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-====== Le Monde – Notre-Dame de Paris, une réouverture « quoi qu’il en coûte » ====== https://www.lemonde.fr/incendie-de-notre-dame/article/2024/12/01/notre-dame-de-paris-une-reouverture-quoi-qu-il-en-coute_6423932_5450561.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-https://www.lemonde.fr/incendie-de-notre-dame/article/2024/12/01/notre-dame-de-paris-une-reouverture-quoi-qu-il-en-coute_6423932_5450561.html 
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-TITWANE 
-Notre-Dame de Paris, une réouverture « quoi qu’il en coûte » 
-Par Laurent Carpentier 
-Par Laurent Carpentier 
-Par Laurent Carpentier 
-Aujourd’hui à 18h00, modifié à 20h43 
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-RÉCIT « Le roman de Notre-Dame » (1/5). En partie détruit par le feu le 15 avril 2019, le monument devait, selon le vœu du président à l’époque, être reconstruit dans les cinq ans. Alors que la cathédrale doit rouvrir le 7 décembre, « Le Monde » revient, dans une série d’articles, sur les cinq années qui ont rendu cette gageure possible. 
-Lecture 15 min 
-Acette hauteur, le monde est paisible. L’air y est pur. Les cumulonimbus, s’éloignant vers Montmartre, dévoilent le bleu du ciel. Une mouette crie, remontant la Seine. Suivant le pas rapide de Philippe Jost, l’homme qui pilote l’établissement public Rebâtir Notre-Dame, on a franchi les échafaudages qui enserrent la cathédrale, traversé les combles, parcouru l’impressionnante charpente entièrement reconstruite, pour finalement gravir l’étroit colimaçon qui mène au sein même de la flèche. Là, de notre vigie solitaire, le regard embrasse la valeur du travail accompli. A nos pieds, Paris s’étend, bruyant et familier. 
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-« Ce n’est pas la plus grande des cathédrales de France, mais historiquement elle a joué un rôle majeur dans la manière de les construire, dans leur taille. On a créé à Notre-Dame des techniques, des systèmes, qui seront ensuite utilisés partout. Elle est un témoignage unique du moment de transformation des charpentes », raconte Philippe Jost, balayant du bras l’étendue du toit : 1 000 rectangles de plomb au-dessus de la nef, 50 kilos chacun, 1 000 autres pour le chœur, et pour les soutenir cette incroyable « forêt », comme on appelle ici la charpente. « C’est stable, c’est ventilé, ça vieillit admirablement. Elle a tenu huit cents ans. Si on a reconstruit à l’identique, c’est parce que c’était la solution d’une pérennité à long terme. L’ingéniosité de ces bâtisseurs était extraordinaire. » 
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-Le polytechnicien, ancien directeur général adjoint de l’armement, cherche dans son téléphone. « Ah, voilà. » 15 avril 2019. A l’époque, comme des milliers de Parisiens, lorsqu’il apprend que la cathédrale brûle, le tout jeune retraité se jette dans le métro et accourt sur les quais voir l’inimaginable. Sur l’écran, il montre les flammes dansant à travers la rosace du pignon nord. « Je pensais que c’était perdu, que tout brûlait à l’intérieur de Notre-Dame, se souvient-il. Mais, en réalité, ces rosaces sont au-dessus de la voûte. Et celle-ci, hormis à la croisée du transept et en quelques endroits, a tenu. Malgré les flammes, malgré la chaleur, la plus grande partie de ce qui était dans la cathédrale a été préservée. L’ultime bataille s’est jouée dans le beffroi nord : si les cloches s’étaient décrochées, alors, oui, ça aurait pu très mal finir. Comme vous le savez, le pire a été évité. » 
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-Lire aussi 
-Philippe Jost, bras droit du général Georgelin, prend la tête du chantier de Notre-Dame de Paris 
-Chacun se souvient de l’endroit où il se trouvait ce jour-là et de la nuit qui a enveloppé Paris. Lorsque, le lendemain, le président de la République annoncera : « Nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d’ici cinq années », personne n’y croira. Pas même Claudia Ferrazzi, sa conseillère culture à l’époque, qu’il a chargée de produire, au pied levé et au doigt mouillé, une estimation de durée pour un chantier « à distance d’homme » – comprendre : chacun doit pouvoir imaginer qu’il reverra de son vivant la cathédrale debout. La conseillère sort les dossiers de restauration en cours, des devis, des barèmes, mètre carré multiplié par complexité, elle appelle trois architectes, prend conseil. Cinq ans après, nous voici devisant depuis une ouverture dans la flèche retrouvée en contemplant Paris. 
