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-====== Le Monde – Le nouveau cinéma conservateur aux Etats-Unis, avec des films « chrétiens », « inspirants » ou « familiaux » ====== https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/01/10/des-films-chretiens-inspirants-ou-familiaux-a-hollywood-la-nouvelle-vague-du-cinema-conservateur_6490743_4500055.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/01/10/des-films-chretiens-inspirants-ou-familiaux-a-hollywood-la-nouvelle-vague-du-cinema-conservateur_6490743_4500055.html 
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-CHRISTOPHER RAPHAEL/NETFLIX/2024 MM FILM LLC 
-Le nouveau cinéma conservateur aux Etats-Unis, avec des films « chrétiens », « inspirants » ou « familiaux » 
-Par Clémentine Goldszal 
-Par Clémentine Goldszal 
-Par Clémentine Goldszal 
-Aujourd’hui à 06h00, modifié à 20h46 
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-ENQUÊTE Ce sont des films souvent inconnus en France mais qui font des millions d’entrées aux Etats-Unis. Jusqu’ici réalisées en marge du système par des chrétiens prosélytes, ces productions consacrées à des thèmes bibliques ou à la gloire des valeurs conservatrices, sont désormais prises au sérieux par une industrie du cinéma soucieuse de conquérir de nouveaux publics. 
-Lecture 13 min 
-Al’orée de l’hiver, alors que la campagne pour les Oscars bat son plein, soirées de gala et avant-premières se suivent et se ressemblent à Los Angeles. Mais ce 2 décembre 2024 au Tudum Theater, propriété de Netflix, la projection de Marie, de D. J. Caruso, a un petit truc en plus : dans la salle, y assistent quelques bonnes sœurs en tenue. 
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-Le film en costume qui emprunte à la Bible pour imaginer la vie de Marie avant la naissance de Jésus est coproduit par le pasteur et télévangéliste Joel Osteen et par Mary Aloe, qui déclarait, en octobre, au journal chrétien en ligne The Christian Post qu’« en tant que croyante, femme et productrice, l’histoire de Marie est chère à [son] cœur ». Tête d’affiche de ce long-métrage disponible depuis le 6 décembre 2024 sur la plateforme Netflix, Anthony Hopkins joue le roi Hérode, tandis que la Vierge est incarnée par une jeune actrice et mannequin israélienne de 22 ans, Noa Cohen. 
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-Le prosélytisme religieux s’invite ce soir-là au cœur d’Hollywood. Le temple du cinéma n’a plus rien d’un bastion inaccessible pour les créateurs qui mettent en avant leur foi. Visionné plus de 25 millions de fois dans le monde sur ses quatorze premiers jours de diffusion, d’après les chiffres rendus publics par Netflix – loin des plus gros succès de la plateforme, une belle performance malgré tout –, Marie rejoint ainsi le nombre grandissant des films qui mettent en avant des thèmes chrétiens et des valeurs conservatrices. 
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-Ces dernières années, ils prennent d’assaut le box-office américain : Et si le ciel existait ? (2014), La Voix du pardon (2019), Unplanned (2019), Jesus Revolution (2023), Sound of Freedom (2023), Une voix inespérée (2024), The Best Christmas Pageant Ever (2024)… Absents des listes des favoris pour les Oscars ou des sélections des grands festivals de cinéma internationaux, et très peu distribués en salle en France, ces longs-métrages sont produits en général pour moins de 10 millions de dollars (un « petit » budget au regard, par exemple, des 200 millions de budget de Mufasa. Le Roi Lion, des studios Disney). Mais ils rapportent gros. Ils attirent un public longtemps négligé, auquel s’intéresse de plus en plus l’industrie du cinéma en proie, depuis l’épidémie de Covid-19, à une sévère crise structurelle. 
