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-====== Le Monde – La France en marche vers l’économie de guerre : blindés, missiles, munitions... ====== https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/17/la-france-en-marche-vers-l-economie-de-guerre-blindes-missiles-munitions_6397922_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-Sur un site de production de camions Serval, à Roanne (Loire), le 4 juillet 2023. 
-OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP 
-La France en marche vers l’économie de guerre : blindés, missiles, munitions... 
-Par Sylvie Andreau 
-Par Sylvie Andreau 
-Par Sylvie Andreau 
-Article réservé aux abonnés 
-Décryptage En dépit des contraintes budgétaires, les dépenses d’armement s’envolent. L’industrie s’est mise en situation pour produire plus, les cadences s’accélèrent, tirées par des commandes inédites. Mais les capitaux et l’allègement des procédures tardent encore à venir. 
-Les grilles de la base aéronavale de Lann-Bihoué, à Ploemeur (Morbihan), viennent de se refermer sur une délégation d’officiels venus de toute la France. Les Falcon 50, les Rafale marine, le patrouilleur, les hélicoptères Caïman et les drones peuvent retourner à leurs hangars. Les 1 500 militaires du site ont pris l’habitude de ces défilés de visiteurs. 
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-La marine française ne dispose plus que de quatre bases comme celle de Lann-Bihoué pour son aviation. Quatorze ont été rayées de la carte depuis 1980, conséquence de décennies de réductions budgétaires. 
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-Le capitaine de vaisseau Jean-Michel Aumenier, commandant de Lann-Bihoué, veut croire que « la déflation est terminée ». « D’ici à quinze ans, tous les aéronefs auront été renouvelés », explique-t-il devant le chantier des bâtiments qui abriteront les futurs Falcon 200. 
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-Habituées aux promesses non tenues et aux coupes plus ou moins franches, les armées commençaient à douter de la relance de l’investissement de défense. Elles ont été rassurées par l’appel du président de la République, Emmanuel Macron, du 13 juin 2022 : « La France doit passer en économie de guerre. » Le chef des armées s’adressait aux industriels de l’armement et à leurs sous-traitants. 
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-La base industrielle et technologique de défense, forte de 4 000 entreprises de toutes tailles mais déjà fragilisée, a été mise à nu avec le conflit en Ukraine, qui marque le retour de la guerre de haute intensité sur le continent européen. La France a beau tenir le rang de deuxième exportateur d’armes au monde, ses soldats, marins, pilotes manquent de munitions et d’équipements parfois basiques. C’est le cas à Lann-Bihoué, où plus de la moitié de la flotte des Caïman est clouée au sol, faute de pièces de rechange. 
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-« Il faut aller plus vite, plus fort, au moindre coût, a intimé le chef de l’Etat aux fabricants. Notre écosystème de défense doit se mettre en capacité de produire plus, plus vite et dans la durée, et de réfléchir différemment. » Dans les cercles de défense, personne ne conteste cette urgence. Pour Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales, le contexte stratégique mondial est devenu « très défavorable » à la France, notamment au regard de l’accélération des dépenses mondiales. « La Chine construisait tous les quatre ans l’équivalent de la marine française. Le rythme est passé à tous les dix-huit mois », relève l’expert. 
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-Changement de braquet 
-Le passage en économie de guerre est donc censé permettre à la France de rester dans la course. Le vocable est un peu exagéré par rapport à l’effort fourni lors d’un vrai conflit, mais, au regard de l’augmentation des cadences, le message présidentiel a bien touché sa cible. 
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-Partout, les rythmes de production se sont envolés. « Pour produire plus, il nous fallait juste des commandes et de la visibilité », rappelle un industriel du secteur de l’armement. Grâce à la hausse inédite du budget de la défense, ces commandes ont déjà été relancées. En 2025, il s’élèvera à 50,5 milliards d’euros de crédit, portant l’effort à 2 % du produit intérieur brut, conformément aux engagements pris au sein de l’OTAN. 
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-La loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit en effet une enveloppe inédite de 400 milliards d’euros, en hausse de 35 % par rapport à la précédente, auxquels s’ajoutent 13 milliards d’euros de ressources extrabudgétaires. Le 10 octobre, en conseil des ministres, au terme d’un long suspense, le projet de loi de finances 2025 a bien confirmé cet engagement hors norme, en dépit des économies demandées dans les autres ministères. 
