26/12/2025/H00:53:57
Le 9 juin 2024 au soir, peu après l’annonce des résultats des élections européennes en France et la large victoire du Rassemblement national dans les urnes, le chef de l’État, Emmanuel Macron, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, provoquant la tenue d’élections législatives anticipées. Les dimanches 30 juin et 7 juillet 2024, les citoyens français se sont de nouveau rendus aux urnes pour élire leurs 577 députés.
A l’issue du second tour, la composition du nouvel hémicycle s’est dessinée. Trois grands blocs ont émergé : le Nouveau Front populaire, coalition de partis de gauche héritière de la Nupes, Ensemble, qui regroupe les membres de l’ancienne majorité présidentielle en soutien au chef de l’Etat Emmanuel Macron, et l’alliance entre le Rassemblement national et une partie des Républicains réunis derrière leur président de l’époque, Eric Ciotti. Toutefois, aucun de ces trois camps n’est parvenu à obtenir une majorité absolue de députés, fixée à 289 sièges.
A noter : la répartition des sièges a évolué à la marge entre juillet et décembre 2024, certains députés ayant changé de groupe.
Le Nouveau Front populaire, premier bloc de l’Assemblée nationale
Les résultats ont réservé leur lot de surprises par rapport aux projections réalisées par les différents instituts de sondage en amont du scrutin. A commencer par le bloc arrivé en tête. Le Nouveau Front populaire, formé notamment par La France insoumise, le Parti socialiste, Les Ecologistes et le Parti communiste français, a ainsi devancé les autres forces politiques.
Les quatre groupes de gauche comptent au total 192 élus, ce qui en fait le premier bloc politique au sein de l’hémicycle. Avant la dissolution de la chambre basse, l’ancêtre du NFP, la Nupes (alliance des mêmes forces de gauche constituée pour les élections législatives de 2022) comptait 149 députés au palais Bourbon.
La France insoumise demeure le premier groupe politique de gauche à l’Assemblée nationale avec 71 membres (4 de moins qu’à la fin de la précédente mandature). Elle est désormais talonnée par le Parti socialiste, qui compte 66 députés au sein de son groupe, soit 35 de plus qu’avant la dissolution. Le groupe des écologistes est composé de 38 élus (+17 par rapport à la fin de la dernière législature), tandis que le groupe des communistes en compte désormais 17 (-5 députés).
Lors des élections européennes du 9 juin 2024, les quatre formations de gauche avaient présenté des listes séparées.
Celle du Parti socialiste et de Place publique, emmenée par Raphaël Glucksmann, avait fait le meilleur score parmi les quatre, récoltant 13,8 % des suffrages et terminant en 3e position de ce scrutin, derrière le Rassemblement national et l’ancienne majorité présidentielle.
La liste de La France insoumise, pilotée par Manon Aubry, avait recueilli 9,9 % des voix, contre 5,5 % pour celle de Marie Toussaint et des Ecologistes. Le Parti communiste français, emmené par Léon Deffontaines, n’avait quant à lui récolté que 2,35 % des suffrages exprimés. Un score insuffisant pour espérer envoyer des élus au Parlement européen, le seuil qualificatif étant à 5 %.
L’ancienne majorité présidentielle en forte baisse
La majorité présidentielle sortante (composée de Renaissance, du MoDem ou encore d’Horizons) n’est pas parvenue à éviter une forte baisse de son contingent de députés. Avant la dissolution, les trois partis centristes comptaient 250 élus à l’Assemblée nationale. Entretemps, ils en ont perdu 87, avec 163 députés désormais. Cela en fait tout de même le deuxième bloc le plus important au sein du nouvel hémicycle, derrière la coalition de gauche, mais devant l’extrême droite, ce que les différentes études d’opinion pré-électorales ne laissaient pas envisager.
Le parti présidentiel, Renaissance, connaît la plus forte chute de nombre de sièges parmi les alliés de l’ancienne majorité présidentielle, avec 93 élus désormais contre 169 avant la dissolution (-76). Le MoDem de François Bayrou perd lui aussi bon nombre de députés (-14), en comptant 36 aujourd’hui, tandis qu’Horizons se stabilise (34 sièges, trois de plus qu’avant la dissolution).
