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-====== Le Monde – La vie sous ­emprise des jeunes ­voleuses du métro ====== https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2024/11/16/la-vie-sous-emprise-des-jeunes-voleuses-du-metro_6396298_4500055.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-Yann Le Bec pour « M le magazine du Monde » 
-YANN LE BEC POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » 
-La vie sous ­emprise des jeunes ­voleuses du métro 
-Par Olivier Faye 
-Par Olivier Faye 
-Par Olivier Faye 
-Article réservé aux abonnés 
-Récit Sur les réseaux sociaux, Angelina affiche un quotidien de rêve : liasses de billets, marques de luxe et grosses voitures. En réalité, l’adolescente, petite main de la fauche dans les transports en commun parisiens, vit sous la coupe d’un clan d’origine bosniaque démantelé en mars. Au centre de ce système, des jeunes filles non scolarisées pour qui tenter de fuir n’est pas une option. 
-Elle l’aime tellement, son Gony, qu’elle s’est tatouée son nom sur le poignet droit. Sur le gauche, Angelina (le prénom a été modifié) a fait inscrire son propre diminutif, « Angie ». L’encre est encore fraîche, sa peau rougie par les piqûres de l’aiguille. L’adoles­cente, 16 ou 17 ans au plus, partage fièrement le résultat sur le réseau social TikTok, à grand renfort d’émojis cœur : « Ti amo amore mio. » La jeune fille a la beauté des stars de télé-réalité : blondeur artificielle, rouge à lèvres vif, sourcils teints au pinceau. 
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-Sa vie défile sur TikTok dans une farandole de vidéos, sur fond de chants d’amour bosniens dégoulinants de mélancolie. Angie en vacances à Barcelone, fumant le narguilé. Angie avec sa petite sœur, complices. Angie devant la tour Eiffel avec son Gony, petit brun au visage poupin et à la moustache aussi fine qu’un duvet. Angie avec une liasse de billets de banque. Angie dans une grosse cylindrée lancée à 240 km/h sur l’autoroute. Angie avec un homme affichant un pistolet à la ceinture. Angie avec un autre, goguenard, brandissant deux marteaux comme on montre des armes prêtes à frapper… 
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-Angelina n’est pas une adolescente comme les autres. Elle ne va pas au lycée. Dans sa famille, personne n’est scolarisé. Les H., un clan d’origine bosniaque, portent d’autres ambitions pour leurs – nombreux – enfants : voler. Dans le métro parisien, le RER, à Disneyland Paris, à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Des touristes étrangers de préférence, qui font le plein d’argent liquide à leur arrivée en France. Une main glissée discrètement dans un sac, un voyageur collé d’un peu près pour accéder à son portefeuille, et hop ! les pickpockets disparaissent dès que se referment les portes de la rame. 
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-Le plus souvent, les voleurs sont des voleuses, dont l’apparence apprêtée n’a rien à voir avec la carica­ture de la Rom véhiculée par certains. Com­ment mieux se fondre dans la masse qu’en ­ressemblant aux filles de son âge ? Les bons jours, le clan peut amasser jusqu’à 5 000 euros de « revenus ». Une vie facile et légère, en apparence, bien qu’en dehors des clous. Sur les vidéos, Angelina se départ rarement de sa ceinture Gucci. Mais les réseaux sociaux sont la vitrine d’un bonheur de pacotille. 
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-Organisation tentaculaire 
-La réalité se lit plutôt dans les motifs de mise en examen prononcés, en mars, contre six responsables du clan de Roberto H., duquel dépend Angelina : « vol en bande organisée », « blanchiment », « association de malfaiteurs », « traite d’êtres humains »… Ce mois-là, le réseau était décapité par la brigade de protection des mineurs, à la suite d’une vague d’interpellations concluant deux années d’enquête. Juste à temps pour que la fête des Jeux olympiques, qui a vu défiler à Paris des milliers de visiteurs tout l’été, ne soit pas gâchée par des mains trop lestes. 
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-En 2023, une autre branche de la famille H. avait déjà été élaguée. Plus qu’une fratrie, ce nom désigne une organisation tentaculaire, hydre à plusieurs têtes, qui règne depuis des années sur le vol à la tire dans l’Hexagone. La condamnation, en 2014, à douze ans de prison d’un oncle de Roberto H. n’a pas abattu le système. Il se trouve toujours un cousin pour reprendre l’affaire familiale et réclamer son morceau de territoire. 