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-Les industriels de l’armement en sont les premiers bénéficiaires et ont été les plus prompts à se mettre en ordre de bataille. Près de 20 milliards d’euros sont destinés, d’ici à 2030, à accélérer le « recomplètement » des stocks de munitions. 
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-Sur l’ensemble des sites français, la production a changé de braquet. Les premières livraisons de missiles Aster consacrés à la défense sol-air, au départ prévues pour 2026, sont attendues d’ici à la fin de l’année, avec une multiplication par trois de la production en 2025. Le groupe MBDA a, lui, reçu une commande de 1 300 missiles Akeron MP (MMP, missile moyenne portée) et 329 missiles Mistral 3, dont la fabrication va passer de vingt à quarante pièces par an. Un doublement des cadences est confirmé par Safran dans son usine de Montluçon (Allier). 
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-Le volume de bombes armement air-sol modulaire, déjà en augmentation, va doubler en 2025. Nexter a démontré sa capacité d’assembler un canon Caesar en dix-sept mois au lieu de trente-six mois et d’en livrer six par mois contre deux auparavant. Chez Dassault Aviation, les équipes sont passées de un à trois Rafale par mois. Le radar Ground Master de Thales sera fabriqué non plus en douze mais en vingt-quatre exemplaires par an. A Limoges, Texelis se prépare à doubler la capacité de production de ses plateformes roulantes qui font avancer le Serval, véhicule blindé léger multirôles, commandé par centaines par l’armée de terre. 
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-« Goulets d’étranglement » 
-Dans les usines, cette entrée en économie de guerre s’est traduite par des recrutements massifs et de nouvelles machines. Chez MBDA, pour produire en dix-huit mois ce qu’on faisait en cinq ans, les équipes établies à Bourges, qui avaient atteint un point bas de 1 200 salariés en 2012, sont remontées à plus de 2 000. En région parisienne, les effectifs sont passés de 2 300 à plus de 5 000. 
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-« Les recrutements vont plus vite que le redimensionnement de l’outil industriel, précise Xavier Pesson, délégué syndical FO du groupe MBDA. Pour fabriquer quatre fois plus de produits, il faut quatre fois plus de machines, dont certaines n’arriveront que dans un an. » 
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-Sans surprise, ces nouvelles cadences ont un fort impact sur une chaîne de sous-traitants dont la fragilité menace certaines filières. En 2023, 200 entreprises ont été identifiées comme possibles « goulets d’étranglement », dont une cinquantaine « potentiellement critiques » pour cause d’obsolescence de leurs capacités industrielles ou de difficultés à recruter. Une campagne d’accompagnement des dirigeants a été mise en place. Un premier bilan, attendu en décembre, dira si elle est à la mesure des enjeux. 
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-Une autre des promesses de l’économie de guerre est compliquée à tenir : celle de la relocalisation. Le projet d’Eurenco reste, à date, le seul. Le leader mondial d’additifs pour le carburant est aussi fabricant de poudres et d’explosifs pour obus, bombes, têtes de torpille et de missile. Le groupe, qui visait un chiffre d’affaires annuel de 500 millions d’euros, a engrangé en quelques mois des commandes fermes de plus de 2,5 milliards d’euros. Faire tourner ses usines vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, et recruter 500 personnes n’auraient pas suffi. Le groupe a décidé de relancer la production de nitrocellulose sur son site de Bergerac (Dordogne). 
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-PDG du groupe, Thierry Francou reconnaît avoir bénéficié d’une accélération du traitement administratif de son dossier : « Toutes les autorisations de sécurité ou environnementales ont été obtenues dans les justes délais, au jour près. » La présence de l’agence des participations de l’Etat au capital d’Eurenco a bien sûr permis d’accélérer la procédure habituelle. Elle a aussi aidé l’entreprise à décrocher des subventions européennes et de la direction générale de l’armement. 