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-Miracle de fréquentation 
-Carrure de bibendum, barbichette blanche et grosses bagues en argent aux doigts, Rich Peluso, 58 ans, est l’un des pionniers de cette vague de fond. Fils de militaire, il a grandi « un peu partout » au gré des affectations de son père, catholique. Sa mère, méthodiste, est membre de l’Eglise du Nazaréen. « Elevé dans l’Eglise », il a « épousé la foi à 12 ans ». Passionné de musique, il commence naturellement sa carrière à Nashville, Tennessee. Dans ce haut lieu de la country et « Mecque de la création artistique chrétienne », il se fait un nom comme producteur de rock chrétien, un genre alors en pleine expansion. 
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-Dans une interview donnée en 2018 au site Internet gospelmusic.org, Rich Peluso identifiait trois moments dans sa vie où Dieu lui est apparu : « Le premier est une situation miraculeuse survenue quand ma fille a frôlé la mort. Elle a été sauvée par ce que certains appelleraient une “extraordinaire coïncidence”, mais je savais que c’était autre chose. Le deuxième (…) a été quand j’ai rejoint l’industrie de la musique chrétienne, (…) et le troisième quand j’ai rejoint Sony Pictures. » C’était en 2007. 
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-Mel Gibson (à droite) sur le tournage de « La Passion du Christ », avec Jim Caviezel. 
-Interloqué par le succès surprise de La Passion du Christ, de Mel Gibson, en 2004, Hollywood s’est mis en quête de projets susceptibles de reproduire ce miracle de fréquentation, donnant naissance à ce que Rich Peluso appelle « la quatrième vague de films chrétiens à Hollywood ». Après la première, dans les années 1920, lorsque des films muets mettent en scène des histoires bibliques, la deuxième, avec les péplums des années 1950, la troisième, « plus subtile », dans les années 1980 (avec Les Chariots de feu par exemple), nous voici dans une nouvelle ère, que nul ne sait vraiment nommer. 
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-Plébiscite public 
-« Basés sur la foi », « chrétiens », « inspirants », « familiaux »… Les longs-métrages et les séries de ces producteurs de plus en plus courtisés prennent aussi bien la forme de films en costumes, ou de films sportifs (tournant souvent autour du base-ball ou du football américain), que de films de Noël, de comédies romantiques, de biopics, de thrillers, de films policiers, de films pour enfants ou de séries d’animation… Ils mettent en scène des personnages croyants qui font face à l’adversité, se battent pour la justice dans un monde corrompu, avec pour armes des pistolets (parfois) et des valeurs chrétiennes et traditionnelles (toujours). 
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-Les personnages de femmes y sont souvent des mères au foyer, les enfants sont baptisés, les couples mariés à l’église, les scènes de sexe et la nudité sont absentes, et l’avortement est proscrit des scénarios ou décrit, comme dans le long-métrage très militant Unplanned, comme le meurtre d’un être vivant, perpétré par des multinationales mues par l’appât du gain. 
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-« Nous faisons des films qui donnent de l’espoir », revendique l’acteur et producteur Kevin Downes, à la tête de Kingdom Story Company. Pour lui et ses deux associés, l’aventure a commencé en 2017 avec La Voix du pardon, « un petit film que nous avions produit et dont le succès a surpris tout le monde ». Ce long-métrage racontait le parcours du leader d’un groupe de musique chrétienne ultra-populaire, Bart Millard, dont le tube a donné son nom au film. Produit pour 7 millions de dollars, il en a rapporté 86 millions. 
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-Depuis Nashville, où il a emménagé il y a un an après une vie professionnelle à Los Angeles, Kevin Downes se réjouit d’avoir réalisé en 2024 sa plus grosse année : « Nous avons sorti quatre films, et tous ont été rentables. » Distribuées par le mastodonte Lionsgate, les œuvres estampillées Kingdom Story donnent aux studios « l’accès à un public qu’ils ne savaient plus atteindre », se vante le producteur âgé de 52 ans, au rire sympathique et à la langue de bois bien rodée. 