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-Rendez-vous avec l’histoire 
-« Cela n’arrive jamais qu’on ait ainsi une date de fin pour un chantier comme celui-ci », remarque, amusé et satisfait, Laurent Prades, le régisseur général de la cathédrale, le plus ancien de la maison, gardien de sa mémoire et de ses clés. A l’Elysée, un conseiller s’enthousiasme : « C’est la méthode Macron : il peut passer pour un fou, brutal, autoritaire, on peut se dire qu’il est dingue avec ses cinq ans, n’empêche qu’il donne un cap. Ce 16 avril 2019, alors qu’on croit que tout a brûlé, que les gens se disent : “Je ne la reverrai jamais, ce Paris que j’ai connu n’est plus”, le président saisit ce moment-là, et face à un pays qui aime se morfondre, oblige à relever la tête. » 
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-Bernard Blistène sourit : « La cathédrale, c’est comme si on touchait à la maman. Ne s’appelle-t-elle pas Notre-Dame ? », remarque l’historien d’art, citant Lacan et sa parabole du matelassier : « On a tous besoin de points de capiton… Sans repères, l’homme est face au désenchantement du monde. Le pari de Macron, c’était de mobiliser les énergies. » Le président a chargé l’ancien directeur du Centre Pompidou de présider le jury qui doit retenir un projet de vitrail pour marquer la cathédrale d’une empreinte contemporaine. 
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-Lire aussi 
-« Le conflit sur les vitraux de Notre-Dame n’est en rien une bataille entre les anciens et les modernes » 
-Centre Pompidou, Musée d’Orsay de Giscard, grands travaux de Mitterrand, arts premiers du Quai Branly pour Chirac… Jusqu’à la crise financière de 2008, chaque président a eu son projet emblématique. L’incendie de la cathédrale, il le sent, est pour lui l’occasion de laisser à son tour sa marque. Il sera le président qui a remis Notre-Dame debout. Sachant le penchant du couple présidentiel pour la création artistique, autant être cohérent jusqu’au bout et marquer l’édifice d’un geste. Mais l’affaire fait immédiatement polémique, tant l’omniprésence du président a tendance à agacer. 
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-« Si Emmanuel Macron n’avait pas été là en 2019, on n’aurait pas le résultat qu’on a là, plaide-t-on à l’Elysée. Au début, tout le monde le prend pour un fou, quelqu’un qui veut juste faire un coup. Et, à la fin, on a un résultat qui vous rend fier. » Lorsque, en 2017, Tony Estanguet et Thierry Reboul proposent d’organiser la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur la Seine, le président les envoie Place Beauvau pour parler sécurité. Au ministère de l’intérieur, c’est feux rouges à tous les étages. Retour chez le président, qui leur donne un conseil : il ne faut pas demander la permission, mais demander ce qu’ils réclament pour le faire. « Cela donnera la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur en 2022. Sa méthode, c’est ça : comment rendre les choses possibles », explique un partisan conquis de la disruption élyséenne. Le président n’aime-t-il pas citer cette phrase de Michel Audiard qui sonne comme d’Evangile : « Heureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière » ? 
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-« Du judo avec le drame » 
-De fait, le chantier de Notre-Dame est l’exemple réussi de la doxa du « quoi qu’il en coûte » qu’Emmanuel Macron formulera au moment de la pandémie, en 2020. « Le jour de l’incendie, il comprend immédiatement l’ampleur de ce qui se passe, vante un de ceux qui l’accompagnaient à ce moment-là. Il a cette intuition, ce sens de l’événement. Il fait du judo avec le drame… Pour lui, certaines choses n’ont pas de prix. C’est inconditionnel. » Cette fois, le modus operandi sera, d’une part, la création d’un établissement public spécial qui échappe aux lenteurs administratives du ministère de la culture et des comités Théodule sur le patrimoine, et, d’autre part, l’adoption par le Parlement d’une loi d’exception prévue pour contourner, côté mécénat, les systèmes de donations patrimoniales et raccourcir, côté construction, les délais d’offres de marché… Enfin, c’est la désignation, au lendemain de l’incendie, d’un militaire pour mener le chantier à bien. 
