Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

--- elsenews:spot-2025:01:les-clefs-de-l-histoire [27/12/2025/H02:56:52]
216.73.216.167 supprimée
+++ — (Version actuelle)
@@ Ligne 1: / Ligne 1: @@
-----
-====== Le Monde – Les Cités de l’histoire, nouvel outil d’influence des entrepreneurs ultraconservateurs ====== https://www.lemonde.fr/culture/article/2025/01/24/les-cites-de-l-histoire-nouvel-outil-d-influence-des-entrepreneurs-ultraconservateurs_6513153_3246.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default
-<hidden Article Complet (utilisateurs connectés)>
-<ifauth @user>
-https://www.lemonde.fr/culture/article/2025/01/24/les-cites-de-l-histoire-nouvel-outil-d-influence-des-entrepreneurs-ultraconservateurs_6513153_3246.html
-CULTURE
-Les Cités de l’histoire, nouvel outil d’influence des entrepreneurs ultraconservateurs
-Ces lieux culturels immersifs, conçus comme des parcs de loisirs, abordent des séquences historiques de manière spectaculaire, au risque d’un discours lacunaire, voire politiquement biaisé.
-Par Roxana Azimi (Rouen, envoyée spéciale)
-Par Roxana Azimi (Rouen, envoyée spéciale)
-Par Roxana Azimi (Rouen, envoyée spéciale)
-Aujourd’hui à 06h00, modifié à 10h01
-Lecture 7 min
-Article réservé aux abonnés
-Offrir
-Le « couloir du temps », frise chronologique et interactive de la Cité de l’histoire, à l’arche de la Défense, à Puteaux (Hauts-de-Seine), en octobre 2023. BENOÎT SANZEY
-Que peut-on faire dire au passé ? Quelle vision de l’avenir défend-on en se saisissant de l’histoire ? La question mérite d’être posée, alors que deux « cités » consacrées à l’histoire de France ont vu le jour à un an d’intervalle. La Cité de l’histoire, installée depuis 2023 sous l’arche de la Défense, à Puteaux (Hauts-de-Seine), et celle des Vikings, ouverte en 2024 à Rouen, et dupliquée depuis peu en Ile-de-France, partagent une même approche ludique et des codes esthétiques empruntés aux parcs de loisirs. Le principe est identique : frapper les sens et l’imaginaire, divertir autant qu’enseigner. Les deux Cités ont un autre point commun : elles sont financées par des entrepreneurs ultraconservateurs, ce qui pourrait laisser craindre une lecture au mieux biaisée, au pire faussée, de l’histoire. Mais le parallèle s’arrête là. La Cité immersive viking s’est appuyée sur des historiens reconnus, évitant les sorties de route, tandis que la Cité de l’histoire offre un récit foncièrement militant.
-Christine de Cintré, élue rouennaise chargée du patrimoine, reconnaît avoir été « attentive » à l’émergence de la Cité immersive viking dans le quartier en plein développement des bords de Seine. « Les gens sont en demande de choses concernant les Vikings, souligne la conseillère municipale. Mais on ne voulait pas de lieu type Puy du Fou, qui raconte les choses à sa manière en mêlant le vrai et le faux. » La ville socialiste était d’autant plus prudente que ce lieu privé est financé par le fonds Otium Capital du milliardaire Pierre-Edouard Stérin, qui veut consacrer sa fortune au projet politique Périclès, acronyme de « patriotes, enracinés, résistants, identitaires, chrétiens, libéraux, européens, souverainistes », visant à installer la droite dure au pouvoir. Révélé par L’Humanité, son programme entend combattre, pêle-mêle, le socialisme, l’immigration, le « wokisme » et la « théorie du genre », que l’homme d’affaires tient pour les « maux principaux de notre pays ».
-En parallèle, le catholique, qui souhaite mener une bataille culturelle contre la gauche, a annoncé son ambition de devenir leader dans le développement d’expositions immersives consacrées à l’histoire et à la foi. « Un investisseur parmi d’autres », relativise son concepteur, Jean Vergès, sans préciser la part de Pierre-Edouard Stérin dans l’investissement de 4 millions d’euros.
-L’entrepreneur, qui envisage, d’ici à 2030, une dizaine de lieux similaires dévolus au champagne, à Jeanne d’Arc ou à l’Europe, dans des villes de taille moyenne, veille à marquer sa différence avec son bienfaiteur : « On est très reconnaissants, mais on a une indépendance éditoriale totale et tous les garde-fous déontologiques. »
-Se sachant d’autant plus attendu au tournant que les mouvements d’extrême droite se sont approprié les symboles associés aux Vikings, Jean Vergès fait valoir « un discours dépassionné, une lecture plurielle, qui se concentre sur les faits ». Et aussi sur les effets qui en mettent plein les yeux : fumée, jeux stroboscopiques, projection vidéo à 360 degrés… Le tout est jalonné de saynètes tournées avec le comédien Philippe Torreton, un enfant du pays, incarnant ici le fougueux Viking Rollon.
-« Un archéologue ne ferait pas ça »
