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-====== Le Monde – L’Afrique, refuge des ambitions de l’organisation Etat islamique ====== 
- https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/26/l-afrique-refuge-des-ambitions-de-l-organisation-etat-islamique_6516282_3210.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-<hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> 
-<ifauth @user> 
-Un soldat mozambicain patrouille près de Mocimboa da Praia, une ville reprise aux djihadistes, le 27 septembre 2022. 
-CAMILLE LAFFONT / AFP 
-L’Afrique, refuge des ambitions de l’organisation Etat islamique 
-Par Christophe Châtelot, Noé Hochet-Bodin et Benjamin Roger 
-Par Christophe Châtelot, Noé Hochet-Bodin et Benjamin Roger 
-Par Christophe Châtelot, Noé Hochet-Bodin et Benjamin Roger 
-Article réservé aux abonnés 
-Enquête Après des revers au Moyen-Orient, l’organisation djihadiste a développé ses filiales sur le continent africain. Elle profite des frustrations locales pour recruter, mais se retrouve, comme dans le reste du monde, confrontée à sa grande rivale Al-Qaida. 
-« Nous avions vaincu l’[organisation] Etat islamique [EI] », a insisté Donald Trump, lors du discours prononcé, le 7 janvier, au lendemain de la certification de son élection par le Congrès des Etats-Unis. « Nous n’avions plus de guerre, nous avions vaincu l’[organisation] Etat islamique », a-t-il répété, soulignant l’un des principaux accomplissements de son premier mandat en matière de politique étrangère. « A présent, j’arrive dans un monde qui brûle avec la Russie et l’Ukraine, avec Israël. » Et la résurgence de la menace djihadiste, aurait-il pu ajouter. 
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-L’éventualité d’une recrudescence de l’EI à la faveur de l’effondrement de la dynastie Al-Assad en Syrie, le 8 décembre 2024, inquiète. Aussitôt, l’armée américaine avait mené des dizaines de frappes aériennes destinées à « empêcher le groupe terroriste de mener des actions extérieures » et à « s’assurer que l’EI ne cherche pas à tirer profit de la situation pour se reconstituer dans le centre de la Syrie ». Trois semaines plus tard, la France procédait son tour à des frappes ciblées contre des sites de l’EI sur le sol syrien. 
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-L’attentat, survenu dans la nuit du 31 décembre 2024 au 1er janvier à La Nouvelle-Orleans, en Louisiane, perpétré par un soldat américain se revendiquant de l’EI a rappelé la dangerosité bien réelle de l’organisation djihadiste et de son idéologie, cinq ans après la destruction du « califat », qu’elle avait instauré et tenu, de 2014 à 2019, en Irak et en Syrie. 
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-Si le Proche-Orient concentre les inquiétudes des services de renseignement occidentaux, c’est pourtant en Afrique subsaharienne, loin des projecteurs, que l’EI fait preuve aujourd’hui de la plus forte activité. Près des deux tiers des 1 300 attaques qu’elle a revendiquées dans le monde, en 2024, ont eu lieu sur le continent africain, selon le décompte minutieux effectué par le Washington Institute for Near East Policy. Et leur nombre ne cesse d’augmenter, alors que les violences annuelles à l’échelle mondiale ont considérablement baissé depuis 2020. 
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-« Propagande » 
-C’est désormais en Afrique que l’EI compte le plus de combattants – plus de 10 000, selon diverses estimations – répartis au sein de branches locales dans l’une ou l’autre des cinq « provinces » (wilayas) contrôlées ou revendiquées par l’organisation sur le continent. 
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-La plus importante d’entre elles, la Wilaya Gharb Ifriqiya, abrite l’EI en Afrique de l’Ouest (EIAO), qui sévit dans les pays limitrophes du lac Tchad que sont le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad. L’EI au Sahel est actif au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), la Wilaya Wasat Ifriqiya, est le sanctuaire de l’EI en Afrique centrale. Le Mozambique et la Somalie contiennent, chacun, une wilaya proclamée par l’EI sur leur territoire. 