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-Lire aussi : 
-Mort de Jean-Louis Georgelin, général chargé de la reconstruction de Notre-Dame de Paris 
-La surprise est générale, y compris pour lui-même. Et pourtant… Ancien chef d’état-major des armées, fort en gueule, hors du sérail mais féru de patrimoine, habitué aux escarmouches politiques et aux manœuvres de couloirs, le général Georgelin s’avérera suffisamment solide pour naviguer entre les piques des élus, les pudeurs du clergé et les caprices des défenseurs du patrimoine. Et ceux-là mêmes qui ricanaient hier le pleurent aujourd’hui. Parti marcher seul en montagne en août 2023 dans ses Pyrénées natales, il y laissera la vie. Philippe Jost, son ex-adjoint, qui a pris sa suite et, ce jour-là, nous guide sur le chantier, montre du doigt le poinçon de la flèche au-dessus de nous. Le nom du général y a été gravé. Honneur unique. Invisible aux yeux de tous, désormais accroché à la légende, légende lui-même. 
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-Bruit de marteaux des couvreurs, électriciens qui se hèlent dans la nef, chauffagiste cherchant son chemin, sourires d’un tailleur de pierre rectifiant devant son apprenti un défaut que l’on n’aura pas vu. C’est le temps des ingénieurs, des charpentiers, des plombiers, des restaurateurs, des vitraillistes, des OPC (ordonnancement, pilotage et coordination), comme on dit dans le bâtiment pour désigner les hommes chargés des plannings : 250 entreprises, 140 marchés… A quelques semaines de l’ouverture, quelque 500 artisans s’agitent encore en tout sens. Une entreprise titanesque, menée à un train d’enfer, à laquelle, explique une restauratrice, il est aussi fascinant que dangereux de participer : « Quand une entreprise travaille sur un seul projet pendant cinq ans, elle meurt à la fin. » Or, Notre-Dame les a pressurées. « Etre à 100 % sur un tel chantier, c’est mettre en danger son avenir. Le jour où il s’arrête, on doit licencier et on a perdu les marchés auxquels on avait renoncé. » 
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-Notre-Dame de Paris : comment a été reconstruite la charpente « à l’identique » 
-Notre-Dame de Paris, une machine qui vous avale ? On retrouve Philippe Villeneuve au petit jour. Café Le Louis-Philippe, sur la rive droite de la Seine. Un soleil blafard se lève timidement sur la cathédrale. L’échafaudage et les rosaces supérieures sont encore éclairés. Paris s’éveille. « Lorsque, en 2013, j’ai été nommé architecte en chef de Notre-Dame, on m’a présenté par : “Nous accueillons le successeur de Viollet-le-Duc.” J’avais les jambes qui flageolaient. J’ai dû prononcer un discours. J’ai dit : “Je ferai en sorte d’être le mortier qui permet d’agréger tous les acteurs.” J’avoue que ça a été un peu mis à mal par l’incendie… » A 62 ans, l’architecte en chef des monuments historiques qui, pour se consacrer exclusivement à sa cathédrale, a aujourd’hui abandonné les autres domaines et bâtiments dont il avait la prérogative, ne cache pas fonctionner désormais aux antidépresseurs. « Je suis connu pour mes coups de gueule et mes coups de sang, reconnaît Philippe Villeneuve, mais, aujourd’hui, je suis cabossé comme le coq de Viollet-le-Duc, que j’ai ramassé dans les décombres au lendemain de l’incendie. » 
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-Chantier et champ de bataille 
-Lui qui avait déjà une rosace tatouée dans sa chair y a ajouté, au fil de la reconstruction, la flèche, la tour nord, la rose sud, deux chimères, la partition du crescendo de Cathédrales, de Louis Vierne, dont l’accord final lui tire chaque fois des larmes en pensant à l’incendie, et puis le coq, bien sûr. Pendant la pandémie de Covid-19, il affirme même crânement être devenu anglican : « Le catholicisme sans le clergé », explique-t-il d’un ton grinçant. 
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-C’est que le récit glamour de solidarités, de compagnons courageux, de mécènes généreux, dont les livres d’histoire garderont la trace, masque une succession de combats amers, de querelles fratricides, de divergences guerrières, de pétitions assassines. Le plomb qui empoisonne, la sécurité sur le chantier, les fouilles archéologiques jamais suffisamment longues furent l’objet d’autant de conflits – pour ne citer que ceux-ci – qui nécessiteraient des pages entières. Philippe Villeneuve, lui, se sera fait le rempart meurtri de celui que tout le monde autrefois ignorait et qui, avec l’incendie, est devenu saint et martyr : Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), l’homme qui reconstruisit Notre-Dame au XIXe siècle, en dessina la flèche que l’on connaît et, s’inspirant de Victor Hugo, les gargouilles qui en ont, depuis, refait la gloire. Son héros. 
