difficile les discussions sur les sujets environnementaux et sociétaux entre les actionnaires et les entreprises.
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-Pour l’instant, l’action la plus spectaculaire concerne le CFPB. Sous l’égide de son directeur par intérim, Russell Vought, un proche de Trump nommé le 7 février, l’agence a de facto été forcée de suspendre son travail. Plusieurs centaines de salariés, dont les juristes de l’organisation, ont reçu une lettre de licenciement. De quoi « donner aux grandes banques et aux entreprises géantes un feu vert pour arnaquer les familles », accuse la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, qui est à l’origine de la création du CFPB.
-Fondée après la grande crise financière de 2008, l’agence est chargée de lutter contre la fraude financière. Arnaques en ligne, dettes médicales abusives, agences de recouvrement de créances qui recourent à l’intimidation… Le CFPB s’occupe aussi bien des petits remboursements de consommateurs floués que de fraude à grande échelle. Depuis sa création, elle a permis aux Américains de récupérer 21 milliards de dollars (20 milliards d’euros), reversés par des entreprises condamnées par la CFPB.
-« Un démontage complet de l’agence »
-Ce travail vient d’être subitement arrêté. M. Vought, l’un des architectes du « Projet 2025 », le programme électoral préparé pour Donald Trump pendant sa campagne, a été nommé par intérim à la tête de l’agence. Dès le lendemain, le 8 février, il envoyait un courriel à ses 1 700 salariés : « Merci de ne plus accomplir aucun travail. » Elon Musk, qui mène l’assaut contre les agences gouvernementales, n’a pas caché sa satisfaction : « CFPB RIP [Rest in Peace, repose en paix] », a-t-il publié sur X, assorti d’une petite icône d’une pierre tombale.
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-Dans la foulée, Hanna Hickman, l’une des avocates du CFPB, a reçu, comme environ deux cents autres collègues, une lettre annonçant qu’elle était mise à la porte. « Il est très important que les Américains comprennent ce qu’il se passe, témoignait-elle sur ABC. L’agence qui les défend, les gens qui vont au travail pour se battre pour eux, se font virer illégalement. Il s’agit d’un démontage complet de l’agence. » Le régulateur est aujourd’hui à l’arrêt, témoigne-t-elle : « Toutes les poursuites judiciaires ont été arrêtées. »
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-L’attaque contre l’agence veut même aller plus loin, avec la volonté d’effacer toutes ses archives, selon Erie Meyer. Jusqu’au 7 février, cette femme était la directrice de la technologie du CFPB. Elle aussi mise à la porte, elle a porté plainte. « Des informations que j’ai reçues de l’intérieur du Bureau indiquent de façon fiable que les bases de données du CFPB vont bientôt être effacées », écrit-elle dans sa déposition. Or, ces archives contiennent « les données sur les enquêtes et les supervisions des institutions financières, (…) sur les sanctions prises, les plaintes des consommateurs (…) ». Autrement dit, il s’agit d’une mine d’or, absolument essentielle au bon fonctionnement de l’agence. La justice a suspendu provisoirement sa destruction, en attendant de trancher sur le fond.
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-Pourquoi donc s’en prendre à cette agence ? « Cela semble assez évident, répond sur son blog Paul Krugman, Prix Nobel d’économie en 2008. Le CFPB a été créé pour protéger les Américains de la prédation financière et a relativement bien réussi. Mais maintenant, nous avons un gouvernement de et pour les prédateurs financiers. » Il rappelle que Donald Trump lui-même a laissé derrière lui de nombreuses dettes envers des sous-traitants ou encore des salariés non payés.
-« Une sérieuse litote »
-Elon Musk a la même réputation. Plus suspect encore, l’homme le plus riche du monde rêve de faire de son réseau social X une plateforme de transactions financières. Qui serait son régulateur ? Le CFPB, bien entendu. L’agence régule aussi la branche financière de Tesla, souligne sur X Robert Reich, ancien secrétaire d’Etat au travail sous Bill Clinton. « Parler de “conflit d’intérêts” est une sérieuse litote », assène-t-il.
-L’attaque contre le CFPB n’est probablement qu’un début. Le président américain s’en prend régulièrement à la Réserve fédérale, la banque centrale, qui supervise les grandes banques. « La Fed a fait un boulot terrible sur la régulation bancaire, accusait-il le 30 janvier sur son réseau Truth Social. Le Trésor va mener le travail en vue de réduire la régulation qui n’est pas nécessaire, et ça va libérer les prêts pour tous les Américains et les entreprises. »
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-Quant à la SEC (Securities and Exchange Commission), le régulateur des marchés financiers, son nouveau directeur par intérim, Mark Uyeda, nommé par l’administration Trump, a immédiatement durci les règles pour rendre plus difficile le travail sur l’environnement, les questions sociales et la bonne gouvernance.
-Jusqu’à présent, les fonds d’investissement pouvaient assez facilement discuter de ces sujets avec les dirigeants des entreprises dont ils sont actionnaires. Il leur fallait simplement en informer la Bourse, en remplissant un formulaire administratif léger (dit « 13G ») dans un délai de quarante-cinq jours. Le 11 février, la SEC a publié une nouvelle « recommandation », qui demande aux fonds d’investissement « prenant des actions spécifiques sur le social, l’environnement ou la politique » d’avoir recours à un formulaire beaucoup plus lourd (dit « 13D ») : il leur faut désormais dévoiler leurs intentions, leurs sources de financement, les transactions qu’ils ont récemment effectuées, le tout dans une période de cinq jours. Dans la foulée, Blackrock, la plus grande société d’investissement au monde, très active sur les questions ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) depuis une décennie, a suspendu ses rencontres prévues avec certaines entreprises, selon le Financial Times.
-Lire aussi l’éditorial du « Monde » :
-Chute de la Silicon Valley Bank : les leçons d’une faillite bancaire
-« Il est encore trop tôt pour y voir clair sur la dérégulation que veut mettre en place l’administration Trump, mais il y a des raisons de s’inquiéter », estime Nicolas Véron, associé du Peterson Institute for International Economics, un centre de réflexion américain. Il craint qu’un risque long, et insidieux, se mette en place. La faillite de Silicon Valley Bank, en 2023, n’a eu lieu que six ans après l’allègement des règles pour les petites banques introduit pendant le premier mandat de Trump, par exemple. « Les effets d’une politique financière laxiste sont longs à apparaître », conclut M. Véron.
-Eric Albert
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