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-Royaume-Uni : Kemi Badenoch, une élue d’origine nigériane nouvelle cheffe de file des conservateurs britanniques
-Représentant la droite des tories, habituée des propos polémiques, la quadragénaire a pour mission de redresser un parti fragilisé par sa défaite historique lors des élections de juillet.
-Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
-Publié hier à 15h36, modifié à 02h07
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-Kemi Badenoch, à droite, serre la main de son rival malheureux Robert Jenrick, après avoir été élue nouvelle cheffe du Parti conservateur, à Londres, le 2 novembre 2024. ALBERTO PEZZALI / AP
-Kemi Badenoch, une responsable politique habituée des polémiques et mère de famille d’origine nigériane, a été désignée, samedi 2 novembre, cheffe de file du parti conservateur britannique, en remplacement de l’ex-premier ministre Rishi Sunak, dont elle fut ministre du commerce pendant deux ans. A 44 ans, cette ingénieure informatique de formation, partisane enthousiaste du Brexit et représentante de la droite des tories, s’est surtout fait connaître pour sa propension à dénoncer le supposé « wokisme » et les revendications de la communauté LGBTQIA+.
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-Combative, appréciée par ses soutiens pour son franc-parler, Kemi Badenoch va devoir s’atteler à reconstruire son parti, laminé par une défaite historique aux élections générales de juillet : il ne dispose plus que de 121 sièges à la Chambre des communes contre 402 pour le Labour. Les conservateurs ont dominé la politique britannique des quatorze dernières années, mais ont été sanctionnés pour l’ère d’austérité décidée par David Cameron en 2010, le Brexit et les mandats chaotiques de Boris Johnson et de Liz Truss.
-« La tâche qui nous attend est difficile mais simple : nous devons demander des comptes au gouvernement Labour, nous préparer à gouverner à nouveau et lors des prochaines élections [probablement pas avant 2029], nous devons avoir un plan clair de changement pour notre pays », a déclaré Mme Badenoch, samedi, à l’annonce des résultats.
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-Née à Wimbledon, une banlieue aisée du sud de Londres, de parents d’origine nigériane (père médecin, mère universitaire), Mme Badenoch a été élevée entre Lagos, au Nigeria, et les Etats-Unis. Elle a commencé sa carrière chez des éditeurs informatiques et des banques avant de devenir directrice digitale de l’hebdomadaire The Spectator, la bible de la droite britannique.
-Virage à droite
-Elue députée pour la première fois en 2017, cette mère de trois jeunes enfants, mariée à un banquier, a été préférée par les militants conservateurs à Robert Jenrick, son principal concurrent. A 42 ans, ce dernier, ex-secrétaire d’Etat à la migration de M. Sunak, avait fondé toute sa campagne sur sa promesse de réduire la migration à « presque zéro », de sortir le Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme et de réactiver le plan d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda, abandonné par le travailliste Keir Starmer à son arrivée à Downing Street.
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-Si Mme Badenoch s’est gardée d’être aussi précise dans ses propositions de réformes, elle a, en revanche, multiplié les propos controversés, prétendant, par exemple, que « jusqu’à 10 % des fonctionnaires sont tellement mauvais qu’ils mériteraient d’être en prison » ou que les indemnités versées aux femmes pendant leur congé maternité étaient « excessives » – bien qu’elles soient parmi les plus faibles d’Europe.
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-L’arrivée de Mme Badenoch à la tête du parti consacre le virage à droite de ce dernier, commencé depuis le Brexit. Cette évolution aurait pu être évitée si les partisans de James Cleverly, l’ex-ministre des affaires étrangères et de l’intérieur de M. Sunak, considéré comme un modéré, s’étaient davantage mobilisés. Début octobre, il passait pour le favori face à Mme Badenoch et M. Jenrick, mais il a été éliminé lors du dernier tour de sélection par les députés tories (avant le vote des militants) ; beaucoup d’élus ne lui avaient pas accordé leur vote, considérant qu’il allait gagner.
-« Remettre à plat nos politiques »
-« C’est formidable d’avoir pour cheffe de file une personne noire », s’est félicité le député Bob Blackman, responsable de la tenue de la primaire interne. Le premier ministre, Keir Starmer, a lui aussi félicité Mme Badenoch, insistant sur le fait que son arrivée à la tête du premier parti d’opposition, en tant que femme noire, était un « moment de fierté pour notre pays ». Sa victoire est une preuve supplémentaire de l’inclusivité de la politique britannique : ces dernières années ont porté au pouvoir un premier ministre écossais musulman d’origine pakistanaise (Humza Yousaf), un premier ministre gallois métisse (Vaughan Gething) et un premier ministre britannique hindou d’origine indienne (M. Sunak).
-La parité n’est cependant pas encore atteinte à la Chambre des communes, avec 263 femmes députées sur 650 (40 %). La désignation de Mme Badenoch illustre également la métamorphose du parti conservateur, qui au début des années 2000, était encore considéré comme celui des classes moyennes et supérieures blanches du pays. Par le passé, les tories se sont montrés plus progressistes que le Labour, en étant les premiers à choisir une femme à leur tête (Margaret Thatcher, en 1975).
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-« Nous devons être honnêtes au sujet des erreurs que nous avons commises, il est temps de remettre à plat nos politiques et nos manières de penser », a déclaré Mme Badenoch samedi. Depuis leur récente défaite, les tories ont mené un travail d’introspection de manière minimale ; très peu de voix en interne ont remis en question les baisses d’impôts peu réalistes couplées au manque d’investissements dans les services publics du cabinet Sunak.
-Cependant, le gouvernement de M. Starmer leur a facilité la tâche ces derniers mois, en prêtant le flanc à de nombreuses polémiques, comme la suppression d’une allocation énergie pour onze millions de retraités ou la propension à accepter de généreuses donations. Quatre mois après leur arrivée au pouvoir, les travaillistes sont déjà impopulaires. Selon une étude BMG Research réalisée les 30 et 31 octobre pour The Spectator, les tories sont même repassés devant le Labour en intentions de vote (29 % contre 28 %).
-Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
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