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-Le poète Joachim Du Bellay identifié dans un cercueil retrouvé à Notre-Dame de Paris 
-Philippe Villeneuve désigne le beffroi sud, dont il faudra, explique-t-il, reprendre la base. « On change l’ordre de la visite dans les tours. D’abord pour des questions d’encombrement à l’accès, qui gêne la préfecture. L’un des objectifs est aussi de ne plus avoir de visiteurs au niveau de la galerie des chimères. Il y avait des risques de suicide, d’où des garde-corps qui défiguraient la façade. On va descendre les visiteurs d’un cran, par la cour des citernes, et tourner les regards vers la nef et la flèche. On est là pour voir Notre-Dame, pas pour voir Paris, tranche l’éructant architecte. Pour ça, ils n’ont qu’à aller à la tour Eiffel ! » 
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-L’homme blessé a pour Notre-Dame les yeux de Chimène et les griffes des chimères dessinées par Viollet-le-Duc. Qu’il s’agisse de la flèche – « Un chef-d’œuvre, une “restitution authentique” au sens japonais du terme, eux qui refont régulièrement avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques leurs temples millénaires » –, ou des lustres, dont il a obtenu finalement qu’on les réinstalle, mais pas là où il aurait voulu, ni comme il aurait voulu… Les chantiers sont des champs de bataille. Celui-là plus qu’aucun. 
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-Une page blanche pour le clergé 
-Après les architectes stars qui, comme Jean-Michel Wilmotte prônant auprès du président une approche résolument nouvelle pour la reconstruction, ou Patrick Bouchain, plaidant de donner du temps au temps, un autre concepteur de renom, Jean-Marie Duthilleul, spécialiste des lieux de foules que sont les gares ou les églises, est venu s’en mêler. On se méfie, en effet, à l’Elysée comme au sein du clergé, de ce Philippe Villeneuve aux rigidités conservatrices. Polytechnicien, aussi calme à 72 ans que Philippe Villeneuve est vibrionnant, Jean-Marie Duthilleul avait été appelé en 1997 par le cardinal Lustiger pour la scénographie des Journées mondiales de la jeunesse, puis en 2004 pour le réaménagement liturgique de Notre-Dame. Lui, dont la sonnerie du téléphone reproduit celle de la cloche « Jean-Marie », la plus petite de Notre-Dame, connaît son sujet. 
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-« Une rénovation strictement à l’identique, c’est une capitulation » : à Notre-Dame, la bataille de la nef 
-Jean-Marie Duthilleul s’est mis au travail avec toute son équipe, non pas sur le gros œuvre dont s’occupe Philippe Villeneuve, mais sur la repensée de l’aménagement liturgique, pour lequel l’incendie a offert au clergé une page blanche. Comment marier communion et visite, culturel et cultuel ? Le comité mis en place par l’archevêque d’alors, Michel Aupetit, va imaginer tout un réaménagement où la nef se retrouve éclairée à hauteur d’homme et où les chapelles reprennent un récit liturgique qui accueille des artistes contemporains – on parle notamment d’œuvres de Louise Bourgeois – pour en manifester l’esprit d’ouverture. De quoi révulser la partie la plus traditionaliste de l’Eglise ! 
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-Nommé archevêque en avril 2022 en remplacement de Michel Aupetit, Laurent Ulrich, réputé moderniste, va remettre en question – en souci d’apaisement, dit-on – le projet de son prédécesseur. Jean-Marie Duthilleul est écarté. En revanche, toute son équipe va rester : Nathalie Crinière, la designeuse, Alain Richon, pour la spatialisation du son, Sylvain Dubuisson, qui va dessiner le reliquaire de la couronne d’épines, Laurent Ungerer au lettrage, l’architecte Catherine Gatineau pour coordonner le tout et, face à Philippe Villeneuve, tumultueux architecte en chef des monuments historiques, Patrick Rimoux, le « sculpteur de lumières ». 