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-Lire aussi 
-Comment les chrétiens évangéliques s’organisent pour faire gagner Donald Trump 
-Si la majorité de ces œuvres sont snobées par les critiques, les scores des spectateurs sur Rotten Tomatoes, le site de notation en ligne de référence, excèdent les 90 % d’avis favorables. « Le public a toujours été là, explique-t-il. Il fallait simplement trouver un moyen de parler à ces Américains qui ne se reconnaissaient plus dans les productions hollywoodiennes. » 
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-Travail de terrain 
-Les habitants du Sud, traditionnellement plus conservateurs, ceux des flyover States (littéralement les « Etats survolés en avion », pour relier la côte Est à la Californie), mais aussi les croyants de Los Angeles ou de New York… Voilà le public que ciblent Kingdom Story et ses semblables. Pour « aller les chercher », il a fallu réinventer la manière dont les films sont fabriqués, promus, marketés et distribués. Pour cela, tout le monde s’en remet au modèle érigé dans l’adversité par Mel Gibson, que tous appellent « Mel », au début des années 2000. 
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-Régulièrement brocardé par les tabloïds pour ses problèmes d’alcoolisme, l’acteur et réalisateur traverse alors une mauvaise passe. Pour 30 millions de dollars, il réalise un film d’époque en araméen. La Passion du Christ raconte par le menu la violence de la crucifixion de Jésus. Accusé de soutenir la thèse du peuple déicide qui attribue à l’ensemble du peuple juif la responsabilité de la mort de Jésus, il vaudra à Mel Gibson des accusations d’antisémitisme. Mais avec ses 610 millions de dollars de recettes, il est depuis devenu le film indépendant le plus rentable de l’histoire. 
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-« Ce que Mel a fait ne tient pas du miracle, sourit Rich Peluso. Il a passé l’année qui a précédé la sortie en salle sur les routes des Etats-Unis, pour montrer son film à des milliers de personnes. » Dans des églises, des salles des fêtes, des maisons particulières, des groupes de prière… Dans le Kansas, au Texas, dans l’Alabama, l’Idaho et le Wisconsin… Mel Gibson projette son film à qui veut le voir, recueille les avis des spectateurs, promet de faire des changements avant la sortie sur grand écran. « Les a-t-il finalement intégrés ou pas ? Ça n’a pas d’importance. Il était là. C’était ça, sa méthode. Il a créé un modèle que beaucoup d’entre nous ont suivi. » 
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-En phase d’intégration 
-Né en 1968 au Japon dans une famille de missionnaires chrétiens, Mark Joseph s’est établi à Los Angeles à 18 ans pour étudier le cinéma, mais lui aussi vient de la musique. Il est revenu au 7e art en 2000, quand l’industrie du disque perdait de la vitesse, et a produit de grands succès, à commencer par le premier volet de la saga Le Monde de Narnia. Sorti en 2005, ce film, adapté des livres de l’Anglais C. S. Lewis, est considéré par certains comme le parfait exemple d’un long-métrage grand public porteur de valeurs traditionnelles, qui pourrait, anticipait Mark Joseph, séduire ces « 95 % d’Américains qui ne vont pas au cinéma toutes les semaines ». 
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-Le film « Marie », déjà visionné plus de vingt-cinq millions de fois dans le monde en deux semaines. CHRISTOPHER RAPHAEL/NETFLIX/2024 MM FILM LLC 
-A la même période, il produit la bande originale de La Passion du Christ, et se souvient du « choc » qu’a représenté ce succès. « Ça a donné à tout le monde une petite idée de ce qu’il était possible de faire si on allait vraiment chercher les gens avec un bon film. Les studios ont essayé de reproduire la recette, mais on ne peut pas singer la formule magique. » Même s’ils sont pour la plupart aujourd’hui parfaitement intégrés au circuit hollywoodien, qu’ils sont soutenus par des accords de production ou de distribution avec les gros studios et les plateformes de streaming les plus puissantes (Netflix et Amazon en tête), les producteurs de films chrétiens et conservateurs revendiquent tous un accès privilégié au « terrain », un lien authentique avec ces « vraies gens », méprisées d’Hollywood. 
