Utilisateur non connecté
elsenews:spot-2025:02:le-monde-trump-masulinisme [ElseNews]

Outils pour utilisateurs

Outils du site


elsenews:spot-2025:02:le-monde-trump-masulinisme

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
elsenews:spot-2025:02:le-monde-trump-masulinisme [26/12/2025/H15:56:42]
216.73.216.167 supprimée
— (Version actuelle)
Ligne 1: Ligne 1:
-{{tag>a1}}  
- 
- 
----- 
-====== Le Monde – Ivan Jablonka, historien : « L’agenda du trumpisme œuvre à une contre-révolution masculiniste » ====== https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/12/ivan-jablonka-historien-l-agenda-du-trumpisme-uvre-a-une-contre-revolution-masculiniste_6543988_3232.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
- 
-<hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> 
-<ifauth @user> 
- 
-https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/12/ivan-jablonka-historien-l-agenda-du-trumpisme-uvre-a-une-contre-revolution-masculiniste_6543988_3232.html 
- 
-DÉBATS 
-Ivan Jablonka, historien : « L’agenda du trumpisme œuvre à une contre-révolution masculiniste » 
-TRIBUNE 
-Ivan Jablonka 
-Historien 
-Avec le second mandat de Donald Trump s’ouvre une nouvelle ère associant le virilisme au nationalisme et à la violence, dans un esprit de revanche dirigé contre les conquêtes féministes des cinquante dernières années, affirme l’écrivain dans une tribune au « Monde ». 
-Aujourd’hui à 19h00 
-Lecture 7 min 
-Article réservé aux abonnés 
-Offrir 
-Dans le programme que Donald Trump est en train d’appliquer à la tête de la première puissance mondiale, il est un dessein aussi cohérent qu’inquiétant : la contre-révolution masculiniste. Bien sûr, la loi du plus fort et les revendications territoriales procèdent de valeurs traditionnellement associées au masculin, comme l’a montré, à une autre époque, l’impérialisme européen. 
- 
-Mais on manquerait la profonde originalité du trumpisme si l’on ignorait que, à cet instinct de prédation sur l’argent, l’environnement et les femmes, s’ajoute une volonté de reconquête fondée sur l’ego viril. Transfusant aux hommes l’esprit MAGA (Make America Great Again), le trumpisme promet la restauration de la « grandeur » masculine : pour enrayer le déclin d’une société censément émasculée, les hommes de pouvoir vont redonner le pouvoir aux hommes. 
- 
-Cette reprise en main s’articule autour de cinq thèmes : la vertu de la violence, dont la finalité est d’intimider ou d’humilier l’adversaire, fût-il un contradicteur politique ou un dirigeant étranger ; le salut par la technique, entendue comme une « énergie masculine » (selon la formule de Mark Zuckerberg, fondateur de Meta) apte à balayer les règles du vieux monde ; l’essentialisation misogyne, suivant laquelle le destin des hommes est de mener le monde, tandis que les femmes sont chargées de les satisfaire ou de les servir ; les calomnies érigées en arguments, les injures en preuves, les mensonges en vérités, la vulgarité en savoir-vivre, au nom d’une « liberté d’expression » qui permet le déchaînement des haines sur les réseaux sociaux alliés comme X (ex-Twitter) et Meta (Facebook, Instagram) ; la réécriture de l’histoire à la manière de Thomas Carlyle (1795-1881), historien écossais du XIXe siècle et auteur des Héros, selon lequel une poignée de conquérants transforme le cours d’une humanité réduite à une masse informe. Le Groenland ou la planète Mars, telle sera la frontière de ces « grands hommes ». 
- 
-Virilisme institutionnel 
-Dans cette mythologie où la rancœur le dispute au messianisme, le premier rôle revient aux hommes, considérés comme intrinsèquement supérieurs. Il faut recourir à l’intersectionnalité pour comprendre comment leurs qualités supposées, leurs motifs de fierté et leurs marqueurs d’autorité se renforcent pour fonder la nouvelle société virile. 
- 