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-Sources : Acled ; Global Terrorism Database ; ministère de l’Europe et des affaires étrangères ; MarineTraffic ; Global Initiative Against Transnational Organized Crime ; Washington Institute for Near East Policy 
-Infographie Le Monde : Julie Cassotti et Flavie Holzinger 
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-Secondaires au temps de l’apogée du « califat », ces branches africaines ont gagné en importance. « Elles sont primordiales pour l’organisation, en premier lieu pour des raisons de propagande, car elles permettent de montrer au reste du monde que l’organisation Etat islamique n’a pas disparu et qu’elle se maintient », assure Stig Jarle Hansen, chercheur invité à l’université Stanford. « Une résurgence de l’EI au Proche-Orient leur insufflerait une nouvelle dynamique », ajoute ce spécialiste des groupes djihadistes. 
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-Le continent africain constitue d’ores et déjà le principal territoire d’extension du djihad. Le rapport présenté par le bureau de lutte contre le terrorisme des Nations unies au Conseil de sécurité, en août 2024, s’alarmait de ce que « les groupes terroristes [affiliés à l’EI] ont continué à s’étendre dans le Sahel et à infliger de lourdes pertes, compromettant ainsi la stabilité régionale. Si ces groupes étendent leur influence dans les Etats du littoral nord, un vaste territoire s’étendant du Mali au nord du Nigeria pourrait tomber sous leur contrôle effectif ». 
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-Opportunisme 
-Comment évaluer les capacités opérationnelles et de projection de ces wilayas africaines ? Sont-elles des résidus épars du « califat » déchu, profitant localement du vide sécuritaire, ou forment-elles une organisation à part entière, centralisée et structurée ? 
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-La proclamation par Abou Bakr Al-Baghdadi du « califat », à Mossoul (Irak), en juin 2014, suivie de gains territoriaux fulgurants en Irak, puis en Syrie, avait eu un effet de stimulation pour de multiples groupes islamistes armés. Dès l’automne 2014, des groupes djihadistes prêtent allégeance au « calife » et revendiquent des wilayas dans la péninsule égyptienne du Sinaï et sur le littoral oriental libyen. En 2015, des « provinces » arborant la bannière noire de l’EI sont instaurées au Nigeria et dans la région du Sahel. Le scénario est sensiblement le même partout : des groupes islamistes armés, ancrés de longue date dans des zones d’insécurité chronique, se rallient au « califat » surtout par opportunisme. 
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-L’organisation Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) naît, en 2015, à la suite d’une scission d’Al-Mourabitoune, actif dans la région de Gao, au Mali, et dans le nord du Niger. Tandis que le chef d’Al-Mourabitoune, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, souhaite agir sous le label d’Al-Qaida, l’un de ses lieutenants, qui contestait son leadership, Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, annonce son ralliement à l’EI. 
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-A partir de 2018, les attaques meurtrières que mène l’EIGS dans la zone des trois frontières, entre Mali, Niger et Burkina Faso, accroissent l’aura du groupe dans la sphère djihadiste : attaque de la base militaire malienne d’Indelimane, en novembre 2019, puis des bases de l’armée nigérienne à Inates, en décembre 2019, et Chinégodar, en janvier 2020… Plusieurs dizaines de soldats sont tués et des arsenaux pillés. 
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-Des camions incendiés par des membres de l’organisation Etat Islamique en Afrique de l’Ouest, lors d’une attaque à Auno, dans le nord-est du Nigéria, le 10 février 2020.  
