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| - | ====== « Les déchets au pied des HLM constituent une violence à bas bruit » Canettes, encombrants... Pourquoi y a-t-il plus de déchets au pied des HLM ? Il ne s’agit pas d’« incivilités », explique le sociologue Hadrien Malier, mais d’inégalités structurelles et de politiques publiques inadéquates ====== | ||
| - | Hadrien Malier est sociologue et maître de conférences à l’Université de Strasbourg, rattaché au laboratoire Sage (Sociétés, | ||
| - | Dans une enquête, il analyse l’accumulation de déchets (canettes, sacs-poubelles, | ||
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| - | Pourquoi qualifiez-vous cette situation de « souffrance environnementale » ? | ||
| - | Cela peut sembler évident, mais la souffrance associée au fait de vivre entouré de déchets n’est pas toujours reconnue comme telle, notamment par les institutions. L’accumulation de déchets au pied des immeubles a des effets multiples sur la qualité de vie. C’est dégradant et désagréable à vivre. Symboliquement, | ||
| - | Les déchets peuvent aussi rendre les espaces communs impraticables. Des parents m’ont dit surveiller étroitement leurs enfants pour éviter qu’ils ne touchent des objets dangereux. Enfin, il y a un risque sanitaire : les déchets peuvent disséminer des polluants dans le sol, multiplier les « nuisibles » — tels que des rats et certains insectes — ou véhiculer des microbes. C’est une violence lente, pour reprendre une expression du chercheur étasunien Rob Nixon, qui s’exerce à bas bruit sur les corps et les vies des personnes qui subissent cette situation. | ||
| - | Des exemples de campagnes de sensibilisation, | ||
| - | Quels mécanismes structurels expliquent cette accumulation de déchets dans les quartiers populaires ? | ||
| - | Il y a plusieurs causes. D’abord, la densité de population joue un rôle important. Dans les quartiers populaires, les immeubles sont souvent plus hauts et plus peuplés, ce qui augmente la probabilité que des déchets soient emportés, oubliés ou perdus dans les espaces communs. Ensuite, les habitants de ces quartiers ont souvent des loisirs qui se déroulent au domicile ou dans le voisinage immédiat, ce qui augmente la présence humaine et donc les déchets. De plus, leur accès limité à des moyens de transport rend difficile l’évacuation des encombrants vers les déchèteries. Ensuite, il y a aussi des acteurs extérieurs, | ||
| - | Les institutions ne portent-elles pas une part de responsabilité dans cette situation ? Absolument. Les locataires se plaignent régulièrement d’un manque d’entretien ou de ramassages insuffisants. Dans certaines résidences, | ||
| - | Quelles réponses les institutions apportent-elles à ce problème ? | ||
| - | Les institutions, | ||
| - | Vous utilisez l’expression « contrôle social écologisé ». Qu’est-ce que cela signifie ? Le contrôle social est une notion classique en sociologie pour analyser les relations entre les institutions et les classes populaires. Dans le cas présent, les politiques environnementales s’appuient sur la légitimité de l’écologie pour essayer d’imposer des normes et des comportements aux locataires des résidences HLM. Ce contrôle social, exercé au nom de l’écologie, | ||
| - | Ces politiques ont-elles des effets sur les relations entre locataires ? Oui, elles exacerbent les tensions de voisinage. Certains locataires, notamment des retraités blancs, s’appuient sur les discours institutionnels pour se distinguer d’autres fractions du voisinage. Ils reprennent à leur compte les accusations d’incivilité pour cibler plus spécifiquement les jeunes et les familles issues de l’immigration postcoloniale de ne pas savoir gérer leurs déchets, avec des jugements parfois explicitement racistes. Cela nourrit des conflits au sein des résidences, | ||
| - | Comment mieux reconnaitre cette situation comme une injustice environnementale ? Il faudrait aider les locataires à politiser cette question en réalisant et en démontrant qu’ils ne sont pas les premiers responsables, | ||
| - | Voyez-vous des mobilisations ou des initiatives locales qui contestent ces politiques ? | ||
| - | Mon enquête, réalisée au cours de la décennie 2010, n’a pas observé de contestations collectives. Là où j’ai enquêté, les amicales de locataires soutenaient souvent les politiques de responsabilisation, | ||
| - | Quel enseignement plus large tirez-vous de cette étude ? | ||
| - | Elle montre comment les inégalités sociales influencent notre manière de percevoir et de gérer les dégradations environnementales. Les groupes populaires et minorisés subissent non seulement davantage ces dégradations, | ||
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