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| - | ====== Le Monde – Gérôme Truc et Fabien Truong, sociologues : | ||
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| - | DÉBATS | ||
| - | Gérôme Truc et Fabien Truong, sociologues : | ||
| - | Les deux chercheurs ont suivi durant dix années le quotidien des habitants de Grigny (Essonne), entre violence et solidarité, | ||
| - | Propos recueillis par Nicolas Truong | ||
| - | Propos recueillis par Nicolas Truong | ||
| - | Propos recueillis par Nicolas Truong | ||
| - | Aujourd’hui à 05h45, modifié à 16h19 | ||
| - | Lecture 6 min | ||
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| - | Fabien Truong et Gérôme Truc, à Paris, le 3 décembre 2024. CLAIRE DELFINO | ||
| - | Gérôme Truc est chercheur au CNRS. Il étudie les réactions sociales aux attaques terroristes et a notamment publié Sidérations. Une sociologie des attentats (PUF, 2016). Fabien Truong est enseignant à l’université Paris-VIII et spécialiste des banlieues et de la jeunesse. Il a entre autres écrit Loyautés radicales (La Découverte, | ||
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| - | Pourquoi décrivez-vous Grigny comme une ville « en état d’urgence permanent » ? | ||
| - | Gérôme Truc : Nous sommes arrivés à Grigny pour répondre à l’appel d’un collectif citoyen qui, après les attentats de janvier 2015, | ||
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| - | Lire aussi | ||
| - | Grigny 2 : l’Etat se résout à racheter 1 320 appartements de cette immense copropriété paupérisée | ||
| - | Fabien Truong : Le commissariat n’est, par exemple, ouvert que trois heures le vendredi, et il n’y a qu’un pédiatre pour environ 30 000 habitants. Dans cette commune, il y a toujours une urgence à laquelle il faut parer : ici, un incendie dans une tour [du quartier] Grigny 2, là des frigos vides ou un point de deal générant des tensions. On vit ici comme ailleurs, mais cet état d’urgence permanent fait que les rivalités et les violences, tout comme les solidarités et un certain sens du collectif, sont accentuées. | ||
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| - | Comment les habitants ont-ils réagi aux attentats de janvier 2015, | ||
| - | F. T. : Selon une opinion couramment répandue, les banlieues ne se seraient pas manifestées et n’auraient pas participé à la grande marche du 11 janvier 2015. Pourtant, les bus affrétés par la ville ont fait le plein ce jour-là, et les murs de paroles témoignent de l’émotion ressentie ici aussi, avant même de connaître l’identité des terroristes. | ||
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| - | Lire aussi la tribune de Fabien Truong (2015) : | ||
| - | « Arrêtons de faire des banlieues l’exutoire de nos peurs » | ||
| - | Grigny a été sous le choc, jusqu’à l’incrédulité, | ||
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| - | G. T. : Parmi les quelque 300 mots recueillis par le collectif sur le parvis de la gare RER, il y avait d’abord des messages de paix et d’amour, comme c’est systématiquement le cas après des attentats. Dans une ville qui comporte de nombreux réfugiés et exilés, ils sont parfois reliés à une expérience intime de la guerre. Par exemple : « On est arrivé en France pour vivre “trankillement”. J’aime la France. On a fui notre pays pour la PAIX. Merci ». | ||
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| - | Lire l’analyse : | ||
| - | Les problèmes d’emploi, symptôme persistant de la relégation des banlieues | ||
| - | Il y a aussi de nombreuses expressions d’une « fierté » d’être Grignois, en réponse au discours médiatique qui dépeint la ville comme une « fabrique de terroristes ». Mais, en même temps et à côté, il y a aussi des messages qui dénoncent le manque de travail pour les jeunes, les chefs d’entreprise qui « bloquent les CV », les problèmes de chauffage, les nuisances sonores en été, | ||
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| - | Qu’est-ce qui a le plus changé en dix ans ? | ||
| - | F. T. : La transformation démographique est continuelle à Grigny, invisible si on y passe quelques semaines, spectaculaire sur dix ans. Les flux sont permanents, et c’est ce qui la différencie des villes huppées, où les habitants restent plus longtemps. | ||
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| - | Grigny est un sas : en près de dix ans, la population s’est renouvelée pour plus de la moitié. Loin de l’image d’un ghetto séparatiste et communautariste, | ||
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| - | Lire aussi : | ||
| - | Une fracture sociale persistante en France, selon l’Observatoire des inégalités | ||
| - | C’est aussi une ville hyperconnectée à Paris, avec qui elle échange en permanence, le centre n’existant pas sans la périphérie. La plupart des habitants et habitantes sont des travailleurs essentiels : | ||
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| - | Lire aussi (2024) | ||
