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| - | ====== Le Monde – Au Liban, les bombardements israéliens mettent en péril le patrimoine architectural ====== https:// | ||
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| - | Le site du bâtiment historique Al-Manshiya, | ||
| - | ALI KHARA POUR « LE MONDE » | ||
| - | Au Liban, les bombardements israéliens mettent en péril le patrimoine architectural | ||
| - | Par Madjid Zerrouky (Baalbek (Liban, envoyé spécial)) et Hélène Sallon (Beyrouth, correspondante) | ||
| - | Par Madjid Zerrouky (Baalbek (Liban, envoyé spécial)) et Hélène Sallon (Beyrouth, correspondante) | ||
| - | Par Madjid Zerrouky (Baalbek (Liban, envoyé spécial)) et Hélène Sallon (Beyrouth, correspondante) | ||
| - | Article réservé aux abonnés | ||
| - | Les faits A Baalbek, des frappes ont touché les abords immédiats des riches vestiges romains et endommagé des églises. D’autres sites antiques, à Tyr et Byblos, sont menacés. Le comité spécial de l’Unesco chargé de la protection des biens culturels en cas de conflit armé tiendra une session extraordinaire consacrée au Liban, le 18 novembre. | ||
| - | « Je suis tellement triste pour notre ville. Ils ne se contentent plus de viser les gens. C’est désormais notre histoire et notre patrimoine qui sont en danger. » Mohamed Awada, adjoint au maire chargé du tourisme et du patrimoine de la ville de Baalbek, est désemparé. Les 150 000 visiteurs qui se pressaient chaque été pour visiter les sites millénaires de la ville ne sont plus qu’un lointain souvenir. Les temples de la cité, vestiges parmi les plus imposants de l’architecture romaine à son apogée, veillent sur une ville en guerre et en souffrance. Le 6 novembre, des dizaines d’habitants ont été tués par une série de frappes israéliennes dont l’une a touché les abords immédiats de l’acropole. | ||
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| - | L’entrée endommagée de l’hôtel Palmyre, datant du XIXᵉ siècle, après des frappes israéliennes, | ||
| - | L’entrée endommagée de l’hôtel Palmyre, datant du XIXᵉ siècle, après des frappes israéliennes, | ||
| - | Une poussière grisâtre recouvre le parking, les carcasses de véhicules carbonisés et vient lécher les colonnes de Boustan Al-Khan, l’odéon qui marque l’entrée d’un site deux fois millénaire. Du bâtiment en pierres dit « Menchiyé » et ses arcades décorés d’arabesques, | ||
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| - | Deux églises, une maronite et une orthodoxe, Saydet Al-Maounet et Mar Gerios, blotties l’une contre l’autre devant l’entrée du temple, ont subi des dégâts au niveau de la toiture, des boiseries et des vitrages. Une vingtaine de familles, pour la plupart chiites, qui s’y étaient réfugiées depuis le 23 septembre, ont fui les lieux. Seul Abou George, gardien désespéré des deux églises, est resté. « Regardez les vitres, l’état des tuiles, les fissures… Pourquoi nous faire cela ? », demande-t-il, | ||
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| - | « C’est un crime » | ||
| - | « C’est un patrimoine mondial. On ne peut pas laisser bombarder un tel lieu, s’indigne Mohamed Awada, l’adjoint au maire. Quelles qu’en soient les raisons ou sous prétexte de la présence d’un ou deux membres du Hezbollah. C’est une question de proportionnalité, | ||
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| - | Mohamed Awada, chargé du tourisme et du patrimoine de la ville, à l’hôtel Palmyre, datant du XIXᵉ siècle, à Baalbek (Liban), le 11 novembre 2024. | ||
| - | Mohamed Awada, chargé du tourisme et du patrimoine de la ville, à l’hôtel Palmyre, datant du XIXᵉ siècle, à Baalbek (Liban), le 11 novembre 2024. ALI KHARA POUR « LE MONDE » | ||
| - | L’église Saint-Georges (Mar Gerios), endommagée après des frappes israéliennes, | ||
| - | L’église Saint-Georges (Mar Gerios), endommagée après des frappes israéliennes, | ||
| - | A l’image de Baalbek, d’autres cités antiques inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco, telles que Byblos et Tyr, sont menacées par les frappes israéliennes. A Tyr, ancienne cité phénicienne qui conserve d’importants vestiges datant de l’époque romaine et des constructions médiévales des croisades, des bombardements ont ciblé des immeubles à quelque 200 mètres des ruines romaines. Un mur entier de la citadelle de Toron, une forteresse bâtie au XIIe siècle, au temps des croisés, à Tebnine, près de Bint Jbeil, dans le sud du Liban, a été détruit fin octobre par des frappes israéliennes. | ||
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| - | Mi-octobre, l’aviation a visé un souk vieux de 400 ans dans la ville de Nabatiyé, l’un des plus anciens du pays dont l’histoire remonte aux ères ottomane et mamelouke. « Tout a été rasé, détruit. Il ne reste plus rien du souk », explique Ali Mazrani, photographe et archiviste, auteur de nombreux ouvrages sur le patrimoine de la ville. « D’autres édifices et demeures patrimoniales très belles du XIXe ou du début du XXe siècle sont également perdus, comme la maison appelée Ghaleb Chahine ou celles du quartier d’Al-Saraya, | ||
