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-Zone à trafic limité dans le centre de Paris : ce qu’en pensent les commerçants
-Temps de lecture : 3 min
-TEMOIGNAGES – La mairie de Paris maintient que la zone à trafic limité dans les quatre premiers arrondissements de Paris favorisera un environnement plus agréable et que l’impact sur les commerçants sera minime. Mais pour de nombreux commerçants et artisans, l’ombre d’une perte de clientèle plane.
-La mairie de Paris défend cette mesure qui interdit la circulation de transit dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements, comme un moyen de «réduire la pollution et le bruit» tout en libérant de l’espace public occupé par les voitures
-© QUENTIN DE GROEVEHans LucasHans Lucas via AFP - La mairie de Paris défend cette mesure qui interdit la circulation de transit dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements, comme un moyen de «réduire la pollution et le bruit» tout en libérant de l’espace public occupé par les voitures
-Héloïse Uberti
-Par Héloïse Uberti
-Journaliste actualités générales
-Publié le 06/11/2024 à 18h15
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-C’était un engagement de campagne de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Depuis l’entrée en vigueur de la zone à trafic limité (ZTL) ce lundi 4 novembre, l’hypercentre de Paris vit une nouvelle ère de restrictions. La mairie de Paris, portée par Ariel Weil, maire de Paris Centre, défend cette mesure qui interdit la circulation de transit dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements, comme un moyen de «réduire la pollution et le bruit» tout en libérant de l’espace public occupé par les voitures. «Les gens pourront toujours venir acheter des choses dans ces arrondissements, ce sera strictement neutre pour les commerçants, voire positif, car leurs clients pourront se déplacer plus facilement», défend l’édile.
-Tout le monde ne semble pourtant pas de son avis. Pour Thierry Véron, président de la Facap, Fédération des associations des commerçants et des artisans de Paris, même si les commerces de bouche, comme les boulangeries et boucheries, ne devraient pas être très affectés – car leur clientèle est majoritairement constituée de riverains – ceux de prêt-à-porter, de soins, ou encore de décoration, dont la clientèle vient souvent de la périphérie parisienne, pourraient en souffrir.
-Un risque pour la commercialité du centre et au-delà
-D’autant que, d’après lui, les implications de la ZTL vont bien au-delà de la zone elle-même, avec le risque d'un report des véhicules (et des embouteillages) dans les arrondissements voisins. Chantal, fleuriste installée dans le 10e arrondissement, sur un axe adjacent de la ZTL, constate déjà des effets indirects : «J’avais l’habitude de voir des clients après leur journée de travail. Avec cette ZTL, ils craignent les embouteillages sur les voies environnantes et m’ont dit qu’ils préfèrent acheter dans leur quartier avant de rentrer.»
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-Sophie, propriétaire d’une boutique de décoration intérieure située rue Réaumur, se montre amère : «J’ai déjà remarqué une baisse de la fréquentation. Mes clients réguliers viennent surtout de la banlieue, et l’idée de devoir contourner cette ZTL les décourage. J’entends déjà des remarques comme : “On viendra moins souvent, c’est trop compliqué”.» À quelques rues de là, Pierre, qui tient une galerie d’art dans le Marais, est un peu plus optimiste : «Il est vrai que cette mesure va filtrer le trafic et peut-être nuire à la spontanéité des visites, mais j’espère que le calme accru attirera une clientèle plus qualitative. Reste à savoir si cela compensera les pertes potentielles.» Ce qui n’empêche pas certains commerçants de déjà vouloir quitter le centre. C’est le cas de Karim, gérant d’une brasserie proche de la place de la République, qui nous confie vouloir se mettre en vente pour racheter ailleurs, «loin des politiques anti-voitures».
-Des mesures d’adaptation insuffisantes
-Pour l’heure, la grogne se répand, à tel point que certains commerçants ont entamé des procédures judiciaires pour empêcher la mise en application de la ZTL. Le groupe d’opposition Changer Paris annonce des «conséquences prévisibles extrêmement préoccupantes» dans un secteur «déjà fragilisé et sinistré», comme le cite Le Parisien. Selon l’Apur pourtant, seule une minorité de personnes se déplace en voiture (2%) pour faire des achats dans le centre de Paris. «Le mode de déplacement privilégié pour y réaliser ses achats est celui des transports en commun (54 %), devant la marche (34 %) et le vélo (7 %)», rappelle l’étude.
-Pour autant, les professionnels s'accordent pour dire que la communication de la mairie de Paris est insuffisante. «Les panneaux aux entrées de la ZTL ne suffisent pas. Il faut une véritable prévention aux portes de Paris», déclare Thierry Véron, pointant le manque de clarté et de sensibilisation. La mairie se défend en évoquant une phase d’adaptation progressive, mais le président de la Facap reste sceptique : «On nous parle de temps d’adaptation, mais une fois que les clients auront compris qu’ils ne peuvent pas venir en voiture, ils risquent simplement de ne plus venir du tout», affirme-t-il, regrettant que la mairie n’ait pas envisagé des solutions comme l’intégration de stationnements minute, ce qui se pratique dans d’autres capitales européennes ayant des ZTL plus ciblées ou mieux équipées.
-Mais quand ce n’est pas la clientèle qui se déplace, ce sont aussi les professionnels. Les artisans, souvent basés en périphérie et intervenant dans Paris, se disent aussi concernés. «Les plombiers qui habitent en banlieue refusent déjà de venir travailler dans Paris. Ça ne va pas arranger les choses», raconte Thierry Véron, artisan lui-même, qui craint une désertification des services.
-À terme, certains craignent que la ZTL ne soit qu’un prélude à l’extension de ce type de restrictions à l’ensemble de la capitale. «Si la volonté de la ville est de supprimer les voitures, il faut mener une véritable réflexion sur la façon de préserver les commerces. Sinon, on risque de les voir disparaître», conclut Thierry Véron.
-Héloïse Uberti
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