Utilisateur non connecté
elsenews:spot-2025:01:lemonde-telephone-prison [ElseNews]

Outils pour utilisateurs

Outils du site


elsenews:spot-2025:01:lemonde-telephone-prison

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
elsenews:spot-2025:01:lemonde-telephone-prison [26/12/2025/H08:14:07]
216.73.216.167 supprimée
— (Version actuelle)
Ligne 1: Ligne 1:
  
-====== Le Monde – En prison, la bataille perdue contre les téléphones portables : « Ça rentre de partout ! » ====== 
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/27/en-prison-la-bataille-perdue-contre-les-telephones-portables-ca-rentre-de-partout_6517437_3224.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
- 
-<hidden Article Complet (utilisateurs connectés)> 
-<ifauth @user> 
- 
-https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/27/en-prison-la-bataille-perdue-contre-les-telephones-portables-ca-rentre-de-partout_6517437_3224.html 
- 
-SOCIÉTÉ 
-En prison, la bataille perdue contre les téléphones portables : « Ça rentre de partout ! » 
-En dépit d’un plan lancé en 2019 pour équiper toutes les cellules d’un téléphone fixe, les mobiles sont omniprésents en prison, malgré les contrôles et les brouilleurs. Ils permettent à des détenus de poursuivre leurs activités criminelles, en organisant des trafics ou en commanditant des crimes. 
-Par Grégoire Biseau et Thomas Saintourens 
-Par Grégoire Biseau et Thomas Saintourens 
-Par Grégoire Biseau et Thomas Saintourens 
-Aujourd’hui à 04h45, modifié à 18h11 
-Lecture 8 min 
-Article réservé aux abonnés 
-Offrir 
- 
-Centre de Detention de Chateaudun, le 8 janvier 2025. JEAN-FRANCOIS MONIER/AFP 
-Le ronron d’un téléviseur en fond sonore, parfois des chips plein la bouche ou baigné dans des vapeurs de narguilé, le détenu de l’écrou n° 310460 de la prison de la Santé, à Paris, gère ses affaires à distance, nuit et jour, collé à son téléphone portable. « Wallah, moi j’travaille, toi tu dors, ma gueule », lance-t-il un soir à son codétenu. « Allo, wesh tu déranges, toi », dit-il à l’encontre de son « bras droit », qu’il vient de prendre en ligne : « T’es en train de me couper, j’étais en pleine négociation. » 
- 
-Les enquêteurs, qui ont placé sa cellule sur écoute entre le 21 juillet 2022 et le 16 mars 2023, détaillent dans leurs rapports de sonorisation un homme « d’une très grande violence », qui « planifie et conçoit plusieurs projets criminels », toujours par téléphone. « Tu vas voir ma chienneté »  ; « je suis un fou »  ; « je vais t’arracher les jambes », menace à tout-va ce narcotrafiquant, Mohamed Amra, dit « la Mouche ». 
- 
-Le compte rendu des centaines d’appels documente une activité frénétique, rendue possible par les smartphones dont le détenu dispose sans discontinuer (au moins neuf lui ont été saisis en quelques mois, sans compter les cartes SIM), en particulier grâce à des « projeteurs » à son service, qui les lui envoient depuis l’extérieur de la prison. 
- 
-Lire aussi 
-Attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire : le parcours de Mohamed Amra, détenu dangereux passé sous les radars 
-Un soir, il supervise à distance un trafic d’héroïne. Plus tard, une extorsion sur le gérant d’un bar à chichas. Une autre fois, « la Mouche », tel un GPS, pilote l’un de ses affidés, soucieux que la mission se déroule sans accroc – « Ouais frérot, attends, j’vais t’guider parce que y a un barrage ! Y a les gendarmes au rond-point. » Il exigera aussi que l’un de ses hommes de main enclenche le mode vidéo lors d’un « coup de pression » à un concurrent, que « la Mouche » tient à réaliser en personne : « Hey tiens-le en joue, tiens-le en joue, donne-lui le bigo, donne-lui le bigo ! » 
- 
-Depuis sa cellule transformée en quartier général, les enlèvements succèdent à la conquête de points de deal, aux commandes de plusieurs armes automatiques. « Que celles qui sont en rafales ! », ordonne Amra. Quelques mois plus tard, le 14 mai 2024, « la Mouche » s’évade au cours d’une opération commando tuant deux agents pénitentiaires au péage d’Incarville, dans l’Eure. Depuis, il est toujours introuvable. 
- 
-Une économie parallèle 
