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-====== Le Monde – « Le sentiment de désillusion qui frappe les jeunes diplômés d’aujourd’hui sur le marché du travail ressemble fort à celui des jeunes romantiques du XIXᵉ siècle » ====== https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/11/01/le-sentiment-de-desillusion-qui-frappe-les-jeunes-diplomes-d-aujourd-hui-sur-le-marche-du-travail-ressemble-fort-a-celui-des-jeunes-romantiques-du-xix-siecle_6369970_4401467.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default 
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-https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/11/01/le-sentiment-de-desillusion-qui-frappe-les-jeunes-diplomes-d-aujourd-hui-sur-le-marche-du-travail-ressemble-fort-a-celui-des-jeunes-romantiques-du-xix-siecle_6369970_4401467.html 
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- M CAMPUS 
-« Le sentiment de désillusion qui frappe les jeunes diplômés d’aujourd’hui sur le marché du travail ressemble fort à celui des jeunes romantiques du XIXᵉ siècle » 
-Dans un entretien au « Monde », la chercheuse en sciences de gestion et professeure à l’ISC Paris Marion Cina revient sur le sentiment de perte de sens ressenti par de nombreux diplômés lors de leur arrivée en entreprise. 
-Propos recueillis par Marine Miller 
-Propos recueillis par Marine Miller 
-Propos recueillis par Marine Miller 
-Hier à 06h00, modifié hier à 13h35 
-Lecture 6 min 
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-YIMENG SUN 
-Il est 7 heures, Jules se réveille et a envie de vomir. Qu’a-t-il fait hier soir ? Il a trop bu, comme trois ou quatre soirs par semaine. Il boit pour oublier son quotidien insipide. Et son « taf », qui le fait « gerber ». Ainsi commence « la confession d’un jeune du siècle », racontée par Marion Cina, Thomas Simon et Xavier Philippe, trois chercheurs dans un article sur le sentiment de « mal du siècle » des jeunes diplômés des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, publié en avril dans la revue Management. 
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-Lire aussi notre récit : 
-Les désillusions de certains élèves ingénieurs : « Les gens pensent qu’à l’X on est une élite, mais c’est le Club Med » 
-Ce détour par la fiction et par la création du personnage de Jules (issus des entretiens avec les trente-cinq jeunes diplômés interrogés pour l’enquête) illustre, selon eux, le sentiment de perte de sens ressenti par de nombreux diplômés lors de leur arrivée en entreprise, une fois devenus cadres, manageurs ou ingénieurs. Occupant ce que, en d’autres temps, l’anthropologue américain anarchiste David Graeber (1961-2020) avait appelé des « bullshit jobs », ces emplois dénués de sens qui pullulent dans le capitalisme tertiaire. 
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-Marion Cina, jeune chercheuse de 33 ans en sciences de gestion et enseignante à l’ISC Paris, explique le recours à la littérature et au romantisme pour tenter d’apporter un éclairage neuf et original sur ces pertes de sens contemporaines. 
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-Comment avez-vous eu l’idée de comparer le sentiment de désillusion des jeunes diplômés vis-à-vis du travail et le « mal du siècle » des jeunes romantiques du XIXe siècle ? 
-Nous avons tous les trois un goût prononcé pour la littérature, en particulier pour celle des XVIIIe et XIXe siècles. C’est un choix audacieux et subjectif, qui a été pensé pour piquer un peu les consciences. Cette approche fictionnelle et subjective permet de réfléchir au sentiment de désillusion qui frappe les jeunes diplômés d’aujourd’hui sur le marché du travail et qui ressemble fort à celui des jeunes romantiques du XIXe siècle. 
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-Les organisations se présentent toujours sous une apparence de logique et d’ultrarationalité. Elles nient presque systématiquement qu’elles sont issues d’un esprit humain. Or ce point est crucial : les entreprises sont fondamentalement poétiques, puisqu’elles sont créées de toutes pièces par l’imaginaire d’un individu à un instant donné. 
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-Vous montrez aussi que les germes de cette absurdité sont présents bien avant le premier emploi : dès la grande école de commerce. Quel est le problème aujourd’hui avec ces formations ? 