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-Rich Peluso, qui se considère « apolitique », relie le phénomène de La Passion du Christ à l’élection de Donald Trump qui, selon lui, n’a surpris que les élites progressistes déconnectées : « Hollywood n’a pas saisi qui étaient ces gens qui avaient acheté tous ces tickets pour le film de Mel. C’est pareil avec Trump : tout le monde se réveille un matin sans comprendre. Parfois, il faut un événement pour faire éclater la bulle et permettre que l’on voie soudain le monde autour de soi. » 
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-Foi ordinaire 
-Même s’il travaille à Los Angeles depuis des décennies, Mark Joseph a préféré lui aussi s’installer dans un lieu excentré, à l’extrême sud-est de l’agglomération californienne. Son bureau, situé dans un vaste centre commercial en extérieur de la petite ville de Commerce, à près d’une heure en voiture de West Hollywood, est décoré avec des éléments récupérés sur le tournage de Reagan, son dernier film, qui a engrangé près de 30 millions de dollars de recettes pour 25 millions de budget. 
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-Dennis Quaid incarne l’ancien président américain, dans le biopic « Reagan », sorti en salle en août 2024 aux Etats-Unis. NOAH "NANEA" HAMILTON 
-Pour discuter, le producteur, qui a travaillé presque quinze ans sur ce projet, reçoit dans une pièce qui ressemble fort au bureau Ovale de la Maison Blanche. Il s’offusque qu’on considère son biopic comme une hagiographie. Le film est pourtant pour le moins complaisant avec celui que beaucoup considèrent comme l’un des pires présidents américains du XXe siècle, interprété ici par Dennis Quaid. 
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-Loin des divisions de la politique intérieure, le film Reagan se concentre sur les relations des Etats-Unis avec l’Union soviétique durant son mandat. Avec, bien sûr, une touche religieuse. « Quand j’ai compris que Reagan fréquentait, petit, une église où le pasteur invitait des dissidents soviétiques à parler aux fidèles de ce qu’ils avaient vécu en URSS, tout s’est éclairé », explique Mark Joseph. 
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-Dennis Quaid incarne l’ancien président américain, dans le biopic « Reagan », sorti en salle en août 2024 aux Etats-Unis. ROB BATZDORFF 
-Selon lui, le regain des valeurs religieuses au cinéma n’est que le retour de balancier des efforts manifestes des studios, depuis les années 1960, pour effacer cette composante de la vie de leurs personnages – au risque de perdre de vue la réalité de l’existence des Américains moyens. « Dans beaucoup de films des années 1940 et 1950, la religion faisait partie de l’histoire, note-t-il. Les personnages allaient à l’église, à la messe, faisaient baptiser leurs enfants » 
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-Donner de l’espoir 
-Critique pour le magazine en ligne Deadline, qui chronique l’actualité de l’industrie du cinéma, Pete Hammond abonde dans ce sens, et trouve important d’écrire sur ces films que beaucoup de ses collègues préfèrent snober, au risque de se couper du public. 
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-Lire aussi 
-A Hollywood, une diversité en net recul : « Aujourd’hui, tout le monde est formé à détecter les stéréotypes racistes, mais les reconnaître, ce n’est pas les combattre ! » 
-« Ces dernières décennies, tout est devenu politique, même Dieu et la religion, soutient-il. Mais jusque dans les années 1990, ces films étaient juste ce qu’on appelait des “films familiaux”. Les studios n’en font plus beaucoup aujourd’hui, et la bonne idée de tous ces producteurs indépendants, c’est de les avoir marketés différemment, avec cet argument religieux qui attire un public qui n’allait plus au cinéma. Quand on y réfléchit, la recette n’est pas très différente de La vie est belle et de beaucoup de films de Frank Capra : tous donnent de l’espoir et sont infusés de valeurs positives, de résilience, de pardon, peuplés de héros ordinaires. » 
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-Grand classique hollywoodien, La vie est belle, sorti fin 1946 aux Etats-Unis, est justement le film préféré de Jordan Harmon. Très grand, yeux bleus perçants et sourire rare, ce trentenaire au visage poupin cache sous ses allures de gendre idéal un féroce sens du business et une vision du monde très marquée par les préceptes de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (plus connue sous le nom d’Eglise mormone), à laquelle il appartient. 