-Mohamed Amra n’est pas le seul à être ainsi équipé, malgré l’interdiction légale des téléphones en détention. En 2023, 667 portables ont été saisis à la prison de la Santé, et 53 000 à l’échelle nationale. Pour l’année 2024, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a donné le chiffre de 40 000 saisies. 
- 
-Le Monde Ateliers 
-Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences 
-Découvrir 
-Impossible pour autant d’y voir le signe d’un éventuel reflux du trafic. Personne d’ailleurs ne s’aventure à donner une évaluation précise du nombre réel de téléphones qui pourraient circuler entre les murs des 186 établissements pénitentiaires du pays. On est donc obligé de se résoudre à un grossier calcul : « Puisqu’on a 80 000 détenus, et que tous ont au moins un ou deux portables, il n’est pas déraisonnable de penser qu’il y en a au moins 160 000 », réfléchit à haute voix Wilfried Fonck, du syndicat UFAP-UNSA pénitentiaire. Tous les agents reconnaissent en revanche que « ça rentre de partout », et « tout le temps ». Sur le réseau social TikTok, certains prisonniers se transforment même en influenceurs de la taule, postant des vidéos à la vue de tous. 
- 
-Lire aussi 
-Narcotrafic : la proposition de loi au Sénat divise le monde judiciaire 
-Ce phénomène massif ne concerne pas uniquement les gros bonnets de la criminalité organisée et du narcotrafic. Au fil des ans, le portable est devenu une véritable monnaie d’échange. Un smartphone peut s’acheter entre 1 000 et 1 500 euros, selon les modèles, et générer une véritable économie parallèle, au même titre que le cannabis. Toutes les formules existent : il peut être proposé à la revente, à la location longue durée, ou juste mis à disposition pour une seule conversation. « C’est un fléau, car cela génère un véritable trafic, de la violence entre détenus, et donc des risques de corruption des agents », assure Alexandre Bouquet, directeur du centre pénitentiaire d’Avignon-Le Pontet (Vaucluse), et membre du Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP). 
- 
-Le 21 janvier, cinq agents pénitentiaires de la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise), soupçonnés d’avoir fait entrer notamment des téléphones dans des colis alimentaires, ont été placés en garde à vue, dans le cadre d’une enquête pour corruption. En mars 2024, ce sont six surveillants de la prison de Réau (Seine-et-Marne) qui avaient été mis en examen pour « trafic de stupéfiants », « remise illicite d’objets en détention », « blanchiment et corruption » et « association de malfaiteurs ». Ils sont eux aussi soupçonnés d’avoir, contre rémunération, fait passer clandestinement de la résine de cannabis et des téléphones portables. Tout en affirmant que cette corruption est marginale, un syndicaliste de la pénitentiaire reconnaît que « la tentation peut exister, mais surtout chez les jeunes qui sortent de l’école, et qui se rendent compte qu’avec un salaire de 1 400 euros c’est difficile de s’en sortir ». 
- 
-« Un véritable enjeu de sécurité » 
-Pendant de longues années, l’administration pénitentiaire a fermé les yeux sur un trafic qui ne faisait pas de bruit. « A partir du moment où les téléphones sont devenus indétectables et qu’on s’est aperçu qu’ils permettaient aux détenus de continuer à gérer leurs affaires à distance et à commanditer des assassinats, c’est devenu un véritable enjeu de sécurité », confie un magistrat passé par la pénitentiaire. 
- 
-Par ailleurs, « il y a dix ans, la grande priorité c’était la lutte contre le terrorisme et la radicalisation en prison. Le grand banditisme et les stups étaient passés un peu en retrait… », renchérit Alexandre Bouquet. Sans compter que les policiers enquêteurs n’étaient pas mécontents de pouvoir mettre sur écoute les portables de quelques grands voyous emprisonnés, pour remonter les filières de la criminalité organisée. 
- 
-Lire aussi 
-Drogue : la prison sous emprise 