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| - | Le comité spécial de l’Unesco chargé de la protection des biens culturels en cas de conflit armé se réunira, le 18 novembre, pour une session extraordinaire consacrée au Liban. Le pays du Cèdre en a fait la demande, alors que les craintes de destruction ou de dommages sur les sites historiques du pays se multiplient. Huit des douze pays qui composent le bureau de ce comité se sont prononcés en faveur de cette session extraordinaire. La délégation permanente du Liban auprès de l’Unesco présentera une liste de 34 sites menacés, en danger imminent, préparée avec la direction générale des antiquités libanaise, un organisme dépendant du ministère de la culture, en vue d’obtenir leur protection renforcée. | ||
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| - | Déplacer les œuvres qui peuvent l’être | ||
| - | « Le but de cette protection renforcée est d’avoir une immunité, d’empêcher l’utilisation de ces sites et de leur environnement immédiat pour des attaques, sans quoi l’agresseur sera sanctionné par ce comité », explique Mustapha Adib, l’ambassadeur du Liban auprès de l’Unesco. L’organisation indique être en relation étroite avec la direction générale des antiquités et les gestionnaires des sites, à qui elle a proposé son aide pour inventorier les œuvres et déplacer celles qui peuvent l’être dans des lieux sûrs ailleurs au Liban. | ||
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| - | Le site du bâtiment historique Al-Manshiya, | ||
| - | Le site du bâtiment historique Al-Manshiya, | ||
| - | L’Unesco a aussi déployé un système de surveillance des sites par satellite. « A ce jour, il y a eu un tir direct dans le périmètre d’un site du Patrimoine mondial, le site de Tyr. Il a visé un bâtiment moderne qui se trouvait dans ce périmètre, | ||
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| - | « On appelle le comité international à élever la voix pour protéger ces sites, qui ne sont pas seulement des sites du patrimoine historique et plurimillénaire du Liban, mais aussi du Patrimoine mondial de l’humanité. Mais il n’y aura pas de protection totale sans cessez-le-feu. Tous les sites du pays peuvent être exposés. Rien ne les arrête », poursuit Mustapha Adib. Des courriers ont également été adressés à l’Unesco et à sa directrice générale, Audrey Azoulay, par la directrice du Festival international de Baalbek, Nayla de Frege, le bâtonnier de Beyrouth, Fadi Masri, au nom du barreau de Beyrouth et de ses 12 000 avocats, ainsi que par plus d’une centaine de députés libanais. | ||
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| - | Cinq sites classés | ||
| - | « Nous demandons cette protection renforcée sous le deuxième protocole de la convention de La Haye, qui stipule que tout agresseur peut être poursuivi devant des tribunaux internationaux pour crimes de guerre. Il y a cinq sites qui sont classés au Patrimoine mondial de l’humanité : Baalbek, Tyr, Byblos, la foire internationale de Rachid Karameh à Tripoli, ainsi qu’Anjar. Les autres sont sur la liste indicative, comme la forteresse de Beaufort, la forteresse de Tibnine et le site de Deir Kifa, qui sont tous des sites de l’époque des croisés, explique Sarkis El-Khoury, responsable de la direction générale des antiquités (DGA). Il y a aussi des sites de l’époque romaine, de l’âge de fer, qui présentent une valeur exceptionnelle pour l’humanité. » | ||
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| - | Vue générale des ruines romaines, dans l’est de la ville de Baalbek (Liban), le 11 novembre 2024. | ||
| - | Vue générale des ruines romaines, dans l’est de la ville de Baalbek (Liban), le 11 novembre 2024. ALI KHARA POUR « LE MONDE » | ||
| - | Un drapeau libanais sur des gravats, à la suite de frappes israéliennes, | ||
| - | Un drapeau libanais sur des gravats, à la suite de frappes israéliennes, | ||
| - | Le directeur de la DGA s’inquiète particulièrement des effets provoqués par les frappes dans leur environnement proche : « Les vibrations peuvent menacer les sites. Cela peut créer des fissures qui peuvent conduire à des destructions à moyen terme : les fissures d’aujourd’hui peuvent conduire à un effondrement dans cinq ans. » | ||
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| - | Sarkis El-Khoury dit ne pouvoir demander une protection que pour les lieux les plus importants, ce qu’il regrette. « Le Liban possède un patrimoine très riche dans le Sud et la Beqaa, fait-il valoir. Des centaines de sites n’ont pas été fouillés. Les villages eux-mêmes sont des sites patrimoniaux. Les oliviers, les vignes, les figuiers forment un paysage culturel millénaire. Quand l’ennemi détruit, il essaye de déraciner les Libanais de leur culture. C’est une guerre culturelle contre notre identité, contre notre mémoire et contre notre histoire. » | ||
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| - | Madjid Zerrouky (Baalbek (Liban, envoyé spécial)) et Hélène Sallon (Beyrouth, correspondante) | ||
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