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-====== A l’Ecole polytechnique, du flou et des doutes autour du remboursement de la « pantoufle » ====== https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/12/10/a-l-ecole-polytechnique-du-flou-et-des-doutes-autour-du-remboursement-de-la-pantoufle_6439196_4401467.html 
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-A l’Ecole polytechnique, du flou et des doutes autour du remboursement de la « pantoufle » 
-Après la réforme de 2015, une première promotion de polytechniciens est appelée à rembourser la rémunération perçue pendant leur scolarité s’ils n’ont pas suffisamment travaillé pour l’Etat. 
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-Par Margherita Nasi 
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-Publié aujourd’hui à 05h00, modifié à 15h25  
-Temps deLecture 8 min. 
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-FRED PÉAULT 
-Oscar (dont le prénom a été modifié à sa demande) s’est toujours senti « redevable ». Fils d’agriculteur, ce brillant élève, incarne la méritocratie à la française. A la sortie du lycée, en 2013, il décroche une bourse pour financer ses études en classe préparatoire mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur. Il intègre ensuite la prestigieuse Ecole polytechnique, où il est rémunéré à hauteur de 900 euros mensuels : les polytechniciens, sous statut militaire pendant toute leur scolarité, touchent une solde spéciale de 512 euros brut, à laquelle s’ajoute une indemnité de 443 euros brut. 
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-Pendant ses études, cette somme permet à Oscar de payer son loyer, ses dépenses courantes et de se constituer une petite épargne : « J’avais largement de quoi subvenir à mes besoins et, surtout, jamais je ne me suis senti ostracisé à l’école, alors que je ne suis pas issu du même milieu social que la plupart de mes camarades. La solde met tout le monde sur un pied d’égalité. » Aujourd’hui, le jeune homme de 29 ans se dit « fier de pouvoir rendre une partie de ce qui [lui] a été donné ». 
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-Car Oscar est un « X2015 ». Il a intégré l’Ecole polytechnique cette année-là, au moment de la réforme du régime de la « pantoufle » : désormais, les élèves n’ayant pas intégré un grand corps de l’Etat – comme le corps des ingénieurs des Mines, celui des Ponts ou encore de l’armement – sont tenus d’accomplir un an de service public dans les cinq ans qui suivent la sortie de l’Ecole, à savoir 2024 pour la première promotion concernée (la scolarité complète dure quatre ans), et dix ans de service dans les vingt ans qui suivent cette sortie. Le cas échéant, ils devront rembourser la pantoufle : environ 34 000 euros. Une première : aucun polytechnicien n’était tenu de s’acquitter de cette somme jusqu’à présent. Hormis ceux, très peu nombreux, choisissant de devenir fonctionnaires mais ne le restant pas dix ans. 
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-Le recouvrement de la pantoufle devrait concerner près de la moitié de chaque promotion, pour des ressources escomptées supérieures à 6 millions d’euros par an, détaille Laure Fau, secrétaire générale de l’Ecole polytechnique : « La somme sera attribuée au développement de l’enseignement et de la recherche, ainsi qu’à l’immobilier de l’école. » La première année, néanmoins, le montant pourrait être moins important, précise-t-elle : « Nous ignorons si la réforme a modifié le comportement des élèves, en les incitant à effectuer une année de service public dans les cinq années suivant leur diplomation pour ne pas avoir à rembourser. Il est possible que nous ayons à gérer des situations litigieuses, avec des points qui restent à éclaircir. » 
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-Lire aussi le décryptage (2019) | Article réservé à nos abonnés ENA, ENS, Polytechnique… faut-il encore payer les élèves ? 
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-En 2020 déjà, la Cour des comptes s’inquiétait des difficultés d’application de la réforme, en raison de « nombreuses zones d’ombre » : « Les anciens élèves qui ne sont pas admis dans les corps de l’Etat sont tenus au remboursement, sauf s’ils accomplissent leurs obligations de service public auprès d’une entité (…) auprès de laquelle un fonctionnaire peut être détaché. Or, la liste de ces entités est large et l’application du décret à des non-fonctionnaires pourrait s’avérer juridiquement complexe », lit-on dans le rapport de la juridiction financière. 
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-Des carrières majoritairement dans le privé 
-Pour gérer le recouvrement de la pantoufle, l’Ecole a créé un service mixte associant la direction des affaires financières et l’agence comptable. « La direction des affaires juridiques va trancher sur les situations individuelles, tandis que le service mixte s’occupe des modalités pratiques du recouvrement. Nous avons d’ores et déjà renforcé nos équipes, mais peut-être devrons-nous encore les augmenter selon la complexité des situations à gérer », relate Laure Fau. Pour reconstituer la trajectoire de ses diplômés, l’Ecole a développé la plateforme Xtrajectoire. Les X2015 ont jusqu’à la fin du mois de janvier 2025 pour y déposer les documents attestant de leur parcours professionnel. 