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-Selon le compte rendu des enquêteurs, Roberto H. et son épouse, Lejla, régnaient, avant leur incarcération, sur les zones de Disneyland Paris et de Roissy. Une autorité que se chargeaient notamment de faire respecter leurs fils. Roberto Junior, en particulier, alias Gony, le compagnon d’Angelina. Un « amoureux » porté sur la menace. 
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-Les silences du fil TikTok d’Angelina en disent parfois longs. A l’automne 2022, la farandole de vidéos s’interrompt pendant deux semaines. La jeune fille est en fuite, elle veut échapper à la mainmise de ses beaux-parents. Si les voleuses se plaignent régulièrement d’être frappées lorsqu’elles ne rapportent pas assez d’argent, les fugues sont rares. Où se réfugier quand on ne connaît personne d’autre que les membres de son clan ? Souvent, les parents des adolescentes sont restés en Bosnie, après les avoir « mariées » contre quelques milliers d’euros. Une sorte de contre-dot, dont le montant varie en fonction des qualités de voleuse de la promise – et donc de ce qu’elle pourra rapporter à sa belle-famille. 
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-La mère d’Angelina, elle, accompagne l’échappée de sa fille. Elle racontera plus tard aux enquêteurs que son enfant était victime de violences. Les deux femmes rejoignent le père ­d’Angie en Espagne, sur la côte catalane. L’adolescente porte un lourd bagage : elle est enceinte de deux mois. Or elle entend se séparer de Gony, lassée de l’entendre lui demander des comptes sur le résultat de sa journée de « travail ». Lorsqu’elle lui tient tête, son compagnon menace de la frapper dans le ventre. La cocaïne, qu’il consomme à haute dose, stimule l’agressivité du jeune homme. 
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-Yann Le Bec pour « M Le magazine du Monde » 
-YANN LE BEC POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » 
-La mère d’Angelina encourage sa fille à avorter. Gony et ses parents enragent en apprenant la nouvelle. Pleurent-ils la perte d’un enfant à naître ou d’une potentielle main-d’œuvre ? Le premier, flanqué de son frère Goran, retrouve bien vite la trace de sa compagne. Ils traversent la France à vive allure, au volant d’une BMW. Une fois sur place, les deux frères se déchaînent. Selon le rapport adressé par la police espagnole aux autorités françaises, ils auraient frappé le père d’Angelina à coups de marteau et de couteau. Une version niée par Gony, qui assure au contraire avoir été blessé. 
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-Dans tous les cas, l’avertissement est clair : partir n’est pas une option. Sur Facebook, Roberto H. et Lelja, les chefs présumés du clan, s’adressent à leur communauté dans une vidéo en direct, pour menacer la famille d’Angie de représailles. Cette dernière rentre dans le rang. La fuite de la jeune fille n’aura duré que quelques jours. 
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-Gardien de prison 
-Cinq mois plus tard, les policiers la filent au pied d’un immeuble du 16e arrondissement de Paris. Angelina a le ventre arrondi, elle marche lentement. L’adolescente est venue réaliser une échographie chez un gynécologue. Gony ne monte pas avec elle pour s’émerveiller des images de l’enfant qu’elle s’apprête à lui donner. Il patiente sur le trottoir avec un comparse, vigilant comme un gardien de prison. Une fois le rendez-vous terminé, le jeune homme grimpe dans un taxi pendant qu’Angelina, elle, descend dans les couloirs du métro. Sa journée de « travail » commence. Elle volera jusqu’au terme de sa grossesse. Contacté, l’avocat de Gony H. n’a pas souhaité s’exprimer sur l’ensemble de ces faits. 
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-Etrange existence que celle des pickpockets du clan H., à la fois mobile et statique. Ces enfants ou adolescentes n’ont pas de maison, vivent rarement plus d’un mois au même endroit, mais le décor de leur jeunesse paraît immuable : celui d’une chambre d’hôtel premier prix en banlieue parisienne. Un jour, à La Courneuve, un autre à Aubervilliers ou à Argenteuil, toujours en bande. Un ballet de VTC ou de taxis, commandés par les lieutenants de la famille, les conduit et les récupère sur les lieux de leurs larcins. 