-Des camions incendiés par des membres de l’organisation Etat Islamique en Afrique de l’Ouest, lors d’une attaque à Auno, dans le nord-est du Nigéria, le 10 février 2020.  AUDU MARTE / AFP 
-La filiale sahélienne de l’EI est devenue tellement redoutable qu’elle est désignée nouvel objectif prioritaire par Paris, qui envoie des soldats supplémentaires dans la région, pour la combattre. Malgré les coups qui lui sont portés – Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, son émir fondateur, est éliminé lors d’une frappe de l’aviation française, en août 2021 –, le groupe a résisté. Il a fait le dos rond et il s’est réorganisé. Malgré des difficultés financières et la pression croissante de l’armée malienne, il demeure l’une des principales menaces djihadistes au Sahel, mais aussi dans la partie nord de pays longeant le golfe de Guinée, tels le Togo et le Bénin. 
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-« Savoir-faire » 
-En Afrique centrale, les Forces démocratiques alliées (Allied Democratic Forces, ADF), groupe islamiste fondé dans les années 1990 en Ouganda, qui sévit dorénavant dans le nord-est de la RDC, ont prêté allégeance à l’EI en 2017, après avoir subi plusieurs revers. Cette affiliation lui permet de recruter davantage au sein des communautés musulmanes des pays d’Afrique centrale, mais aussi de profiter de l’expérience et des réseaux que lui fournit l’EI. 
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-« Bien que les ADF aient été fortement affectées par les attaques de la “Shujaa” [opération armée conjointe congolo-ougandaise], elles ont trouvé des moyens de compenser leurs capacités réduites en s’appuyant sur la technologie », analysent les experts du comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la RDC, dans leur rapport publié en décembre 2024. « Selon plusieurs sources, ajoutent-ils, Daech [acronyme arabe de l’EI], qui a fourni au moins huit drones aux ADF, les a également aidées à acquérir le savoir-faire nécessaire à la fabrication de bombes transportées par drone. » 
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-Les experts remarquent aussi que « la forte hausse des attaques des ADF depuis juin 2024 s’est accompagnée d’une augmentation proportionnelle des revendications de Daech à travers l’EI en Afrique centrale (…), notamment dans son journal hebdomadaire Al-Naba ». Selon leur décompte, l’EI a revendiqué 90 % des quelque 124 attaques menées de juin à octobre 2024. 
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-Dans le nord du Mozambique, Ansar Al-Sunna (appelé aussi les « Chabab »), un groupe islamiste armé, apparu en 2008, a prêté allégeance à l’EI en 2017 – ralliement officiellement accepté deux ans plus tard par le « calife » Al-Baghdadi, quelques mois avant sa mort. Ce groupe se singularise des autres branches africaines de l’EI en évoluant au cœur des enjeux économiques du pays, quand les autres agissent aux marges. 
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-C’est en effet autour du mégaprojet gazier développé par TotalEnergies sur les côtes mozambicaines que prospèrent ses combattants. En mars 2021, les djihadistes ont lancé une attaque contre la cité portuaire de Palma, située à proximité de l’immense gisement exploité par la major française et qui servait de base arrière à nombre de ses employés. Trois mois plus tard, quand les forces de sécurité mozambicaines ont repris la ville, elles ont trouvé les rues jonchées de cadavres : en tout 1 562 personnes ont été tuées ou sont portées disparues, selon l’enquête menée par le journaliste britannique indépendant Alex Perry. 
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-La reprise des activités de TotalEnergies, annoncée pour le milieu de l’année 2024, a été reportée sine die selon le Financial Times du mercredi 22 janvier, qui a évoqué des raisons liées à l’insécurité régnant dans le nord du Mozambique. « La priorité, s’est contenté de répondre le géant pétrolier, est de rétablir la paix et la sécurité. » En attendant, TotalEnergies fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en danger », à la suite d’une plainte pour ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants. 
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-Pour l’heure, le seul acteur à avoir su tirer profit de cette situation semble être le Rwanda, en premier lieu le président du pays, Paul Kagame, et l’armée. Un millier de soldats rwandais ont été déployés depuis juillet 2021, grâce à un appui financier européen, pour sécuriser la région et les stratégiques installations gazières. Malgré cette pression militaire, l’insurrection djihadiste n’a pas abdiqué et poursuit ses opérations de harcèlement, sans qu’on sache exactement qui dirige le groupe. 
