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-====== Le Monde – Les cryptomonnaies, un investissement générationnel ======
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-ARGENT & PLACEMENTS
-Les cryptomonnaies, un investissement générationnel
-Près d’un quart des 18 à 27 ans auraient déjà acquis des cryptoactifs, attirés par la spéculation comme par la technologie.
-Par Aurélie Blondel
-Par Aurélie Blondel
-Par Aurélie Blondel
-Le 18 novembre 2024 à 17h00, modifié le 20 novembre 2024 à 09h43
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-« On peut avoir 15 000 euros un jour, 6 000 le lendemain. J’ai appris à ne pas paniquer, à regarder la somme varier. » A 26 ans, Jérôme (qui n’a pas souhaité donner son patronyme) a déjà tiré des leçons de ses aventures cryptoactives. « Les premiers mois, j’achetais et je vendais souvent. Il ne faut pas. Il faut faire des recherches, être convaincu et attendre », estime ce développeur Web, qui s’est surtout renseigné sur X et sur des groupes Telegram, « pendant des heures la nuit, les premiers temps ».
-« J’ai fait mes comptes, j’ai dû mettre 4 000-5 000 euros depuis le début, là j’en suis dans les 8 000. » Pas sur le bitcoin, la plus célèbre des cryptomonnaies, mais sur d’autres « comme ether, solana et Polkadot, Chainlink, Hbar… Je suis plutôt en mode recherche de pépites ». Ce Nordiste avoue avoir aussi « testé pas mal de conneries, même des chats NFT », des images numériques dont l’unicité est garantie par une blockchain, technologie sécurisée de stockage et de transmission d’informations.
-« Je m’y suis intéressé vers 2020 quand j’ai eu mes premiers salaires, je cherchais des investissements. On a l’impression d’avoir une opportunité avec les cryptos : faire “fois dix” ou “fois cent”, à notre âge on se dit que ça pourrait être un sacré gain de temps dans la vie, là où des plus âgés se diront qu’ils ne peuvent pas risquer. C’est sûr qu’avec le Livret A, tes cheveux restent noirs ! Je le fais aussi un peu pour la science, j’explore, je crois en la blockchain, pas que pour les cryptos. »
-Explications :
-Cryptomonnaies : tout ce qu’il faut savoir avant d’y investir... ou pas
-Générationnels, les cryptoactifs ? Les jeunes sont en tout cas surreprésentés dans ce monde et le phénomène s’accentue. Parmi les Français en ayant déjà acquis, 57 % auraient entre 18 et 34 ans, 24 % moins de 25 ans, selon un sondage Ipsos-ADAN-KPMG mené en décembre 2023. Cette part des plus jeunes a doublé en un an malgré les polémiques autour de l’impact environnemental de ces technologies.
-Réseaux sociaux et influenceurs
-« Les nouveaux acquéreurs sont surtout des néomajeurs, note Stanislas Barthelemi, senior manager chez KPMG. Le moteur est clairement générationnel. C’est naturel pour eux d’investir dans cette classe d’actifs numériques, qu’ils se sont appropriée. A l’inverse, le 100 % numérique est une barrière pour les plus âgés. L’acculturation n’est pas passée par les médias classiques mais par les réseaux sociaux et les influenceurs. »
-Lire aussi
-Blockchain, crypto, NFT : le Web3 débarque dans les écoles de commerce
-Owen Simonin, 27 ans, alias Hasheur, est l’un des plus réputés de ces crypto-influenceurs. « Plein d’aspects des cryptos collent avec cette génération, confirme l’entrepreneur aux 700 000 abonnés YouTube, qui vulgarise le sujet à coups de vidéos vitaminées. Les plus jeunes aiment le côté ludique. Ils veulent que ça swingue, pas faire 2 % par an. Et les cryptos, ça bouge ! La plupart les découvrent en spéculant, mais souvent après ils s’intéressent à la technologie, aux projets : ces temps-ci, par exemple, les cryptos liées à l’intelligence artificielle cartonnent. Le sentiment d’être hors système, l’indépendance vis-à-vis des banques et des Etats plaisent aussi. »
-« Notre attrait pour les cryptos est aussi lié à une désacralisation des institutions financières, pense Aubin (prénom modifié), ingénieur de 26 ans qui s’y est intéressé dès 2016. Notre génération post-2008 sait que si tout le monde a besoin de récupérer son argent à la banque en même temps, ce ne sera pas possible. » Autre inquiétude dans les témoignages : la retraite. « On a cette idée qu’on n’en aura pas, alors on gère le sujet », résume Aubin, qui investit aussi « sur le long terme » en actions.