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-Fin novembre, plus d’un quart de la promotion avait déjà complété son dossier, dont Oscar, qui travaille aujourd’hui pour Enedis, une filiale d’EDF. Pourtant, l’ingénieur ignore encore s’il devra s’acquitter de la pantoufle : « Je ne crois pas, EDF est détenue par l’Etat. Mais est-ce que j’en suis convaincu parce que j’accomplis un service public, ou parce que ça m’arrange ? La réforme n’est pas claire, on ne sait pas vraiment qui va devoir rembourser, et qui sera exonéré. Je préfère anticiper, donc je mets de côté. » 
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-Comme Oscar, tous les polytechniciens contactés saluent une réforme qui, pour reprendre ses mots, « casse l’image élitiste des polytechniciens, accusés de prendre l’argent et de le garder pour eux ». Ils sont nombreux pourtant à dénoncer l’opacité du système de recouvrement, qui découragerait par ailleurs les polytechniciens à innover ou embrasser des carrières alternatives. Certains remettent même en question le bien-fondé de la rémunération perçue lors de leurs études, alors que les polytechniciens optent majoritairement pour des carrières dans le privé. Selon les chiffres communiqués par l’école, 57 % des X2017 ont rejoint le monde de l’entreprise, 27 % ont opté pour un doctorat, et seuls 16 % ont rejoint le secteur public. 
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-Dans son rapport de 2020, la Cour des comptes préconisait un réexamen du mode actuel de rémunération des élèves : « Dans la plupart des écoles de formation de la fonction publique, comme l’Ecole nationale d’administration [ENA, devenue Institut national du service public], l’Ecole nationale de la magistrature, les écoles militaires d’élèves officiers de carrière, l’essentiel des élèves, sauf exception, sont recrutés au sein de l’administration à l’issue de leur scolarité. Tel n’est pas le cas à l’Ecole polytechnique. (…) Le bien-fondé des rémunérations perçues par les élèves au cours de leur scolarité, qui s’apparentent à un prêt étudiant à taux zéro, paraît dans ce contexte discutable », conclut la juridiction financière. 
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-Lire aussi l’enquête (2023) | Article réservé à nos abonnés A Polytechnique, aux Mines de Paris ou à AgroParisTech, les liaisons dangereuses avec les grandes entreprises dénoncées par des étudiants militants 
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-« La question de la rémunération des polytechniciens renvoie au statut des écoles du pouvoir en France. Historiquement, les institutions les plus prestigieuses, celles qui accueillent les caciques du système scolaire, à savoir l’X, les Ecoles normales supérieures et l’ENA, conduisent aux services de l’Etat », analyse François-Xavier Dudouet, sociologue et directeur de recherche au CNRS. Mais aujourd’hui, poursuit-il, l’Etat recrute de moins en moins dans ces viviers et, à l’inverse, les diplômés de ces grandes écoles préfèrent faire carrière dans les grandes entreprises : « Les polytechniciens et l’Etat ne regardent plus dans la même direction, le divorce est prononcé. Pourquoi donc continuer à payer des gens qui ne vont ensuite pas servir l’Etat ? » 
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-Un « système aberrant » 
-Sous le couvert de l’anonymat, Romain, 26 ans, raconte avoir sollicité à plusieurs reprises l’Ecole polytechnique pour savoir s’il sera soumis au remboursement de la pantoufle. L’ingénieur effectue une thèse Cifre – un dispositif permettant aux entreprises de recruter un doctorant – sur la décarbonation de l’industrie. « La réponse fut, en substance, que cela sera jugé au moment de rembourser. Je risque de me retrouver un jour avec le couteau sous la gorge », s’inquiète le jeune homme. 
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-S’il trouve la réforme « légitime », tout comme la rémunération perçue pendant ses années de scolarité à l’X – « la solde, c’est ce qui fait que je m’investis en France et pas à l’étranger. Elle induit une dette financière et morale envers son pays » – Sylvain Delgendre, X2019, s’inquiète du sort des polytechniciens qui, comme lui, ont choisi la voie de l’entrepreneuriat. Pour clore son parcours à l’école, l’homme de 24 ans a effectué son année de spécialisation à HEC Paris, où les frais de scolarité annuels s’élèvent à 20 000 euros. Il a ensuite monté une start-up avec un camarade ayant suivi le même cursus. « On s’est endettés pour HEC et dans quelques années, on va devoir rembourser 34 000 euros chacun pour la pantoufle. On ne pourra pas les débloquer de notre boîte, il faudra les sortir de notre poche », résume l’ingénieur. 
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-Ainsi, poursuit-il, « les encouragements récurrents de l’école à entreprendre trouvent un écho auprès des étudiants issus des catégories les plus aisées ». Interrogée sur le sujet, Laure Fau rappelle que « lorsque l’innovation aboutit à un succès, les élèves ont la possibilité financière de rembourser la pantoufle ». Elle précise également qu’un échelonnement du remboursement sera possible, en cas de difficultés financières. 
