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Jeudi 26 décembre 2024

FNSEA, LE SYNDICAT ANTI-SCIENCE

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« Inrae escrolos ». Le tag en rouge fluo s’étale sur un mur de parpaings monté à la hâte. Ce 28 novembre, au plus fort de leur mouvement de contestation, une centaine d’agriculteurs se rassemble devant le siège de l’Institut national de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (Inrae), rue de l’Université, à Paris, non loin de l’Assemblée nationale. Comme on le voit dans cette vidéo de CLPress, ils empilent les parpaings, sous le regard impassible des forces de l’ordre (le jour où les Soulèvements de la Terre iront murer l’entrée de la FNSEA, jouiront-ils du même accueil bonhomme ?)

Au même moment, d’autres agriculteurs s’en prenaient au siège de l’Agence nationale pour la Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), coupable à leurs yeux d’interdire les pesticides dont ils disent avoir besoin, ainsi qu’à plusieurs antennes de l’Office français de la Biodiversité (OFB), dont les 3 000 agents veillent sur le terrain au respect de la réglementation environnementale. Toutes ces structures ont en commun, à leurs yeux, d’avoir rejoint le camp honni des « écolos ».

« Nous luttons contre les entraves à l’agriculture », lance un des manifestants. De quoi parle-t-il ? Des pressions de la grande distribution (voir Lactalis, qui congédie des producteurs de lait) ou la concurrence internationale (coucou le poulet brésilien, les fraises hollandaises, les tomates espagnoles) ? Non. L’ennemi des paysans, ce serait les normes et des réglementations visant à protéger l’environnement. Or, sur quoi se fondent ces règlements ? Sur les travaux des agronomes, à commencer par ceux de l’Inrae, premier organisme européen d’agronomie avec 8 000 salariés, dont 3 000 chercheurs. Et donc, haro sur l’Inrae !

Le paradoxe, c’est que, créé en 1946, à l’époque où l’Etat se demandait comment « nourrir la France », l’institution a longtemps été le bras scientifique du productivisme agricole. Elle s’appelait alors Inra (le « e » d’« environnement » n’ayant été adjoint qu’en 2020). Dans les années 2000, ce sont bien dans ses champs expérimentaux que les militants de la Confédération paysanne allaient faucher pour dénoncer les OGM. En février dernier, l’institut retirait un tweet qui expliquait que les grands chefs avaient de moins en moins recours à la viande dans leurs menus… Alors, l’Inrae, un bastion écolo, vraiment ?

En réalité, la moindre nuance non productiviste suffit à déclencher les foudres du syndicat agricole. Voyez le récit que m’en fait Bertrand Hervieu, président de l’Inra de 1999 à 2003 : « C’était en avril 2001. Des agriculteurs de la FRSEA Ile-de-France avaient envahi le siège de l’Inra, d’autres s’étaient donné rendez-vous pour encercler mon domicile privé, dans l’Eure. J’avais été visé personnellement car j’avais été conseiller au cabinet de Louis Le Pensec et de Jean Glavany, les ministres de l’Agriculture de Lionel Jospin, et j’étais l’inspirateur du Contrat territorial d’exploitation (CTE). »

Le CTE : une tentative qui montre bien la difficulté de réformer l’agriculture française. Il s’agissait de moduler les aides de la PAC pour favoriser les pratiques favorables à l’environnement. Voté en 1999, le mécanisme avait à peine commencé à s’appliquer que, profitant de la victoire de Chirac en 2002, la FNSEA avait obtenu sa peau.

Le même syndicat fut tout aussi insatisfait de la loi sur l’agroécologie défendue sous le quinquennat de François Hollande par le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Son directeur de cabinet s’appelait Philippe Mauguin. Aujourd’hui, il est président de l’Inrae ! Ceci explique-t-il cela ?

« L’Inrae est devenu une ONG où des militants ont remplacé les scientifiques », s’est permis de déclarer un ancien député macroniste, représentant du lobby agro-productiviste. L’accusation est démagogique et absurde. Comme le reste de la société française, l’Inrae est traversé par des courants contradictoires : certains chercheurs croient aux solutions techniques, d’autres analysent l’agriculture comme un système qu’il faut réorganiser en profondeur…

Les deux courants cohabitent. L’un comme l’autre ont droit, en tout cas, à la liberté scientifique, qui est l’un des fondements de la démocratie, au même titre que la liberté de la presse, d’expression ou d’association. Contester la science parce que ses résultats ne vous plaisent pas est l’un des traits du nouveau populisme. En se plaçant sur ce terrain, la direction de la FNSEA joue un jeu dangereux.

Eric Aeschimann

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