La colère gronde du côté des grands patrons français. D’ordinaire très discret, Bernard Arnault, le plus illustre d’entre eux, n’a pas hésité à lâcher un gros pavé dans la mare. La semaine dernière, le président-directeur général de LVMH s’est livré à une déclaration fracassante contre le budget débattu à l’Assemblée nationale.
De retour des États-Unis, où il a assisté à l’investiture de Donald Trump, Bernard Arnault a pu dire tout le mal qu’il pensait de la politique actuelle du Premier ministre François Bayrou à l’occasion de la publication des résultats de son groupe. “Quand on revient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter les impôts de 40 % sur les entreprises qui fabriquent en France, c’est à peine croyable. Donc on va taxer le made in France. Pour refroidir les énergies, on fait difficilement mieux. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal. Alors je ne sais pas si c’est l’objectif du gouvernement, mais en tout cas il va l’atteindre, s’il arrive au bout de ses plans”, a commenté celui qui, d’ordinaire, se tient à l’écart du tumulte de la politique.
Bernard Arnault et “les grands patrons coulent le pays”
Dans la foulée, ses homologues d’Airbus et de Michelin ont également tiré la sonnette d’alarme. En réponse à ces grands patrons, le gouvernement a indiqué que la surtaxe qu’il souhaite imposer aux grandes entreprises françaises dont le chiffre d’affaires dépasse les trois milliards d’euros ne serait qu’une mesure temporaire. Côté syndicats, on crie à des réactions indécentes de la part des milliardaires.
Ce lundi 3 février, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a répondu présente sur RMC et BFMTV face à Apolline de Malherbe pour enfoncer le clou. “J’estime que les grands patrons coulent le pays, parce qu’aujourd’hui, la France est un pays qui a des grandes entreprises qui sont les plus internationalisées et qui ne jouent plus le jeu de l’emploi en France”, a-t-elle dénoncé. Selon la leader de la CGT, “ce ne sont pas les petites entreprises qui délocalisent, mais ce sont les grandes”.
Sophie Binet à propos de Bernard Arnault : “C’est un fraudeur fiscal”
Sophie Binet a ensuite mis en avant que les entreprises du CAC 40 avaient atteint des profits inédits en quinze ans, soit 100 milliards d’euros de dividendes. “Aujourd’hui, dès qu’on parle de les mettre à contribution pour l’intérêt général, elles viennent pleurnicher”, a-t-elle raillé.
Interrogée sur les impôts qu’avait payés LVMH l’année dernière, Sophie Binet a rappelé que Bernard Arnault avait été soumis à un redressement fiscal en 2017 puisque son nom figurait dans les Paradise Papers. D’après la leader syndicale, le milliardaire plaçait son argent “dans sept paradis fiscaux” et donc “c’est un fraudeur fiscal”. À noter que LVMH a payé environ 2,5 milliards d'euros d’impôts l’an dernier et six milliards dans le monde (40 % en France).
Apolline de Malherbe obligée de révéler le salaire des employés de Bernard Arnault
Du reste, le fait que LVMH produise du made in France avec ses marques est “très relatif” pour Sophie Binet. Pour rappel, le groupe emploie 200 000 personnes (emplois directs et indirects), dont 40 000 en France.
© Shutterstock Fondation Louis Vuitton
Pour conclure, Apoline de Malherbe a interrogé son invitée sur le salaire moyen de ces 40 000 employés. À cette dernière, hésitante, elle a fait savoir qu'il s'élevait à 5 780 euros (hors primes), soit le double du salaire moyen français sur lequel tablait la syndicaliste. De plus, la journaliste a indiqué que 95 % de ces salariés étaient en CDI.
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