-La première vraie réaction date de 2019. La garde des sceaux de l’époque, Nicole Belloubet, enclenche une véritable politique « téléphone ». D’abord, elle annonce la généralisation de cabines, dont l’usage est limité à certains numéros, à l’intérieur de chaque cellule. En parallèle, elle lance la mise en place du brouillage de certains établissements, en commençant par ceux qui sont les plus éloignés de centres urbains, et de système antidrones, de plus en plus utilisés pour livrer cannabis, portables et petites commissions en tout genre. Sur le papier, tout cela avait une vraie cohérence, mais six ans plus tard force est de constater que le trafic n’a pas reculé. 
- 
-Lire aussi 
-Quand les assassinats liés aux trafics de drogue sont commandités de la prison 
-Certes, aujourd’hui, toutes les cellules sont bien pourvues d’une cabine. A l’époque, le choix avait été fait que l’Etat ne mettrait pas un euro d’argent public dans ces installations ; charge à l’investisseur sélectionné, l’entreprise norvégienne Telio, de rembourser son investissement sur le montant des communications. Résultat : à cause d’un coût jugé par tous les acteurs « beaucoup trop [élevé] » (0,08 euro la minute vers un fixe, et 0,18 euro vers un mobile), ces cabines sont largement délaissées. 
- 
-Quant au brouillage des prisons, il s’est bien développé, mais il ne concerne à ce jour qu’un nombre limité d’établissements. Même si la chancellerie assure que vingt d’entre eux bénéficient aujourd’hui de ces dispositifs et prévoit que, d’ici à la fin 2025, trente-huit en seront équipés, il est difficile de savoir la part de ceux qui fonctionnent efficacement. 
- 
-Vive réaction des détenus contre le brouillage 
-A la maison d’arrêt de Lille-Sequedin (Nord), les syndicats expliquent que le système de brouillage était bien installé depuis deux ans, mais n’avait jamais été branché. Du moins jusqu’en novembre 2024. « La direction avançait toujours une bonne excuse pour retarder. On avait l’impression qu’elle voulait surtout gagner du temps », assure Benoît Normand, du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA. 
- 
-Début novembre, le jour où le brouillage est devenu effectif, les détenus ont refusé de rejoindre leur cellule après leur promenade. Le lendemain, le mouvement s’est propagé. « Il a fallu que la direction procède à des sanctions pour que la situation revienne à la normale, mais, pendant un mois, le climat a été extrêmement tendu », se souvient Benoît Normand. 
- 
-Lire aussi 
-Pourquoi la gauche sénatoriale s’est unie derrière la proposition de loi sur le narcotrafic 
-Ce phénomène se retrouve un peu partout. A Tarascon (Bouches-du-Rhône) et à Draguignan (Var), par exemple, il a même fallu envoyer des renforts pour faire revenir le calme. 
- 
-Aujourd’hui, Benoît Normand se dit dans l’incapacité d’interpréter le retour à la normale : est-ce parce que les détenus ont fini par accepter de se passer de leur téléphone ou parce qu’ils ont réussi à contourner le brouillage ? Il constate juste que les détenus se sont, depuis, procuré des amplificateurs pour booster leurs portables. « Ils nous donnent l’impression d’avoir toujours un coup d’avance », souffle, résigné, le surveillant. 
- 
-A Marseille, aux Baumettes, c’est la même désillusion. « Ils sont beaucoup plus forts que nous en technologie », reconnaît volontiers Catherine Forzi, de FO, qui y est surveillante depuis vingt-deux ans. La prison, située dans le sud de la cité phocéenne, est censée ne pas laisser sortir une seule communication depuis presque un an. 
- 
-Au tout début, c’est le voisinage de l’établissement qui a hurlé contre un dispositif qui empêchait les communications de passer. Un comité d’habitants s’est même constitué, et le brouillage a dû baisser en intensité. « Si bien qu’il est efficace à certains endroits et à d’autres pas du tout », poursuit la syndicaliste. Plus problématique, s’il fonctionne très bien avec SFR, il laisse passer le signal d’Orange. « La conséquence ne s’est pas fait attendre : les détenus ont changé d’opérateur », assure Catherine Forzi. 
- 
-« C’est une course à l’échalote » 
-Pour pallier ces trous dans la raquette, l’administration pénitentiaire dispose depuis peu de 110 brouilleurs mobiles (cinquante autres ont été commandés), qui permettent de mettre sous cloche une partie de la prison ou les quartiers disciplinaires et d’isolement. 