-Pour ce qui est du fond, Jean Vergès s’est appuyé sur un historien, Vincent Samson, auteur d’une thèse sur les pratiques guerrières dans la civilisation scandinave ancienne. « L’idée est de montrer la rapidité avec laquelle les Vikings se sont intégrés après le choc violent des raids, en se fondant dans les cadres de la société carolingienne », explique cet ancien militaire devenu médiéviste. Ce dernier a validé le parcours et supervisé un épais ouvrage publié avec le concours de dix historiens de renom.
-La Cité immersive viking, à Rouen, en juin 2024. DAVID MORGANT
-Qu’en disent les spécialistes ? « On était hypervigilants, car on craint toujours une dérive, fantaisiste ou idéologique avec les Vikings », précise, en préambule, Jean-Marie Levesque, conservateur en chef au Musée de Normandie, à Caen. Mais, « là, il n’y a pas de suspicion », concède-t-il. Tout juste regrette-t-il la présence d’objets vikings achetés en Angleterre et rapportés ici à un contexte qui n’est pas le leur – « un archéologue ne ferait pas ça ».
-Le Monde Ateliers
-Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences
-Découvrir
-Conservateur au Musée des antiquités, à Rouen, Nicolas Hatot n’a pas identifié d’erreur factuelle. Mais il avance ce léger bémol : « Le parcours ne fait pas une différence claire entre Scandinaves et Vikings, les deux termes ne pouvant être utilisés de façon complètement équivalente. »
-Christine de Cintré, élue chargée du patrimoine, est aussi rassurée. « On n’a pas identifié de discours de haine, ou quoi que ce soit laissant entendre un sentiment de supériorité des héritiers du peuple normand », note la conseillère municipale. Les doutes s’envolent d’ailleurs devant les malicieuses pastilles vidéo commandées à la chaîne YouTube « Nota bene », que l’on ne peut guère suspecter de sympathies identitaires. Régulièrement pris pour cible par la fachosphère, son fondateur, Benjamin Brillaud, avait même alerté contre l’instrumentalisation de l’histoire par l’extrême droite au moment des élections législatives anticipées, en juin 2024.
-Lire l’entretien avec Benjamin Brillaud (2020)
-« La figure du Viking est bourrée de clichés »
-Le parti pris de la Cité de l’histoire à la Défense est autrement plus équivoque. Après s’être acquitté d’un ticket à 24 euros, plus cher qu’une entrée au Musée du Louvre, le visiteur se voit proposer deux « attractions » principales. D’un côté, un « couloir du temps », longue frise chronologique et interactive qui, en 400 textes brefs, prétend parcourir l’histoire mondiale depuis l’Empire romain jusqu’à nos jours.
-De l’autre, douze siècles d’histoire de France découpés en 17 scènes, jalonnées de figures en cire rescapées du Musée Grévin et ponctuées de saynètes animées par des comédiens. Le récit est délivré par Franck Ferrand, qui collabore à des médias conservateurs, tels CNews et Valeurs actuelles. Sensible aux idées d’Eric Zemmour, l’historien cathodique est aussi perméable aux thèses conspirationnistes. Ainsi fait-il croire à qui veut l’entendre que le site d’Alésia se trouverait dans le Jura et non au mont Auxois, en Bourgogne, au mépris des documents et des preuves issues des fouilles.
-Lire le portrait (2011)
-Franck Ferrand, l’historien conteur
-Approximations, biais et oublis
-Tout en se gardant de telles élucubrations, la Cité de l’histoire n’évite pas approximations, biais et oublis. « Rien sur les canuts, rien sur la Commune, rien sur le Front populaire, rien sur 1968 », détaille, au Monde, l’historienne de gauche Mathilde Larrère, qui repère dans le parcours un « anticommunisme primaire ». La séquence consacrée à la Révolution française, qui donne lieu à une saynète faussement comique, l’a particulièrement agacée. « La femme d’un menuisier se plaint de la Révolution, qui perturbe ses affaires, un peu comme les commerçants reprochaient aux “gilets jaunes” de troubler le commerce », soupire la dix-neuviémiste. « Un angle décalé », revendique Louis-Xavier Nicolas, chargé de la communication d’Amaclio Productions, contacté par Le Monde, qui assure : « Aucun de nos 300 000 visiteurs, depuis 2023, n’a été choqué. »
-Mannequin en cire de Napoléon Iᵉʳ sur un champ de bataille, à la Cité de l’histoire, à l’arche de la Défense, à Puteaux (Hauts-de-Seine). ELLIPSE
-Dans les notices lapidaires du « couloir du temps », les raccourcis sont encore plus criants. Celle qui est consacrée aux accords d’Evian de 1962 et à l’indépendance de l’Algérie est pour le moins biaisée. Evoquant les attentats du Front de libération nationale (FLN), sans mentionner ceux de l’Organisation armée secrète (OAS), elle signale de prétendus « sabotages de la part des communistes en France ». « C’est délirant, les communistes n’ont commis aucun attentat en France, ils ont, au contraire, été tués lors de la répression au métro Charonne, s’étrangle l’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie, sollicité par Le Monde. Il n’y a aucune profondeur historique dans cette notice : on parle d’affrontements sanglants sans évoquer le fond du problème, la colonisation. »