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-Lire aussi l’entretien : 
-Guillaume Bardet, designer : « Mon mobilier pour Notre-Dame dégage une forme de contemplation et de spiritualité » 
-Ingénieur en technologie électronique, ayant bifurqué vers les Beaux-Arts, lui aussi jongle avec le burn-out. « Pour moi, le plus important dans la lumière, c’est l’ombre », martèle-t-il, alors qu’on le retrouve faisant les cent pas dans son atelier caché au fond d’un passage minuscule du côté des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris. Malgré un infarctus et une hanche dézinguée par trois accidents (moto, vélo et une chute dans un échafaudage), l’homme continue de parler à 100 à l’heure. Son téléphone ne cesse de sonner. A quelques semaines de l’ouverture, s’inquiète Shantidas Riedacker, son chef de projet, il n’y a que la moitié du tableau de programmation qui fonctionne. Coup de gueule. Ton plus tendre… « Ça va se régler. » 
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-En quête de sécurité 
-Patrick Rimoux a sorti de grands plans pour mieux nous expliquer : « Il faut comprendre comment la lumière vit dans la cathédrale. » Sur ses calques, il montre les chemins qu’empruntent les rayons du soleil à l’équinoxe ou au solstice d’été… C’est à partir de là qu’il a conçu tout le système : 1 400 points lumineux, tous programmables, tous pilotables individuellement en intensité et en température de couleur, en fonction de l’heure et de l’usage : grande messe ou vêpres, prières ou magnificat. 
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-De la foutaise, pour Philippe Villeneuve : l’architecte en chef des monuments historiques voulait remettre dans la nef les lustres flamboyants commandés par Viollet-le-Duc, et dans la croisée du transept sa « couronne de lumière ». Eclairés à la bougie à l’origine, les lustres avaient rejoint les bas-côtés au moment de l’électrification, en 1905. Quant à la couronne de lumière, elle est dans la basilique de Saint-Denis. Où elle restera – « Le transept, c’est le lieu de l’élévation, fait remarquer Patrick Rimoux, on ne pouvait avoir cette pièce pendant au milieu. » Si les lustres, eux, ont finalement été raccrochés (à leur dernier emplacement, pas en situation originelle), Patrick Rimoux leur a conçu spécialement des ampoules LED en forme de bougies : 837 au total, elles aussi réglables. « Il s’agit simplement d’avoir une lumière intelligente », résume-t-il. Commandable, comme le son et les captations vidéo, depuis la régie installée dans une des chapelles du chœur, quand le QG haute sécurité de cette cathédrale 2.0 est installé, lui, dans le presbytère. 
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-L’intelligence artificielle pour fouiller la mémoire de Notre-Dame de Paris 
-On ne connaîtra probablement jamais les causes de l’incendie. Cinq ans après, les juges qui instruisent l’affaire n’ont toujours pas rendu leurs conclusions. La piste criminelle a été écartée. Tout comme celle d’un acte malencontreux des compagnons chargés, à l’époque, de travaux de restauration – déjà. Reste deux suspects – l’Etat et le clergé – dans une succession de négligences et de manquements qui auraient conduit au drame. En l’occurrence, les potentiels accusés sont également les parties civiles. Donc rien ne filtre. 
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-Pour autant, rien n’a été négligé afin qu’un tel événement ne se reproduise pas : brumisateurs dans la charpente, destinés à étouffer la combustion, caméras thermiques, systèmes d’alerte et de contrôle de la circulation des fluides, sans parler de la centaine de caméras de vidéosurveillance, de l’énorme groupe électrogène autonome, placé à l’extérieur, et des refuges ignifugés construits derrière les deux pignons nord et sud pour faciliter l’intervention éventuelle des pompiers. Dans cette quête de sécurité, on a même recalculé la résistance au vent de la flèche en tenant compte, dans les études de structure, du dérèglement climatique impliquant de possibles tempêtes avec des vents de 120 à 180 kilomètres par heure… 
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-« Faire des concessions » 
-De quoi parfois faire perdre son latin aux « viollet-le-duchistes de stricte observance », comme les avait baptisés le général Georgelin. Le jour où Didier Rykner, l’ineffable directeur de La Tribune de l’art, qui a fait son fonds de commerce de la nécessité de ne jamais rien changer nulle part, découvre que l’immense grue qui surplombe le chantier vient de déposer dans la charpente autre chose que des chênes centenaires, il saute sur son téléphone pour incendier Philippe Jost : et la reconstruction à l’identique, alors ? 