- 
-« Nous, ce qu’on attend, c’est un vrai saut technologique… Mais cela nécessite de l’argent », confie Alexandre Bouquet. Ce qui laisse dubitatifs de nombreux observateurs. « Cette politique coûte très cher et se révèle inefficace », soutient Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, qui prépare justement un avis sur l’usage des téléphones en prison. D’après la chancellerie, le budget consacré aux dispositifs de brouillage et antidrones a été en augmentation de 8 % en 2024, pour atteindre 83,7 millions d’euros. 
- 
-« C’est une course à l’échalote : quand on saisit un portable, on sait que deux heures après le détenu en récupère un autre… On a vraiment l’impression d’avoir perdu la bataille », affirme Wilfried Fonck. Le téléphone en prison peut être un objet tout petit (de 4 cm ou 5 cm), que l’on peut cacher très facilement, y compris dans son anus, et parfois tout en plastique, ce qui lui permet de passer tranquillement les portiques. Même quand un détenu est à l’isolement dans une prison prétendument brouillée, les surveillants affirment qu’il lui est très facile de s’en procurer un. Notamment grâce aux yoyo, ces mécanismes bricolés à partir de ficelles ou de draps, qui permettent de se faire passer, par les fenêtres des cellules, de la marchandise en tout genre. 
- 
-Lire aussi 
-Le fléau de la livraison par drone dans les prisons 
-Si bien que faire entrer un iPhone dans l’enceinte d’une prison est devenu une sorte de concours Lépine, ouvert à tous les esprits ingénieux. Il y a, bien sûr, les classiques projections depuis l’extérieur, avec un matériel de plus en plus sophistiqué. « Au début de ma carrière, ils balançaient des balles de tennis à l’intérieur desquelles on cachait des objets ou du cannabis, aujourd’hui ils peuvent tirer à 250 mètres de distance au mortier », décrit Wilfried Fonck. 
- 
-Toutes les marchandises censées entrer dans une prison, même les plus improbables, sont aujourd’hui susceptibles d’être truffées de téléphones. Le 3 janvier, dans la prison de Fresnes (Val-de-Marne), une enquête a été ouverte après la découverte de 45 iPhone et de 1 kilo de résine de cannabis dissimulés dans des cartons de fromage râpé destinés à la cantine. « La mesure la plus efficace, ce serait de pouvoir multiplier les fouilles des détenus et des visiteurs, confie un magistrat, mais quand on sait que près de 100 000 personnes entrent et sortent chaque jour des prisons françaises, la mission est quasi impossible. » Qui plus est en situation de manque structurel de surveillants et de surpopulation généralisée. Aux Baumettes, les syndicats ont calculé qu’il leur manque une cinquantaine de postes sur un effectif total de 475. Même chose à la maison d’arrêt de Lille-Sequedin. 
- 
-Grégoire Biseau et Thomas Saintourens 
-NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE 
-Rappel massif de produits Coca-Cola en Europe en raison d’une teneur trop élevée en chlorate 
- 
-Aujourd’hui à 17h40 
-Al-Ula, l’aventure des Français dans le Far West de l’Arabie saoudite 
- 
-Aujourd’hui à 05h00 
-Le mystère du meurtre de la cellule 107 : « Vu l’état dans lequel il était, l’agression ne s’est pas faite en cinq minutes » 
- 
-Le 15 janvier 2025 à 06h00 
-En direct, cessez-le-feu à Gaza : huit des 33 otages qui devaient être libérés lors de la première phase de l’accord sont morts, selon le Hamas 
- 
-Aujourd’hui à 15h08 
-Le film « Je suis toujours là », qui retrace l’histoire d’un ex-député tué sous la dictature militaire, déchaîne les passions au Brésil 
- 
-Aujourd’hui à 04h00 
-Gérôme Truc et Fabien Truong, sociologues : « Les quartiers populaires ne sont en rien un contre-monde » 
- 
-Aujourd’hui à 05h45 
-CONTRIBUTIONS 
-Bienvenue dans l’espace des contributions 
-Pour améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation. 
-Voir les contributions 
-</ifauth> 
-</hidden> 
× iphelper toolbox

you see this when javscript or css is not working correct

Untested
IP Address:
First usable:
Subnet:
Last usable:
CIDR:
Amount of usable:
Network address:
Reverse address:
Broadcast address: