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-====== +++ Comment "démonter" les électeurs : Le Monde – Dans le Michigan, l’amnésie collective des électeurs de Donald Trump ====== https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2024/11/14/dans-le-michigan-l-amnesie-collective-des-electeurs-de-donald-trump_6393159_4500055.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2024/11/14/dans-le-michigan-l-amnesie-collective-des-electeurs-de-donald-trump_6393159_4500055.html 
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-Dans le Michigan, l’amnésie collective des électeurs de Donald Trump 
-Par Judith Perrignon 
-Par Judith Perrignon 
-Par Judith Perrignon 
-Aujourd’hui à 09h33, modifié à 09h33 
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-RÉCIT De plus en plus nombreux à voter pour Donald Trump, ouvriers, Latinos, musulmans et Afro-Américains ont fait basculer cet état-pivot du Midwest en faveur du milliardaire. Tous ont semblé avoir occulté que l’ex-président les avaient ignorés, rejetés et parfois même insultés. Un trou de mémoire qui traduit une fascination pour le statut de l’homme blanc et riche. 
-Lecture 10 min 
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-Les images qui illustrent cet article sont signées du Californien Alex Webb, 72 ans. Cette année, à l’occasion de la fête nationale du 4 juillet 2024, jour de l’indépendance des Etats-Unis, le photographe de Magnum s’est rendu à Detroit, la plus grande ville du Michigan, à majorité afro-américaine, et dans les villes environnantes, comme Hamtramck. Sa série reflète la diversité ethnique et religieuse des habitants d’un Etat qui a choisi le camp républicain à l’élection du 5 novembre. ALEX WEBB / MAGNUM PHOTOS 
-Cet été, nous sommes parties nous promener avec Patricia. Il fallait qu’elle prenne l’air. Elle a 94 ans, habite dans la même petite maison depuis plus de soixante ans, à l’ouest de Detroit, dans le Michigan. Elle a perdu la mémoire immédiate, celle des derniers jours, des dernières heures, mais pas celle de sa vie. Ce jour-là, le plus simple était de se rendre dans les allées de Fairlane, une ancienne propriété de l’industriel américain Henry Ford. Ce vaste manoir au bord de la Rivière rouge avec un parc tout autour est depuis longtemps ouvert au public. Le Versailles local. 
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-La fatigue venant vite, nous avons dû trouver un banc. Le plus proche était dans la roseraie, facile à distinguer, puisqu’un bronze grandeur nature de Henry Ford et sa femme Clara contemplant leurs roses, occupe le côté droit. Patricia s’est raidie. A 1 mètre du banc, elle a regardé froidement le couple statufié et a dit : « Ils nous haïssaient. » Nous ? « Les gens de Detroit. Ceux qui travaillaient dans leurs usines. » Elle ne bougeait pas. Elle devait s’asseoir mais elle ne voulait pas être près d’eux, comme ils n’auraient jamais voulu être à côté d’elle. 
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-Aujourd’hui, Patricia ne sait pas que Donald Trump le milliardaire a été élu une nouvelle fois président des Etats-Unis. Elle l’a déjà oublié. Mais, soudain, sa mémoire semble la plus solide de toutes. Plus solide que celles des innombrables ouvriers du Michigan, des Etats voisins de l’Ohio ou de Pennsylvanie qui ont cru que Trump s’intéressait à leur sort, plus solide que celles des électeurs du Missouri qui, tout en votant pour le candidat républicain, réclamaient par le biais d’un référendum local une augmentation du salaire minimum qui n’était inscrite que sur le programme démocrate. Plus solide aussi que celle de Kamala Harris, qui parlait de Trump comme d’une anomalie. « Ce n’est pas nous », lançait la candidate démocrate lors son dernier meeting. Et pourtant, si. 
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-Un pays obsédé par la conquête 
-Trump n’est pas une aberration dans le paysage américain. Il en est même le pur produit. Il n’a rien inventé, contrairement à Henry Ford ou Steve Jobs, a fait prospérer son héritage dans les tours dorées de l’immobilier et de la télévision des années 1980, mais c’est suffisant pour incarner la réussite. Et c’est elle, le moteur de ce pays obsédé par la conquête. Elle, dont ont rêvé les chercheurs d’or et toutes les populations venues ici en quête de prospérité. Elle, qui vaut aux gens très riches d’avoir leur nom incrusté en lettres capitales dans chaque salle des musées, comme au fronton des hôpitaux. Elle, qui finance et contient la démocratie à coups de millions de dollars. Encore et toujours elle qui dégouline sur les immenses panneaux qui bordent les autoroutes où des avocats aux superpouvoirs promettent de terrasser l’adversaire, quel qu’il soit. 
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-Si Trump est élu, c’est que l’imaginaire américain le permet. Il a tout détraqué, enfreint tous les codes, manié l’insulte, la menace de mort, le racisme, commis l’agression sexuelle, la corruption, tout est connu, assumé en tribune, ou dûment établis devant les tribunaux qui ne parviennent pas toujours à le condamner, mais ce n’était pas suffisant pour le disqualifier. C’est même la marque de sa toute-puissance d’homme riche et blanc. Et c’est pour elle qu’une franche majorité d’Américains de tous âges et de toutes conditions a voté, comme dans un retour au rêve primaire – et comme si elle pouvait en bénéficier. 
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-Devant l’immense raffinerie de Marathon, à l’ouest de Detroit, un piquet de grève s’est installé au mois de septembre. Le syndicat des Teamsters veut obtenir une nouvelle convention collective, quand l’entreprise préfère rester aux misérables minima sociaux de la loi. Les grévistes se relaient jour et nuit. Sur une table, Labor Notes, une revue syndicale, demande : « Comment ne pas laisser Trump conquérir le cœur de nos collègues ? » Mais c’est déjà trop tard. Leur demander s’ils discutent des élections entraîne une réponse immédiate : « Non, on se bat contre l’entreprise, on veut pas s’engueuler entre nous. » 
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-L’individu coupé en deux 
-Il y a longtemps, aux Etats-Unis comme ailleurs, que les ouvriers ont perdu le réflexe du vote progressiste. Mais Trump crée un trouble supplémentaire. Il coupe le groupe en deux, l’individu en deux, il méprise leurs revendications sociales, tout en flattant leur envie de gagner plus, leur fierté et leur virilité de travailleur, tout en crachant avec eux sur un système qui n’est taillé que pour lui. Les uns flanchent, d’autres pas. Alors, plutôt que de se déchirer, les grévistes n’en parlent pas. Munis de pancartes, ils forment un cercle et tournent devant l’entrée du site. Quand un camion veut sortir ou entrer, ils tournent encore quelques minutes puis s’écartent pour le laisser passer. Ils ne bloquent pas le trafic, se contentent de le ralentir. 
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-Sur un terre-plein, en retrait, un chronomètre tourne dans une voiture de police. « On a un accord tacite avec eux, on peut tourner entre trois et cinq minutes quand le camion se présente », confie l’un des meneurs, comme si les forces de l’ordre étaient de leur côté. L’entreprise Marathon fait de toute façon venir des salariés non syndiqués d’autres États pour faire tourner la raffinerie. Et plus ils tournent, plus la ronde des grévistes ressemble à celle des prisonniers. 
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-Lire aussi 
-Naomi Klein, essayiste : « Kamala Harris a été emportée par la vague de mécontentement qui traverse les démocraties » 
-La parole de Trump s’est immiscée là. Comme ailleurs. Autre lieu, autre histoire. Nous sommes dans la petite ville modeste, multiethnique, à majorité musulmane, d’Hamtramck, à la frontière est de Detroit. Il y a un moment que le maire Amer Ghalib a établi des ponts avec l’entourage trumpiste. Un musulman traditionaliste ne peut que bien s’entendre avec les chrétiens conservateurs sur le dos des homosexuels, des femmes, des trans et de l’air du temps. 
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-Les images qui illustrent cet article sont signées du Californien Alex Webb, 72 ans. Cette année, à l’occasion de la fête nationale du 4 juillet 2024, jour de l’indépendance des Etats-Unis, le photographe de Magnum s’est rendu à Detroit, la plus grande ville du Michigan, à majorité afro-américaine, et dans les villes environnantes, comme Hamtramck. Sa série reflète la diversité ethnique et religieuse des habitants d’un Etat qui a choisi le camp républicain à l’élection du 5 novembre. ALEX WEBB / MAGNUM PHOTOS 
-Au fil de la campagne, le maire a été plus clair : « Il faut voter Trump. C’est l’occasion pour notre communauté d’aller au sommet », a-t-il écrit. Une permanence électorale a donc ouvert ses portes tel un ovni dans de petites rues où résonnent les appels à la prière. Et le 12 octobre, pour son inauguration, un grand écran a été installé pour regarder le discours de Trump, alors en campagne en Pennsylvanie. Sont arrivés les nouveaux supporters, des hommes barbus en costume ou en djellaba, en grande majorité originaire du Yémen, comme le maire. 
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-Un type blanc à sourire carnassier et chapeau de cow-boy conforme au dress code trumpiste les filmait comme un requin avale les petits poissons. Et ils se sont assis. Et la retransmission a commencé. Et, soudain, là-bas, Trump a déclaré que tous les Yéménites entrés dans ce pays étaient des terroristes. Ils ont encaissé en silence. A la fin, ils ont applaudi l’homme qui les insultait. Ils ont même juré ensuite qu’ils n’avaient rien entendu. 
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-La tentation du « devenir blanc » 
-Il est une vieille expression américaine du siècle dernier qui parlait de « devenir blanc ». Ça voulait dire se faire accepter. Devenir présentable. Gagner de l’argent. Ne plus être ostracisé dans un pays construit et dominé par les White Anglo-Saxon Protestant. Les Irlandais, à la peau pourtant laiteuse, ont patienté pour devenir blancs aux Etats-Unis. Ils étaient trop pauvres et catholiques pour être des gens bien. Les juifs aussi ont attendu leur tour. Ne veulent-ils pas eux aussi devenir blancs, ces Arabes américains qui ont affiché leur soutien à Trump ? 
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-Les images qui illustrent cet article sont signées du Californien Alex Webb, 72 ans. Cette année, à l’occasion de la fête nationale du 4 juillet 2024, jour de l’indépendance des Etats-Unis, le photographe de Magnum s’est rendu à Detroit, la plus grande ville du Michigan, à majorité afro-américaine, et dans les villes environnantes, comme Hamtramck. Sa série reflète la diversité ethnique et religieuse des habitants d’un Etat qui a choisi le camp républicain à l’élection du 5 novembre. ALEX WEBB / MAGNUM PHOTOS 
-La question vaut également pour les très nombreux Latinos, qui l’ont soutenu alors qu’il n’a cessé de marteler que sa première mesure serait l’expulsion massive d’étrangers illégaux. Des illégaux, disent-ils, pas nous. Ils ont oublié leur stupéfaction, lors du premier mandat de Trump, quand les ordres d’expulsion sont tombés tout près d’eux. Expulsion se dit « deportation » en anglais. Ça fait mal aux oreilles. On l’entendait sans cesse à la radio, ce mot, entre 2016 et 2020, et il va revenir. 
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-Lire aussi 
-Election de Trump : « Réaliser qu’une partie croissante de ce pays rejette tout progrès en dehors de ce qui est blanc, masculin et hétéronormatif est difficile à accepter » 
-Mais les Yéménites d’Hamtramck souffrent aussi d’amnésie, ils oublient le « Muslim ban » de 2017, cette interdiction d’entrer aux Etats-Unis pour les ressortissants de certains pays musulmans, dont le leur. Ils pensent sûrement que cette fois ce sera pour les Bengalis de la ville, qui ont appelé à voter Kamala Harris. Dans le Wisconsin, des Mexicains disaient voter Trump parce que l’administration Biden a donné plus de titres de séjour à ceux du Venezuela. La compétition est lancée. Sœur de la réussite. N’est-ce pas gravir les échelons, « devenir blanc », que s’approcher de celui qui vous méprise ? 
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-La référence aux confédérés 
-C’est un autre vieux mot, mais qui raconte la même chose, qui a fleuri dans la bouche de quelques historiens appelés sur les ondes pour commenter l’élection : « Confederate. » Référence directe aux confédérés, ces Etats du Sud, qui lors de la guerre de Sécession, défendirent l’esclavage et la domination d’une race et d’une caste sur le reste de la société. Ils ont perdu sur le champ de bataille il y a longtemps, en 1865, mais leurs soldats courent toujours, tels des fantômes. Ils planaient sur le premier mandat de Donald Trump quand, à Charlottesville, une jeune militante antiraciste a été tuée en 2017 lors d’une manifestation de l’extrême droite sans que le président ne condamne ses assassins. 
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-Ils ont cru leur jour venu le 6 janvier 2020, quand une foule armée a lancé l’assaut sur le Capitole pour rappeler ses prérogatives sur ce pays et nier la défaite de Trump dans les urnes. Ils sont de retour. On a ouvert le champagne chez les avocats des émeutiers du 6 janvier. Des micros étaient là. Le « pop » du bouchon annonçait le pardon présidentiel, il recouvrait tout, les traditionnelles analyses électorales, la sempiternelle question du lien perdu du Parti démocrate avec la classe ouvrière. C’est plus grave, cette fois. La rhétorique de Trump est allée si loin, que son élection laisse voir davantage que l’abandon économique. L’abîme des frustrations. Un blanc-seing à la haine, au racisme, au sexisme et à la violence, inscrite dans la genèse de ce pays. 
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-Election de Donald Trump : « Le vote masculiniste a fini par l’emporter sur le vote féministe » 
-Au fond, l’anomalie, c’était peut-être ce soir de novembre 2012. Barack Obama venait d’être élu. Des journalistes ébahis ­évoquaient la fin de la domination de l’homme blanc. Mais quatre ans plus tard, il revenait, cet homme blanc, sous les traits féroces de Donald Trump. « Ça fera donc douze ans », entendait-on déjà mercredi dernier sur WDET, la radio publique du Michigan. Le commentateur additionnait le premier mandat Trump à celui qui vient, mais aussi à ces quatre années intermédiaires qui se terminent, où le magnat new-yorkais n’a pas dirigé, mais a continué de hanter les Etats-Unis. « C’est rare de durer aussi longtemps, disait-il. Il faut remonter à Franklin Roosevelt. » La comparaison s’arrêtait là. Pourquoi ne pas la prolonger ? 
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-Les pires craintes d’une femme noire 
-L’incroyable durée de Trump est la marque d’une revanche, sur Barack Obama et sur Franklin Roosevelt, chantre de l’Etat-­providence. « Nous savons maintenant que le gouvernement des milieux financiers est aussi dangereux qu’un gouvernement mafieux », prévenait l’instigateur du New Deal, en 1936. C’est plus vrai que jamais. Mais tout le monde l’a oublié. Courons dans le sillage du milliardaire, des billets pourraient tomber de ses poches. 
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-La nuit tombait sur le premier jour qui a suivi l’élection Donald Trump. Et la Bourse exultait. Tous les milliardaires américains félicitaient le vainqueur qui allait ­veiller sur leurs gains et leurs profits. Sur les flancs de l’autoroute, la signalisation lumineuse disait : « Celui qui n’a pas voté comme vous reste votre voisin. » D’ordinaire, elle prévient d’une route barrée ou d’un accident un peu plus loin. 