-La notule consacrée à 2015 évoque les attentats islamistes de novembre, mais ignore ceux de janvier, qui avaient frappé la communauté juive lors de l’attaque de l’Hyper Cacher, et endeuillé la rédaction de Charlie Hebdo, critique féroce de l’islamisme autant que de l’extrême droite. « On s’appuie sur des historiens, et ils ne sont pas toujours d’accord entre eux. Il faut faire des choix », évacue Louis-Xavier Nicolas, récusant toute lecture politiquement marquée.
-Le doute est permis, au vu de l’organigramme d’Amaclio. Jusqu’à il y a peu, la Cité de l’histoire était dirigée par Xavier Fruleux, un ancien de la Ligue du Sud, un parti d’extrême droite fondé par l’ancien maire d’Orange (Vaucluse), Jacques Bompard. Ancien député du Front national, Christian Baeckeroot avait brièvement officié en 2017 en qualité de commissaire aux comptes de la société.
-« Bombardement idéologique »
-Le président d’Amaclio, François Nicolas, lui, se fait plus discret. Dans une interview donnée au Rasso, une association des anciens scouts d’Europe, l’ancien consultant raconte avoir aidé la famille de Villiers à exporter le concept du Puy du Fou. Sa personnalité se dévoile toutefois dans une enquête de L’Humanité, publiée en 2024. Dans ses commentaires sur le réseau en ligne Linked-In, M. Nicolas recommande ainsi la lecture de Du viol des foules à la synarchie ou le complot permanent, de Yann Moncomble (Faits et Documents, 1983), essayiste d’extrême droite, ancien militant d’Ordre nouveau, passé par le Front national. Sous un post du site Famille chrétienne, déplorant la vandalisation d’une sculpture chrétienne, l’entrepreneur assène, sans complexes : « Les laïcards sont des alliés objectifs des islamistes : enlevez Dieu et vous aurez Allah. »
-Lire l’enquête (2024)
-Du Puy du Fou à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, la bataille politique se livre désormais sur le plan esthétique
-L’arrivée sur le terrain de l’histoire d’entrepreneurs réactionnaires n’est pas sans inquiéter les universitaires. « On s’était débarrassés des dioramas et de ce qu’ils prétendaient nous dire sur nos “ancêtres”, et là, on nous donne à voir la même chose en pire », grince Eric de Chassey, directeur de l’Institut national d’histoire de l’art, qui redoute une « accoutumance au bombardement idéologique ».
-Lire la critique (2022) :
-« Le Puy du Faux » : voyage dans un parc sans Lumières
-Coauteur du Puy du Faux. Enquête sur un parc qui déforme l’histoire (Les Arènes, 2022), l’historien Guillaume Lancereau préfère prendre de la hauteur. Les expériences immersives consacrées à l’histoire ne datent pas d’hier – on trouvait déjà des panoramas peints au XIXe siècle. Et l’on ne devient pas royaliste en assistant aux spectacles du Puy du Fou, en Vendée. « Le fait que ce type d’expérience marque la mémoire ne nous dit rien du contenu qui y demeure. On peut se souvenir en toute netteté d’une explosion de navire viking au Puy du Fou sans conserver aucun souvenir du propos historique des spectacles », souligne M. Lancereau, rappelant que les expériences immersives « n’ont ni la valeur d’une leçon ou d’un livre d’histoire, ni d’une réflexion sur le passé ».
-L’universitaire s’interdit aussi les procès en illégitimité : « L’écriture du passé n’appartient à personne. » « On ne peut s’indigner de ce que le Puy du Fou ou la Cité de l’histoire proposent une histoire de droite ; on ne peut s’en indigner qu’au risque de recevoir l’accusation symétrique de partialité, ajoute-t-il. Mais on peut la combattre : cela s’appelle faire de la politique. »
-Roxana Azimi (Rouen, envoyée spéciale)
-NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE
-Le rucking, marcher avec un sac lesté, une pratique à la mode mais risquée
-Aujourd’hui à 06h00
-Bruno Retailleau, un ministre et les « cercles de feu »
-Aujourd’hui à 09h59
-Climat : est-ce que le monde consomme moins d’essence grâce aux voitures électriques ?
-Aujourd’hui à 06h00
-Le repas à 1 euro pour tous les étudiants adopté à l’Assemblée nationale
-Aujourd’hui à 05h00
-République démocratique du Congo : la rébellion du M23 aux portes de Goma
-Aujourd’hui à 05h30
-Budget : vers un rétablissement des comptes moins violent que prévu
-Aujourd’hui à 00h26
-CONTRIBUTIONS
-Bienvenue dans l’espace des contributions
-Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
-Voir les contributions
-</ifauth>
-</hidden>

× iphelper toolbox

you see this when javscript or css is not working correct

Untested

ElseNews

Différences

Input

ElseNews

Outils pour utilisateurs

Outils du site

Différences

Input

Outils de la page