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elsenews:spot-2024:s24:depression [25/12/2025/H17:56:52] 216.73.216.167 supprimée |
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| ====== "Les jeunes sont en première ligne" : les psy du Cantal à l'écoute des 18-24 ans, plus exposés à la dépression ====== | |
| Grande cause nationale, la santé mentale s’invite sur la table. Déstigmatisation, prise en charge, publics exposés aux pathologies… Le Cantal bénéficie d’un maillage insuffisant même si les actions en faveur de la santé mentale sont portées sur le terrain par de nombreuses associations. Le chef du service psychiatrie au centre hospitalier d’Aurillac, le docteur Bruno Malafosse, dresse l’état des lieux. | |
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| « Depuis 2020, nous constatons une progression de demandes de consultation et les hospitalisations ont augmenté pour syndrome dépressif, chez les 18-24 ans. En 2017, nous comptions 11,7 % de jeunes dépressifs, en 2023, ils étaient 20,8 % », indique le Dr Bruno Malafosse, chef du service psychiatrie depuis 2018. « Les filles représentent 80 % des prises en charge pour ce syndrome, contre 20 % de garçons. » D’une façon générale, la crise sanitaire a fragilisé les populations vulnérables : jeunes, familles monoparentales, personnes isolées… | |
| Les jeunes en première ligne | |
| Ce constat macroscopique, l’équipe du Lien de l’Union départementale des associations familiales (Udaf) le fait aussi. « Les jeunes sont en première ligne des préoccupations de nos appelants sur le département, analyse Marie-Line Chiva, psychologue. Ce sont parfois les parents qui appellent pour leurs ados mais c’est une problématique réelle. » Et Jérôme Gattier, éducateur spécialisé de l’équipe, d’ajouter : | |
| C’est quelque chose qu’on n’avait pas anticipé : nous ne pensions rencontrer que des adultes | |
| Si ce dispositif a vu le jour, c’est justement pour pallier les manques du territoire en matière de prise en charge. « Nous n’avons pas vocation à dépasser six mois d’entretiens, nous ne sommes pas dans un cadre thérapeutique, poursuit la psychologue. Nous passons le relais, pour éviter la rupture de soins ou, parfois, en deux ou trois séances, la personne peut être réarmée. » | |
| "Où tu étais ?" : La psychiatre Marie-France Hirigoyen décrypte l'emprise psychologique, aussi violente qu'insidieuse | |
| Un levier important dans un contexte particulier : Michel Barnier, Premier ministre, a fait de la santé mentale la grande cause nationale de 2025. Il a annoncé un appel à projets doté de dix millions d’euros dans le cadre de France 2030. « Cela va servir à déstigmatiser les pathologies mentales, sensibiliser l’opinion publique et les décideurs, mais aussi inciter à consulter », projette le Dr Bruno Malafosse. | |
| Plus d'internes depuis trois ans | |
| Seulement voilà, le terrain manque de psychiatres. « Il y en a de moins en moins. D’ailleurs, nous n’avons plus d’internes depuis trois ans, souffle le médecin. En France, on compte 22,4 psychiatres, en moyenne, pour 100.000 habitants. Dans le Cantal, on a sept psychiatres pour 100.000 habitants, soit trois fois moins… » D’autant que leur présence est concentrée sur l’hôpital. Les médecins étrangers répondent à un manque. « Diplômés et reconnus, ils ont de bonnes connaissances théoriques, mais ils rencontrent des difficultés culturelles évidentes. » « Les besoins augmentent car de plus en plus de pathologies psychiatriques sont diagnostiquées », indique le médecin. Parmi elles, les troubles de l’humeur sont les plus fréquemment rencontrées : dépression et bipolarité, les troubles de la personnalité, personnalité dyssociale, émotionnellement labile–impulsive. | |
| De plus en plus de syndromes dépressifs | |
| Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (2020), le syndrome dépressif se situe au 2e rang des maladies les plus sévères en termes de coût et de handicap, et c’est la 1ere cause des invalidités dans le monde. « Les services de psychiatrie sont mis à rude épreuve. »La prise en charge en cabinet est possible auprès de psychologues libéraux, mais parfois onéreuse. Autrement, les CMP proposent des consultations gratuites, moyennant des délais parfois longs. À Aurillac, il faut attendre cinq mois pour pouvoir consulter un psychiatre, trois mois pour un psychologue (deux équivalents temps plein au centre médico-psychologique). Le service de psychiatrie du centre hospitalier compte huit psychologues. « J’aimerais en avoir deux de plus pour baisser le temps d’attente. » L’une des solutions, pour Bruno Malafosse, réside dans l’extra hospitalisation. | |
| Mon idée, c’est d’arriver à traiter les gens avant hospitalisation. Cela permettrait de réduire le temps d’hospitalisation, et leur nombre. Pour cela, il faut du monde sur le terrain. Il faut mettre des humains en face des humains | |
| « En psychiatrie, à l’hôpital, le taux d’occupation se situe entre 32 et 85 %. Les secteurs 1 et 2 comptent 48 lits répartis entre les deux services libres, quinze lits au sein du service sous contrainte, et trente en géronto-psychiatrie. En plus, deux hôpitaux de jours accueillent 35 personnes par jour, le Centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), dix, et les CMP assurent la prise en charge sur les secteurs d’Aurillac, Mauriac et Maurs. Le sport adapté, l’ergothérapie et la relaxation complètent la prise en charge. À Saint-Flour, une unité d’hospitalisation libre et sous contrainte compte 12 lits, et une unité d’hospitalisation partielle, 15. Enfin, sur le secteur infanto-juvénile, trois CMP, un hôpital de semaine et trois hôpitaux de jour assurent la prise en charge. « Pour être hospitalisé, la porte d’entrée peut être les urgences. Le patient se présente avec un membre de sa famille, et une évaluation somatique est menée. À la suite de quoi le psychiatre d’astreinte se déplace, et à l’issue de son entretien, soit le trouble est mineur et le patient reçoit un traitement léger, soit le traitement est orienté vers le CMP, soit il est hospitalisé au service de psychiatrie. » Un patient peut aussi être hospitalisé à partir des trois CMP, où il est pris en charge. | |
| Anna Modolo | |
| https://www.lamontagne.fr/aurillac-15000/actualites/les-jeunes-sont-en-premiere-ligne-les-psy-du-cantal-a-l-ecoute-des-18-24-ans-plus-exposes-a-la-depression_14585289/ | |