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« Un investissement pour le futur » : la Suisse, premier pays européen à se doter d'un cloud souverain
La Confédération disposera bientôt de son propre cloud pour gérer les données de son administration fédérale. Un pas de plus vers la souveraineté numérique, qui doit aussi permettre de faire des économies.

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Hormis la principauté de Monaco, la Suisse est le premier pays européen à se doter d'un cloud souverain étatique.
Hormis la principauté de Monaco, la Suisse est le premier pays européen à se doter d'un cloud souverain étatique. (Syspeo/SIPA)
Par Charles Plantade

Publié le 4 janv. 2025 à 13:28Mis à jour le 4 janv. 2025 à 14:06
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Après le compte, le cloud en Suisse. Début décembre, la chambre haute du Parlement helvétique a entériné à l'unanimité la création d'un cloud souverain. Mis en place progressivement dès cette année et accessible à partir de 2026, ce « Swiss Governement Cloud » (SGC) hébergera numériquement l'administration fédérale.

Premier pays d'Europe - hormis la principauté de Monaco - à franchir le cap du cloud souverain étatique , la Suisse a choisi de développer son propre écosystème numérique pour « répondre aux exigences et aux besoins de l'administration fédérale ». En cause, la transformation numérique galopante, qui « requiert des infrastructures informatiques qui répondent à des exigences accrues en matière de performance, de fiabilité et de sécurité ».

Se passer d'Outlook
Grâce au SGC, les données numériques suisses seront « immunisées aux règles extraterritoriales », applaudit Philippe Latombe, député MoDem de Vendée et spécialiste des questions numériques. Selon cet ancien de la CNIL, le gendarme français des datas, il s'agit d'une évolution naturelle pour les Helvètes, pour qui le secret bancaire et le chiffrement des informations sont fondamentaux.

C'est également une manière de s'affranchir de la « forte dépense technologique aux acteurs américains » , insiste-t-il, notamment en se passant de Microsoft 365 et d'Outlook pour les mails dans les plus hautes instances de l'Etat fédéral.

Cette infrastructure hybride multicloud, dont le coût de développement est chiffré à 320 millions de francs suisses (soit 431 millions d'euros), reposera sur trois piliers : un cloud public, un cloud public sur site et un cloud privé sur site, qui hébergeront les données des administrations selon leur degré de confidentialité. À terme, la Suisse prévoit d'économiser annuellement quelque 24 millions de francs suisses grâce au SWG.

Ouvert aux cantons et aux villes
« S'ils sont intéressés, les cantons, les villes et les communes pourront eux aussi bénéficier, à prix coûtant, de l'offre. En revanche, aucun service ne sera fourni au secteur privé au moyen du SGC », précise l'Office fédéral de l'informatique et de la télécommunication (OFIT), chargé de la mise en place du projet.

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L'objectif est de permettre aux autorités fédérales de combiner des services de cloud interne et externe de plusieurs fournisseurs, avec une préférence donnée aux logiciels en open source et aux entreprises locales. Pour autant, les grandes multinationales du cloud peuvent aussi espérer décrocher une part du gâteau . Selon les estimations de la Confédération, le cloud public (donc avec des serveurs et des logiciels potentiellement étrangers) représentera in fine 68 % des services du SWG.

« La protection des données est centrale. C'est un investissement pour le futur, qui augmente la souveraineté », s'est enorgueillie la conseillère fédérale aux finances (équivalent d'un poste ministériel) et actuelle présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter.

Contrats avec les géants du cloud
En 2021, la Confédération avait pourtant choisi cinq géants du numérique pour se fournir en services de cloud externes : quatre Américains (Amazon, IBM, Microsoft et Oracle) et le Chinois Alibaba. Un contrat de 110 millions de francs suisses avec des prestataires étrangers alors vivement critiqué par la presse et l'opinion publique.

L'Etat fédéral avait aussitôt tenté d'éteindre l'incendie, assurant que « les applications et les données nécessitant un niveau de protection élevé continueront d'être gérées au moyen d'infrastructures et de plateformes exploitées par la Confédération dans des centres de calcul suisses appartenant à l'administration fédérale ».

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TRIBUNE - Le cloud souverain, c'est maintenant

Bleu, S3NS, OVHCloud… La bataille du cloud souverain fait rage en France

La création du Swiss Government Cloud, considérée pourtant « non nécessaire » par le Conseil fédéral en 2020, vient donc rebattre les cartes. Certes, la taille et le principe de confidentialité de la Suisse ont été de sérieux atouts dans la création d'un cloud souverain étatique. Mais pour Philippe Latombe, l'exemple de la Confédération doit surtout montrer à la France et à l'Europe qu' un tel objectif est bien atteignable . Dans l'Hexagone, les divers projets de cloud souverain mis en place n'ont jamais réellement percé.

Charles Plantade

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