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-Toutes ces allégeances ont eu lieu du vivant d’Abou Bakr Al-Baghdadi, qui s’efforçait d’appliquer aux nouvelles filiales un modèle de franchise. Les groupes dont le ralliement était validé recevaient un « kit » de gouvernance : le commandement du « califat » leur transmettait des outils pour administrer un territoire, récolter le zakat (impôt), mettre en place des tribunaux islamiques et leur donnait des instructions concernant l’effort de propagande. Mais l’implication directe de l’EI dans l’armement et le financement de ses wilayas africaines semble limitée. 
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-Ces liens distendus expliquent en partie pourquoi ces antennes africaines ont résisté à l’effondrement du « califat » en Syrie et en Irak. « Elles ont toujours eu beaucoup d’autonomie par rapport à l’autorité centrale de l’EI », analyse Jason Warner, coauteur, avec Ryan Cummings et Ryan O’Farrell, du livre The Islamic State in Africa : The Emergence, Evolution, and Future of the Next Jihadist Battlefront (« L’Etat islamique en Afrique : l’émergence, l’évolution et l’avenir du prochain front djihadiste », Hurst Publishers, 2021, non traduit). « L’EI les soutenait surtout parce qu’elles généraient de l’attention, [mais] elles ont toujours été des branches plus souveraines qu’affiliées, écrit-il. Ce sont les dynamiques et les environnements locaux qui dictent leurs actions et leurs contours. » 
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-Coordination financière 
-Ces contours ne sont pas figés. Au Nigeria, par exemple, un an après que Boko Haram fut passé sous bannière de l’EI, en 2015, la direction du « califat » a reproché au leader Abubakar Shekau le meurtre de civils musulmans. Il est démis de ses fonctions, provoquant une guerre de factions qui perdure. 
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-En difficulté autour du lac Tchad, face à Jamaat Ahl Al-Sunnah Lil Dawa Wal Jihad (JAS), l’ancienne faction de Boko Haram, l’EI en Afrique de l’Ouest se redéploie vers d’autres régions du nord-est du Nigeria, où il contrôle dorénavant de larges étendues de territoire. 
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-La filiale sahélienne a profité du vide laissé, à partir de 2022, par le départ des militaires français de l’opération « Barkhane », sommés par les militaires putschistes qui ont pris le pouvoir à Bamako, Ouagadougou et Niamey, de quitter le Mali, le Burkina Faso, puis le Niger. Elle livre de violents combats au Groupe de soutien de l’islam et des musulmans, son rival lié à Al-Qaida, et parvient à accroître sa traditionnelle zone d’influence autour de Ménaka, dans l’est du Mali. A l’inverse, au Mozambique, le déploiement du contingent rwandais, depuis l’été 2021, parvient à contenir et à repousser l’offensive des Chabab autour des infrastructures gazières. 
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-La branche somalienne, un « hub financier » 
-Cette galaxie de guérillas islamistes, indépendantes les unes des autres, est cependant traversée de liens et d’interactions complexes. Bien que les échanges de combattants et d’expertise militaire soient minimes, il existe une coordination financière entre ces mouvements. Dans ce domaine, depuis 2023, « l’organisation Etat islamique en Somalie joue le rôle de maillon central », estime Jason Warner. La wilaya somalienne s’inscrit progressivement dans une dynamique internationale et fait office de coordinateur de l’EI en Afrique. Profitant de sa position géographique stratégique, au bord de la mer Rouge, pour attirer des combattants venus du Golfe – en majorité yéménites – et du vide sécuritaire en Somalie, elle a doublé de taille en deux ans. Elle contrôle actuellement un vaste territoire montagneux dans la région du Puntland. 