-Entretien
-Argent : « La moitié des 16-24 ans estiment que la façon de placer son épargne peut avoir un impact sur la société »
-Les sondages successifs confirment un engouement. A la question « Avez-vous déjà investi dans les cryptomonnaies ? », près d’un 18-27 ans sur quatre (23 %) répond oui, selon une étude YouGov-Bitpanda réalisée en juillet.
-D’après la dernière enquête sur la culture financière du grand public de la Banque de France (2023), 9 % des 18-35 ans ont investi dans des cryptoactifs dans la dernière année. Chez les moins de 25 ans, seuls 9 % se disent « pas intéressés » et 16 % pensent que c’est l’avenir de l’investissement, pointe encore le dernier baromètre du Crédit coopératif sur le sens de l’argent.
-Clientèle très masculine
-Ces cryptoactifs font désormais partie du décor chez les jeunes, actifs ou non, surtout les hommes : il est courant de se poser la question d’investir, à un moment ou un autre, à force d’en entendre parler dans l’entourage et en ligne. « J’ai regardé, j’ai compris comment ça marche, mais ce n’est pas pour moi », relate Lucas, 23 ans.
-Le Monde Jeux
-Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés.
-Jouer
-Théo, 26 ans, en détient sans en avoir acheté : « Je mets mes économies sur un livret pour mes travaux, mais j’ai des cryptos que j’ai gagnées. Un collègue m’a fait découvrir ça fin 2021, au resto : parfois des créateurs de cryptos pas connues t’en offrent si tu réponds à des quiz. Je les ai converties en bitcoins et en ethereums. On peut aussi en gagner dans des jeux vidéo. »
-Les jeunes ayant sauté le pas sont, comme leurs aînés, surtout des garçons, montrent les sondages et les statistiques des plateformes d’investissement. « Les détenteurs de cryptos viennent souvent de deux mondes où les femmes sont peu présentes, les technos et la finance », rappelle M. Simonin. Chez Bitpanda France, la clientèle est à 80 % masculine et la proportion vaut aussi chez les jeunes, relève Alexis Bouvard, le directeur, qui rapporte par ailleurs « un boom d’inscriptions pendant la crise sanitaire du Covid-19 ».
-Tribune :
-« Placer son argent en Bourse exige du temps, l’effort est moindre quand on veut investir dans les “cryptos” »
-Il distingue deux comportements. Les tradeurs, majoritaires chez les plus jeunes, « misent sur la crypto avec cette croyance qu’ils gagneront beaucoup rapidement, ils cherchent des niches, achètent et vendent souvent », décrit-il. Les holders, à l’inverse, généralement plus âgés, « s’intéressent aux valeurs les plus connues – bitcoin, ethereum, solana… –, se disant qu’à long terme elles ne perdront pas, et modifient peu leur portefeuille ».
-Aubin, qui explique avoir environ un millier d’euros en bitcoins et un peu d’ethereums, se classe « côté holders, ceux qui croient en la crypto et la gardent ». S’il raconte avoir aussi « fait des tests plus aventureux, avec des cryptos pas sérieuses, les shitcoins, c’était sur des petites sommes » qu’il était prêt à perdre. « Il ne faut pas faire l’amalgame entre les deux démarches », insiste-t-il. Si l’envolée des cours de certaines cryptos, liée à l’élection américaine, peut donner envie de vendre, Aubin précise qu’il n’est « pas dans cette optique ». Idem pour Théo. « Là, j’ai environ 220 euros, je ne retire rien avant d’avoir fait “fois deux”, je pense que ça montera dans les années à venir. »
-Lire aussi
-Davantage de rançons, moins d’escroqueries : comment la « cryptocriminalité » a évolué en 2023
-Cet article a été réalisé dans le cadre du baromètre Sens de l’argent autour de la thèmatique « les jeunes et l’argent : mon argent, ma planète, mes valeurs », un événement organisé par Le Monde avec le soutien du Crédit coopératif et l’ESCP, qui aura lieu à partir de 18 h 30, le 19 novembre à l’auditorium du Monde, à Paris (13e). Accès gratuit sur inscription.
-Aurélie Blondel
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