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-Les plus âgées, pas encore majeures, dirigent les plus jeunes, qui peuvent débuter dans le métier dès l’âge de 12 ans. Les petites apprennent à entourer une proie, à détourner son attention, à guetter son code bancaire au distributeur, avant de lui subtiliser son portefeuille – à « manger », selon le langage codé utilisé dans la famille pour parler du vol. Les « Japonais », comme elles disent, et les « musulmans » du Golfe sont des cibles prisées pour leur richesse supposée. 
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-Risque pénal faible 
-Comme ce sont des enfants, leur terrain de jeu favori s’appelle Disneyland Paris. Rien ne les ravit plus que d’enfiler un pull Minnie pour assister à la parade du parc d’attractions, avant d’en détrousser ses spectateurs et de se retrouver au Burger King. Comme ce sont des enfants, le risque pénal est faible. Elles connaissent tous les tours pour leurrer les forces de l’ordre en cas d’interpellation : feindre une maladie, une grossesse, ne pas parler français… Elles peuvent aussi échanger leurs vêtements pour mieux semer la confusion, quand elles n’enfilent pas un gilet fluorescent de la RATP. Ces ombres insaisissables sont-elles bosniaques, françaises, italiennes, belges ? Quel âge ont-elles ? Comment s’appellent-elles ? Inutile de se fier à leurs papiers d’identité, ce sont souvent des faux. 
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-Le temps de l’innocence n’est pas le leur. Plus elles se marient jeunes, plus les filles sont faciles à soumettre. Elles peuvent accoucher de leur premier bébé à un âge où l’on fréquente normalement le ­collège. Ces naissances marquent souvent le début d’une interminable série. Lors d’une audition, Lejla, l’épouse de Roberto H., qui affirme s’être mariée à 14 ans (elle en aurait aujourd’hui 42), a revendiqué la maternité de treize enfants. 
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-« Pouvez-vous tous les nommer ? », lui a demandé l’officier de la brigade de protection des mineurs. 
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-— Qui se rappelle de ça ? a répliqué Lejla. 
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-— Je ne sais pas, une maman ? » 
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-L’esquive visait surtout à ne pas incriminer ses aînés, exposés au risque pénal, eux, en tant que personnes majeures. 
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-Certaines mères du clan se plaignent, quant à elles, de ne plus voir leur progéniture, confiée à une nourrice. Dans la hiérarchie de ces familles, les femmes occupent différentes tâches – surveillantes, formatrices –, en fonction de leur capacité à voler, ainsi que l’a documenté Olivier Peyroux, sociologue et enseignant à Sciences Po. Les plus compétentes, qui peuvent rapporter jusqu’à 25 000 euros par mois, sont en haut de la chaîne. Les autres s’acquittent de l’éducation des enfants. « Des espèces de tantes ou de nourrices que les femmes doivent payer avec l’argent des vols », raconte Olivier Peyroux. Placer un petit loin de sa mère est souvent le meilleur moyen d’asservir une voleuse. 
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-Quantité de produits de luxe 
-Les hommes, pendant ce temps-là, mènent une vie oisive. Ils transportent l’argent, le dépensent, l’investissent. Outre des roubles, des francs suisses, des livres sterling ou des dollars singapouriens, les enquêteurs ayant travaillé sur les activités de Roberto H. ont retrouvé quantité de produits de luxe lors de leurs perquisitions : baskets Alexander McQueen, ceinture Ferragamo, écharpe Gucci… Sur Facebook, le chef de clan présumé s’affiche devant des voitures de sport, exhibe des liasses de billets de 500 euros ou bien son collier en or favori, agrémenté d’une carte du roi de cœur. 
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-Son patrimoine pourrait s’élever à 2 millions d’euros, si l’on en croit une discussion que le quadragénaire a eue avec son épouse – leur véhicule avait alors été mis sur écoute. Le couple, ce jour-là, avait tout listé : voitures, montres, parures de diamants… jusqu’à une « ceinture en or turque », évaluée par leurs soins approxi­matifs à 150 000 euros. Cela fait beaucoup pour un simple revendeur de véhicules d’occasion, dont Lejla assure, en audition, qu’il émarge péniblement à 2 000 euros de revenus mensuels. 