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-En expansion rapide, et dotée de près de un millier de combattants, elle est désormais considérée comme une menace sérieuse par le Pentagone. En témoigne la tentative d’assassinat de l’émir Abdul Qadir Mumin, en mai 2024, par un drone américain. Ce Somalien, dont on sait peu de chose, constitue une cible de premier choix. « Certaines informations donnent à penser qu’Abdul Qadir Mumin aurait été promu “calife mondial” », écrit un groupe d’experts dans un rapport transmis au Conseil de sécurité, en octobre 2024, tout en précisant n’avoir reçu « aucune preuve de cette affirmation ». 
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-L’EI en Somalie s’appuie notamment sur son unité logistique, Al-Karrar, qui « collecte et distribue des fonds, facilite les déplacements et l’entraînement de combattants étrangers, coordonne les opérations entre groupes affilés (…) à l’appui de l’EI dans le monde », précisent les mêmes experts auprès de l’ONU. 
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-Ses ressources financières, récoltées par le biais de pratiques illicites telles que le kidnapping, l’extorsion ou la contrebande d’armes, s’élèveraient à plus de 4,3 millions de dollars (4,1 millions d’euros), selon les Nations unies. Ces fonds nourrissent ensuite les insurrections au Mozambique et en RDC, via l’Afrique du Sud, qui a été identifiée comme l’une des plaques tournantes des flux financiers de l’EI sur le continent. 
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-D’anciens djihadistes, à la fin d’un programme de réhabilitation de cinq mois, au camp du Hajj, à Maiduguri, au Nigéria, le 30 mai 2023.  
-D’anciens djihadistes, à la fin d’un programme de réhabilitation de cinq mois, au camp du Hajj, à Maiduguri, au Nigéria, le 30 mai 2023.  AUDU MARTE / AFP 
-« Nous possédons les preuves de l’existence de versements d’environ 300 000 euros vers le Kenya et l’Afrique du Sud, qui ont ensuite été redirigés vers les branches au Mozambique, en RDC et aussi en Tanzanie », souligne Caleb Weiss, analyste au sein de la Bridgeway Foundation. « Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, il existe de nombreux canaux de financement », précise-t-il. Le Trésor américain a ainsi placé sous sanctions une petite dizaine de ressortissants sud-africains pour avoir fourni un « soutien technique, financier ou matériel au groupe terroriste ». Fait nouveau, ces flux financiers s’effectuent en partie en cryptomonnaie. Ce qui, au Nigeria, par exemple, peut les rendre extrêmement difficiles à tracer, dans la mesure où ce pays d’Afrique de l’Ouest est devenu le deuxième utilisateur de cryptomonnaie au monde. 
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-Des réseaux de facilitateurs 
-Parallèlement, des réseaux de facilitateurs ont récemment surgi sur le continent. « L’EI marche comme un hub de ressources humaines, rappelle Wassim Nasr, spécialiste des mouvements djihadistes auprès du centre de recherche Soufan. Cela consiste à mettre plusieurs membres en relation : ceux qui peuvent obtenir un passeport ; ceux qui peuvent faciliter l’entrée dans un pays ; celui qui sait fabriquer des explosifs ; celui qui peut fournir des voitures… Ils mettent tout ce monde ensemble et ils passent à l’action. » Une méthode mise en œuvre ailleurs, par exemple en Russie, dans l’organisation de l’attentat perpétré, le 22 mars 2024, par la branche afghane de l’EI au Khorassan, contre le Crocus City Hall, en banlieue de Moscou, tuant 145 personnes. 
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-A l’automne 2024, Le Monde révélait le démantèlement d’un réseau de l’EI en Côte d’Ivoire et à Madagascar, composé de huit individus, syriens et irakiens. Ils formaient un réseau de facilitateurs pour l’obtention de faux papiers ou de titres de voyage pour les membres de l’organisation djihadiste. Leur objectif, d’après une source sécuritaire proche du dossier : relocaliser des « frères » de l’EI dans d’autres zones, en particulier en Europe. 
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-Les branches africaines de l’EI n’ont, pour l’instant, pas mené d’actions hors du continent. En 2018, un ressortissant somalien a été arrêté en Italie, soupçonné de planifier un attentat à la bombe contre la cité du Vatican. L’homme était téléguidé par la wilaya somalienne. En décembre 2024, la justice suédoise a inculpé quatre hommes, dont deux frères récemment convertis à l’islam. L’aîné avait reçu des instructions de l’EI en Somalie pour « tuer autant d’infidèles que possible », selon l’acte d’accusation. Ils avaient été arrêtés par la police suédoise, avant de pouvoir passer à l’action. 
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-Guerre intradjihadiste 
-Pourquoi les branches africaines peinent-elles à mettre en œuvre les préceptes initiaux du groupe Etat islamique, d’une oumma transnationale et transfrontalière ? L’idéologie du « califat » s’est-elle diluée en Afrique ? 
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-Sur le continent, les wilayas se retrouvent dans une situation paradoxale. Elles sont engluées dans des conflits locaux, communautaires, voire claniques, qui constituent en même temps la source de leur légitimité et un réservoir de recrutement. Sur le plan organisationnel, « elles risquent de trop se préoccuper de problématiques locales », explique M. Hansen, de l’université Stanford : « Par exemple, l’Etat islamique dans le Grand Sahara s’implique dans les conflits fonciers entre communautés pastorales à la frontière du Mali et du Niger, au point que des habitants le surnomment l’“Etat islamique du vol de bétail de Ménaka”. » 
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-En 2022, l’EIGS a été accusé d’avoir massacré des centaines de civils, notamment des membres de la tribu touareg des Daoussahak, réputée acquise à des groupes armés pro-Bamako, dans le nord-est du Mali et dans le nord-ouest du Niger. « Après avoir fait régner la terreur, l’EIGS essaie désormais d’apaiser la situation et de normaliser ses relations avec les différentes communautés locales, en permettant de nouveau la tenue de foires hebdomadaires », estime un expert des mouvements djihadistes dans la région. « L’EI au Sahel a continué à s’éloigner de la violence de masse pour adopter une gouvernance plus structurée et un contrôle territorial plus étendu », selon une note de l’observatoire des conflits Acled, parue en septembre 2024. 
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-Le principal frein à l’expansion de l’EI en Afrique demeure la guerre que lui livrent les branches locales d’Al-Qaida. Le Sahel et la Somalie sont les principaux théâtres de ce conflit ouvert entre deux grandes centrales du djihadisme mondial. « Au Sahel, depuis 2019, c’est très sanguinaire, ce sont des batailles rangées qui font des centaines de morts, décrit Wassim Nasr. En Afrique comme ailleurs, il n’y a pas un endroit du globe ou l’EI et Al-Qaida ne s’affrontent pas. » Le Nigeria, où s’opposent les deux groupes issus de Boko Haram depuis 2016, est un autre exemple emblématique. « Selon d’anciens membres des deux factions, l’EIAO et le JAS ont perdu plus de combattants dans ces affrontements depuis 2021 qu’en combattant les armées des Etats du lac Tchad », résume l’International Crisis Group, dans une étude parue en mars 2024. 
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-Focalisés sur l’éventuelle résurgence de l’EI en Syrie, les pays occidentaux ne paraissent pas préoccupés outre mesure par les wilayas africaines. « Du point de vue des Etats-Unis, l’EI n’est un problème que dans la mesure où l’organisation menace la sécurité de l’Afrique, relate Jason Warner. A leurs yeux, sa présence ne constitue pas un enjeu vital, car elle ne met pas en péril les intérêts américains, elle n’en a pas les capacités. C’est tout en bas des priorités. » 
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-Retrouvez l’intégralité de nos dossiers géopolitiques ici. 
-Christophe Châtelot, Noé Hochet-Bodin et Benjamin Roger 
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