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-Les images qui illustrent cet article sont signées du Californien Alex Webb, 72 ans. Cette année, à l’occasion de la fête nationale du 4 juillet 2024, jour de l’indépendance des Etats-Unis, le photographe de Magnum s’est rendu à Detroit, la plus grande ville du Michigan, à majorité afro-américaine, et dans les villes environnantes, comme Hamtramck. Sa série reflète la diversité ethnique et religieuse des habitants d’un Etat qui a choisi le camp républicain à l’élection du 5 novembre. ALEX WEBB / MAGNUM PHOTOS 
-Le Michigan a basculé en faveur de Donald Trump, pas la ville de Detroit, noire à 80 %, qui est restée silencieuse ce jour-là. Des magasins avaient préféré ne pas ouvrir. Le Musée d’art contemporain avait écrit à ses quelques salariés de rester chez eux pour se remettre. « Ma mère n’a pas pu se lever, raconte la rappeuse de Detroit Miz Korona. Elle ne voulait pas être de ce monde. » Ce n’était pas que le résultat la surprenait. C’est juste qu’il réveillait les pires craintes d’une femme noire. 
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-Ce sont elles qui ont le plus massivement voté démocrate aux Etats-Unis. Elles, qui ont sûrement le plus pleuré la défaite de Kamala Harris. Elles ne prétendent ni à la blancheur, ni à la testostérone. Elles sont depuis toujours au plus bas de l’échelle, c’est là qu’elles ont forgé leur identité, leurs fous rires réparateurs, leur force, souvent supérieure à celles de leurs hommes dont elles ont surpris, ces derniers temps, quelques penchants pour le vieux riche blanc, comme s’il allait leur permettre d’échapper à leur condition par on ne se sait quelle connivence masculine. 
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-A Detroit, la résistance a succédé au silence 
-Bien des signaux prémonitoires avaient été glanés ces dernières semaines au fil des rencontres : Marvin, l’antiquaire, qui soupirait que ses clients noirs les plus aisés allaient voter Trump – « ils n’ont aucune estime pour lui, ils votent pour leur argent, contre les impôts » – ; David, l’ouvrier de chez Ford, qui entendait sur sa chaîne d’assemblage de River Rouge les jeunes Noirs en pincer pour ce millionnaire. « My lordys, soupire Miz Korona. Ils pensent qu’ils auront droit au respect, parce qu’ils gagneront de l’argent. Mais c’est justement parce qu’on a pu s’acheter une maison, avoir une voiture, ouvrir un business que le vieux monde se réveille. Trump n’aime que les gens qui lui ressemblent. » Les premières images de la victoire ne racontent que cela. Un clan de « race » blanche, comme on dit aux Etats-Unis. 
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-Passé le premier jour de silence, des messages de résistance ont commencé à circuler. Un médecin de Chicago prédit une interdiction fédérale de l’avortement et se dit prêt à aller en prison plutôt que de s’y soumettre. Avis à tous les mariés queer sur Facebook : « Allez voir un avocat, faites votre testament, la loi va changer. » Il est aussi question de définir les lieux sûrs. De comment les signaler sur la vitrine d’un bar ou d’un magasin. Des stickers circulent déjà. 
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-« Les Américains ont choisi un fasciste et, à partir de maintenant, le pays aura tout ce que cet apprenti dictateur se décide à mettre en œuvre », a posté le musicien Jack White, ­originaire lui aussi de Detroit, sur les réseaux sociaux. Il faudra, en retour, du bruit, de la colère, prendre le risque d’aller manifester, même quand rien ne semblera possible, à part écrire des chansons. Miz Korona soupire : « C’est fatigant. On n’a fait que ça, parlé que de ça. Depuis toujours. Y a que la mélodie qui change, c’est toujours la même chanson. » Si belle, chargée de toutes les peines américaines. 
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-Judith Perrignon 
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