-Les sympathisants de Trump affichent les attributs d’une masculinité triomphante : musculature et tatouages des champions d’arts martiaux ; panoplie tee-shirt et casquette des jeunes magnats de la Silicon Valley ; armes, fanions et barbes des Oath Keepers [milice armée extrémiste et raciste] et des Proud Boys [milice d’extrême droite]. La solidarité masculine semble même l’emporter sur le racisme endémique dans ces milieux, puisque la coalition est ouverte aux Noirs et aux Latinos. Enrique Tarrio, l’ancien chef des Proud Boys, gracié par le président, est un Afro-Cubain originaire de Floride. 
- 
-Analyse : 
-Etats-Unis : qu’est-ce que l’« alt-right » et le « suprémacisme blanc » ? 
-Des personnages dévolus à la cause composent une étonnante galerie. Blake Marnell, alias « Brick Man », est un activiste vêtu d’un costume à motifs de briques, symbole de son soutien au mur de séparation entre les Etats-Unis et le Mexique. Lors d’un meeting de campagne, le catcheur Hulk Hogan a déchiré son tee-shirt avec force hurlements pour témoigner sa vénération au héros des « vrais Américains ». Figure de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, Jacob Chansley, le « chaman » QAnon, parade avec une fourrure de raton laveur et des cornes de buffle sur la tête, le visage peinturluré aux couleurs du drapeau américain. 
- 
-Cette clique néopasséiste, qui réunit militants, patriotes, vétérans, miliciens et factieux, se voue corps et âme à l’ogre en chef, aujourd’hui à la Maison Blanche. Leur éthique combattante les grime en « gladiateurs », ce qui ne les empêche pas de se dire aussi « martyrs », victimes des politiciens, des minorités, des féministes et des femmes en général. Leur spectacle combine un mélange de folklore rural, de théâtralité urbaine, de pop culture, de religiosité, de show politique, héritage de la télé-réalité dont Trump est l’un des pionniers. Par l’exhibition d’un collectif masculin et l’affirmation d’une fraternité exclusive, le trumpisme élabore une bro culture (de brother, « frère ») faite de références communes, de combats partagés, d’une connivence plus ou moins misogyne et homophobe. 
- 
-Lire aussi le reportage 
-Donald Trump à la conquête de l’électorat masculin pour la présidentielle américaine : catch, commentaires graveleux et podcasts machos 
-Mais, dira-t-on, cette république d’hommes est-elle vraiment neuve ? Au XIXe siècle, les élites qui dirigeaient l’Angleterre victorienne, l’Allemagne de Guillaume II et la France de la IIIe République ne brillaient pas par leur diversité de genre, de classe ou de « race ». Une homogénéité sociale et même physique apparentait les hommes politiques, les hauts fonctionnaires, les officiers, les savants, et l’on pourrait dresser un constat identique pour la « classe de loisir » décrite par le sociologue Thorstein Veblen (1857-1929) dans les Etats-Unis du Gilded Age [la « période dorée », 1870-1900]. 
- 
-Ces notables pouvaient se montrer belliqueux, mais ils concevaient leur magistère comme une œuvre de stabilité. Le virilisme institutionnel qui éclate aujourd’hui aux Etats-Unis se caractérise par son appétit de violence – politique, physique, sexuelle –, la remise en cause de l’Etat de droit étant glorifiée comme une preuve de bravoure. Une tendance lourde ? Au Brésil, la présidence de Dilma Rousseff a été marquée par de violentes attaques sexistes et, en 2018, des tueurs payés par des proches du clan Bolsonaro ont assassiné Marielle Franco, une femme politique noire et lesbienne née dans une favela de Rio de Janeiro. 
- 
-Symboles, slogans et mises en scène 
-Ce qui est aussi sans précédent, dans l’Amérique de Trump, c’est l’hétérogénéité du masculinisme et l’ambition de transformer la masculinité. Un exemple entre cent : l’association, au sommet de l’Etat, entre J. D. Vance et Elon Musk. Le premier, comme il l’a raconté dans son autobiographie Hillbilly élégie (Globe, 2017), a grandi entre le Kentucky et l’Ohio, au sein des classes populaires, dans une famille disloquée de la Rust Belt (« ceinture de la rouille »). Avec sa barbe bien taillée et ses costumes sur mesure, il affiche désormais la respectabilité du vice-président des Etats-Unis. 
- 
-Né en Afrique du Sud au temps de l’apartheid, Elon Musk a fondé plusieurs sociétés à succès, avant de devenir le symbole du capitalisme technologique mondial. Avec ses cheveux en pétard, le disruptif entrepreneur aura la tâche de casser le « deep state » (« l’Etat profond »), là encore par la force, tout en soutenant l’extrême droite européenne. Ces deux piliers de l’administration Trump ont été rejoints par Mark Zuckerberg, qui a fait piteusement allégeance, emmenant tout l’empire Facebook du côté du plus fort. 
- 
-Lire aussi 
-Les « DOGE kids », ces disciples d’Elon Musk mandatés pour « hacker » l’Etat fédéral des Etats-Unis 
-Multimilliardaires au-dessus du commun, entrepreneurs cool, champions de catch, propriétaires terriens, rejetons des classes populaires, foreurs texans, suprémacistes blancs, émeutiers du Capitole, chantres de la « virilité » néonazie : telle est la tribu – bigarrée, transclasse, multiculturelle. Les soldats du Parti républicain et les capitaines d’industrie sont devenus des généraux masculinistes. Fort de symboles, de slogans et de mises en scène, leur combat associe une masculinité de prédation à une masculinité d’ostentation ; mais c’est Trump qui, par sa personne et sa faconde, en fait la synthèse. 
- 
-Cet agenda œuvre non au conservatisme, mais au contraire à la révolution ou, plutôt, à la contre-révolution, revanche dirigée contre les conquêtes féministes des cinquante dernières années. La société du futur doit appartenir aux hommes, acteurs de la politique et de l’économie. Privées de responsabilité sociale, les femmes sont réduites au rôle de gibier sexuel, d’incubateurs à bébés ou de grand-mères paisibles. Pendant la cérémonie d’investiture, le 20 janvier, la First Lady elle-même avait le visage à moitié caché par son couvre-chef, comme pour exprimer son effacement. Quant aux contrevenantes de l’ordre moral, elles sont présentées comme des créatures aigries, écœurantes humainement et corporellement, bientôt vieilles et laides, condamnées à la solitude qu’elles ont méritée par leur refus de la servitude. 
- 
-Lire aussi l’enquête (2024)  
-L’inquiétant regain du masculinisme, cette pensée réactionnaire aux origines millénaires 
-Il revient aux Etats-Unis, creuset des révolutions culturelles au XXe siècle, d’inaugurer la contre-révolution, au point de contact entre le populisme et le genre. Une nouvelle ère s’ouvre, qui associe le virilisme à la réaction, au nationalisme et à la violence. 
- 
-On le voit, il ne s’agit plus simplement de la « domination masculine » qui régnait dans les mouvements et gouvernements du XXe siècle, partis communistes ou sociaux-démocrates, régimes fascistes, juntes latino-américaines, etc. Il s’agit désormais d’une cosmogonie à part entière. Devant un phénomène à la fois profondément archaïque et résolument moderne, des expressions telles que « masculinité toxique » ou « hégémonique » ne suffisent plus. Il faut s’attacher à mesurer le potentiel destructeur de cette vision du monde et inventer des catégories d’analyse pour comprendre comment elle entend réserver le pouvoir aux hommes, aux dépens des femmes enfin domestiquées. 
- 
-Vers de nouvelles alliances 
-Ce masculinisme tentaculaire a-t-il déjà gagné ? On peut faire le pari que sa rhétorique va s’épuiser et que la rivalité annoncée entre Vance et Musk, en prévision de 2028, va hâter l’implosion de la galaxie MAGA. On peut aussi espérer que les jeunes Blancs, Noirs ou Latinos comprendront bientôt le mépris dans lequel les tiennent en réalité les élites au pouvoir. Mais tout cela ne sera pas suffisant pour renverser une logique de long terme. Qui observe les effets du poison doit songer à l’antidote. 
- 
-Avec l’aide de « Brick Man », Hulk Hogan, Enrique Tarrio, J. D. Vance et Elon Musk, Donald Trump a réussi à séduire aussi bien les salariés de la tech que les ouvriers sans diplôme. Chez les jeunes de 18 à 29 ans, on observe un différentiel de 16 points entre hommes et femmes qui ont voté pour Trump, respectivement à 56 % et à 40 %. La moitié des hommes latinos et un quart des hommes noirs se sont également portés sur lui, évolution nette par rapport à l’élection de 2016. Ce plébiscite doit-il être imputé à une « crise de la masculinité », et, si oui, laquelle ? Colère du jeune mâle, vigueur de la manosphère, attentes économiques, revanche de la majorité silencieuse ? 
- 
-Lire aussi 
-Dans le Michigan, l’amnésie collective des électeurs de Donald Trump 
-Il est vrai que les jeunes hommes sont de moins en moins présents à l’université (42 % des étudiants en 2020), pénalisés par leur désintérêt pour les études ainsi que par leur éloignement de la vie intellectuelle ou scientifique. Or, de nombreux hommes se sentent systématiquement montrés du doigt, abandonnés par les politiques publiques et oubliés par les partis progressistes, qui misent depuis longtemps sur les minorités ethniques et sexuelles. 
- 
-En Amérique comme en Europe, la gauche va devoir sortir du coma. Tout en exorcisant ses propres démons machistes, elle devra inventer un langage pour parler aux hommes d’origine populaire, ainsi que des politiques prenant en compte leur avenir, depuis les études supérieures jusqu’aux problèmes de santé, en passant par l’emploi. La nécessaire déconstruction de la masculinité ne signifie pas que l’on doive s’en débarrasser, comme si elle ne véhiculait que préjugés, harcèlement et violence. 
- 
-Lire aussi la chronique 
-« La misogynie triomphante de Trump n’a guère d’effet repoussoir sur les Américaines blanches peu diplômées votant pour lui » 
-Malgré le gender gap [le différentiel de vote selon le genre] révélé par l’élection présidentielle, on ne saurait parler de « guerre des sexes » ; car Trump a aussi recueilli le vote de millions de femmes, une majorité de femmes blanches ayant voté pour lui (jusqu’à 69 % en Géorgie). En France et en Italie, ce sont des dirigeantes qui incarnent le populisme. 
- 
-A l’inverse, des millions d’hommes ne se reconnaissent pas dans le projet de société patriarcal, et ce sont eux qui peuvent rejoindre les collectifs, mobilisations, actions de solidarité que les femmes mènent et mèneront pour sécuriser leurs droits. De nouvelles alliances doivent naître au sein des universités, des entreprises, des Eglises, et dans tous les espaces démocratiques. Ebauche de plan pour résister à la contre-révolution masculiniste qui s’annonce partout dans le monde. 
- 
-Ivan Jablonka est historien et écrivain. 
-Ivan Jablonka (Historien) 
-NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE 
-Les Américains dans les stations de ski françaises : « Pour nous, c’est moins cher de venir ici » 
- 
-Aujourd’hui à 05h00 
-Etats-Unis : le Sénat confirme la nomination de Tulsi Gabbard comme directrice du renseignement national 
- 
-Aujourd’hui à 20h14 
-Meurtre d’Elias : Anne Hidalgo va porter plainte contre une élue Les Républicains mettant en cause la gauche parisienne 
- 
-Aujourd’hui à 19h48 
-Un record d’énergie battu pour un neutrino, observé en Méditerranée 
- 
-Aujourd’hui à 17h00 
-Aux Etats-Unis, la guerre de l’inflation est relancée 
- 
-Aujourd’hui à 20h53 
-L’héritier Hermès, le jardinier et les 12 milliards d’euros disparus 
- 
-Aujourd’hui à 05h00 
-CONTRIBUTIONS 
-Bienvenue dans l’espace des contributions 
-Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. 
-Voir les contributions 
-</ifauth> 
-</hidden> 
  
× iphelper toolbox

you see this when javscript or css is not working correct

Untested
IP Address:
First usable:
Subnet:
Last usable:
CIDR:
Amount of usable:
Network address:
Reverse address:
Broadcast address: