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| - | ====== Le Monde – La France en marche vers l’économie de guerre : blindés, missiles, munitions... ====== https:// | ||
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| - | Sur un site de production de camions Serval, à Roanne (Loire), le 4 juillet 2023. | ||
| - | OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP | ||
| - | La France en marche vers l’économie de guerre : blindés, missiles, munitions... | ||
| - | Par Sylvie Andreau | ||
| - | Par Sylvie Andreau | ||
| - | Par Sylvie Andreau | ||
| - | Article réservé aux abonnés | ||
| - | Décryptage En dépit des contraintes budgétaires, | ||
| - | Les grilles de la base aéronavale de Lann-Bihoué, | ||
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| - | La marine française ne dispose plus que de quatre bases comme celle de Lann-Bihoué pour son aviation. Quatorze ont été rayées de la carte depuis 1980, conséquence de décennies de réductions budgétaires. | ||
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| - | Le capitaine de vaisseau Jean-Michel Aumenier, commandant de Lann-Bihoué, | ||
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| - | Habituées aux promesses non tenues et aux coupes plus ou moins franches, les armées commençaient à douter de la relance de l’investissement de défense. Elles ont été rassurées par l’appel du président de la République, | ||
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| - | La base industrielle et technologique de défense, forte de 4 000 entreprises de toutes tailles mais déjà fragilisée, | ||
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| - | « Il faut aller plus vite, plus fort, au moindre coût, a intimé le chef de l’Etat aux fabricants. Notre écosystème de défense doit se mettre en capacité de produire plus, plus vite et dans la durée, et de réfléchir différemment. » Dans les cercles de défense, personne ne conteste cette urgence. Pour Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales, | ||
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| - | Changement de braquet | ||
| - | Le passage en économie de guerre est donc censé permettre à la France de rester dans la course. Le vocable est un peu exagéré par rapport à l’effort fourni lors d’un vrai conflit, mais, au regard de l’augmentation des cadences, le message présidentiel a bien touché sa cible. | ||
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| - | Partout, les rythmes de production se sont envolés. « Pour produire plus, il nous fallait juste des commandes et de la visibilité », rappelle un industriel du secteur de l’armement. Grâce à la hausse inédite du budget de la défense, ces commandes ont déjà été relancées. En 2025, il s’élèvera à 50,5 milliards d’euros de crédit, portant l’effort à 2 % du produit intérieur brut, conformément aux engagements pris au sein de l’OTAN. | ||
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| - | La loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit en effet une enveloppe inédite de 400 milliards d’euros, en hausse de 35 % par rapport à la précédente, | ||
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| - | Les industriels de l’armement en sont les premiers bénéficiaires et ont été les plus prompts à se mettre en ordre de bataille. Près de 20 milliards d’euros sont destinés, d’ici à 2030, à accélérer le « recomplètement » des stocks de munitions. | ||
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| - | Sur l’ensemble des sites français, la production a changé de braquet. Les premières livraisons de missiles Aster consacrés à la défense sol-air, au départ prévues pour 2026, sont attendues d’ici à la fin de l’année, avec une multiplication par trois de la production en 2025. Le groupe MBDA a, lui, reçu une commande de 1 300 missiles Akeron MP (MMP, missile moyenne portée) et 329 missiles Mistral 3, dont la fabrication va passer de vingt à quarante pièces par an. Un doublement des cadences est confirmé par Safran dans son usine de Montluçon (Allier). | ||
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| - | Le volume de bombes armement air-sol modulaire, déjà en augmentation, | ||
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| - | « Goulets d’étranglement » | ||
| - | Dans les usines, cette entrée en économie de guerre s’est traduite par des recrutements massifs et de nouvelles machines. Chez MBDA, pour produire en dix-huit mois ce qu’on faisait en cinq ans, les équipes établies à Bourges, qui avaient atteint un point bas de 1 200 salariés en 2012, sont remontées à plus de 2 000. En région parisienne, les effectifs sont passés de 2 300 à plus de 5 000. | ||
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| - | « Les recrutements vont plus vite que le redimensionnement de l’outil industriel, précise Xavier Pesson, délégué syndical FO du groupe MBDA. Pour fabriquer quatre fois plus de produits, il faut quatre fois plus de machines, dont certaines n’arriveront que dans un an. » | ||
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| - | Sans surprise, ces nouvelles cadences ont un fort impact sur une chaîne de sous-traitants dont la fragilité menace certaines filières. En 2023, 200 entreprises ont été identifiées comme possibles « goulets d’étranglement », dont une cinquantaine « potentiellement critiques » pour cause d’obsolescence de leurs capacités industrielles ou de difficultés à recruter. Une campagne d’accompagnement des dirigeants a été mise en place. Un premier bilan, attendu en décembre, dira si elle est à la mesure des enjeux. | ||
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| - | Une autre des promesses de l’économie de guerre est compliquée à tenir : celle de la relocalisation. Le projet d’Eurenco reste, à date, le seul. Le leader mondial d’additifs pour le carburant est aussi fabricant de poudres et d’explosifs pour obus, bombes, têtes de torpille et de missile. Le groupe, qui visait un chiffre d’affaires annuel de 500 millions d’euros, a engrangé en quelques mois des commandes fermes de plus de 2,5 milliards d’euros. Faire tourner ses usines vingt-quatre heures sur vingt-quatre, | ||
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| - | PDG du groupe, Thierry Francou reconnaît avoir bénéficié d’une accélération du traitement administratif de son dossier : « Toutes les autorisations de sécurité ou environnementales ont été obtenues dans les justes délais, au jour près. » La présence de l’agence des participations de l’Etat au capital d’Eurenco a bien sûr permis d’accélérer la procédure habituelle. Elle a aussi aidé l’entreprise à décrocher des subventions européennes et de la direction générale de l’armement. | ||
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| - | Besoins de financement considérables | ||
| - | L’accès aux financements reste un problème structurel pour les industriels, | ||
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| - | Or, avec la montée des cadences, parfois couplée au remboursement d’un prêt garanti par l’Etat, les besoins de financement du secteur sont considérables. Aux tensions de trésorerie peuvent s’ajouter des besoins en nouveaux capitaux, d’autant que toute une génération d’entrepreneurs s’apprête à partir à la retraite. | ||
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| - | « La base industrielle et technologique de défense est composée de nombreuses sociétés familiales créées dans les années 1990-2000. Beaucoup d’entre elles n’anticipent pas suffisamment les problématiques de transmission managériales ou capitalistiques », observe Lionel Mestre, directeur général du fonds Eiréné. Géré par la société de gestion Weinberg Capital Partners, il est le « seul en Europe consacré à ces secteurs ». « Nous avons décidé de le créer avant l’apparition du conflit ukrainien, au regard de l’augmentation de la conflictualité dans le monde et de l’affaiblissement des institutions internationales », précise-t-il. | ||
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| - | Eiréné ambitionne de collecter plus de 200 millions d’euros auprès d’investisseurs institutionnels. « Les sociétés françaises de la défense sont souvent en croissance, exportatrices et présentes sur des activités civiles. Elles développent des technologies de pointe et peuvent générer des marges intéressantes. Le secteur est très fragmenté en France et en Europe, ce qui peut permettre des stratégies de concentration », énumère Lionel Mestre. | ||
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| - | « Gagner la guerre avant la guerre » | ||
| - | Pour sa première opération, Eiréné a pris le contrôle de Semip Codechamp, spécialiste des capteurs angulaires de précision qui équipe des canons, des chars, des radars, comme des sites nucléaires. « Son carnet de commandes est à un niveau historique, et des discussions prometteuses sont entamées avec de nouveaux clients européens dans le militaire », se satisfait Lionel Mestre. Par le biais de ses deux fonds d’innovation, | ||
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| - | Partenaire incontournable de tout projet industriel de défense, la direction générale de l’armement est logiquement aux avant-postes pour accélérer la manœuvre vers le « plus vite, plus fort et au moindre coût ». Elle est aussi souvent mise en cause par les industriels, | ||
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| - | De fait, la direction générale de l’armement a souvent la main lourde sur les spécifications du matériel qu’elle commande. Les normes, procédures et contraintes, | ||
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| - | « Cela fait deux ans que j’entends parler de simplification, | ||
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| - | Ce niveau d’exigence participe sans conteste au succès des équipements militaires français à l’export. Mais, dans des usines sous pression, on espérait que l’appel du président de la République à entrer dans l’économie de guerre désarmerait les tracasseries administratives. Ce n’est pas encore le cas. | ||
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| - | Sylvie Andreau | ||
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