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-La discrétion n’étant pas leur fort, les H. s’offrent parfois une sortie au casino. Au Barrière d’Enghien-les-Bains (Val-d’Oise), en particulier, qui domine le lac de cette station thermale du nord de Paris. Angelina et Gony sont alors conviés à la virée familiale, où des dizaines de jetons de toutes les couleurs sont dilapidés à la table de jeu. Les bleus valent 1 000 euros, les rouges 500, les verts 100… Angelina ne manque pas de documenter ces sorties sur TikTok. Elle s’abstient, en revanche, de filmer la planque investie par le clan à Montmorency, à quelques kilomètres de là. Pas assez clinquante, sans doute, derrière sa haie broussailleuse et son petit muret de pierre. 
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-Les H. ont repéré cette maison, à l’abandon depuis la mort de son propriétaire, située dans un tranquille quartier pavillonnaire. Une porte ouverte au squat, le notaire ne parvenant pas à retrouver la trace d’héritiers. Pendant plusieurs mois de l’année 2022, les voisins se plaignent de nuisances, du bruit, des voitures qui se garent n’importe où, de la saleté de la parcelle. La mairie se révèle impuissante, aucun ayant droit ne se manifestant pour porter plainte. Les policiers, eux, épient les allées et venues d’une camionnette, qui charge et décharge des enfants sur les lieux. Roberto H. est souvent au volant, Angelina monte parfois à bord. Lorsque le squat est évacué, en mai 2023, les enquêteurs retrouvent des documents relatifs à sa grossesse, au milieu de piles de vêtements d’enfant. De l’argent et trois armes à feu sont saisis. D’énormes tas de détritus jonchent le sol de la bâtisse insalubre. 
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-Protéger les enfants de ce type de réseau est complexe, si ce n’est impossible. Ces derniers, victimes et coupables à la fois, sont conditionnés à éprouver de la fierté à ­servir leur clan. A défier le monde extérieur, aussi. Comment pénétrer la société lorsque l’on n’en franchit même pas le seuil, à savoir l’école ? Les autorités peuvent les placer en foyer autant qu’ils veulent, ils s’en échappent aussitôt. « Ils prennent une douche et s’en vont, ce sont des mineurs difficiles à appréhender et à travailler éducativement, résume l’ex-secrétaire d’Etat chargée de l’enfance Charlotte Caubel, qui a dirigé la protection judiciaire de la jeunesse entre 2020 et 2022. Ils sont formés à résister au maximum à la procédure pénale et ne sont absolument pas demandeurs de ­protection, jamais. » 
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-Projet d’assaut 
-Leurs parents ne leur en laissent pas l’opportunité. Il ne faudrait pas qu’un enfant placé se montre trop bavard avec la police. Roberto H. et son épouse Lejla auraient ainsi élaboré, peu de temps avant leur interpellation, un projet d’assaut contre un foyer de l’aide sociale à l’enfance, où certains des plus jeunes de leurs treize enfants ont été mis à l’abri. Le couple avait calculé le temps de ­trajet pour fuir en Belgique, se répartissant les rôles et les véhicules avec leurs fils aînés. L’utilisation d’armes en plastique était envisagée pour effrayer les éducateurs. Ils n’ont pas eu le temps de mettre leur scénario à exécution. 
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-Contactés, leurs avocats n’ont pas souhaité s’exprimer, sur ce point comme sur le reste du dossier. L’instruction, menée au tribunal judiciaire de Paris par la division chargée de la lutte contre la criminalité organisée, pourrait durer des mois, voire des années, avant d’aboutir à un procès. Les protagonistes sont ­nombreux, les fils du réseau complexes à démêler. 
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-Angelina, de son côté, a accouché d’un petit garçon en mai 2023. Gony a publié une photo sur Facebook de son petit bras potelé et de son poignet ceint du bracelet d’une maternité italienne. L’image se mêle, sur le réseau social, à d’autres clichés pris par le jeune père de famille, qui plastronne avec un couteau ou en train de conduire un bolide à 260 km/h. 
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-Début janvier, Gony ­souhaitait une « buon anno a tutti », en légende d’une photo le montrant aux côtés d’Angelina et de leur fils, vêtu, comme lui, d’une chemise à carreaux Burberry. Angie s’y donne des airs de dame, avec son tailleur blanc et ses lunettes de soleil sur le crâne. Son compagnon, arrêté par la police italienne et remis aux autorités françaises, en mai, dort désormais en détention. Il a demandé qu’on lui apporte en prison son polo et son jogging Gucci. 
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-Olivier Faye 
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