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-De passage à Los Angeles, il accepte de nous rencontrer un matin tôt, avant un autre rendez-vous et un vol qui le ramènera à Provo, dans l’Utah, où il vit et travaille. Avec ses trois frères, Daniel, Neal et Jeffrey, il a créé en 2014 Angel Studios, une entreprise de 250 employés à la fois start-up de la tech et mini-studio de cinéma et de séries. Angel Studios a pris d’assaut le 7e art à l’été 2023, avec Sound of Freedom, du Mexicain Alejandro Monteverde. 
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-Ce film d’action, inspiré de l’histoire vraie d’un Américain engagé dans la traque d’un réseau de pédocriminels dans la jungle colombienne, a failli détrôner le dernier volet de la saga Indiana Jones en tête du box-office. Le héros est incarné à l’écran par l’acteur américain Jim Caviezel, qui jouait – ça n’est pas un hasard – le Christ dans l’épopée de Mel Gibson. Sound of Freedom, dont les bénéfices se chiffrent aujourd’hui à 180 millions de dollars, et qui a été projeté au Capitole et à Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride, a même eu l’honneur d’une sortie française, grâce au distributeur de films chrétiens Saje. 
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-La bataille des valeurs 
-Rien, pas même la controverse survenue en septembre 2023 à la suite des accusations de harcèlement sexuel à l’encontre de l’homme qui servit d’inspiration au personnage principal, ou les théories du complot dérivées de l’œuvre et relayées sur Internet par des influenceurs affiliés à QAnon, n’a enrayé la machine imaginée par les frères Harmon pour convaincre le public de se déplacer en salle. « En préachetant votre place aujourd’hui, vous enverrez le message que les enfants de Dieu ne sont plus à vendre », assurait l’acteur principal dans la bande-annonce. 
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-Experts de la communication sur Internet, les frères Harmon sont des publicitaires roués. « Quand j’ai eu mon premier enfant [il en a aujourd’hui six], j’ai réalisé à quel point le monde du divertissement était éloigné de nos valeurs. Je ne parle même pas de mes valeurs religieuses mais des valeurs humanistes, du fait d’être une bonne personne. » Un monde « bon », pour Jordan Harmon, où « le bien est le bien, et le mal est le mal », ne peut advenir que si des récits l’encouragent. 
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-L’affiche de « Jesus Revolution », sur un prédicateur des années 1970, sorti en salle en 2023 aux Etats-Unis. JESUS REVOLUTION 
-« La culture deviendra le monde ! Alors voulons-nous vraiment une culture qui ressemble à Game of Thrones ? Non ! » Pour expliquer le chemin emprunté ces dernières décennies par Hollywood, Jordan Harmon désigne l’influence de ceux qu’il appelle obstinément les « gardiens du temple ». Ce ne sont pas les scénaristes, les réalisateurs, ni même les agents d’Hollywood, mais « un petit groupe de gens qui ont leurs propres idées et entendent faire prendre au monde du divertissement la direction qu’ils veulent ». 
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-Pour exemple, il cite l’omniprésence des jurons sur les écrans aujourd’hui et la polémique nationale qu’avait suscitée, à sa sortie en 1939, Autant en emporte le vent, pas tant pour sa vision raciste de l’Amérique que pour le langage subversif employé par le personnage incarné par Clark Gable, qui giflait symboliquement Scarlett O’Hara d’un « Frankly, my dear, I don’t give a damn ! » (« Honnêtement, ma chère, je m’en fous »). « Trente ans plus tard, cette expression est entrée dans le langage courant ! Idem pour le f-word [le “mot en ‘f’”, pour fuck] », s’offusque-t-il. 
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-Vox populi, vox dei 
-Convaincu que « 95 % du monde » pense comme lui et mène une existence guidée par les préceptes de la foi (quelle qu’elle soit), l’entrepreneur a mis au point un outil numérique qui permet de promouvoir, financer et diffuser ses productions. L’application Angel fonctionne donc à la fois comme une sorte de Netflix conservateur, un outil de crowdfunding par lequel les adhérents peuvent contribuer à des projets auxquels ils croient, et un petit institut de sondage, qui encourage les membres de ce club payant à noter et commenter des ébauches de films, aiguillant ainsi les dirigeants dans le choix de ceux qui verront finalement le jour. 