Renaissance et ses alliés étaient déjà arrivés en deuxième position lors des élections européennes du 9 juin 2024. La liste menée par Valérie Hayer avait recueilli 14,6 % des voix. De quoi lui assurer 13 sièges au Parlement européen.
Certains candidats du Nouveau Front populaire, d’Ensemble et des Républicains (voir plus bas) ont bénéficié au second tour des législatives de désistements de nombreux candidats du “camp républicain” pour faire barrage à ceux du Rassemblement national (RN).
Après le premier tour, de très nombreuses circonscriptions faisaient face à une situation de “triangulaire”, lorsque trois candidats sont susceptibles de se maintenir au second tour. Afin d’éviter que cette situation ne profite aux candidats du RN, 224 candidats se sont désistés, dont 134 du NFP et 82 d’Ensemble, afin que les reports de voix profitent aux adversaires les mieux placés face aux candidats d’extrême droite.
Le Rassemblement national progresse, mais moins que prévu
Autre surprise du scrutin : le Rassemblement national réalise une percée, mais beaucoup moins forte qu’attendue. Le parti d’extrême droite passe de 88 sièges avant la dissolution (ce qui constituait déjà un record) à 124 sous la nouvelle législature. A cela, il faut ajouter les 16 députés du groupe de l’Union des droites pour la République (UDR), le nouveau parti créé par Eric Ciotti. Ce dernier, alors président des Républicains, avait acté une alliance avec le RN en vue des législatives, majoritairement rejetée par sa famille politique (lire plus bas). Il a depuis quitté LR.
La formation de Jordan Bardella et de Marine Le Pen ne se classe donc qu’en troisième position en nombre de députés, alors que les projections pré-électorales réalisées par les différents instituts de sondage la plaçaient en tête, voire proche d’obtenir une majorité absolue de sièges au sein du nouvel hémicycle et, ainsi, d’accéder au pouvoir.
Quelques semaines avant les législatives, le Rassemblement national était arrivé en tête des élections européennes en France, en recueillant 31,4 % des voix et en faisant élire 30 députés européens.
Les Républicains limitent les dégâts, zéro pointé pour Reconquête
Malgré une campagne mouvementée, Les Républicains limitent les dégâts. Le groupe de la Droite républicaine compte 47 élus, réunis autour de leur nouveau leader, Laurent Wauquiez, contre 61 à la fin de la dernière mandature (-14). Pour ces élections législatives, LR était pourtant parti divisé. Contre l’avis des autres dirigeants de sa formation politique, le président des Républicains, Eric Ciotti, avait annoncé un accord avec le Rassemblement national dans certaines circonscriptions. 16 candidats issus de cet accord ont été élus, formant un nouveau groupe, l’Union des droites pour la République, proche de celui du Rassemblement national.
Le groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), qui rassemble des élus de divers bords, se stabilise avec 23 députés (+1). L’Assemblée nationale compte enfin 9 députés non inscrits, qui ont décidé de n’être affiliés à aucun des 11 groupes politiques qui y siègent, et 2 sièges vacants à cause d’élections annulées et en attente de législatives partielles.
Quant au parti Reconquête, il n’obtient aucun député, n’étant déjà pas parvenu à qualifier de candidat pour le second tour. Lors des élections européennes le 9 juin dernier, le parti d’Eric Zemmour avait bénéficié du système proportionnel de ce scrutin pour faire élire ses cinq premiers candidats au Parlement européen. Entretemps, quatre d’entre eux ont quitté le parti, dont la tête de liste, Marion Maréchal.
A quoi ressemblait l’Assemblée nationale avant la dissolution ?
https://www.touteleurope.eu/vie-politique-des-etats-membres/elections-legislatives-2024-quelle-repartition-des-sieges-dans-la-future-assemblee-nationale/?at_medium=bandeau-assemblee-nationale-repartition&at_campaign=Poool
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