| - | Emprise du narcotrafic en France : chronique de quinze années d’un aveuglement collectif | ||
| - | G. T. : La ville s’est aussi modernisée, | ||
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| - | Toutes les transformations que nous avons pu observer en dix ans ne suffisent pas à absorber les besoins sociaux, sans cesse croissants, d’autant que la mobilité résidentielle des personnes en situation de stabilité, voire d’ascension sociale, vide la ville de ressources humaines précieuses. | ||
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| - | La défiance à l’égard des médias de masse, comme certaines chaînes d’information en continu, est particulièrement prégnante. Comment l’expliquez-vous ? | ||
| - | G. T. : Dans les quartiers populaires, il y a aujourd’hui une « conscience dédoublée » de soi, pour parler comme le sociologue états-unien W.E.B. Du Bois (1868-1963). Les habitants se savent regardés, scrutés en permanence, par certains médias qui ne rapportent que les aspects les plus sombres des quartiers populaires : | ||
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| - | Lire aussi | ||
| - | La place croissante de l' | ||
| - | Nous reproduisons dans le livre une carte subjective créée par des enfants grignois : si à l’intérieur de la ville, la peur (les espaces verts qui inquiètent la nuit, tout comme les caves, en raison de la présence des guetteurs et des dealeurs) coexiste avec la joie (incarnée par les parcs et les écoles), à l’extérieur, | ||
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| - | Ce soupçon constant est une condition partagée : | ||
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| - | Il y a tout de même une importante délinquance, | ||
| - | F. T. : Il y a effectivement une multitude de formes de violence entremêlées, | ||
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| - | Lire aussi | ||
| - | « Les quartiers populaires sont une “France profonde” qu’on ne reconnaît pas comme telle » | ||
| - | Ces affrontements conduisent les femmes à être parfois prises dans des injonctions paradoxales : | ||
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| - | En quel sens votre enquête est-elle également un plaidoyer pour les sciences sociales ? | ||
| - | G. T. : Nous avons cherché à éviter à la fois l’écueil de la dénonciation entêtée des « territoires perdus de la République » et la posture naïve du « romantisme de la résistance » et de la « créativité » des banlieues. | ||
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| - | Il y a en banlieue de la violence et de la solidarité, | ||
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| - | « Grands ensemble » : | ||
| - | Cela ne s’invente pas. Gérôme Truc et Fabien Truong, coauteurs de Grands ensemble (La Découverte, | ||
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| - | Invités à analyser un « mur de paroles » où s’inscrivent les réactions des habitants, les sociologues y sont restés dix ans. Dix années d’arpentage, | ||
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| - | Violence : le trafic de drogue, le marchandage de sommeil et le proxénétisme en sont les principales causes. Sans oublier les règlements de compte : Philippe Rio, l’édile communiste originaire du quartier de la Grande-Borne, | ||
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| - | Précarité : | ||
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| - | Solidarité : | ||
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| - | « Grands ensemble. Violence, solidarité et ressentiment dans les quartiers populaires », | ||
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| - | « Grands ensemble. Violence, solidarité et ressentiment dans les quartiers populaires », | ||
| - | Nicolas Truong | ||
| - | NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE | ||
| - | Al-Ula, l’aventure des Français dans le Far West de l’Arabie saoudite | ||
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| - | Aujourd’hui à 05h00 | ||
| - | En direct, cessez-le-feu à Gaza : huit des 33 otages qui devaient être libérés lors de la première phase de l’accord sont morts, selon le Hamas | ||
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| - | Aujourd’hui à 15h08 | ||
| - | En Allemagne, pendant la courte campagne électorale, | ||
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| - | Aujourd’hui à 10h56 | ||
| - | Jean-Marc Morandini se pourvoit en cassation, après sa condamnation en appel pour harcèlement sexuel | ||
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| - | Aujourd’hui à 14h57 | ||
| - | « La Chine sème la confusion dans l’intelligence artificielle » avec la nouvelle application de DeepSeek | ||
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| - | Aujourd’hui à 11h31 | ||
| - | En direct, guerre en Ukraine : l’armée russe progresse dans la région de Kharkiv | ||
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| - | Aujourd’hui à 15h22 | ||
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