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-« Sound of Freedom », du Mexicain Alejandro Monteverde, reprenant des thèses complotistes. ANGEL STUDIOS 
-Renversant le circuit classique, plutôt vertical, de fabrication du cinéma, ces producteurs revendiquent une approche « grassroots », qui part du terrain pour identifier la demande d’une « clientèle », puis créer une offre conforme à ses attentes. « On ne fait pas des films pour nous, mais pour le public. Si les spectateurs ne sont pas contents, on ajuste, et si le public est heureux, on l’est aussi », prêche également Kevin Downes par Zoom depuis le Tennessee. 
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-Basé sur une sorte de vox populi diffuse, le modèle adopté et promu par ces producteurs d’un genre nouveau court-circuite les règles fondamentales du cinéma mondial : festivals, remises de prix, campagnes d’affichage et de promotion dans les grands médias deviennent accessoires. « L’Américain moyen ne va pas voir un film pour son réalisateur, il veut juste voir un bon film. Allez dans un parc de maisons mobiles dans le Kansas et demandez aux gens s’ils connaissent le dernier gagnant de la Palme d’or ! », raille Mark Joseph. 
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-Un peu plus près des étoiles 
-Pour promouvoir Reagan, lui-même et son interprète principal ont privilégié les apparitions dans les podcasts très populaires de la frange la plus conservatrice de la droite américaine (« The Joe Rogan Experience », « The Megyn Kelly Show », « The Jordan B. Peterson Podcast »…), tout en acceptant l’invitation d’un talk-show très regardé de la chaîne ABC. Appâtés par la popularité de leurs films, de plus en plus d’acteurs et d’actrices connus rejoignent eux aussi les rangs des fidèles. 
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-Dans le sillage de Dennis Quaid, Sam Worthington ou Jim Caviezel, pionniers du genre, plusieurs stars ont été vues dans des productions « faith-based » – Jennifer Garner dans Miracles from Heaven (2016), Hilary Swank dans Ordinary Angels (2024), Tom Hanks dans Greyhound (2020), un film de guerre perfusé de prières. 
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-Hilary Swank dans « Ordinary Angels », un film produit en 2024 par la Kingdom Story Company. LIONSGATE 
-« Ils apparaissent dans nos films sans que cela génère de mauvaise presse, et les succès, quand ils arrivent, sont tels qu’ils gagnent aussi beaucoup d’argent grâce aux bonus et à l’intéressement. Depuis quelques années, nous sommes de mieux en mieux vus par les agents et les manageurs des grandes stars », se réjouit Rich Peluso. « Au final, Hollywood est là pour faire de l’argent », conclut le journaliste Pete Hammond. Ici comme ailleurs, la politique s’arrête où commence le profit. 
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-Clémentine Goldszal 
-NOS LECTEURS ONT LU ENSUITE 
-Le risque d’une semaine « de » quatre jours qui devient une semaine « en » quatre jours 
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-Aujourd’hui à 16h00 
-Les fortes pluies ont provoqué des inondations dans l’ouest de la France, où plusieurs rivières sont sorties de leur lit 
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-Aujourd’hui à 19h07 
-Le calvaire de Wang Xing, un acteur enlevé en Thaïlande pour travailler dans un centre d’arnaque en ligne, choque la Chine 
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-Aujourd’hui à 17h34 
-L’ombre de Rachida Dati apparaît au détour du dossier des barbouzeries autour du PSG 
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-Aujourd’hui à 17h53 
-Donald Trump définitivement condamné dans l’affaire Stormy Daniels, mais sans peine retenue 
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-Aujourd’hui à 19h16 
-Les dernières informations sur les incendies à Los Angeles : cinq foyers toujours pas maîtrisés, un couvre-feu nocturne décrété 
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-Aujourd’hui à 18h28 
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