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Un "simulacre d’investigation" : Le CNRS désavoue l’un de ses scientifiques après son passage dans un reportage d’Hugo Clément sur France 5 [ElseNews]

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Un "simulacre d’investigation" : Le CNRS désavoue l’un de ses scientifiques après son passage dans un reportage d’Hugo Clément sur France 5

l'essentiel Erreurs scientifiques, montage malhonnête, ton à charge… Après son passage dans l’émission Sur le front d’Hugo Clément, le scientifique Dirk Schmeller a été désavoué par le directeur de l’Institut écologie et environnement du CNRS Stéphane Blanc dans une lettre adressée à l’association régionale des fédérations pour la pêche et la protection du milieu.

Le reportage diffusé sur France 5 avait suscité une vive polémique dans le milieu de la pêche et de la protection de l’environnement ariégeois. Le 4 novembre dernier, l’émission Sur le front, incarnée par le journaliste spécialisé dans les enjeux environnementaux Hugo Clément et réalisée par la société Winter Productions cofondée par ce dernier, s’intéressait aux espèces invasives qui prolifèrent en France. Parmi les exemples cités, le frelon asiatique, la grenouille
taureau et… la truite arc-en-ciel, pourtant classée comme une espèce exotique mais non invasive.
Dans une séquence de 10 minutes, le journaliste s’intéresse à l’impact de cette espèce, lâchée chaque année par la fédération de pêche départementale, sur certains lacs et étangs comme celui de Lers, s’appuyant sur la parole de Dirk Schmeller, un scientifique se présentant comme chercheur au CNRS. Ce dernier décrit le poisson comme invasif et à l’origine de l’eutrophisation de l’étendue d’eau, caractérisée par un fond vaseux et la présence d’algues. Un passage qui a scandalisé les spécialistes locaux qui pointent d’autres raisons, comme le réchauffement climatique ou la présence de bétail à proximité.
Un “simulacre d’investigation” et “plusieurs erreurs” selon le CNRS
Des inexactitudes qui ont poussé le CNRS, par la voie du directeur de l’institut écologie et environnement Stéphane Blanc et en réponse au président de l’association régionale des fédérations pour la pêche et la protection du milieu d’Occitanie, à désavouer Dirk Schmeller dans une lettre du 27 janvier dernier. “Après avoir visionné ce reportage, je tiens à vous informer que le CNRS ne cautionne en aucune manière ce reportage ni les propos de Monsieur Schmeller, qui sont regrettables, tant sur le fond que sur la forme.”
Le montage du reportage, qui insinue des informations cachées sur l’impact de la truite arc-en-ciel sur les lacs et les étangs ariégeois, fait notamment réagir le représentant du Centre national de la recherche scientifique. “Sur la forme, je partage votre constat [celui du président de l’association régionale des fédérations pour la pêche et la protection du milieu d’Occitanie] concernant le ton à charge du reportage, la scénarisation excessive et le simulacre d’investigation”, écrit Stéphane Blanc.
“Sur le fond, plusieurs erreurs doivent être relevées. Le statut de la truite arc-en-ciel est mal présenté : bien qu’elle soit une espèce exotique, elle n’est pas envahissante. Par ailleurs, son implication dans l’origine de l’eutrophisation de cet étang est injustement incriminée. […] Je regrette que Monsieur Schmeller n’ait pas clairement précisé qu’il intervenait à titre personnel et que ses propos n’engageaient que lui […] Heureusement, ce cas navrant reste isolé, et je m’assurerai qu’il ne se reproduira pas.”
A lire aussi : VRAI OU FAUX. La truite arc-en-ciel est-elle dangereuse pour les lacs d’Ariège comme l’affirme le reportage d’Hugo Clément ?
Une comparaison “scientifiquement incorrecte” ?
Le spécialiste compare ensuite l’étang de Lers, en moyenne altitude (1265m) et très fréquentée par les touristes (une route passe à proximité) avec un étang espagnol du parc national d’Aigüestortes (2250 m). Une erreur là encore selon Stéphane Blanc, au CNRS depuis 2003. “La comparaison entre cet étang soumis à des pressions anthropiques (liées à la présence de l’homme, NDLR) et un lac oligotrophe (pauvre en nutriments minéraux, NDLR) de haute montagne est scientifiquement incorrecte.”
Une “incompréhension” selon la société de production qui affirme que le lac espagnol était plutôt comparé au lac des Bouillouses, “à plus de 2 000 m d’altitude, tout à fait comparable.” Même si une image furtive montre le panneau de signalisation “Lac des Bouillouses” et une séquence d’une dizaine de secondes, filmée au drone, montre les étendues d’eau des Pyrénées-Orientales “remplis d’algues”, l’enchaînement est trompeur.
De plus, les plantes aquatiques visibles à la surface sont référencées et protégées dans le cadre du Site Natura 2000 Capcir, Carlit et Campcardos. “L’Atlas et fiches des habitats et espèces” indique même que la présence de ces espèces, d’une “valeur patrimoniale très haute”, témoigne justement d’une absence d’eutrophisation des eaux.
“Nous sommes extrêmement fiers de ce documentaire”
Des éléments qui ne remettent pas en cause “le travail scientifique rigoureux de Dirk Schmeller”, estime aujourd’hui la société de production, par la voix de sa rédactrice en cheffe adjointe Clara De Beaujon. “Dirk Schmeller, comme tous les chercheurs en France, s’exprime librement et travaille en toute indépendance, sans pression, dans ses activités de recherche. Ses propos sont étayés par des recherches scientifiques sur le terrain”, explique cette dernière. “Nous sommes extrêmement fiers de ce documentaire [qui a réalisé “une excellente audience” selon la boîte de production] et du débat qu’il suscite. […] Ce que nous cherchions à souligner c’est que le relâcher de truites arc-en-ciel est autorisé côté français alors qu’il est interdit côté espagnol, pour protéger la biodiversité.”
De l’autre côté de la frontière, la truite arc-en-ciel a en effet été rajoutée à la liste des espèces exotiques envahissantes en 2016. D’autres impacts peuvent lui être imputables, notamment sur les invertébrés aquatiques, sur les batraciens et les tritons.
https://www.ladepeche.fr/2025/02/01/un-simulacre-dinvestigation-le-cnrs-desavoue-lun-de-ses-scientifiques-apres-son-passage-dans-un-reportage-dhugo-clement-sur-france-5-12483371.php

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