-Les jeunes que nous avons rencontrés font un constat mitigé de leurs écoles ; a contrario, leur constat sur le monde du travail est plutôt uniforme. La première désillusion qu’ils racontent se produit au moment du passage de la classe prépa à l’entrée en école. Ils ont travaillé comme des acharnés pour obtenir des notes passables en prépa, mais une fois arrivés en école, ils fournissent un travail assez léger et obtiennent de bons résultats. Dit autrement, avec un peu de bullshit, ils s’en sortent très correctement. 
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-Le Monde Jeux 
-Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés. 
-Jouer 
-Mais le gouffre pour eux se produit réellement lors de leur arrivée sur le marché du travail entre ce qu’on leur avait promis, ce qu’ils avaient imaginé et ce qu’il se passe finalement. Tous pensaient qu’ils pourraient être acteurs de leur travail, mais ils se retrouvent en fait cantonnés au rôle de simples exécutants. Certains sont en mesure de transformer les organisations, mais on leur demande d’être de bons faiseurs de PowerPoint. On leur assigne des tâches indistinctes, leur seule valeur ajoutée résidant dans leur rapidité d’exécution. Les mots utilisés sont forts, ils nous disent par exemple : « J’étais le chien de toute la boîte » ou « en fait, à force de faire ça, ça enlevait la part vivante de moi ». Ces jeunes diplômés font l’expérience du désespoir, une forme de mal du siècle. 
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-Lire aussi 
-Le monde « impitoyable » du travail vu par les étudiants 
-Comment les entreprises réagissent-elles face à ces jeunes en perte de sens ? 
-Elles partent du principe que ce sont les jeunes qui ont un problème. Selon elles, la nouvelle génération est lunatique et en quête de sens. Leur réaction est donc de mettre en place des modèles et des méthodes pour répondre à ces demandes. Si les entreprises écoutaient les jeunes, elles comprendraient que le moteur d’une vie professionnelle accomplie, c’est l’amour du travail bien fait. 
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-Comment comprendre que nombre de jeunes rêvent à nouveau de travailler de leurs mains, comme l’expliquait le philosophe Matthew B. Crawford [dans Eloge du carburateur, La Découverte, 2010] ? C’est aussi parce qu’ils veulent ressentir du plaisir au travail. Les entreprises ont tendance à tout uniformiser. On se retrouve avec des entreprises qui font des salles de sieste sans réfléchir au sens qu’elles leur donnent, et, comme toujours, on finit par parler de méthodes et de process – ces salles sont envisagées selon une certaine méthodologie, parce qu’elles sont supposées apporter plus de bien-être et donc booster la productivité. 
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-YIMENG SUN 
-S’il y a désillusion, c’est aussi parce qu’il y a une immense attente vis-à-vis du travail… 
-Evidemment qu’il y a de grandes envies et de grandes attentes vis-à-vis du travail. Le travail constitue notre vie, et donc occuper sa vie à faire quelque chose d’utile et de beau permet d’éviter d’être en conflit avec soi-même. Le travail peut sauver s’il devient une œuvre, comme l’explique la philosophe Hannah Arendt. Dans ces conditions, ce n’est plus le travail pris dans son sens étymologique, tripalium [le nom d’un instrument de torture composé de trois barres de bois], « souffrance », mais une œuvre synonyme de liberté et d’émancipation. 
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-Lire aussi l’enquête 
-Le déclassement des diplômés de master : « Aujourd’hui, il y a une sacralisation des études longues, mais comme beaucoup de monde en fait, on se retrouve bloqués » 
-En revanche, la vitesse et la dématérialisation sont des facteurs d’absurdité. Quand, sur un bureau, vous avez deux écrans et que tout le monde a un casque dans l’open space, cela crée du vide et de la perte de sens. Non seulement on perd le rapport au réel, mais en plus on se retrouve dans un espace pensé pour la collaboration, qui s’avère finalement complètement opaque. 
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-C’est là que le parallèle avec le XIXe siècle nous donne des clés de compréhension précieuses sur la désillusion actuelle. Tandis que les jeunes diplômés d’aujourd’hui ont l’impression d’être pris au milieu d’un flot incessant d’appels, de mails et de comptes rendus, Balzac dépeint, dès 1833, le développement effréné d’une « masse lisante » qui n’attend qu’une seule chose : dévorer toujours plus de livres. Balzac et ses contemporains sont terrifiés par l’obsolescence programmée de la culture médiatique qui fait que, quelle que soit la pertinence d’un texte écrit, de toute façon, il est effacé par le suivant. Cette accélération permanente, cet emballement global et cette culture du « flot » sont plus que jamais d’actualité et participent à la désillusion générale. 
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-La révolte des jeunes diplômés d’aujourd’hui ne porte en elle aucun germe de révolte collective : vous dites que c’est un individualisme de repli, pourquoi ? 
-Certains jeunes vont se reconvertir parce qu’ils n’arriveront pas à transformer leur organisation. Ceux qui nous ont parlé se disent morts de l’intérieur, sans renaissance envisageable. Il n’y a plus aucune subversion possible, car leur perte d’autonomie est totale, les individus n’ont plus leur mot à dire. La seule voie pour s’en sortir passe alors par la désertion, mais cette désertion reste un choix individuel et non un phénomène général. Par exemple, les « appels à déserter » des diplômés d’AgroParisTech, en 2022, ne débouchent pas sur une révolte collective. 
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-Lire aussi 
-Le mythe de la déconnexion entre les universités et le monde du travail 
-A nouveau, un détour par le XIXe siècle est particulièrement éclairant, puisqu’un phénomène nouveau va s’emparer de la jeunesse de l’époque : de sujet, l’homme devient individu. Le « mal du siècle » révèle alors l’affirmation absolue du « moi » et le constat amer de son incompatibilité avec les exigences du monde et de la société. Dans ces conditions, la jeunesse romantique va avoir tendance à se recentrer sur elle-même pour conjurer l’indigence de son époque. On retrouve des mécanismes similaires aujourd’hui avec une absence de dynamique collective. Chacun gère sa carrière dans son coin, bricole des arrangements avec ses aspirations profondes et tente de trouver sa voie dans les méandres de l’hypermodernité. 
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-Certains aussi pensent pouvoir être comme Lucien de Rubempré, le héros des « Illusions perdues », qui entre dans le journalisme en espérant pouvoir changer le système de l’intérieur sans perdre ses illusions. Un espoir vain, comme le raconte Balzac… 
-C’est la force de la jeunesse : elle a envie de changer les choses. Quand elle est dans un système qui est ou qui veut être sclérosé, elle a cette volonté de prendre part activement à l’entreprise pour sortir de l’inertie. Mais quand les illusions s’estompent, de nombreux jeunes se retrouvent dans des situations hautement passives qui ne consistent pas à changer l’existant, mais plutôt à exécuter telle ou telle tâche. Or nous n’avons pas rencontré un jeune qui nous dise : « J’adore faire des PowerPoint. » 
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-Que répondez-vous aux gens qui disent que ce sont des considérations d’enfants trop gâtés ? 
-La question que je me poserais, c’est : pourquoi on oppose cet argument-là ? C’est d’autant plus important d’écouter les jeunes favorisés dans la mesure où ils peuvent donner les clés sur la manière dont on peut transformer ces organisations. D’ailleurs, leur statut favorisé en dit d’autant plus long sur le désespoir en question. Or si ces jeunes, qui sont ceux auxquels on réserve a priori les meilleures places, s’y trouvent finalement mal à l’aise, c’est qu’elles ne sont peut-être pas les meilleures ! Par conséquent, il est sans doute urgent de les questionner. 
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-Repenser les modèles organisationnels à l’aune des espérances de ces jeunes générations, c’est peut-être le plus grand défi des prochaines décennies. « Jeunes gens, ayons bon courage ! Si rude qu’on nous veuille faire le présent, l’avenir sera beau », écrit Victor Hugo dans sa préface d’Hernani [1830]. 
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-Lire notre entretien « J’avais 20 ans » (2019) : 
-Nicolas Mathieu : « Mon parcours d’étudiant n’avait aucune valeur sur le marché du travail » 
-Marine Miller 
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-Au procès de l’automobiliste qui a tué le fils du chef Yannick Alléno, la part de volontaire dans l’homicide involontaire 
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-Ce qui change le 1ᵉʳ novembre : smic, retraites, logement, gaz, impôts… 
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