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-Besoins de financement considérables 
-L’accès aux financements reste un problème structurel pour les industriels, surtout quand leur activité est létale. La nouvelle priorité du pouvoir ne suffit pas à la rendre plus attractive pour les investisseurs. Au sortir de la crise liée au Covid-19, un rapport flash confié par la commission de la défense nationale et des forces armées à deux députés, dont Jean-Louis Thiériot, actuel ministre délégué auprès du ministre des armées et des anciens combattants, relevait l’extrême frilosité des banques. Il exposait même le cas d’une start-up prometteuse, Elika Team, spécialisée dans l’ingénierie linguistique appliquée à la défense et à la sécurité, qui s’était vu refuser l’ouverture d’un simple compte bancaire. 
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-Or, avec la montée des cadences, parfois couplée au remboursement d’un prêt garanti par l’Etat, les besoins de financement du secteur sont considérables. Aux tensions de trésorerie peuvent s’ajouter des besoins en nouveaux capitaux, d’autant que toute une génération d’entrepreneurs s’apprête à partir à la retraite. 
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-« La base industrielle et technologique de défense est composée de nombreuses sociétés familiales créées dans les années 1990-2000. Beaucoup d’entre elles n’anticipent pas suffisamment les problématiques de transmission managériales ou capitalistiques », observe Lionel Mestre, directeur général du fonds Eiréné. Géré par la société de gestion Weinberg Capital Partners, il est le « seul en Europe consacré à ces secteurs ». « Nous avons décidé de le créer avant l’apparition du conflit ukrainien, au regard de l’augmentation de la conflictualité dans le monde et de l’affaiblissement des institutions internationales », précise-t-il. 
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-Eiréné ambitionne de collecter plus de 200 millions d’euros auprès d’investisseurs institutionnels. « Les sociétés françaises de la défense sont souvent en croissance, exportatrices et présentes sur des activités civiles. Elles développent des technologies de pointe et peuvent générer des marges intéressantes. Le secteur est très fragmenté en France et en Europe, ce qui peut permettre des stratégies de concentration », énumère Lionel Mestre. 
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-« Gagner la guerre avant la guerre » 
-Pour sa première opération, Eiréné a pris le contrôle de Semip Codechamp, spécialiste des capteurs angulaires de précision qui équipe des canons, des chars, des radars, comme des sites nucléaires. « Son carnet de commandes est à un niveau historique, et des discussions prometteuses sont entamées avec de nouveaux clients européens dans le militaire », se satisfait Lionel Mestre. Par le biais de ses deux fonds d’innovation, la direction générale de l’armement est entrée au capital de Semip Codechamp. 
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-Partenaire incontournable de tout projet industriel de défense, la direction générale de l’armement est logiquement aux avant-postes pour accélérer la manœuvre vers le « plus vite, plus fort et au moindre coût ». Elle est aussi souvent mise en cause par les industriels, qui estiment que simplifier les cahiers des charges des équipements serait un levier déterminant pour réduire encore les délais de production comme pour favoriser l’innovation. Disposer de matériel ultraperformant et le montrer est au cœur de la vision stratégique du chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard : « Gagner la guerre avant la guerre. » 
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-De fait, la direction générale de l’armement a souvent la main lourde sur les spécifications du matériel qu’elle commande. Les normes, procédures et contraintes, qui encadrent notamment la qualification, ralentissent les phases de conception et de production. 
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-« Cela fait deux ans que j’entends parler de simplification, mais je ne vois toujours rien venir », confie le responsable d’une entreprise dont les équipes étaient invitées à participer à un nouveau séminaire sur le sujet, en octobre. « La seule maintenance du matériel que nous fabriquons répertorie plusieurs centaines de tâches. Chacune fait l’objet d’une qualification industrielle, d’une documentation, de formations, qui doivent être validées par l’administration. Cela représente des allers-retours qui peuvent durer des années et pèsent financièrement sur des PME comme la nôtre », regrette-t-il. 
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-Ce niveau d’exigence participe sans conteste au succès des équipements militaires français à l’export. Mais, dans des usines sous pression, on espérait que l’appel du président de la République à entrer dans l’économie de guerre désarmerait les tracasseries administratives. Ce n’est pas encore le cas. 
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-Sylvie Andreau 
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