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-Grégoire Roussel, X2015, trouve les règles de la réforme « un peu aveugles ». L’ingénieur de 28 ans a rejoint Wandercraft, une entreprise qui commercialise des robots exosquelettes permettant à des personnes paraplégiques de marcher : « A la sortie de l’école, j’ai regardé les offres dans la fonction publique. En tant qu’ingénieur logiciel, je n’ai rien trouvé de satisfaisant. Je travaille pour l’inclusion des personnes handicapées, je n’ai pas non plus l’impression de gaspiller l’argent de l’Etat. » Il évoque également le cas d’un camarade « bifurqueur », qui a rejoint une association œuvrant pour la remise en valeur du patrimoine agricole : « Tous ceux qui sont sortis des trajectoires standards, acceptant de revoir à la baisse leur rémunération, auront clairement du mal à mettre de côté 30 000 euros. » Le jeune homme se dit néanmoins d’accord avec « le principe du remboursement », et ne remet pas en question le régime des polytechniciens, qui mériterait même, selon lui, d’être élargi à l’ensemble de la population étudiante, sous forme d’un prêt à taux zéro. 
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-Lire aussi l’enquête (2023) | Article réservé à nos abonnés A Polytechnique, des étudiants étrangers dénoncent leur mal-être et des stéréotypes racistes 
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-Sous le couvert de l’anonymat, Antoine, X2013, juge à l’inverse hypocrite ce système de rémunération : « On perçoit une solde en tant qu’élève militaire, mais, exception faite du stage militaire qui a lieu lors des premiers mois de scolarité, les étudiants sont complètement civils dans leurs activités. » Il dénonce un « système aberrant, qui habitue à avoir des privilèges » et crée beaucoup de tensions au sein de l’école, « notamment avec les étudiants étrangers, qui partagent la vie de leurs camarades, mais ne sont pas payés ». Il cite également les nouvelles formations récemment déployées par l’X, des bachelors aux masters, « avec des gens qui se retrouvent parfois à suivre les mêmes cours, sauf qu’ils paient 16 000 euros l’année, là où l’ingénieur polytechnicien non seulement ne paie rien, mais est payé ». 
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-Pas de remise en question 
-Pour Julie Gervais, maîtresse de conférences en science politique à l’université Paris-I, la rémunération des polytechniciens relève d’un « double contresens historique ». Cette spécialiste de la haute fonction publique et autrice de L’Impératif managérial (Presses universitaires du Septentrion, 2019) explique : « A l’origine, la scolarité est rémunérée car l’X forme des ingénieurs destinés à l’armée et l’administration. Il s’agit de rendre la fonction publique attrayante, auprès de personnes issues de tous les milieux sociaux. Or, tout au long du XXe et du XXIe siècles, l’école n’a cessé de s’autonomiser de l’Etat et des grands corps. Quant au recrutement à l’X, il est inégalitaire. Très masculin, et concentré sur les classes sociales les plus aisées. Est-il normal que l’Etat investisse le plus pour ceux qui en ont le moins besoin ? » 
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-Lire aussi la synthèse (2022) | Article réservé à nos abonnés Cinquante ans après son ouverture aux femmes, Polytechnique reste un bastion masculin 
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-Face à ces critiques, l’école insiste sur les politiques menées pour promouvoir l’égalité des chances. « Nous faisons de la sensibilisation et du tutorat en classes prépa et en lycée, notamment dans les lycées de province, détaille Laure Fau. Après, il faut réussir le concours. » Et l’Ecole polytechnique n’envisage pas de remettre en question la rémunération, poursuit Mme Fau : « La rémunération est liée au statut militaire des élèves, et l’école y est très attachée. Par ailleurs, elle permet aux étudiants de s’investir pleinement dans leurs études, et est très appréciable en termes d’égalité des chances. » 
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-Historien, spécialiste de l’histoire des élites sociales, Christophe Charle insiste sur le poids de la tradition dans cette école fondée en 1794, et militarisée en 1804 par Napoléon Ier : « Tous les projets qui ont tenté de redonner un statut civil à l’école ont échoué. La tutelle du ministère des armées fait partie du standing de l’X. Sans elle, l’école perdrait de son aura. » Pour le sociologue Adrien Delespierre, la réforme de la pantoufle reste purement symbolique tant qu’elle ne s’inscrit pas dans une réflexion plus générale sur l’enseignement supérieur : « On n’interroge pas le fait de continuer à fournir autant d’argent aux grandes écoles, alors que les universités, là où se produit majoritairement la recherche, sont délaissées par les pouvoirs publics. Combien de temps va perdurer ce système à deux vitesses ? » Une question qui résonne avec l’actualité autour du vote du budget 2025, où le projet de loi de finances du gouvernement de l’ancien premier ministre Michel Barnier envisageait une nouvelle ponction sur les budgets, déjà contraints, des universités. 
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-Margherita Nasi 
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