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-Le directeur de l’établissement public lui expliquera qu’il s’agit des deux compartiments pare-feu installés entre la nef et le transept et entre le transept et le chœur, où sont disposés les systèmes ultrasophistiqués de distribution d’eau de brumisation, les pompes étant installées dans une crypte située sous la nef. Une galerie souterraine a été creusée le long des fondations de la cathédrale pour la circulation des fluides. « Au fond, tout le monde a intégré qu’il fallait faire des concessions si on ne voulait pas qu’une catastrophe se reproduise », rassure l’ingénieur. 
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-Si les équipes qui ont œuvré à marche forcée peuvent légitimement s’estimer satisfaites d’avoir tenu le calendrier, le chantier est loin d’être terminé. Oui, la cathédrale sera rendue définitivement au culte le 7 décembre, mais les échafaudages devraient rester en grande partie en place pendant deux ou trois ans pour la reprise des arcs-boutants et du chevet : à l’arrière, du côté de la « base vie » (ces Algeco qui abritent les bureaux, les vestiaires et les douches rendues obligatoires par la médecine du travail pour la décontamination liée au risque d’empoisonnement au plomb), les pierres qui s’effritent et les gargouilles rongées prient à leur tour pour leur résurrection. La flèche elle-même ne sera pas totalement finalisée avant le premier trimestre 2025, et, sur ses flancs, les statues restaurées des apôtres n’y reprendront place qu’au printemps. 
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-Qu’importe. 40 000 visiteurs par jour sont déjà attendus dans la nef, méconnaissable de lumière retrouvée. Douceur de la pierre blonde, magnificence des vitraux… A quelques jours de la réouverture, la cathédrale bruisse des derniers réglages. Ici, on installe une tapisserie, là on accroche un May – comme on appelle ces grands tableaux offerts au diocèse autrefois par les corporations. « On a pu redistribuer les œuvres qui étaient là. Et on fait revenir huit tableaux peints », confie Laurent Prades, le régisseur général. Parmi ceux-ci : La Prédication de saint Jean-Baptiste dans le désert, de Joseph Parrocel, a été rendu par le Musée d’Arras pour rejoindre le bras nord du transept ; L’Annonciation, de Claude-Guy Hallé, « qui était roulée dans les réserves du Louvre et est en restauration », devrait revenir en janvier dans le chœur. 
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-Un art français 
-Le sens de la visite a été inversé. On entre par le portail central, puis on remonte par le collatéral nord, rebaptisé « allée de la Promesse ». Autour de l’Ancien Testament, elle reprend les grandes figures qui amènent au Christ : Noé ou l’alliance cosmique ; Abraham et la bénédiction ; Moïse et le décalogue ; Isaïe, serviteur sauveur ; David et les psaumes ; Salomon, icône de la sagesse ; Elie pour la réconciliation entre les générations… Pour cette partie, des tapisseries ont été commandées au peintre anglo-kényan Michael Armitage et à l’artiste espagnol Miquel Barcelo – en cours de fabrication à la Manufacture des Gobelins, elles n’arriveront que plus tard. « Le parcours nous guide, explique un prêtre, de l’obscurité vers la lumière », jusqu’au saint suaire, exposé tout au bout du chœur. 
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-A la croisée du transept, nuque cassée, on fixe, fasciné, l’oculus de 2,50 mètres de diamètre, huit pierres taillées qui se tiennent entre elles, exemple et symbole de la stéréotomie, cet art très français de la découpe géométrique de la pierre. Plus loin, dans le chœur, Viollet-le-Duc règne en maître. Hormis la splendeur de La Vierge accueillant l’âme, de Simon Matifas de Bucy (XIVe siècle), les peintures des chapelles qu’il avait autrefois commandées, dégagées de leur gangue de crasse, y explosent de couleurs et de charme pompier. Ailleurs, dans la nef, la modernité l’emporte, guidée par les lignes sobres du nouvel autel de Guillaume Bardet, qui a signé tout le mobilier liturgique, et les 1 500 chaises de la designeuse Ionna Vautrin. 
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-Si l’on ne s’y est pas assis pour méditer, on s’en reviendra par le collatéral sud – l’« allée de la Pentecôte », dont six des sept chapelles devraient voir leurs vitraux à motifs géométriques remplacés par les œuvres d’un artiste contemporain, dont le nom ne devrait pas être dévoilé avant la réouverture. La polémique qu’elle suscite a le mérite de mettre notre curiosité en éveil. Si l’idée au départ est venue du clergé, le président s’en est emparé, et il y tient. Macron contre Viollet-le-Duc ? Quand on réussit un pari, on aime à le signer. 
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-Laurent Carpentier 
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